
tel que celui de Carrare, de Paros. La roche cal- '
caire ouïe calcaire primitif, formé de grainsbril-
lans, contient quelques efpèees de marbre proprement
dit, tels que le blanc veiné de noir de Carrare,
le marbre cipolin veiné de talc verdâtre, &
le calcaire bleuâtre veiné, nommé marbre bleu tur*
gu in.
On donne cependant, & même plus fréquemment
, le nom de marbre à une fouie dé roches à
fond ou pâte calcaire opaque, grenue, fufcepti-
ble de poli, contenant des Fragmens de Serpentine
dans le marbre vert ou vert antique, des fragmens
calcaires poliflables , comme la brèche a Alep, à
une pâte calcaire argilo-ferrifère ou à un marbre
fecondaire, comme ceux qu’on nomme marbre cervelas
, marbre lumachelle , marbre ré fini for me ou
pierre de Florence, &c. : ceux-ci font mêlés d’argile
chargée d’oxide de fer.
Au refte , l’indication même des nombreufes
variétés de marbre feroit déplacée dans un Dictionnaire
de chimie j c’eft à celui de minéralogie que
le détail de cet objet appartient véritablement ,
& je renverrai à cet ouvrage.
Je me contenterai d’obferver ici que le marbre
pur ou blanc ftatuaire n’eft que du carbonate de :
chaux denfe, qui donbe de l’acide carbonique &
fe réduit en chaux par la calcination , qui le fait
rougir, qui fe difloùt dans les acides nitrique 8c
muriatique avec effervescence, qui forme également,
apres effervescence, un fel infôluble avec
Vacide Sulfurique, qui fe diflbut fans efferyefcence
dans l'eau chargée d’acide carbonique. ( Voye[
Varticle C A R B O N A T E D E C H A U X . )
MARCASSITE, nom que l’on donne à quelques
variétés de pyrite martiale ( ou Sulfure de
fe r ) , Susceptibles de poli. On les taille à facettes,
& on en fait des boutons & autres objets de ce
genre , qui Sont généralement peu eliimés. Les
Péruviens en poliffoient de grandes plaques qui
leur fervoient de miroirs, & auxquelles on a donné
le n o m de miroirs des Incas. ( Voye^ à l’article F e r
( Sulfure de ) , les détails de l’hiftoire naturelle des
pyrites en général, ainfi que l’expofé de leurs
propriétés phyfiques & chimiques. ) Nous allons
nous borner à dire ici quelques mots Sur la caufe
qui fait que certaines pyrites Sont Seules propres
à être employées comme marcafîtes.
Celles qui font dans ce cas font entièrement
compactes > elles criftallifent communément en
cubçs ou en dodécaèdres à faces pentagonales.
Expofees a l’air, elles ne s’y décompofent point,
du moins fenfiblement, tandis que les pyrites radiées
& fibreufes, Surtout lorsqu’elles font fournie
s à l’aCiion d’un air chaud & humide, tombent
bientôt en efflorefcence > leur Soufre s’oxide, &
fe convertit en acide Sulfurique : le fer s’oxide
également, & il Se forme du Sulfate de fer blanc,
ordinairement avec excès d’acide , & le plus Souvent
de forme capillaire. Hattchet a retiré des
pyrites de la première efpèce, 51,70
pour cent de Soufre, & *3,60, *4,34 de celles
de la Seconde.
Prouft avoit cru que les pyrites fujètes à l’efflo-
refcence étoient celles qui contenoient le moins
de Soufre, 8c que c’étoit la caufe de leur facilité
à fe décompofer. Hattchet, d a près-fes expériences,
eft plutôt porté à penfer le contraire. Au
refte, c’ eft moins à cet excès de Soufre qu’il attribue
l’efflorefcence des pyrites radiées, qu’à une
petite quantité d’oxigène qui Se trouve combinée
naturellement avec le Soufre, & qui le porte à
s’oxider davantage 8c à s’acidifier complètement,
Des expériences faites dernièrement par Lampa-
dius confirment une opinion que M. Hattchet ne
donnoit que comme une conjecture. Ce chimifte
allemand avoit d’abord cru que la propriété de
s’effleurer qu’ ont certaines pyrites, provenoit de
la préfence de l ’hydrogène ou d'un Sulfure alcalin
hydrogéné. Quelques effais lui montrèrent
bientôt le peu de fondement de cette première
idée. 11 prit enfuite de la pyrite radiée 5 il la tritura
grofliérement, la lefliva avec de l’eau bouillante,
jufqu’à ce que la leflive ne contînt plus de
Sulfate : on la fit Sécher de Suite, 8c on la diftilla ?
