
il a été parlé jufqu’ici ( 8 à zy ) , ayant Heu
dans le gaz oxigène pur ou mélangé , & le
dégagement du calorique & de la lumière accompagnant
prefque toujours ces efpèces de
combufiions , les chimiftes modernes ont cherché
à déterminer la quantité de ces deux matières
dégagées ; ils font parvenus par leurs ingénieuses
recherches à mefurer la quantité de calorique
, & ils ont même apprécié jiifqu’à un
certain point celle que contient roxigène en état
de gaz. ( Voye^ Us mots Gaz OXIGÈNE &
Calorimètre. )
17. En cherchant àN déterminer la quantité
de calorique^ féparé de l’air vital pendant la
fixation de i’oxigène dans'les corps qui brûlent,
les chimiftes n’ont pas pu trouver encore
des moyens d’eftimer la quantité de lumière qui
eft également mife en liberté. Plufîeurs penfent
que le corps lumineux eft formé par la même
matière que le calorique, & que la feule différence
qui exifte entr’eux eonfifte dans l’extrême
mouvement & la direction progreflîve rayonnante
ou droite que préfente cette matière îorf-
qu elle eft lumière, ck dans le mouvement lent
te d’ondulation équilibrante qu’elle offre lorf-
qu’elle eft calorique. ( Voye1 Us mots Calorique
,- Flamme , Lumière. )
28. Les moyens qu’on a trouvésxde déterminer
la proportion de calorique dégagé dans di-
verfes efpèces de combufiions , ont appris aux
chimiftes que chaque corps combuftible , en
dégageant des quantités différentes d’une même
de gaz oxigène , devoit enfuite , fous fon
état de corps brûlé , contenir l’oxigène dans
divers degrés de folidité , en telle forte qu’il
*l^ 7 autant plus^ adhérent à ces combinaifons .,,
a 'S7- WH pfus concret ou plus folide,
c eft-a-dire , plus privé de fon diflolvant igné ,
ou plus ou moins près de la liquidité , de la
fluidité meme , fuivant qu’il a retenu plus ou
moins de la matière du feu.
19* L importante confédération de l’état de
l ’oxigène, plus ou moins dépouilLé du principe
igné dans fes combinaifons avec les corps com-
buftibles, en offrant une des plus remarquables
découvertes de la chimie pneumatique , donne
aufli un des plus vaftes fujets de méditation fur
les eau fes de la cohérence plus ou moins forte
de 1 oxigene aux bafes combuftibles auxquelles il
eft uni, fur les caufes de fon attraction , fur
la différence des corps brûlés entr’eux , fur les
moyens de le fépârer de ces corps. ( Voye% Us
mots Oxigène, Oxides, Oxidation, Dis-
oxidation. )
30* La combufiion 3 pour exifter , ne fuppofe
P3S ‘a neceffité de préfenter aux corps combuftibles
l ’oxigène fondu en état de gaz ou
fluide élaftique. On a vu dans le n°. 7 , qu’elle
pouvoit fe faire encore au moyen de ce principe
liquéfié ou folidifié dans diyerfes cômbinaifons.
Dans ce fécond état de I’oxigène, le
corps combuftible ne peut l’abforber qu’en
l’enlevant à d’autres corps qui le contiennent,
& qui ont alors moins d’affinité que lui pour
ce principe.
31. Cet enlèvement de l’oxigène à un corps
qui le contient, par un autre qui l’attire plus
fortement, conftitue une combultion qui a deux
efpèces elle,-même , fuivant les phénomènes qui
l ’accompagnent. En effet, ou bien le combuftible
qui fépare l’oxigëne , le prend fans beaucoup
de mouvement & de rapidité , & i’ab-
forbe dans le même état ou dans un état voifin
de celui où il étoit dans le premier. C ’eft alors
une combufiion tacite , tranquille , qui n’eft point
annoncée ou cara&érifée par la flamme : telle
eft la manière dont le fourre, aidé des alcalis,
décompofe l’eau en lui enlevant fon oxigène ,
dont les métaux , le phofphore , &c. décom-
pofent plufîeurs acides ou l’eau, lorfqu’ils font
aidés par ces derniers.
