
par faire voir que le foufre pur ne minéralifé pas
atnfi bien un métal quelconque , que lorfqu’il fert
de minéralifaffcur à un autre métal, qui, en l’empêchant
de fe brûler ou de fe difliper en vapeurs,
lui donne le tems de faifir l'argent à mefure qu’il
fe dégage de fa bafe. M. Macquer a fuivi cette
vérité , en difant, dans fonDictionnaire de chimie,
que la purification de l’ or eft une forte de départ
fe c , qui réuflit mieux en fe fervant d’antimoine
que du foufre feulj que le foufre étant très-volatile
& très-inflammable, fe difljpe & fe confume
en grande partie avant d’avoir pu faifir les métaux
alliés à l ’or, &c. M. Jars dit que pour faire le dépan
en grand j la pyrite martiale eft fans contredit
la matière la moins chère & la plus convenable
dans cette circonftance. ~
Il ajoute qu’il faut faire conftruire un petit fourneau
à manche, & former dans fon intérieur un
baflin en forme de cône renverfé & profond , &
un femblable baflin à l’extérieur du fourneau, dif-
pofé de manière qu’on pût y faire couler, en perçant
y tout ce qui feroit dans le premier. On pour-
roit en avoir un troifième, dans lequel le trop plein
du premier pût fe répandre. La tuyère par où paf-
feroit le vent du foufflet fe plaçeroit au niveau du
badin intérieur , & inclinée de façon à porter le’
vent au tiers de la profondeur dudit baflin. Le
fourneau ayant été bien chauffé & rempli de charbons,
on feroit agir les foufflets, & l’on charge-
roit d’abord autant de pyrites qu’il en faudroit
pour remplir le baftin à moitié , puis de l’argent
aurifère, conjointement avec de la même pyrite.
Le baflin intérieur étant une fois plein, on ne
chargeroit point de nouvelles matières, mais on
laifleroit agir les foufflets. On pourroit alors introduire
par la tuyère, de la grenaille de fer ou autre
précipitant, lequel, étant fondu, on perceroit pour
faire couler la matière dans le baflin en forme conique,
où on la laifleroit refroidir pour en fépa-
rer enfuite le culot d’avec la matte ou le plach-
mall ( nom que les Allemands donnent, dans le
départ fec, à l’argent uni au foufre Pendant ce
tems-là on recommencera à procéder de nouveau
à une pareille fonte : on fera l’effai du culot. Si
l’or n’y eft pas en aflez grande quantité, on mettrait
tous les culots à part, jufqu’à ce qu’on en
tût aflez pour qu’en répétant la même opération,
on eût concentré beaucoup plus d’or dans les culots,
que l’on peut pouffer jufqu’à la quartation
pour achever le départ par la voie humide.
S’il y avoir encore de l’or dans la matte ou
plackmall, on lerefondroit de lajnême manière,
mais fans aucune addition de pyrites, & on répé-
teroit jufqu’ à ce que tout fût concentré. Il eft aifé
de concevoir avec quelle viteffe fe feroient ces
opérations.
On a dit qu’avant de porter l’argent au fourneau
, il fallojt que le baflin de l’intérieur fût à
moitié plein de pyrites en fufion, & qu’ en chargeant
cet argent fur les charbons, l’on devoit y
ajouter de nouvelles pyrites, afin que celles-ci,
en fondant, puffent entraîner l’argent qui ne feroit
pas encore précipité, & le minéralifer en
tombant dans un bain de pyrites, dont la furabon-
dance du foufre ne peut pas manquer de l’attaquer
auflitôt en laiffant précipiter l’orqui ne fe mêle
point avec lui : précipitation qui fe fait d’autant
mieux, que l ’argent, par fa minéralifation , devient
plus léger, furtout étant minéralifé par une
pyrite qui rend cette pefanteur d’autant moindre,
qu’elle contient plus de fer j mais comme il
y auroit des globules trop petits pour fe précipiter
tout de fuite, le vent des foufflets paffant au
travers des charbons , agiteroit continuellement
la matière en bain & la tiendroit dans le plus
grand degré de fluidité , & que chaque partie de
fa mafle fe préfenteroit fucceflivement au vent des
foufflets, qui à chaque coup enleveroit un peu de
foufre, qui , laiffant des molécules d’argent à nu
ou fans foufre, faifiroient les minicules d’or fuf-
pendues par leur extrême petiteffe , & fe précipi-
teroient enfemble au fond du baflin.
