
quelque forte une raifcn géognoftique pour regarder
ce toffile comme une chryfolithe.
On a rencontré depuis quelque tems à Mol-
dautheim en Bohême, des pierres roulées, que
l'on regarde comme des chryfolhh.es ; cependant je
ne puis les confîdérer comme telles , à en juger
par les morceaux que j'ai vus à Prague, foit taillés,
foie dans leur état naturel : les caraftères extérieurs
de ces pierres, & furtout les petites bulles que
Ton remarque dans les morceaux taillés, me déterminent
à les regarder, avec M. Landaker ( i) ,
comme un produit volcanique.
II. Analyfe de la Chryfolithe des volcans , ou
Olivine.
Parmi les différentes pierres qui avoient été
comprifes dans le genre de la chryfolithe , il en
eft une à laquelle on avoit donné le nom de chryfolithe
volcanique', jufqu’ à ce que M. Werner, en
comparant les cara&ères extérieurs de ces deux
pierres, crut devoir féparer la véritable chryfolithe
de la chryfolithe des volcans, & faire de cette
dernière un genre particulier, qu'il nomma olivine,
à caufe de fa couleur verte d'olive. Non-feulement
il eft du refîort de la chimie de contribuer par
l’anaîyfe exaéle des minéraux, à perfectionner les
fyftèmes minéralogiques, mais il lui appartient
encore d'examiner fi les parties conftituantes que
l'on préfume exifter dans les pierres , d'après
leurs caractères extérieurs, & qui fervent à leur
afiigner provisoirement place , y exiftent véritablement
5 c’eft par cette raifon que je crois devoir
mettre l'anaîyfe de 1*olivine à la fuite de celle de
la chryfolithe.
Pour déterminer les parties conftituantes de
cette pierre , on a choifi d'abord celle qui fe
trouve dans les bafaltes de Unkel (2 ), en morceaux
aflez confidérables. Cette olivine ne pa-
roît avoir fubi aucune altération , & elle n'eft i
mêlée d’aucune matière étrangère : fa couleur eft
le vert de poireau clair 5 fa pefanteur fpécifique
eft de 3,265.
A.
Expérience I re. Une certaine quantité de cette
pierre , réduite en petits grains, fut expofée dans
un creufet hrafquê au four où l’on fait cuire la porcelaine.
Après avoir retiré le creufet du feu , on
trouva les grains enduits d’un vernis noir , &
agglutinés les uns avec les autres : on remarquoit
à quelques endroits de petites veines extrêmement
fines, d’une matière blanche & criftalline.
Ils avoient diminué de 0,02.
(1) Samlung phyficalifcher aufsoet^e, &c. Colle&ion
de Mémoires concernant partieufiérement l’Hiftoire naturelle
de Bohême. Drefae, 1592,2 vol.
(2) Petite ville de l’éle&orat de Cologne, fituée fur
la riye droite du Rhin.
Expérience II. Ayant traité cette fubftance dé la
même manière au creufet d! argile, on la trouva à
demi fondue & poreufe } elle ëtoit tapiffée de
petits criftaux en rayons divergens, d’un brun-gri-
fatre : la caffure éroit luifante , d’une couleur en
partie blanc-verdâtre, & en partie vert de pré.
Expérience III. On mêla 200 parties de l'oli-
vine, réduites'en poudre fine, avec 960 parties
de ^iffblution de potafle cauftique, qui conte-
noit la moitié de fon poids de cet alcali à l’état
folide : on évapora la diftblution , & l’on fit
rougir la matière pendant une demi-heure dans
un creufet d'argent. Après le refroidi (Te ment ,
elle étoit d’une couleur grife: on la délaya dans
l’eau diftillée.
# Expérience IV. La diftblution filtrée de l’expérience
précédente, faturée avec l’acide muriatique,
dépofa une terre blanche. Après avoir lavé
& féché cette terre, on la fit bouillir dans l'acide
fulfurique , & s’étant afluré que cet acide n’avoit
pas diflous la plus légère portion de cette terre ,
on la reconnut pour de la filice : lavée, féchée &
rougie, elle répondoit à 49 parties.