32. Ou bien le corps combuftible arrache
avec violence & rapidité l’oxigène liquide ou
concret des corps qui le recèlent, & en l’abfor-
bant le fixent plus folide qu’il n’étoit dans la
première combinaifon. Alors cette efpèce de
combufiion n’eft plus tranquille ou tacite comme
la première ; elle s’opère avec un mouvement
plus ou moins fenfible , une effervèfcence plus ou
moins marquée , une flamme plus ou moins éclatante,
& une élévation de température plus ou
moins forte. Telle eft l’inflammation des huiles,
du charbon, du phofphore , des métaux mêmes
par l ’acide nitrique , celle du fer & du zinc
par l’oxide de mercure rouge , avec lequel on
chauffe les premiers métaux en limaille fine;
33. Ce qu’on voit arriver dans les combufiions
tacites (n . 3 1 ) , fe préfente fouvent dans les
corps combuftibles expofés au gaz oxigène pur
ou mêlé d’autres gaz , c’eft- à-dire qu’il fe pafle'
auffi des combuftions tacites fans qu’ elles foient
dues au paffage tranquille de l’oxigène liquide
d’un corps dans un autre } il fe fait des précipitations
d’oxigène gazeux ou atmofphérique
dans des corps combuftibles, fans dégagement
fenfible de calorique ou de lumière , fans qu’on
puiffe au moins apprécier la quantité de matière
ignée qui fe dégage. Cette efpèce de combufiion
Jente ou graduelle a lieu dans les métaux
qui s’oxident infenfiblement ou fe rouillent
dans l’a ir , dans les matières animales ou végétales
qui fe colorent & brûlent tacitement au
fein de l’atmofphère, &c. Il fuffit, pour qu’elle
ait lieu , que les corps combuftibles ne foient
point élevés à des températures fupérieures à
celle du milieu aérien ou comburant dans lequel
elles font plongées.
34. L’obfervarion de cette dernière combuf-
tion ( 3 3 ) , fi fréquente dans les laboratoires
de chimie, dans les ateliers des arts * comme
dans les phénomènes de la nature, a fait conclure
aux chimiftes, que les corps combuftibles
avoient chacun différentes manières de brûler,
fuivant la température à laquelle on les expo-
foit, & elle les a conduits de plus à remarquer
qu’outre la quantité totale & divetfe d’oxigène
dont chacun de ces corps eft fufceptible de fe
charger pour fa faturation, chacun d’eux avoit
de plus la propriété d’abforber une quantité di-
verfe de ce principe, proportionnelle au mode
de combufiion qu’il éprouvoit > de forte que, par
la combufiion la plus lente & la moins fubite, il
abforboit le moins , tandis que dans la déflagration
la plus violente il prenoit le plus poflible
d oxigène, c’eft-à-dire, toute celle qu’il pouvoit
prendre dans ce dernier cas, qui eft celui de fa
iaturation complète.
3 j . Quand on a bien médité fur les réfultats
èxpofés jufqu’ ici ( 1 à 34) , on ne trouve aucune
obfcurne, aucune difficulté même dans les
phénomènes qui appartiennent à la combufiion.
Tout eft expliqué avec la plus grande clarté par
rapport à l’inflammation , à la chaleur , à l’ab-
fence de l’une ou de l’autre , ou à leurs divers
degrés ; à l’altération de l’air , à la diminution
de fon volume, à la perte de fon poids, à la
diminution, à la ceffatipn totale de fà propriété
d’entretenir la combufiion , à l’identité d’aêHon
éntre les acides , les corps combuftibles en général
& l’air lui-même comme fufceptibles de
fervir à la combufiion, à l’augmentation de poids
du corps brûlé, à fon changement total de nature
, àja combufiion qui n’a lieu qu’à la furface
des corps combuftibles , folides ou liquides j à
celle qui fè fait tout- à coup lôrfque les combuftibles
, fous forme gazeufe, font mêlés exactement
& entourés de toutes parts de gaz oxigène,
&c. &c.
