
prime fortement avec une palette en fer. La longueur
des fourneaux à galère eft telle» qu'on peut
V placer quarante cuines , vingt de chaque côté.
Chaque cuiue peut tenir environ huit à neuf livres
de mélange, dont le tiers feulement eft en falpêtre,
& le relie en terre argileufe defféchée & battue.
Les jointures de l’ alonge de terre qui établit la
communication entre la cuine & le récipient , font
exactement fermées par un mélange de terre à
four, pétrie avec de la fiente de cheval & un peu
d'eau. On prefife bien ce lut, dont on applique
une a (fez bonne épaiffeur afin que les vapeurs de
l'eau forte ne puiffent pas s'échapper.
Les cuines qu'on emploie à Paris & aux en- 1
virons fe fabriquent à Savigny, village fitué à deux
lieues nord de Beauvais.
Comme ce travail s'exécute tvès-groffiérement,
cette poterie a beaucoup de défauts, fans compter
celui de caffer par l'application trop brufque
de la chaleur : un grand nombre ont des trous
imperceptibles à l'oeil,mais qui s’agrandifTent affez
par la chaleur, pour que les vapeurs acides puiffent
y paflerj d'autres ont des fêlures qui font
plus aangereufes encore que les trous ; enfin , il
en eft d'autres dont le col fe détache par 1’aCtion
de la chaleur.
Il eft donc néceffaire, pour ne pas s’expofer à
perdre le produit de fon opération , d'examiner
avec attention chacune des cuines avant de s'en
fervir, afin de mettre au rebut celles qui feroient
mauvaifes. ( Voye^} au mot CORNUE, la maniéré
de reconnaître les défauts de ces vaijfeaux. )
Celles qui n’ont que de petits trous peuvent
être mifes en état de fervir , en les frottant fortement
avec de la terre à four , qui > en s'intro-
duifant dans les pores, finit par les boucher exactement.
Dans chaque fournée d’eau-forte faite avec du
bois, il y a, terme moyen, environ un fixième des
cuines qui caffent , furtout vers la fin de l'opération
, où il eft néceffaire que la chaleur foit
plus élevée. Mais depuis que les diftillateurs, &
notamment M. Bouvier , à qui cet art doit beaucoup
de perfeClionnemens, font ufage de la tourbe,
dont la chaleur eft plus douce & plus égale, le
nombre de cuines caffées eft infiniment moins
grand.
La tourbe étant moins chère que le bois, proportionnellement
à la chaleur qu'elle produit, il
y a un double ayantage à l ’employer pour cet
ufage.
La figure X bis de la clajfe V I repréfente une
cuine jointe à fon récipient au moyen d'une alonge
de terre.
CUIR. On nomme wir la peau de plufieurs
mammifères , préparée de manière à demeurer
fans altération , & à pouvoir fervir à une foule
d'ufages. C'eft le plus fouvent à l’aide de l'écorce
de chêne , nommée taty quand elle eft moulue :
c'eft par la matière particulière qu’elle contient,
& qu'on nomme tannin, que les peaux qui s’en
pénètrent plus ou moins facilement & abondamment,,
font confervées. Ainfi le nom de cuir dans
les arts eft fynonyme du mot peau tannée. Il y a
deux efpèces de cuir en général : le cuir fort, qui
contient affez de tan pour être devenu dur, peu
pliant | quoique folide , élaftique & fuféeptible
de fe condenfer fans fe brifer par le choc 5 l'autre,,
le cuir doux, flexible, mou, &c. Le premier fert
principalement à la fabrication des femelles de
fouliers, & le fécond aux empeignes, ainfi qu'à
beaucoup d'autres ouvrages. On verra aux mots
1 T an, T annin, TXnnerie, Gélatine, C olle,
! que les cuirs tannés offrent une combinaifon réelle
! entre la matière de la peau & le tannin. Quant à
l'art de fabriquer les cuirs, il n’eft pas de notre
objet d'en parler ici : cela regarde le Diftionnaire
des Arts.
Le cuir eft fi bien une combinaifon de la peau &
du tan, que celui-ci y eft plus foluble dans l’eau.
(Voye£ les mots T AN, TANNER & TANNIN.)