Expérience V. On ajouta au réfidu gris, indif-
foluble dans la potafle cauftique, de l’acide muriatique
en excès : le mélange fe figea en formant
une efpèce de gelée de couleur brune. L’ayant
étendue avec une certaine quantité d’eau , &
chauffée pendant quelque tems, on en fepara par
le filtre une fubftance brune, légère & vifqueufe,
qui , féchée , répondoit à 1 y 2 parties.
Expérience VI. La diffolution filtrée de l’expérience
précédente étoit tranfparente & fans aucune
couleur. L’ayant décompofée à chaud par une diffolution
de carbonate de potafle, on obtint 181
parties d'une terre blanche & légère.
Expérience VII. Les 152 parties de réfidu
( Exp. V ) ayant éçé réduites en poudre, &
digérées avec l’acide muriatique, il fe forma une
diffolution de couleur jaune, & il fe fepara de
la filice, qui, après avoir été féchée & foumife
à l’incandefcence, pefoit 43 parties : c’eft probablement
la filice, combinée encore trop intimement
avec l’oxide de fer, qui empêchoit que,
dans l’expérience V , ce dernier ne fût diflous par
l ’acide muriatique j c’eft ce qui fait que la terre
obtenue dans l’expérience VI n’étoit pas mêlée
d’oxide de fer.
Expérience VIII. On précipita la diffolution
jaune de l’expérience VII avec de l’ammoniaque.
Après avoir lavé le dépôt brun qui s’étoit formé,
on la fit bouillir avec une diffolution de potafle :
la liqueur filtrée , on y ajouta de l’acide muriatique
en excès, & enfuitp du carbonate de potafle.
Ce dernier n’y occafionna qu’un léger précipité ,
qui, étant lavé & féché, fe trouva confifter en
4 parties de filice, La liqueur féparée par le filtre
du d;pôt ferrugineux que l’on avoir obtenu par
l’ammoniaque, ne tut point troublée par lejne-
Expérience IX. Le précipité ferrugineux (Exp.
V I II ) féparé de la potafle, ayant ete lèche &
tenu au feu avec une petite quantité de cire ,
pendant quelque tems, donna 25 parties d oxide
de fer attirable au barreau aimanté.
Expérience X . Les 181 parties de l’expérience VI
furent diflout^s avec effervefeence dans 1 acide
/ulfurique étendu d’eau : la^ diffolution dépofa
pendant l’évaporation, de petits criftaux en forme
tfaiguilles, qui confiftoîent en 1,5 de Tulfate de
chaux, dans lequel on peut évaluer la chaux
pure à o,y.
Expérience X I .En continuant à réduire la même
liqueur par l’évaporation, il fe forma des criftaux
de fulfate de magnéfie, qui, diflous dans l’eau ,
& décompofés à chaud par une diffolution de
carbonate de potafle, donnèrent une terre blanche
& légère, qui, après avoir été tenue en
incandefcence pendant une heure , répondoit à
74 parties.
D’après ces expériences , 100 parties de cette
pierre contiennent :
Silice (Exp. V I , VIT & VIII) . . . . . . 48*?
Magnéfie (Exp. X I ) ........................... 37.
Chaux ( Exp. X ) . .............................. o,2y.
Oxide de fer ( Exp. I X ) ..................... 12, yo.
Perte.............................................. . 2,2 y.
Pour confirmer cette analyfe, on la répéta fur
la même pierre , de la même manière que l’on
avoit fait celle de la chryfolithe, c’eft-à-dire , fans
la traiter par la potafle cauftique, en la diflolvant
d’abord dans l’acide fulfurique.