36. Cette dernière confidération, le changement
de propriétés des corps brûlés , en annonçant
qu’un tel changement eft feul dû à la combinaifon
de l’ oxigène ou du principe comburant
, a plus jeté de lumière fur le phénomène
de la combufiion en lui-même 3 que tout ce qu’on
avoit fait jufque-là pour découvrir avec Une
forte d’obftination dans l ’air feul la caufe de la
combufiion. La chimie moderne a plus gagné en
examinant les corps brûlés & en y montrant la
préfence & enfuite la dofe , l’état même de
l’oxigène, qu’elle ne l’avoit pu faire par toutes
les recherches fur l’état de l’air qui avoit fervi
à la combufiion , & qui ne pouvoit plus y
fervir.
37. L’analyfe des corps brûlés, la réparation
de l’oxigène qu’ils contiennent , la forme de
gaz qne l’art a fu lui rendre en remettant d’ailleurs
Je corps brûlé fous fa première forme de
corps combuftible j la manière dont le même art
eft parvenu à- fixer enfuite l’oxigène tout entier
dans un nouveau corps combuftible , a tellement
avancé la théorie de la chimie, qu’elle
n’a plus eu rien à defirer par la fuite pour la
certitude de fa marché & la rapidité de fon
perfectionnement 5 c’a été véritablement la clef
mife à la voûte de l’edi fi ce.
38. Ce beau 'féfultat chimique , de rendre à
un corps combuftible brûlé fa première forme
de corps brûlant, en lui enlevant l’oxigène qu’ il
avoit abforbé dans fa combufiion, étant abfolu-
ment l’oppofé de celle-ci, je l’ai nommé dé-
combufiion ; je dis que l’art débrûle les corps lorsqu'il
les fait ainfi paffer, par le dégagement de
l’oxigène qu’il opère, de l’état de corps brûlés,
' à celui de corps combuftibles.
39. Il y a deux moyens d'opérer des décombuf-
tions ou de débrûler les corps. L’un eonfifte à
expofer les corps brûlés au. contaêt du calorique
& de la lumière accumulés en plus ou moins
grande quantité , qui en dégagent roxigène fous
la forme de gaz 5 il ne peut être employé que
pour ceux des corps brûlés qui tiennent le
moins à l’oxigène , & qui le laiflent aller avec
plus de facilité > encore parmi ces derniers y
en a-t-il qui ne donnent ainfi qu’une portion de
leur oxigène , & qui en retiennent opiniâtrement
une autre portion , de forte qu’ils ne
peuvent être jamais complètement défoxidés
comme l’acide nitrique & le plus grand nombre
des oxides métalliques } quelques-uns font entièrement
débrûlés par ce procédé fimple , comme
les oxides d’o r , de platine , d’argent, de mercure
, &rc.
40. Ce dernier phénomène prouve qu’il en
eft de l’oxigène comme de tous les autres corps:
fes diverfes proportions tiennent avec difiérens
degrés de force, aux matières avec lefquelles il
eft combiné. En général, la première partie qui
s’y fixe , adhère plus que la dernière , & il pa-
roît que , pour féparer l’une , il faut, dans prefque
toutes lescirconftançes , une force au.moins
double de celle qui eft néceffaire pour féparer
l’autre. Les oxides métalliques & les acides fufceptibles
de fe préfenter dans deux états principaux
fourniftent des preuves multipliées de cette
affértion.
41. Le fécond moyen d’opérer des décom-
buftions eonfifte à traiter les corps brûlés par
des corps combuftibles , qui ont avec l’oxigène
plus d’affinité que les premiers. Dans ce cas,
l’oxigène pafle des uns aux autres , & il y a
tout à la fois décombuftion ou débrûlement de
ceux-là , & combuftion ou brûlement de ceux-
ci. C ’eft ce qu’ on fiait lorfqu’ on extrait du fou-
fre des fulfates & des fulhtes, lorfqu’on fépare
des métaux de leurs oxides par le moyen de
l’hydrogèn.e ou du carbone. Pour opérer cette
fécondé efpèce de décombuftion , on eft fou-
vent obligé d’y réunir le mode de 1a première ,
c’eft-à-dire, d’ aider l’attraéfion de l’oxigène pour
l’un des corps combuftibles, & fon dégagement