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Lorsque le baffin de l'avant-foyer & la trace de
chaque fourneau font remplis de martes, on fait
les percées, c'eft-à-dire que Ton fait couler'ces
mattes dans le baffin de réception, il paffe avec
elles un peu de fcories, qui, comme plus légères,,
prennent le deffus. A uffitôt qu'elles fe font formées»
en croûte par le refroidiffement, on les enlève
avec une barre de fer nommée manfard : ces fco-:
ries font de fuite portées fur les mélanges pour
être fondues.
A mefure que la matte fe-refroidit, on la lève;
par gâteaux avec le manfard', & on la porte aux?
grillages après avoir été peféés.
Si la pyrite cuivreufe qu'on traite dans ces deux
fourneaux eft riche, ils produifent environ quatre
cents quintaux de matte depuis le lundi mâtin cinq
heures, jufqu’au famedi fuivant à midi qu'on celle
la fonte. Si les pyrites font-pauvres, on n’en obtient
qu'enviton trois cents quintaux. La confom-
mation du charbon durant ce tems, aux deux Fourneaux,
eft depuis cent foixarite jufqu à deiix cents
quintaux.
Quatre maîtres fondeurs & autant d’aides ou
apprentis font employés à ce travail 5 iis fe re-.
laient de douze heures en douze heures, de ma-;
nièr.e que chaque fourneau a toujours un maître}
& fon aide.
La matte provenante de la fonte que nous ve-j
nons de détailler, eft très-chatgée de foufre 5 c’efti
pour l'en débarra lier que l'on eft obligé de la;
griller de la manière fuivante:
Grillages des mattes de cuivre.
Les mattes i après avoir été caffées en morceaux,
on en pèfe deux cents quintaux, que l’on
porte aux fourneaux de grillages, qui ont douze
pieds de long & quatre pieds de large. Les trois
murs qui forment ces fourneaux, ont fix pieds de-
hauteur 5 leurs aires font un peu inclinées fur le
devant : il y a une douzaine de ces fourneaux les
uns à côté des autres, qui font tous recouverts du
même toit. Les deux cents quintaux de mattes font
mis, dans le premier fourneau , fur un lit de bois
de corde de fept pouces d'épaiffeur, y compris,
une couche de pouffière de charbon d'environ,'
deux pouces en deffous du bois dont les bûches
fe touchent, & afin que le feu y prenne mieux,
elles font foutenues 3 à leurs extrémités, par de
petites bûches tranfverfales. On y met le feu par
la partie antérieure du fourneau, en y allumant un
panier de charbon.
La matte, après avoir reçu ce premier feu, eft
portée dans le fécond fourneau fur la même quantité
de Bois, & de celui-ci dans le troifième. Dans
ces trois premiers feux, la matte n'éprouve pas
de changement bien fenfible, mais au quatrième
& cinquième feu , que l'on augmente la quantité
du bois, elle devient pâteqfe ; ce qui oblige, lorf-
qu'elle eft refroidie, de la cafter en morceaux pour
la porter aux grillages fuivans.,
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L'on continue de changer ces mattes d un fourneau
à l’autre, jufqu'à c e qu’elles foient lufnlarn-
ment grillées > cé qui n'arrive communément qu a~
près avoir reçu dix , onze à douze feux.
Si elles proviennent de bonne pyrite cuivreule,
le cuivre commence à paroître fous fa forme métallique
dès le feptieme ou le huitième; grillage.
Alors on grille la matte fur deux lits de bois a
chacun des derniers feux ; c'eft-à-dire, que fur un
lit de .bois placé fur le.fol du grillage, on porte
la moitié des mattes fur lefquelles on forme un
autre lit de bois, & par-deftus l’autre moitié des
mattes.-, . ' 1 ' '.. ’ r; . ‘ 's /’jT * ",
On augmente le bois à chaque grillage, parce
que la matte , devenant moins fulfureufe, s enflamme
plus difficilement aux derniers feux qu aux
premiers, où il ne s'agit que d'allumer le lourie
pour qu'il fe brûle en grande partie de lui-meme.
D'ailleurs, fi aux premiers feux on mettoit trop
de bois, leS mattes fe fondroient ; ce qui en em-
pécheroit ladiffipâtiôtt du lôufre. .
