
produire un degré de chaleur très-violent. Les
argiles communes peuvent être employées à leur
conftru&ion > ils durent ordinairement affez long- j
tems5 mais il n’en eft pas de même de ceux oû
l’on doit faire les opérations au plus grand feu.
La violence de la chaleur tourmente, fait fendre
& détruit les fourneaux fouvent même avant que
l'opération foit achevée, à moins qu'ils ne foient
conftruits avec une argile des plus pures & des
plus réfraffaires. ( V^oye^ celles qui conviennent a
cet ufage, aux mots Argile & Poteries.)
Il ne faut point penfer à mettre dans ces fourneaux
des barres ou autres fupports de fer, parce
que ce métal eft fondu, calciné & détruit très-
promptement. Tous les fupports de l’intérieur de
ces fourneaux, qui alors font de briques ou de tuileaux,
doivent être de la même argile dont le
fourneau eft conftruit. Comme la chaleur eft beau- !
coup moindre dans le tuyau d’afpiration que dans
le corps du fourneau3 il eft affez ordinajre que ce
tuyau foit de tôle, comme ceux des poêles , excepté
dans fa partie inférieure , où il doit toujours
ctre de terre. Ces tuyaux de tôle ont pluueurs
avantages} ils font maniables & légers > ils ont
aufli un grand inconvénient} c’eft que leur furface
intérieure fe calcine} ce qui eft caufe qu’auffitôt
que la flamme les traverfe , il s’en détache une
grande quantité d’écailles avec bruit. Or, ces parties
de fer, tombant dans le fourneau 3 s’appliquent
fur les creufets & fur les moufles, & en occa-
fionnent la fonte & la deftruftion , parce que le
fer eft un très-grand fondant des argiles | c’eft
pourquoi il vaut mieux que le tuyau d’alpiration
foit de terre dans toute fa longueur.
Lorfque ce tuyau eft long, il a befoin d’être
maintenu, dans fa fituation^ par quelques anneaux
ou crochets de fer} mais il faut les arranger de
manière que le tuyau puiffe avoir du jeu en tout
fens, parce qu’il s’alonge & fe raccourcit fuivant
le degré de chaleur qu’il éprouve, & que , s'il
étoit fixé de manière qu’il ne pût fe prêter à ces
alongemens & raccourciffemens , il démonteroit
& fendroit le fourneau ou fe briferoit lui-même.
I.es fourneaux décrits dans cet article font ceux
qui fervent & qui font néceffaires dans les laboratoires
pour les différentes opérations de chimie.
Il y en a plufîeurs autres ufités dans les arts, dans
les manufactures & dans les travaux en grand, tels
que les fours de verreries , de faïence & de porcelaine}
les fourneaux des fonderies des mines. On
trouvera ce qui concerne en particulier chacun
de ces fours ou fourneaux, aux articles des arts
dans lefquels on les emploie. D’ailleurs, leur ftruc-
ture fe rapporte toujours aux principes généraux
établis dans le préfent article, que j’ai tiré en partie
du Dictionnaire de Chimie de Macquer. ( V. )
FO ORNEAUX. ( Fomaces. ) ( Métallurgie. )
Vaiffeaux d’une grandeur fouvent confidérable , I
deftinés à renfermer du combuftible* & à concentrer
le calorique qui s'en dégage, ainfi qu’à le
diriger convenablement fur la fubftance qu’on ex-
pofe a l’aétion de cet élément, foit pour la chauffer,
foit pour la griller , foit pour la rondre. Nous ne
parlerons ici que des fourneaux a fondre. ( Voye£
au mot Grillagé ceux dejlinés à cette dernière opération.
)
On peut divifer les fourneaux a fondre en quatre
claffes.
i°. Fourneaux ordinaires} ce qui comprend les
hauts fourneaux & les fourneaux a manche.
i ° . Fourneaux à réverbère, avec ou fans foufflet.
3°. Fourneaux femblables aux feux de forges.
4 . Fourneaux à creufet.
La première claffe comprend les hauts fourneaux ,
qui font ceux dont la hauteur excède huit mètres}
les fourneaux ordinaires ou demi-hauts fourneaux,
qui ont depuis deux mètres & demi jufqu’à huit,
& enfin les fourneaux a manche, dont la hauteur
varie entre un mètre & deux mètres & demi.
