
bique. Tl eft à propos d’obferver que la gélatine
extraite de ce fucus jouiffoit d’une ëlafticité qui
m’a paru étonnante. Lorfqu’ on lui donnoit une
légère extenfion, fes parties fe rapprochoient les
unis des autres' comme celles de la gomme diadique.
Le fucus helrrrinthocorton, ne donnant plus
de gélatine par FaCtion de l’eau bouillante, a été
defleché Sc pefé pour eflimer la perte que lui
avoit fait éprouver cette opération. Nous obfer-
verons ici que cette matière avoit une telle capacité
pour retenir l’eau entre fes molécules , que
toutes fes décodions rapprochées & réunies m’ont
fourni fept livrés de gelée d’une cônfiftance qui
m’a d’autant plus étonné, que j’étoï's certain que
cette quantité de gelée n’ étoit formée que par les
décodions de mille grains de fucus: helminfho-
corton. Le réfidu de ces mille grains a été traité
par une diflolution de potaffe. »
§. III. Action de la potaffe fur le fucus helminùho-
corton.
«« Ce réadif, dont l’adion fur les corps organiques
eft très-forte, a diffous, pendant quatre
décodions long-tems continuées, environ le tiers
de la maffe reliante. Nous examinerons, dans un
autre paragraphe, le réfidu infoluble dans l’eau &
dans les alcalis.
% La gélatine que l’alcali a rendue foluble dans
l ’eau, a été précipitée par un acide. L’ alcali, en
s’unifiant à l’acide, perd fa propriété diffolyante,
& la gélatine fe précipite en flocons.
» L’adion de l’eau froide & de l’eau bouillante
fur le fucus helminthocorton a enlevé, comme
nous l’avons vu dans le premier & le fécond paragraphe,
i°. du fel marin > 2°. de la gélatine j
.3°. l’adion de la potaffe a aufli enlevé de la gélatine
de cette fubftance.
. « J’obferverai, avant de commencer l’analyfe
de la gélatine, que le fucus helminthocorton, de
brun & opaque qu’il étoit avant l’adion de l’eau
bouillante, eft devenu blanc & tranfparent pendant
les premières décodions , 6c qu’ il a fini par
n’être plus qu’un réfidu fibreux dont il fera quef-
tion après l’analyfe de la gélatine. »
§. IV. Analyfe de la gélatine,
« On doit fe fouvenir, pour mieux entendre ce
que nous allons expofer plus bas, que les premières
décodions du fucus helminthocorton ont
foùrni une gélatine colorée & odorante, & que
Veau qui lui fervoit de véhicule tenoit aufli un
fe! neutre en diflolution, dont la nature a été
iiidiquée'par le muriate de baryte comme étant du
.fulfate calcaire. Nous avons dit aufli que les dernières
décodions du fucus helminthocorton, pour
en extraire la gélatine, ne c-ontenoient pas un atome
de ce fel, parce qu’on avoit employé une grande
quantité d'eau. Après s’être alfuré que la gélatine
ne contenait que du fulfate calcaire, je l’ai brûlée
pour eftitner enfuire la quantité de ce fel neutre.
Ce qui reftoit après la combuftion de la gélatine
étoit d’une couleur grifatre , & a d’abord été
traité'par Feau diftillée chaude, à laquelle il a
communiqué la propriété de verdir le papier teint
avec les fleurs de violette j cette propriété ne doit
pas être attribuée à l’alcali de la gélatine, extrait
du fucus helminthocorton par ce réadif. Celle-ci
a été brûlée féparémen.t, & Facide oxaliquè a
démontré que cette propriété alcaline étoit due
à la chaux. Il s’agit maintenant de (avoir pourquoi
la chaux eft ici dans l’état cauftique, car il n’eft
pas vraifemblable que cette fubftance falino-ter-
reufe exiftât telle dans le fucus helminthocorton^
puifque l’eau qui tenoit la gélatine en diflolution
n’a préfenté aucune propriété alcaline. U ne faut
pas croire non plus qu’elle foit formée, par la
décomposition du carbonate calcaire qui fe rencontre
conftaroment dans cette fubftance végétale,
puifqu’elle n’a pas lieu au degré de l’eau
bouillante, & que ce fel calcaire n’eft pas diffo-
lubie dans ce fluide fans cela.