La matte devient fpongieufe àux derniers feux,
&T une partie du cuivre paroît alors fous la forme
métallique , & coule, fur le fol des grillages, d ou
on la retire en morceaux. .
Comme la matte eft plus élevee aux derniers
grillages qu'aux premiers, 8c qu elle pouiroit îou-
ler hors des fourneaux, on l’y retient en rangeant
en devant du grillage des pierres calcaires , qui,
lorsqu'elles ont fervi aux trois ou quatre derniers
feüxTSont un peu calcinées: ce font ces pierres,
qui, réduites en petits morceaux, fervent d addition
aux mélanges des minerais , pour êtré fondus
ainfî que nous l’avons dit plus haut.
Chaque grillage de matte n'eft en feu que durant
vingt-quatre à trente heures.
Les mattes fuffifamment grillées font enfmte
fondues, afin d’en obtenir ce que l'on appelle le
De la fonte du cuiyre noir.
La fonte des mattes grillées fe fait dans un fourneau
à manche, fembkble à ceux que nous avons
décrits pour la fonte crue, dont la longueur & la
largeur font les mêmes5 mais la hauteur ae la che-
mife n'eft Que de quatre pieds. La brafque; eft awili
compofée de la même manière, mais 1 on y ajoure
environ un huitième de fable quartzeux provenant
des minerais bocardés & lavés j ce qui la rend
plus pefante & moins fujète à fe dégrader, Cette
bfafquè, bien battue dans le fourneau, doit s éle-
\ e r jufqu'à la lèvre inférieure de la tuyere, Sc
avoir , de cet endroit jafqu'au déflous de la che-
mife, cinq pouces de pente, & un peu.bombee
dans le milieu, en fuivant la longueur du fourneau
; ce qui permet de former une petite rigo e
de chaque cô té , qui, depuis la tuyère ou elle
prend naiffance, aboutit à deux balhns de re-
ception pratiqués en dehors du fourneau, qui, pour cette raifon 3 eft appelé fourneau a lunette j u
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eft repréfenté fur là planche XX II du Traité des
fonderies de Schlutter. Le canon ou porte-vent a
uinze lignes de diamètre à fon extrémité ; une
es trompes, que nous avons décrite en traitant
de la fonte crue, donne le vent à ce fourneau.
Ce fourneau étant bien féché par un petit feu
de charbons pendant la nuit du dimanche au lundi,
l ’on y commence la fonte à cinq heures du matin.
Pour cet effet on fait une couche, fur l’aire de la !
fonderie , d'environ cinq pouces d’épaiffeur de
mattes grillées ; l’on étend deffus, à peu près le
quart dé leur volume, des fcories provenantes de
la fonte crue. Les premières charges ne font que
de trois cafferoles de ce mélange fur chaque panier
de charbon, afin d’éviter l’engorgement du fourneau,
qui, n’étant pas encore échauffé, pourrait
s’obftruer. Mais dès le mardi on porte quatre
cafferoles du mélange fur chaque panier de charbon,
& même cinq; ce qui fait de feize à vingt
fur les quatre paniers de charbon dont eft compofée
chaque charge , qui fe renouvelle d une heure
& demie en une heure & demie lorfque la fonte
va bien. Les matières métalliques font chargées,
dans la partie poftérieure du fourneau, en obfer-
vant de n’en pas porter plus d’un côté que de .
l ’autre, afin que le nez de fcories qui s’attache à
la tuyère ne foit pas plus épais d’un côté que de.
l’autre, & que le vent de la trompe fuive la direction
du milieu du fourneau.
A mefure que les matières fe fondent, elles
coulent, de la gtoffeut du petit doigt, en deffous
de la chemife, & en fuivant une des petites rigoles
elles vont fe rendre dans l’un des deux baffms
de réception. Les fcories, comme plus légères,
prennent le deffus ; elles font enlevées à mefure
qu’elles Te refroidiffent, & on les conferve pour
les ajouter dans le procédé de la fonte crue.
