
par cette quantité de fuc , retenaient en com- '
binaifon 13 livres 12 onces de matière muci-
lagineufe.
Une partie d eau diftillée à la température de
10 degrés diffout , fuivant l’auteur , 1,25 d’acide
criftallifé , & il fe produit 13 degrés de
froid pendant cette diffolution. Dans nos expériences
3 100 parties d'acide citrique criftallifé
n’ont demandé que les.0,75 de leur poids d’eau
à 15 degrés de température pour fe difloudre.
Quarante grains de cet acide diflous dans deux
livres d’eau , comme le propofe M. Dizé, avec
une fuffifante quantité de fucre & d’oleo-faccharum
fait avec l’écorce de citron , fournillent une
excellente limopade.
Nous avons obfervé' que l’acide citrique bien
criftallifé , expofé à l’air très-chaud & très-fec ,
étoit fufceptible de s’effleurir , tandis qu’à une
température baffe & dans l’air humide., il tombe
en déliquefcence à fa furface.
L’acide citrique eft un dés plus puiffans acides
végétaux. Outre qu’ on lui reconnoît cette éne-r-,
gie à la faveur vive & âcre que préfement fes
criftaux , à la couleur rouge qu’il donne à plu-
fieurs bleus végétaux , on s'en allure par ia force
avec laquelle il adhère à fes bafes. Il tient le
troilième rang pour l’énergie parmi les acides
végétaux, èc doit être placé après les acides
tartareux & oxalique.
C ’eft , comme tous les acides végétaux, un
compofé de carbone , d'hydrogène 5c d’oxigène,
dont on ne connoît pas encore les proportions.
Scheèle avoit déjà dit qu’on ne pouvoit pas le
convertir en acide oxalique par l’aélion de l’ acide
citrique. M. Vauqueiin a confirmé cette affertion
de Scheèle , & n’eft point encore parvenu à. le
décompofer par cette voie.
Après avoir fait connoître quelques-unes des
principales propriétés de l’aciae citrique , dont
11 n’avoit point été parlé dans les articles du
premier volume, qui traitent de l'acide citronien,
nom adopté par M. Guyton avant la nouvelle
nomenclature , je dois m’occuper aétuellement
de celles des citrates. Nul auteur n’a encore ni
indiqué, ni même recherché ces propriétés.
Scheèle , après avoir fourni le moyen d’obtenir
cet acide pur, après avoir donné quelques-uns
des caraéieres qui le diftingaent des autres acides
végétaux, n’a absolument rien dit fur fes eombi-
naifons faillies. Comme il entroit dans le plan des
recherches qui me font communes avec M. Vau-
ôuelin fur les fubftances végétales, de bien con-
lioître les acides végétaux, d’en bien déterminer
la nature , nous avons commencé une fuite d’expériences
fur les propriétés des citrates, & en
prenant le. réfultat générai de ces expériences ,
dont je rendrai compte en particulier dans les articles
fuivans, deftinés aux efpèces de ce genre
de fels, je puis offrir comme cara&ères génériques
des citrates les confidérarions fuivantes :
i°. Les citrates font tous plus ou moins neutres
> aucun ne nous a préfenté la propriété d’être
avec excès de bafe ou avec excès d’acide.
20. On n’en a encore trouvé aucun dans la
nature, & ils font tous des produits de l’ art qui
les forme, foit en uniffant directement l’acide
citrique avec différentes bafes, foit en décompo-
fant quelques fels neutres avec-certains citrates.
30. Quelques-uns font criftallifables & bien
diliolubles : un grand nombre font pulvérulens
& indiffolubles.
40. Mis fur les charbons allumés, les citrates
fe fondent s fe bourfouffient, bruniflênt, exhalent
une odeur d’acide acétique empyreumatique ,
& biffent un charbon léger fpongieux.
50, Soumis à la diftillation, ils donnent pour
produits , de Tenu, du gaz acide carbonique :
quelques-uns , furtout parmi les citrates métalliques
, offrent dans leur produit liquide des traces
d’acide acéteux.