« Il eft pltfs Vraifemblable qu’elle doit fon existence
à la dëcompofition du fulfate de chaux, &
voici comme' peut avoir lieu. La gélatine, en
fe brûlant, laiffe un charbon dont l’attradion pour
l’oxigene de l’acide fulfurique eft plus forte, à
une haute température, que celle du foufre, d’où
il naît de l’acide carbonique 8c du fulfure de
chaux : ce dernier eft à fon tour décompofé par le
calorique qui s’accumule entre (esmolécules, &
rompt les attra&ions réciproques du (oufre & de
la chaux j la chaux alors refte pure & jouit dé
toutes fes propriétés.
« La maffe grifatre qui eft reftée après la combuftion
de la gélatine, a diminué de deux tiers
par le lavage. Quelques effais nous ayant fait con-
noître que la portion diffoute par l’eau étoit du
fulfate calcaire & de la chaux, dont la préfenee
étoit due à la dëcompofition d’une partie de ce
dernier fel neutre, il m’a été facile de déterminer
la quantité dé fulfate calcaire en faturant la chaux
par l’acide, fulfurique, & en recueillant la totalité
j’ai obtenu du fulfate calcaire qui contient, d’après
les proportions données par Bergman, environ
trente-quatre parties de chaux par quintal.
Le tiers de la maffe qui n’a pas été diflous pàr
l’eau, a été traité par l’acide fulfurique foible.
Il a été diffous avec effervefcence, 6c il n’eft refté
qu’un demi-grain de matière infoluble, qui étoit
du carbone.
« L’acide oxalique, verfé dans la diflolution fulfurique,
a donné naiflançe à un précipitéd’oxalate
de c h a u x e n faifant paffer le fluide élâftique
produit par Teffervefcence dans de l’eau de chaux,
il a formé de la craie ou du carbonate calcaire :
d«nc la matière infoluble étoit du carbonate de
chaux. Ce carbonate calcaire a fans doute ete
formé par la combuilion du carhone, qui a eu lieu
après la décompoliti-on du fulfure de chaux. Ce
dernier fel avoit été lui-même formé par la de-
compolition du fulfate calcaire , par une autre
portion de carbone. ».
ç. V. Analyfe de la matière grifâtre. Réfidu du fucus
helminthocoi.ton , traité fur 1‘ eàu & par la pote fie.
• o Après avoir féparé de cette matière grifatre le
fel marin , la gélatine & le fulfate calcaire, .on la
brûlée ; elle a perdu par la combuftion' les deux
tiers de fon poids. L'eau a diffous une petite
quantité de ce réfidu ^ 8c il lui a communiqué la
propriété de verdir lès couleurs bleues végétales.
L'acide oxalique a formé un précipité fênfîble
dans ce liquide. Ces deux phénomènes font dus,
comme nous le verrons par la fuite, à pne petite
quantité de carbonate calcaire qui a été décompofé,
& amené à^fétat de chaux pure.par l'action
du feu. L'eau n’ayant plus d'aétion fur c=tte
matière, on l'a traitée par l'acide muriatique, iur
‘quel elle s'eft promptement unie âpec. effervef-
ceftce. La diffolution muriatique, féparée de là
portion infoluble dans cet acide, a offert, l’Vdu
‘fer, 1°. de la magnéfve^, }°. de l'acide phofpho- .
rique, uni auparavant à de la chaux : ce fel a été j
■ décompofé .par l'acide muriatique , dont Uattrac- |
-tion pour la chaux eft plus grande que xelle de ;
■ l'acide:phdfphorique.i 4“ . enfin la dernière ma- :
tière qui reftoit .en diffolutioh par l’acide muriatique
étoit de la chaux.
