
carbonique par une leftîve d’alcali caufiique. C ’eft
ainfi que M. Berthollet a reconnu leur nature.
. ?ƒ• Le charbon qui refle dans la cornue après la
ciiftillation d’une matière animale , ne retient que
très-rarement la forme primitive de cette matières
parce qu’elle feramollit, fe fond & fe bourfogfle
parl’aélion du feu. Il eft plus denfe, plus fblide;
plus adhérent au verre que celui des fubftances végétales
; fouvent même il fait corps avec les cornues,
en telle forte qu’on ne peut connoitre fon
poids qu'après avoir pefé ce vaiffeau avant l’opération,
& en le repefant à la lin de l’opération. Sa
proportion eft moindre en général que celle des
charbons végétaux ; il n’eft que rarement ou même
prelque jamais bourfoufié ou caverneux, à moins
qu’on n’ait diftillé un liquide albumineux ou favo-
neux; encore dans ce dernier cas ne trouve-t-on
fouvent qu’un enduit charboneux qui occupe plus
d’efpace dans la cornue. Quelquefois le charbon
animal eft brillant,d’apparence métallique, 8c alors
on le trouve fort analogue au carbure de fer. Sa
combuftibilité eft en général très-foible ; il fautle
tenir fortement rouge, 8c l’agiter long-tems avec
fe contaél de l’air, pour le réduire en cendre : on
ne le voit pas brûler fenfiblement ni fe couvrir d’une
"couche de cendre comme celui des végétaux. Ce
grand feu néceflaire pour les incinérer, change fouvent
la nature de leur réfidu, 8c en vplatilife une
partie des fels. La foude, le muriate de foude s’en
dégagent; les phofphates qu'il contient, fe vitrifient.
Audi M. Berthollet,.pour analyferles charbons
animaux, s'eft-it fervi du nitrate de potafl'e,
én les biffant détoner dans des vaiffeaux propres
à recueillir lés produits fluides diadiques & les rendus
pulvérulens. J'ai employé le muriate furoxi-
géné de potaffe au même ufage. Ce caradtère d’in-
combuftibilité , qui diftingue- Ci éminemment les
charbons animaux, provient du peu de carbone
qu’ils contiennent , de la-denfité qu’il y conferve, ‘
de fonur.ion avec des phofphates de foude & de
chaux, d’oxides de fer & de. manganèfe qui l’en-
veloppent-.& le condénfenr.
36. Tous les effets du feu fur les matières animales
otui viennent d'être décrits, tous-les produits
que j’ai examinés, prouvent que le calorique, en
dénaturant ces matières > en en faiftnt une analyle
compliquée , combine dans un autre ordre leurs
principes conftituans-, 8c que les trouvant plus nombreux
que ceux des fubftances végétales, il donne
naiffance à un plus grand nombre de compofés nouveaux.
L’eau I éft formée moins abondamment,
Phiiile en plus grandequantitéjl’anffhoniaque fur-
tout dans fa quantité leur appartient excfufivement;
l'es acides qui s’y unifient} annoncent tous,comme
l'amoniaque. une fourced’azote abondante. Moins
d’acide carbonique & plus de gaz hydrogène que
dans les produits des végétaux, décèle une proportion
moindre de carbone-, 8c- plus forte d’hydrogène
dans les. fubftances animaies. Le foufre & le
phofphore qui modifient legrsgaé,arinoncent.la p.réfencede
ces deux combuftibles dans ces fubftances.
k«j fuite de ces effets du feu & des produits qu’il
fait naître vient donc de la complication primitive
des compofés animaux * du jeu multiplié de leurs
principes les uns fur les autres , des attrapions plus
nombreufesqu’ils exercent réciproquement. Aucun
de ces effets du calorique , très-propres à éclairer
fur la nature de ces compofés, quoiqu’on les ait
cru autrefois très-obfcurs & prefqu’inexplicables,
n'entraîne aujourd’hui de véritable difficulté ; 8c
c'eft un des plus beaux réfultats de la chimie pneumatique
, que d’en avoir fourni une explication
claire & facile a concevoir. Elle a _fu tirer un grand
parti de ce qui n’avoit été depuis long-tems qu’un
fujet d’erreurs & d’obftacles à fes progrès.
§ . V. Des caractères des matières animales tirées de
VaCiion de l'air.
37. Les caractères que préfentent les matières
animales expofées au contaP de l’air, 8c qui tien-
! nen.t à cette expofition, font moins généraux 8c
i moins conftans que ceux qu’elles préfentent par 1 aPion du feu i ils varient bien plus entr’eux ,
fuivant la nature diverfement modifiée de ces matières
, que ne le font les précédens. En général,
' celles qui font folides n'offrent que très-peu d’air
tération , ou une altération très-lente par l’aPion
de l’air i ce ne font guère que les fubftances animales
liquides qui changent bien plus fenfiblement
par l’impreffion de ce fluide ; 8c c’eft d’après ces
changement que j’énoncerai ici lies propriétés de
ces matières, en les rapportant à un certain nom-
- bre de généralités.