Tous ces fourneaux ont quelques rapports entr’eux,
tant dans leur conftruChon , que aans la manière
dont on y traite les matières a fondre.
i°. On y fond les minerais en les y difpofimt
par maffes ou couches alternatives avec du charbon
de bois ou de houille.
2°. Le feu eft animé par un courant d’air provenant
d'une machine foufflante , & le minerai y
eft fondu & réduit (défoxigéné) en même tems.
3®. La partie principale de ces fourneaux confifte
en une elpèce de cheminée en forme de puits 5 ce
qui leur fait donner, en allemand, le nom de
fchachtofen ( fourneaux à puits).
Les minerais doivent être traités ici avec quelque
précaution, parce qu’ils font expofés à fe brûler.
Les objets principaux font, i°. de mettre le
minerai & le charbon dans un rapport convenable
} 20. de proportionner le vent à la quantité de
charbon : trop de vent brûle le métal.
Le caractère principal des fourneaux à réverbère,
c’clt que la fubftance à tondre n'eft pas immédiatement
en conta# avec le combuftible} elle
eft fur une aire féparée ,& elle eft mife enfufion par
la flamme du combuftible. La flamme eft très-peu
propre à défoxider : ainfi, lovfqn’on veut réduire
un minerai métallique, il faut. ajouter une fubftance
qui foit propre à produire cet effet : c'eft
ainfi qu’en Angleterre on mêle les minerais d’étain
avec de la pouflière de charbon. Il y a.plufieuts
travaux métallurgiques, tels que l’affinage des
plombs d oeuvre, dans lefquels on a principalement
pour but d* oxider : pour atteindre plus aifé-
' ment ce but, on adapte des foufftets aux fourneaux.
Il y a des fourneaux, tels que ceux en ufage dans
_ les forges a la catalane, qui confiftent en de fimples
creux carrés ou ronds, faits dans la terre ou dans
de la maçonnerie, & revêtus de brafque : on met
dans & fur ces creux un tas de charbon mélangé
avec la fubftance à fondre} on allume & on anime
le feu par des foufflets ou par ua courant naturel,
& la fubftance , én fondant, paffe à travers les
charbons , & va fe raffembler dans le creux. On
peut, dans ces fourneaux, oxider ou défoxider à
volonté, félon que l’on dirige le vent fur la maffe
qui eft dans le creux, ou qu’on l’en éloigne. Les
feux des affineries de fer, ceux du raffinage de l’argent,
&c. & même les fourneaux de liquation,
appartiennent à cette claffe.
Les fourneaux à creufets ne font que. des fourneaux
desefpèces précédentes, dans lefquels on peutdif-
pofer des creufets de terre, de fer, de carbure de
fer , &c. où l’on met les fubftances à fondre. Ce
mode de fufion a certainement un grand*avantage
fur tous les autres lorfqu’on ne veut pas oxider,
& qu’il faut par conféquent défendre l’accès à
l'air. Il eft feulement fâcheux que ce mode exige
beaucoup de combuftible & de tems, & qu’il né
puiffe être employé en grand : auffi ne remploie-
t-on guère que pour la compofition des mélanges
métalliques, pour la purification des métaux , la
préparation des verres métalliques, 8cc. Les fourneaux
des manufiélures de laiton & de cobalt appartiennent
à cette claffe : on peut même y mettre
ceux à l’aide defquels on retire les bifmuths par
une forte de liquation. ( Extrait de la Métallurgie
de Lampadius.)
_ Nous ne pouvons entrer ici fur les détails des
difpofitions à faire lors de l'établiffement d'un
fourneau, fur la nature des matériaux à employer
dans leur conftruéfion, furies dimenfions à leur
donner, 8cc. Tous ces objets varient fuivant l'objet
particulier auquel on deftine le fourneau , &
fuivant la fubftance qu'on defire y traiter. ( Voyer
i ce fujet les mots Argent , Cuivre , Plomb ,
Etain, &c. dans ce Dictionnaire, 8c furtout celui
Forges dans les Arts 8c Métiers de cet ouvrage.)