6Q. Tous font décomposés par les acides minéraux
: ceux-ci ne forment point de précipité
dans leurs diifolutions comme dans celles des
oxalates & des.tartrites , parce que les citrates
ne font jamais, à l’état ..d’acidulé s comme ces
deux ‘derniers, genres de fels. :
70. Ils font décompofés par les acides oxalique.
& tartareux , qui forment dans leurs diffo-
lutions des précipités criftallins ou pulvérulens
indiffolubles dans i’eau.
89. Ils décompofent tous les fels calcaires par
une double affinité , & ils forment dans leurs
folutions un précipité diffo'uble dans moins de
500 parties d’eau ; c’eft du citrate de chaux.
9<?. Beaucoup de. citrates gardés en diffolu-
tion dans l’eau , furtout avec le contaéE de l’air
ou dans des vaiffeaux qui bouchent mal , fe
décompofent lentement, donnent des flocons
muqueux & charboneux : leurs bafes reftent en-
fuite unies à l’acide carbonique provenant de
cette décompofîtion. Quelques - uns fe conver-
tiffent en partie en acétites avant leur décom-
pofition totale. Cette obfervation avoit déjà été
faite par Stahl, au commencement du dix-huitième
lîècle, fur le citrate calcaire.
io°. Enfin , les citrates alcalins font décom-
pofahles par la diffolution de baryte , qui y forme
un précipité diffoluble dans une grande quantité
d’eau.
Bergman, en indiquant les affinités de l’acide
citrique , placé d’abord la chaux , enfuite la
baryte, la magn’éfie , la potafl'e , la foude &
l’ammoniaque. Breffey, de Dijon, les a données
dans un autre ordre > favoir : la baryte, la chaux,
la magnéfie, &ç. Nous fommes fondés, d’après
nos expériences, à les préfenter dans l’ordre
fuivant : la baryte, la chaux, la potafl'e, la foude,
h ftrontiane , la magnéfie , l’ammoniaque &
l’alumine. .
Quant aux attrapions électives de l’acide^ citrique
trique pour les oxides des métaux, nos expériences
pe fuffifent point encore pour les établir
d’une, manière exaPe. Je me contenterai
donc d’annoncer, d’ après Bergman , la ferie des
citrates métalliques par leur affinité ou 1 adhérence
de leurs principes dans la ligne qui fuit :
les citrates de zinc , de manganèfe ^ de 1er, de
plomb, de cobalt , de cuivre , d’arfemc, de
mercure, d'antimoine , d’argent & de platine.
Aucun citrate n’eft encore employé dans les
arts. En médecine , on a propofé«.le citrate de
chaux, fait avec le corail & le jus de citron ,
comme tempérant & calmant. On prépare le
citrate de plomb comme cofrae tique. ( Voye^
les mots Citrate de chaux, Citrate de
plomb ou Crème de saturne. )
Citrate d’alumine. Ce citrate n’eft pas
connu 5 il ne nous a pas encore été poffibb d'en
examiner les propriétés. Aucun auteur n’en a
parlé.
Citrate d’ammoniaque. Avant les expériences
que nous avons faites , M. Vauqueiin &
moi, fur les compofés falins de l’acide citrique,
perfonne n’avoit rien dit des propriétés de ce
fel : nous l’avons fa it, comme tous les autres ,
avec de l’acide citrique pur criftallifé, diflous dans
l’eau diftillée, & uni jufqu’au point de faturation
au carbonate d’ammoniaque. Il nous a fallu 48
parties de ce dernier pour en faturer 36 d’acide
citrique : d’où., nous avons conclu ( ioo parties
de carbonate d’ammoniaque contenant 0,45 de
bafe ) que ico parties de citrate d’ammoniaque
étoient compofées d’acide citrique 0,62, & d’ammoniaque
0,38.
Le citrate d’ammoniaque eft très-diffoluble
dans l’eau ; il ne criftallifé que lorfque fa diAblution
eft bien épaiffe ; la forme de fes criftaux
eft celle de prifmes très-alongés , dont il
ne nous a pas été permis de déterminer le nombre
de pans jk la nature des angles. Au refte ,
il obéit aux mêmes lois que tous les autres fels
ammoniacaux , & a toutes celles qui déterminent
/es propriétés génériques des citrates.