»Le feraétéptécipitépar lepruftiate.de chaux,
on a obtenu du prtiftiate de fer. Lamagnélie &
d’acide phofphorique ont été précipités -par ffeau
-de chaux, & l'acide acétique a été epployé avec
.avantage pour féparer ces deux fubftances. il a
diffous la magnéfie en formant de la'cétite ma-
•gnéfien, & a laiffe le çihofphate calcaire. Il ne
reftoit plus dans la diffolution que de la chaux ;
elle en a été féparée par le carbonate de potafte.,
dont la quantité fera eftrmée dans le .réfumé .des
matières que le fucus helminthocorton a offertes’
'.pendant fon analyfe , déduction faite de là chaux
-employée.pour précipiter lamagnélie & l’acide
phofphorique..La fubftance qui areiufé de fe combiner
avec l’acide-muriatique étoit de la filice.
En additionnant les quantités des différer» princi-
. pes obtenus par l'eau & l'acide muriatique fuccef-
fivemént employés, on verra que cette maffe fa
augmenté rie poids. Cette augmentation aeft due
à une po-tion de chaux qui,étoit pure.avant fa
combinaifonavec l’acide muriatique, & qui en a
■ été féparée par le carbonate de potaffe en carbonate
de chaux. Nous allons maintenant expofer,
dans le même ordre 8t. fous le même point de vue,
le nombre & . les.pTopoi tions des differentes matières
trouvées, dans le fucus helminthocorton. »
Réfumé far les matières que U fucus helminthocorton
a offertes dans fon analyfe.
«« Mille grains de fucus helminthocorton font
compofés de :
. . . . . . . 6oz.
^3°. Sulfate calcaire.. . ------
f° P»=r J * ACl . . . ••. •».» ..•............. .
7°. Phofphate calcaire.............
8°. Carbonate calcaire ............. $ •*•*••* 17 yy
. «n.wv . • . . . • ........... ....... ..
Action de 1''acide nitrique foible fur le fucus helmin*
thocorton.
.ce L’acide nitrique foible décolore très-promptement
cette fubftance : fi on aide fon aétion par la.
chaleur, il fe dégage alors un peu de gaz azote 6c
,de;gaz nitreux ; iLfe dégage auffi de l’acide pruf- •
fique, mais en bien, moindre quantité cjue du co*
ratlina offcinalis 3 -traité .par le même réaétif : cela
n’eft pas. étonnant, püi(qu’ il eft vrai que ce dernier
contient à peu prèfc un dixième de fon'poids
d’albumme, & que F azote eft un des principes
de cette fubftance. Il fe forme aufli en même
- tient s que l’acide pruffique , de l’ acide oxalique :
ce phénomène en conftant pour toutes les matières
végétales 8e animales. »
CORINDON. C’eft le nom donné en Chine à
une-pierre, appelée d’abord fort improprement
fpath adamantin , puifqu’elle eft fort éloignée de
la dureté du diamant, qu’on lui a d abord attribuée.
C e nom eft adopté par plufieurs minéra-
logiftss -français. Sa pefanteur fpécifique eft de
; 3 2 ; il raye le verre trèsrfortement, & fenfiblement
le quartz. li a une réfraction double. Sa
forme primitive eft.un rhomboïde un peu aigu: on
l’obtient-par des. coupes très-nettes. Sa molécule
intégrante a la même forme.
On connoît trois variétés de formes très-dif-
tinétes de cette pierre : le corindonprifmatique ou
en prifme hexaèdre régulier 5 le corindon ternaire ,
dont les faces ont alternativement trois, fix &
neuf côtés:} le corindon fubpyramidal ou ayant des
naiffances de pyramides.
On a propofé’ le nom de ftérotome pour cette
pierre , à caufe de (a propriété de couper beaucoup
de corps durs, &: de l’emploi qu'on en fait.
M. Klaproth, qui avoit cru d’abord trouver
une terre particulière & nouvelle dans cette pierre,
terre qu’on avoit déjà admife d’après lui fous le
nom. de terre corindonienne , l’a reconnue depuis
comme un compofé de beaucoup d’alumine , d un
peu de filice 6c de fer.
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