elle donna trois pour cent de Soufre cru, 8c une
grande quantité a ’acide Sulfureux. On Soumit aux
mêmes opérations de la pyrite commune, 8c même
i au leflivage, quoiqu’il tût ici Superflu, afin que
tout fût égal de part 8c d’autre. On obtint de la
. diftillation dix-neuf parties de Soufre, Sans aucun
indice d’acide Sulfureux. De ces effais répétés
plufieurs fois, Lampadius conclut « que les pyri-
» tes radiées contiennent naturellement une portion 4 d’oxigene qui occafîonne leur efflorefcence, &
” les rend plus propres à la fabrication du vitriol
» & du Soufre. *> ( D. )
MARNE. On,donne ce nom, en hiftoire naturelle
8c en agriculture , à un mélange terreux,
compoSéde carbonate de chaux & d’argile, dont
les proportions & les couleurs varient finguliére-*
ment. La marne eft le plus Souvent de difterens
gris , de divers jaunes ou bleuâtre. On-en fait une
efpèce d’analyfe par l’acide nitrique , qui diffout
d’abord la matière calcaire, & qui ne touche point
ou prefque point à l’argile.
On n’appelle marne que la variété d’argile dans
laquelle la proportion de matière calcaire prédomine.
Celle où l’argile eft encore affez abondante
pour donner du liant 8c Se délayer dans l’eau,
forme la terre à foulon, la terre à pipe. Le grand
ufage dé la marne confifte dans l’emploi qu’on en
fait pour rendre la terre plus productive : on la
mele, en la répandant Sur le terrain & en l’enfonçant
avec la charue. On nomme ce procédé marner
les terres, marnage des terres. ( Voyez les articles
A r g i l e & T e r r e . )
MARS, MARTIAL & MARTIAUX, noms
donnés par les alchimiftes au fer & à fes préparations
chimiques, en raifon de la dureté que ce
métal contracte, de la fabrication des armes à laquelle
il eft employé, & de Ses ufages pour la
guerre.
Cette dénomination, en la Suppofant affez
exaCte, & en la Séparant des idées fingulières fur
la prétendue Sympathie entre ce métal 8c la planète
dont on lui avoit attribué le nom, ne pou-
voit pas autoriser la dénomination de martial 8c
de martiaux, donnée aux Sels & aux compofitions
pharmaceutioo-chimiques, dont le fer fait partie,
puifqu’il n’y a aucun rapport entre les propriétés
de ces préparations & les qualités de fer relatives
au dieu Mars & à la guerre. ( Voye£ l'article
Fer.)
MASSICOT, oxide de plomb jaune, employé
dans la peinture : on le prépare le plus Souvent
avec les oxides blancs 8c plufieurs tels, chauffés
plus ou moins fortement. Le plus beau & le plus
brillant provient du plomb, chauffé 3c fondu avec
le muriatede fonde. ( Voye£ farticle Plomb.)
MASTIC ou MASTICH, efpèce de réfine en
lames jaunâtres, Sèches, caftantes, qui découle
d’un térébinthe & du piftachier nommé leadfque
(pifiacia lentifcus de Linné). On la ramaffe dans
File de Chio, où cet arbre eft fort abondant. Le
mafiic répand une odeur allez agréable quand on
le brûle 3 il a une faveur un peu aromatique , un
peu amère & légèrement altringente. LorJqu’on le
mâche, il devient blanc & dudile, opaque comme
de la cire : il excite la Salivation; il raffermit &
colore les gencives; il néto'ieles dents. Les Orientaux,
8c Surtout les femmes, en font un grand
ufage pour entretenir leur bouche fraîche. On fa
anfli recommandé pour donner du ton à l’eftomac, 8c pour rendre Sa force digeftive plus grande-
Ç ’eft parce qn’pn en fait le plus Souvent.ufage fous
forme de mafticatoire, qu’on lui a donné le nom
de mafiic.