De cette manière , la précipitation fe feroit
également dans toutes les parties de la mafle. On
voit que, dans cette manière d’opérer, l’on peut
fe pafler de précipitant, dont on fait ufage dans
les procédés ordinaires, ainfi qu’on l’a vu ci-def-
fus, parce qu'il y en a un de contenu dans la
pyrite martiale, qui eft le fer ; mais fi on le croyoit
néceffaire, on peut, comme il a été dit ci-deffus,
introduire , dans le befoin, de la limaille de fer
par la tuyère, étant inutile de lui faire fubir une
fonte préliminaire. L’état d’agitation dans lequel
feroit alors la matière feroit que ce précipitant
fe mêleroit avec toute l’égalité & la promptitude
pofîîbles dans toutes les parties du bain, & qu’il
s’uniroit à une portion du foufre qui tenoit de
l’argent comme fcorifié, & qui, en étant dégagé
par le fer, qui a avec lui une plus grande affinité,
fe précipite avec l’o r , qui peut encore être épars
dans le bain. La matte ou le plackmall, privé d’or,
fera enfuite caffé en morceaux & grillé à feu ouvert
, puis fondu dans un fourneau à manche, avec
des matières tenant plomb, dont ce métal s’unira
à l’argent.
Le procédé que l’on vient de détailler pour le
départ de Y or d’avec l’argent, peut être encore
avantageufement appliqué pour départir l’or du
cuivre , puifque le foufre a plus d’affinité avec ce
dernier qu’avec l’argent, & que la pefanteur fpé-
cifique du cuivre eft moindre que celle de l’argent.
Dans le cas où l’on auroit beaucoup de ces cuivres
aurifères, la réparation de l’or du cuivre
(après que celui-ci auroit été minéralifé) s’en feroit
très-bien avec la litharge dans un fourneau de
réverbère} car , quoique l’or ait plus d’affinité avec
le cuivre qu’il n’en a avec le plomb, il fe trouve-
roit dégagé du cuivre par l’intermède du foufre,
qui en formeroit de la matte, tandis que le plomb,
qui le premier prendroit fa forme métallique, faif[
roi t tout l’ or & l’entraîne roi t avec lui dans le
badin, & dont on n’auroit plus que la coupellation
à en faire.
V OC A BU LA IRE .
- Alcalis. Inconvéniens des alcalis dans la fonte
des métaux.
Acide nitreux.
Argent en chaux.
Bxin de fable.
Bain-marie.
Capfules de terre ou de fer.
Départ par la voie humide.
Départ par la voie fèche, en petit dans des creti-
fets, & en grand volume dans des fourneaux à
manche, avec de la pyrite martiale.
Départ par l’eau régale.
Diflolution de l’ or par l’eau régale.
Diffolution de l’argent par l’eau-forte.
Diftillation de l’eau-forte chargée d’argent.
Eau-forte ordinaire.
Eau-forte double.
Eau de pluie pour édulcorer.
Eau de neige pour le même objet.
Edulcoration ou lotion de la chaux d’ or & d’ar-
gent.
Fourneau à manche. Sa préparation pour faire
le départ.
Lut. Manière de lutter les vaiffeaux pour le
départ.
Matras de verre. Leur recuit aux fourneaux de
verrerie.
Plachmall. Combinaifon de l’argent avec le
foufre.
Précipitant. Matières propres à opérer la précipitation
de l’or.
Précipitation de l’argent par le cuivre.
Précipitation du cuivre par le fer.
Quartation. Trois parties d’argent fur une d’or.
Récipient. Vailfeau qui reçoit l’eau-forte lorf-
qu’on la diftille.