Cuir fossile. On nomme cuir fojftlecuir de
montagne, une variété d'asbefte ou d'amianthe à
fibres courtes, entrelacées, comme feutrées,
dont le tiffu applati, en forme de couches, imite
grofliérement, à la vérité , celui d'une peau préparée.
On le trouve dans les montagnes & dans
les mêmes lieux que les autres variétés de
l’asbefte.
CUITE , / ƒ On appelle cuite I'aCtion par laquelle
, à l’aide de la chaleur, on évapore une
certaine quantité de liquide, le plus fouvent de
l'eau , tenant en diffolution différentes fubftances
que l’on veut rapprocher fous un plus petit volume
, ou amener au point de fe feparer pendant
les progrès de l'opération, ou de crillallifation par
le refroidiffement de la chaleur.
C'eft ainfi que, chez les falpêtriers, on appelle
cuire les eaux, I'aCtion d'évaporer l’eau où le fel
eft diffout, & cuitey le produit de cette évaporation
, c’eft-à-dire, le falpêtre.
C'eft également ainfi que, dans les fa lin es, on
exprime l'évaporation de l'eau qui tient le fel en
diffolution ;
Dans les fucreriesjla concentration des Lues de
la canne appelée vefou ;
Dans les raffineries où l’on purifie le fucre, l'évaporation
de l'eau où on l'a diffout pour le faire
criftallifer une fécondé fois ;
Dans l’art du pharmacien & du confifeur, pour
exprimer la réduction des diffolutions de fucre à
l'état firupeux ou à l’état folide.
Suivant les divers degrés d’évaporation, on dît
que le fucre eft cuit en firop , à la petite ou la
groffe poerle, au boulet, à la petite ou la grande
plume, au petit ou grand caffé, &c. 8cc.
On dit auffi des diffolutions falines, qu'elles font
cuites jufqu’ à petite ou grande pellicule, jufqu’ à
ficcité, & c . &c.
Aux articles de ces différentes fubftances , on
donnera les .caraftéres propres à faire reconnoître
qu'elles font cuites au point qui convient à l'état
où on les defire ( V. )
CUIVRATE d’ammoniaque. Quelques chi-
miftes, fondés fur la facilité avec laquelle l’ammoniaque
diffout l’oxide de cuivre , & fur plufieurs
propriétés de ce compofé, ont nommé cette com-
Dinaifon cuivrate cCammoniaque, en fuppofant que
l'oxide de cuivre y joue le rôle d'acide > mais cette
dernière affertion étant une hypothèfe, on n'a
point adopté cette dénomination, & Kon fe contente
de nommer la combinaifon dont il eft ici
queftion, oxide dë'cuivre ammoniacal.
CUIVRE,/, m. 1. Le cuivre fe trouve dans la
claffe des métaux qui ont été le plus anciennement
connus ; il paroït avoir été employé par les hommes
dès le premier âge du monde : de tous les tems il
a été un des plus faciles à extraire & à travailler >
fa découverte fe perd dans les époques fabuleufes.
Les Egyptiens l'employoient à un grand nombre
d’ufages, & en faifoient des figures coulées, d'une
forme déjà remarquable, dans les tems les plus
reculés de leur Hiftoire. Les Grecs le travailloient,
le fondoient, le couloient, & s'en fer voient dans
beaucoup d’arts : il faifoit chez eux la bafe des
fameux alliages de Corinthe. Les Romains l'ont
aufli travaillé en grande quantité, & l’on a même
cru que c'étoit toujours avec ce métal, & très-
rarement avec le fer, qu'ils fabriquoient le plus
grand nombre de leurs uftenfiles.On a donné cette
fabrication comme la preuve authentique qu'ils
connoiffeient peu, & qu'ils travailloient mal le
fer. J'ai déjà fait voir ailleurs que cette ignorance
des arts des Romains , & l’ opinion qu'ils fe fera
ien t uniquement de cuivre & non de fe r , eft
fondée fur ce que leurs inftrumens & leurs machines
du premier métal s’étoient rouillés, oxides
la plus rapprochée de celle de l'or, devoit naturellement
& détruits peu à peu dans la terre où ils ont été
enfouis. Les alliages de cuivre que les Romains
fabriquoient, à l’exemple des Egyptiens & des
Grecs, étoient affez multipliés, & deftinés à une
foule d'ufages différens.