Le mafiic eft en entier diffoluble dans falçool j
il donne peu ou point d’huile volatile par la distillation
avec l’eau. C ’eft une,réfîne encore mal
connue 8c mal analyfée.
MATIÈRES animales. Quoiqu’on ait déjÿà
donné dans plufieurs ar ticles, & Spécialement aux
mots Animales fSubftances ) „ A nalyse 6* C himie
, quelques notions fur la nature des matières
animales f \e& recherches 8c -les analyfes faites depuis
huit années fur ranalyfe.de ces matières, en
ont tellement accru la connoiffance & l’hiftoire ,
qu’il eft indilpenfable de la présenter ici avec tous
les développemens qu’elle exige. Pour remplir ce
bu t,je diviserai cet article en treize paragraphes,
& je traiterai Cucceflivement :
a°. De J’ hiftoire de cette partie de >la Science>
2°. Du résultat général des expériences faites
Sur ces composés 5
3°. De leurs propriétés caraétériftiques en général
;
4°. De l’a&ion du calorique Sur ces matières j
5°. De c e l l e d e l ’ a i r 5 6°. De celle, de Fe.au;
7°. De celle des acides ,;
8°. De celle des alcalis ;
çj°. De celle des Sels, des oxides & Sels métalliques
j
io°. De celle des matières végétales ;
n ° . De la propriété de fe convertir en acide
pr.uflique 8c en quelques autres acides ;
12°. De la putréfaéHon à laquelle les matières
animales font extrêmement fujètes »
13°. Enfin, dans le treizième & dernier paragraphe,
je rechercherai les diverfes méthodes de
clafter les matières animales, & j’indiquer ai celle
qui me paroît préférable dans l'état de nos con-
noiiTances.
§. J. Hifioire de £ ana.ly fe animale.
z . Les anciens chimiftes, occupés de rechercher
des propriété? imaginaires dans la plupart
des produélioos naturelles, foit pour la chimère
du grand .oeuvre , Soit pour le traitement des maladies,
n’ont donné que des erreurs Sur les madères
animales. Leur décompofition par le feu
étoiit la feule méthode qu’ils avoient Suivie, 3c la
Source de .ces erreurs.. -On ne trouve rien d’utile
avant le milieu du dix-Septième fiècle. Peu de chi-
miftes même s’en ocçupoient, Soit à caufe du désagrément
& de ;la fétidité de cette analyfe, Soit
à caufe de Sa difficulté , Soit enfin en raifon de la
Somme de connoiffances réunies qu’elle exigeoit,
& du peu de chimiftes qu’elle intéreftoit, dans
des tems où tous s’occupoient ài’enyi de Fexamen
des minéraux. Je partage l’hiftoire de la chimie
animale en huit époques, marquées .chacune par
quelque grande découverte qui les caraèlériSe,
plus que par le te ms où chacune d’elles peut être
fixée,
3. La première époque, qui date du milieu du
dix-feptième fiècle jufqu’au commencement du dix-
huitième, .eft remarquable par une efpèce d’irruption
que la chimie fit dans la médecine, en y tranfi
portant fa ridicule théorie des acides & des alcalis.
Elle Succéda à la chimère des panacées, des élixirs
de v ie , des ors .potables, qu.e l’alchimie des adeptes
avoit auparavant jetée dans la pratique de l’art,
& qui au moins étoit corrigée par FavantageuSé
acquifî.tion .des remèdes mercuriaux, antimoniaux p
de l ’opium, 8c,c, Tackenius, W-iilis, Vieuftens,
Sylvius, furent les plus fameux propagateurs de
la médecine chimique , fondée Sur les acides &
les alcalis. Les fonctions.des animaux s’exerçoient,
fuivant eux, par des effervescences ,8c des fermentations
; les humeurs acides 8c alcalines fe mêloienx
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