DÉPHLOGISTIQUË. C ’eft le nom que Schule
avoit donné aux acides fulfurique & nitrique , &
furtout à l’acide muriatique dans l’état pur pour
les deux premiers , & dans une combinaifon avec
l oxigène pour le troifième. Nous nommons ce dernier
, acide muriatique okigéné , & les premiers cort-
fervent leurs fimples dénominations d'acides fulfurique
ou nitrique. L’épithète de déplogiftiqué ,
que Schule y ajoutoit, fuppofoit une théorie reconnue
fauffe- depuis 1784, & qui admettoit des
acides fulfurique & nitrique phlogiftiqués. Ceux-
ci font les acides fulfureux & nitreux, dont la
nature tient à toute autre çhofe qu’à la prétendue
préfence du phlogiftiqué. Voyez Jes articles de tous
ces acides. ( Voye£ aujjî les mots fuivans : DÉPHLO-
gistication , Dèphlogistiquer. )
DÉPHLOGISTICATION., DÉPHLOGISTIQUER.
On ne doit plus traiter cos dénominations,
abandonnées aujourd'hui & depuis 17S7, dans le
langage exaét de la chimie, que pour expliquer
une ancienne locution employée dans quelques
livres qui ont précédé l’époque citée à l'établif-
fement de la nomenclature méthodique. Les chi-
miftes anciens, en fuppofant dans un grand nombre
de matière la préfence du feu -fixé auquel ils at-
tribuoient la fufibilité, la volatilité, la coloration,
l’odeur & furtout la combuftibilite, feu fixé qu’ ils
nommoient phlogiftiqué ( voyez ce mot ) , dévoient,
pour être conféquens, nommer ces matières phlo-
gifiiquées lorfqu’elles jouifloient de ces propriétés,
& dephlogiftiquécs îorfqu’ tlles en étoient privées
par la fouftraétion du feu combiné. Ainfi ils dévoient
nommer dépklogifiication l’opération par
laquelle, ils enlèvoient le prétendu phlogiftiqué
aux corps, & leur ôtoient par-là les propriétés
qu’ ils accordoient à la préfence de ce principe
imaginaire. Déphlogijliquer étoit faire cette opération.
Il eft bien reconnu maintenant qu’au lieu
d’enlever du phlogiftiqué aux corps combuftibles,
on unit de l’oxigène dans tous les cas où on leur
fait perdre leur propriété combuftible. Ainfi le
mot déphlogijliquer, expreffion fictive d’un tems
de ténèbres pour la fcience , doit être remplacé
par le mot oxigêner, exprimant le phénomène réel
qui fe paffe dans ce cas. ( Voyez les mots Oxigène,
OxiGENER, PHLOGISTIQUE, &C. )
DERME. Le derme eft le tiflii proprement dit
de la peau des animaux. C ’eft un corps épais ,
denfe, très-extènfible, formé de fibres entrelacées
& comme feutrées. Il recouvre les mufcles & les
aponévrofes4 il eft percé de petits trous pour
laiffer pafler l ’extrémité des artères des veines &
les poils. Ce tiflu , qui doit fpécialement occuper
l’anatomifte & le médecin . préfente aufli des propriétés
chimiques qu’il faut étudier avec foin ,
parce qu’elles éclairent les ufages aflez multipliés
de la peau dans les arts.
1. Le derme, ou la peau proprement dite , bien
féparé de la graifle , des lames cellulaires & des
vaiffeaux qui y adhèrent, ainfi que des fibres
mufculaires qui le garniffent dans les animaux,
eft une membrane épaiffe, dure, fufceptible d’être
étendue, fe retirant fur elle-même, difficile à
couper, préfentant des fibres arrangées ou dif-
pofées comme les poils d’un feutre , laiflant quelques
vides aréolaires entr’elles, d’une couleur
blanche. Quand on la chauffe brùfquement, elle
fe ferre & s’agite fur les charbons ardens 5 elle
fe fond , fe bourfouffle , exhaie une odeur fétide
, & fe réduit en un charbon denfe, aflez difficile
à brûler. Elle donne à la cornue les mêmes
principes à peu près que la matière fibrèufe, une
huile épaiffe, beaucoup de carbonate d’ammoniaque
, des produits très-fétides en général. Les
acides foibles la ramolliflent, la gonflent, lui
donnent de la tranfparence & la difi’olvent j l’acide