Citrate d’antimoine. Abfolument inconnu.
Citrate d’argent. Voici ce que nos expériences
nous ont appris fur ce fel, dont aucun
chimifte n’a encore fait mention.
L’acide citrique n’attaque point l’argent métallique
, mais il s’ unit facilement à fon oxide.
Il forme aveclui une combinaifon indiffoluble
dans l’eau, & qui a néanmoins une très-forte
faveur métallique.
Expofé aux rayons du foleil, le citrate d’argent
noircit, & devient comme de l’encre.
Chauffé , il fe décompofe, ck donne de l’a-
_cid'e 'acétique très-concentré, d’une odeur fenfi-
blement empyreumatique. L’argent refte dans la
cornue fous la forme d’une végétation métalli-
Cüimix. Tome IV\
que très-agréable 5 le carbone qui l’accompagne ,
le falit j il reprend fon brillant lorfqu’on l’expofe
quelques inftans fur les charbons ardens.
L’acide nitrique décompofe facilement & complètement
le citrate d’argent ; aufli l’acide citrique
ne produit aucun précipité ni aucun changement
dans la diffolution du nitrate d’ argent.
En yaffemblant nos divers eflais fur ce fel, nous
l’avons trouvé compofé d’acide citrique 0,36, &
d’oxide d’argent 0,64.
C ’eft un fel très-âcre, qui pourroit fervir de
cauftique léger , & qui jamais ne devroit être
employé à l’intérieur.
Citrate d’arsenic. Entièrement inconnu.
Citrate de baryte. C ’eft encore une
combinaifon dont les chimiftes ne s’étoient point
du tout occupés. Nous avons formé ce fel d'abord
en verfant de la diffolution de baryte dans
l’acide citrique liquide. Les premières portions y
faifoient un précipité floconeux qui fe diffolvoit
par l’agitation, & le précipité n’a été permanent
que lorfque tout l’acide a été faturé. Err
ajoutant une grande quantité d’eau pure, tout le
précipité s'eft redifîous. Le citrate de baryte
n’eft donc pas indiffoluble. Nous avons trouvé ,
foit par l’analyfe , foit par la fynthèfe , que ico
parties de ce fel contiennent de baryte o ,jo , &
d’ acide citrique 0,50.
Le citrate de baryte pourra être employé pour
déterminer fi de l’acide citrique contient de
l’acide fulfurique , & combien il en contient.
Citrate de bismuth. Inconnu.
Citrate de chaux. Ce fel eft le Lui
dont les chimiftes aient dit quelque chofe juf-
qu’ici. Il étoit depuis long-tems préparé en médecine
, avec le fje de citron & le coraii ou les
pierres d’écrevifle. Stahl avoit obfervé qu’en
le gardant quelque tems , il fe convertifloit en
acétate de chaux , Sc cette obfervation a été
confirmée par plufieurs chimiftes. Scheèle s’eft
fervi de cette combinaifon pour féparer l’acide
citrique d’avec le mucilage qui l'enveloppe fi
abondamment dans le fuc de citron-, & il a fur-
tout diftingué cet acide de celui qu’ il nommoit
acide du fucre ou de l’acide oxalique , par la
propriété qu’il lui a reconnue d’être chafifé de
la chaux'à l’aide de l'acide fulfurique, même
étendu d’eau.
Tous ceux qui ont préparé l’acide citrique à
la manière de Scheèle, ont dû obferver le peu
défaveur, le peu de diffolubilité , l’état pulvérulent
& la permanence de compofition de ce
fëi , lovfqu on le garde bien fec & bien pur. On
peut donc dire que ce fel étoit le moins inconnu
de tous les citrates , & qu’il étoit même le feul
dont on eût obfervé quelques-unes des propriétés.
Voici quelques faits qu’on peut ajouter, d’après
nos expériences, à ce qu’on favoit déjà.