Lorfque le premier baffin eft rempli de cuivre
noir., on bouche le petit trou de l ’oeil en deffous
de la chemife avec un peu de brafque, & on
ouvre l’autre rigole afin de faire couler les matières
en fufion dans l ’autre baffin , dans lequel
l’on a entretenu un petit, feu de charbons.
S’il y a des fcories fur les matières du premier
baffin, on les enlève , & on met celles-ci fur le
mélange pour être refondues dans la même opération.
Après avoir enlevé ces fcories, il fepré-:
fente de la matte qu'on appelle matte fine ; on la
lève par feuilles minces à mefure qu’elle fe refroidit
; on la met à part'pour être grillée, mais
comme elle eft beaucoup plus riche en cuivre, que
celle qui provient de la fonte crue, on ne lui fait
fubir que cinq à fix feux de grillage.
La matte fine étant enlevée, le cuivre noir
paroît: on le diftingué aifément de la matte,étant
plus clair & d’une couleur verdâtres quand il s’eft
formé à fa fuffacè une petite pellicule , on y jette
un peu de brafque & des pouflières de la fonderie,:
Alors, pour accélérer le refroidiffement du cuivre,>
on fait couler de l'eau fur fa furfacé, mais peu
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d’abord afin de prévenir l’ explofion qui mettroitla
vie des ouvriers en danger. Lorfque la croûte de la
furface eft bien formée, on peut fans crainte y
jeter plu fleurs pots d’eau: auflitôt que cette eau
eft évaporée , on lève la première plaque de cuivre
noir avec un grand manfard ou barre de fer que
le maître fondeur introduit en deftous} fon aide
le foutient avec un autre infiniment * la première
plaque étant levée-, on lève la fécondé apres l’avoir
refroidie de la même manière , ainfî de fuite , en
obfervant de laiffer au fond du baffin un peu du
cuivre que l’on n’en retire en un culot que quand
on répare les bords du baffin avec de la brafque
que l’on y affujettit avec une fpatule de bois :
ce culot empêche le refroidiffement du baffin.
Quand le fécond baffin eft plein , on bouche le
petit trou par lequel la matière s’y rendoit, &
l’on ouvre l’ autre afin de faire couler le cuivre
dans le premier baffin, & ainfî alternativement de
l’un à l’autre.
Le fol du fourneau eft fujet à baiffer & à fe
creufer 5 ce qui fait qu’il refte quelques quintaux
de cuivre dans fon intérieur, mais on le fait couler
dans les baffms en finifiant le. travail de la
femaine.
Le produit de ce fourneau eft de cent cinquante
jufqu'à deux cents quintaux de cuivre noir durant
le travail d'une femaine , & la confommation du
charbon eft d’environ cent quintaux : deux maîtres
fondeurs, avec chacun leur aide ou apprenti, qui
fe dégagent de douze heures en douze heures ,
conduifent cette fonte.
Le cuivre noir, obtenu par le procédé que nous
venons de décrire, n’eft pas pur ; il contient
encore fix & même huit livres par cent, de fer,
de z in c , de foufre & quelquefois de l ’arfenic':
toutes ces matières , qui lui font étrangères, le
rendent càffant & lui donnent une couleur rembrunie
j c’eft ce qui lui a fait donner le nom de
.cuivre noir. Pour le purifier de toutes les fubftances
hétérogènes qu’il contient, on lui fait fubir une
autre opération qu’on appelle raffinage. Le leéteur
trouvera au mot Liq ua tion , les différentes manières
de raffiner le cuivre noir pour lé convertir en
roferte j il y verra auffi les procédés en ufage pour
retirer l’argent de ce métal lorfqü’il en contient.
Tirer le cuivre de fon minerai fans le fondre.
Quand on veut avoir le cuivre du minéral qui le
contient, il faut griller ce minéral & le porter
tout rouge, ou au moins très-chaud, dans une
cuve où l’on aura mis de l’eau auparavant 5 elle
s'échauffe & délaie l'acide du foufie qui alors
diffout le cuivre y ce qu'elle fait en moins de deux
jours fi le minerai a été bien grillé, car celui
qui ne l’a point été n'abandonne pas fon cuivre.
Après cette première opération, on grille une
fécondé fois le minerai leffivé, & on le remet
dans la cuve fur la première leffiyeafin de l'avoir