Expérience l re. 200 parties A*olivine, réduites
en poudre impalpable, furent introduites dans
une cornue avec 600 parties d’acide fulfurique,
étendu avec le double d’eau. Après avoir diftiilé
à ficcité, il fe trouva au fond de la cornue une
fubftance blanche , grifâtre , qu’on délaya dans
l’eau : l’on fit bouillir une fécondé fois) ce qui
étoit indiflolubie dans l’eau , avec 120 parties
d’acide fulfurique, étendu avec le double d’eau.
Ôn ajouta la liqueur filtrée à la première : la
partie indiflolubie dans l’acide fulfurique fut reconnue
pour de la filice j elle répondoit, étant
chauffée & rougie , à 100 parties.
Expérience II. La diffolution acide de l’expérience
précédente donna , par l’évaporation , un
fel d’une couleur gris-verdâtre , q u i, defféché
dans un creufet de porcelaine, & rougi pendant
quelque tems , conferva d’abord une couleur
blanchâtre, laquelle fe changea bientôt en un
rmge de brique. Cette matière rouge, réduite
en poudre & lelfivée avec de l’eau chaude , biffa
fur le filtre de l’oxide de fe r , qui, après avoir
été expofé au feu avec un peu de cire , étoit égal
à 24 parties.
Expérience III. Cette dernière diffolution donna
par l’évaporation , des criftaux de fulfate de magnéfie.
En rediffolvant ce fel dans l’eau ; on en
fépara un peu de fulfate de chaux , qui répondoit
à o,y ae chaux pure; La diffolution de fulfate
de magnéfie fut décompofée à chaud par du carbonate
de potafle : on obtint du carbonate de
magnéfie pur & très-léger : féché légèrement, il
pefoit 188,y parties, qui, rougies pendant une
heure, fe réduifirent à 77 parties.
Cette maniéré de faire l’anaîyfe des pierres
magnéfiennes eft non-feulement la plus commode,
mais auffi la plus exaéte.
Suivant ce procédé, on trouve dans l’olivine
d’Unkel, fur 100 parties : •
Silice ( Exp. / ) . . . , ................... .. yo,oc.
Oxide de fer (Exp. I I ) ....................... 12,00.
Magnéfie ( Exp. 11 ) . . . ....................... 38, yo.
Chaux ( Exp. I l l ) .................................
C ’eft encore au différent degré de defliccation
qu’il faut attribuer la légère différence en plus
des produits de cette analyfe, avec ceux de la
première.
L’olivine du bafalte d’Unkel, qui a fervi à
l’anaîyfe précédente, ne paroiffoit avoir fubi aucune
altération, comme je l’ai déjà obfervé au
commencement de la differtation j mais comme
la plupart des divines portent des marques évidentes
de décompofition , il reftoit à examiner fi
les pierres fujètes à de pareilles altérations, diffé-
roient des autres par leurs parties conftituantes.
On choifitpour cet examen l’olivine du Carlsberg,
près Caffel. On concaffa cette pierre en petits
morceaux , & on en fépara par le lavage^ l’oxide
de fer, qui y eft toujours attaché. Après cette
opération, la pierre étoit en petits grains d’ un
vert-jaunâtre ( feuille morte ) : il y avoit cependant
quelques fragmens plus gros, dont la couleur
étoit d’un vert de porreau aflez vif- On remarquoit
dans ces derniers, de petites parcelles noires,
grifâtves , d'un éclat métallique. On fit fortement
rougir une quantité de cette dernière pierre, &
l’on trouva que la partie verte étoit devenue d'un
gris-mat, & qu’elle avoit perdu fa tranfparence.
Les petites parties métalliques qui étoient parfe-
mées, n’avoient, au contraire , éprouvé aucun
changement ; ce qui prouve que ce ne font point
de petits criftaux d’hornblende , mais de fer non
attirable à l’aimant, & de la nature du fer fpé-
culaite.
Expérience Ire. 3oo parties d’olivine du Carlf-
berg, réduites en poudre fine, ont été mêlées