2. Les alchimiftes fe font beaucoup occupés du
cuivreils l'ont nommé Vénus, à caufede fa grande
facilité à fe combiner à beaucoup de corps, &
furtout aux autres métaux, & à caufe de l’efpèce
d’adultération qu'il porte dans fes alliages. En le
repréfentanr par un emblème appartenant à l’o r ,
terminé vers le bas par le figue de la croix, ils
1 ont confidéré comme principalement formé d’or,
mais mafqué & altéré par un âcre ou corrofif qui
le rendoit cru. Suivant eux, il ne s'agiffoit que
d en féparer cet âcre pour en obtenir l'or : auffi
ont-ils fait un grand nombre de travaux dans cet
efprit, Sc plufieurs fe font-ils vantés d'avoir réuffi
a le tranfmuer en orç fin. La couleur de ce métal,
faire naître l'opinion qu'ils s’étoient
formée à cet égard ; elle étoit encore fortifiée par
les circonftancés d’une foule de combinaifons métalliques,
où l'or prend la couleur du cuivre : aufli
les alchimiftes fe font-ils livrés à de grandes &
pénibles recherches fur le cuivre ; auffi eft-ce dans
leurs livres que les premiers auteurs fyftématiques
de chimie ont puifé les connoiffances qu'ils ont
difpofées dans l'ordre plus ou moins méthodique
d'où eft née peu à peu la fcience.
3. On n'eft pas moins redevable, pour les faits
nombreux qu’ils ont fournis à l'expofition des propriétés
du cuivre, d’un côté , aux minéralogiftes
& aux métallurgiftes, dont les opérations multipliées
ont beaucoup fervi aux méthodiftes, Sz de
l'autre aux pharmacologiftes, qui, en cherchant
à tirer quelque parti de l’âcreté même de ce métal,
& à convertir fa puiffance vénéneufe en qualité
médicinale, ou à enchaîner, en la modérant, fon
activité corrofïve, ont décrit un grand nombre de
produits & de combinaifons du cuivre. Ici, comme
dans l’hiftoire de la plupart des autres métaux
les premiers & les principaux hiftoriens de la
fcience chimique ont puifé dans cette triplé fource
des alchimiftes, des mineurs &: des médecins, pour
compofer l'enfemble des caractères diftinCtifs &
des compofés divers du cuivre. Malgré les grandes
: recherches faites fur ce métal, il n'y a pas d'au-
' teurs encore qui aient écrit ex profejfo fur le cuivre, 1
! & qui aient compris l'enfemble de fes propriétés
! dans des Traités monographiques.
4. Quoiqu'on ne puiffe pas trouver, dans les
diverfes époques de la grande révolution qui vient
; de changer là face de la chimie, de recherches
furie cuivre,qui tiennent immédiatement aux fades
de cette révolution, & qui aient fervi à en pofer
les fondemens, ce métal tient cependant un rang
parmi les corps dont les’ propriétés ont été mieux
connues, & dont les modifications ont été plus
exactement déterminées depuis l'étabîiffement de
la dodrine pneumatique. On doit furtont placet
dans cette claffe de propriétés, exactement expliquées
par la théorie moderne , fes divers degrés '
d'oxidation , fes diffolutions dans les acides, dans
l’ammoniaque j fes précipitations depuis l’état métallique
jufqu'à fa plus forte oxidation, fes réductions
par divers procédés. Les travaux de M M. Ber-
tholet & Guy ton, & ceux de M.Prouft, ont fur-
tout contribué à la connoiffance exaCte de ces
derniers faits. La connoiffance de ce métal eft
devenue beaucoup plus complète & beaucoup plus
fimple depuis l'exiuence des nouvelles découvertes.
Il n’eft pas néceffaire de faire remarquer qu'on
a re ♦ îcé entièrement ^ dans le langage de la
fcience, à la dénomination ridicule de Vénus, St
qu'on ne la confèrVe guère que pour quelques
préparations dont on fe fert dans les'arts, ou les
nomenclatures fyftématiques & régulières font fi
longues à.parvenir Sc à être adoptées.'
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