(D.)
FRIGORIQUE, FRI GORIFIQUE. Nom donné
par quelques phyficiens à un prétendu fluide op-
pofô au calorique, 8c dont l'effet, fur les corps
qu'il pénètre, eft de les refroidir ou d'abaiffer leur
température. Malgré les recherches qu’on a faites
& les expériences qu'on a tentées pour reconnoî-
tre l’exiftence de ce fluide, on n’en a pu donner
aucune preuve, 8c il n'eft admis par aucun phyfi-
cien habile ni par aucun chimifle exaét. On attribue
le froid à l’abfence du calorique. ( Voyep les
mots Calorique, Chaleur, Froid & Refroidissement.)
FRITTE, FRITTER. On appelle fritte une
matière ou un mélange fufible, dont la vitrification
eft commencée ; elle contient différentes fubftances
fufcéptibles de paffer à l’état de verre, mêlées
en diverfes proportions, 8cchauffées jufqu'à
ce qu'elles commencent à fe combiner & à fe ramollir
par leur fufion réciproque, Ce font prefque
toujours dès fables mêlés avec .des alcalis fixes 8c
des oxides métalliqu-sl On. nomme fritter l'opé-
Ch iu ie . Tome IV .
ration meme par laquelle on commence cette VI-
| trification.
Les frittes font faites pour préparer à la fabrication,
des verres, des émaux, des couvertes.
( Voyeç ces mots. )
FROID. Le mot froid exprime une fenfation
que nous fait éprouver, par fon toucher , tout
corps qui nous enlève du calorique. Quelques
phyficiens ont cru que cette fenfation étoit produite
par un fluide particulier, qu'ils ont nommé
frigorique ou frigorifique ( voye^ ces mots ) ; mais le
plus grand nombre penfe qu'elle eft due Amplement
à la privation de la chaleur. ( Voyer les mots
Calorique & Chaleur.)
i. Froid artificiel. On fait naître pour des
operations chimiques 8c pour quelques arts (celui
du glacier ) un froid artificiel par le mélange
de Tels divers, 8c de glace ou de neige. Autrefois
on prenoit du fel marin ou du nitre pour les mêler
a la glace pilée, 8c c'eft encore le moyen qu'emploient
les glaciers. Aujourd'hui les chimifles pro-
dùifent un froid plus vif ou un refroidifT.ment
plus grand, en mêlant du muriate de chaux crif-
tallilé avec de la glace. On obtient ainfi un froid
de 12 ou iy degrés au deflous de o, 8c en plongeant
des matières déjà refroidies à ce terme dans
un même bain, porté d'abord lui-même à cet
abaiflement de température par un premier refroi-
diffement, on a jufqu'à j6 ou 40 degrés de froid
fous o. C’eft par de pareilles expériences que nous
fouîmes parvenus, M. Vauquelin 8c moi, à obtenir
les effets fuiva’ns.
FROMAGE. Le fromage eft un des produits extraits
du rait qui fert à la nourriture des hommes
8c des animaux, 8c qu’on prépare de beaucoup de
manières différentes. On connoît les fromages frais
8c mous, les fromages cuits & folides, les fromages
faits ou gardés jufqu'à ce qu'ils deviennent un peu
âcres. On fait que cette préparation alimentaire
diffère aufTi, fuivant les animaux avec le lait defquels
on la fabrique, autant que par la manière
-dont elle eft faite. On peut cotifulter à cet égard
les Dictionnaires des Arts.
Le mot fromage eft aufli quelquefois employé en
chimie pour défigner la matière particulière du lait
avec laquelle on fabrique cet aliment i mais cette
matière eft plus fouvent nommée caféeufe : on doit
même la défigner fous ce nom, comme principe
du lait, parce qu'elle, y eft contenue fous une
forme 8c une nature un peu différentes de celles
qu'elle a dans fon état de fromage. ( Voyer le mot
L a i t . ) x
Fromage. Dans les laboratoires de chimie 8c
; dans-ceux des arts du feu ou de fufion, on nomme
fromage un inftrument de terre cuite , une efpère
* de brique tendre , qui repréfente une feâiou ou
Fff