• I 38. Je trouve fix effets différens de la-part de
l’air fur les fubftances animales, indépendamment,
. à la. yérité , de ceux qu’il peut produire dans les
animaux vivans ; car les caraPeres généraux de
.ces fubftances que j’examine, font pris furtout
dans leur état de mort. Le mouvement vital let
fait varier oudes complique, 8c il faut commencer
- par déterminer ce quideur arrive fans le principe
vital qui les anime,.ayantde pouvoir atteindre les
: phénomènes qui accompagnent leur état de vie.
Ces fix effets de l’air fe rapportent , i a. à l’ab-
- forption de 1 oxigene.j 20. à la concrétion qu’il y
, produit ; 3*. à la.coloration qu’il fait naître; 4?. à
,1a combuftion lente qu’il; y excite j,^0. à l'altéra-
- tion qu’il éprouve hiirmême -y 6*. enfin à la dé-
- compofition qu’elles fubiffent par le mouvement
..inteftin quil y provoque. Je vais reprendre de
• fuite chacun .de ces effets.
39- Prefque tous les liquides animaux ont la
’ propriété d’abforber le gaz oxigène atmofphé-
- nque j. ceux-, qui; font vifqueux , collans ,.favo-
. neux „la pofiedent à un affez- haut degré. On. le
prouve en Lès laiffant expofés à l’air dans; des-cloches,
en les voyant s’élever dans ces vaiffeaux. En
■ examinant enfuite le gaz réfidu par les. procédés
4 eudiqmétriqpes, on reconnoît qu’ilcontient begucoup
plus de gaz azote, 8c qu’il eft même quelquefois
réduit à ce gaz pur lorfque l’expofition à
l ’air a été longue. Ce gaz refte Amplement con-
denfé, 8c particuliérement combiné pendant quelque
temsj. auffi les liquides oxigénés fe bourfou-
flent-ils confidérablement foüs le vide ou par
l’adiion de la chaleur. Peu à peu J’oxigène s’y
fixe plus folidement, s’y combine intimément, 8c
change leur nature en les oxidant plus qu’ils ne
l’étoient.
Y 40. La concrétion des liquides anipiaux qui fuit
l’abforption de l’oxigène eft facile à obferver, 8c
ne laiffe aucun doute fur l’exiftence 8c la vérité
de ce fécond effet dans le blanc d’oeuf, le ferum
du fang, l’eau des hydropiques, &c. expofés à
l ’air. On y voit des flocons fe former,,s y tenir
fufpendus 8c fe précipiter. En agitant ces mêmes
liquides dans l’air , ils prennent tine telle difpofi-
tion à la concrétion, qu’ une partie fe folidifie.
.C’eft ainfi que fe forment les membranes factices
connues à Cos il y a plus de deux mille ans, 8c
décrites par Hippocrate. L ’eau aérée produit le
même effet par fon mélange 8c fon agitation avec
ces liqueurs. Le blanc d’oeuf expofé à l’air, Toeirî"
gardé fe cuit 8c fe durcit bien plus facilement que
l’oeuf très-frais. Ce phénomène fe lie avec la formation
8c la régénération de l’épiderme ; il explique
les forces plafiiques des Anciens ; il fubftitue
un fait de phyfique fimple à une qualité occulte;
H fe préfente dans le mécanifme de la nutrition..
41. Mille phénomènes prouvent là coloration
portée dans’ les fubftances animales par le conta#
de J ’air 8c la lente abforption de l’oxigène. Les
-folides mêmes n’échappent point à cet effet conf-
tant. Les os 8c l’ivoire jauniffent j la peau brunit
8c noircit à l’air ; le fang y rougit 8c prend ce
pourpre éclatant qui le cara#érife, tandis que fa
partie privée du conta# de l’atmofphère refte foncée
8c prefque noire. Les liquides blancs albumineux
& gélatineux jauniftent ; les graiffes deviennent
citrines ou orangées ; la cire 8c le blanc de
baleine jauniffent ; les couleurs du kermès, de la
coch:nille, de plufieurs vers, de quelques mol-
lufques prennent leur plus grand éclat par le
conta# de l’air ; la bile, l'urine „ la fueur elle-
même acquièrent une couleur plus intenfe dans
Katmofphère ; les écoulemens blancs du nez, de
la poitrine,’ de l’urètre, des ulcères, jauniffent ou
verdiffent ; tous les- produits animaux marins fe
foncent 8c bruniffent quand on les tire de l’eau
8c qu’on lès plonge dans l.’air ; la putréfa#ion eft
accompagnée, 8c fes tems font marqués de beaucoup
de nuances diverfes.
. 42. Les- premiers effets qui viennent d’être expofés
, en annonçant une attra#ion remarquable
entre lesîmatières animales 8c l’oxigène, indiquent
affez clairement qu’ils répréfentent une efpèce de
combuftion lente,.qui les fait paffer à l'état d’oxi-
, de & „8c qui, dans quelques cas „rares à la vérité.
leur donne même le caraâère d’acides : c’eft ainfi
que l’acide acéteux fe produit dans plufieurs des
matières expofées à l’air, furtout dans le bit 8c
l’urine. La difpofition à la-coagulation par le feu,
ou a la concrefabilite fponcanée, qu’elles acquièrent
dans cette circonilarce, répond à la forme
folide 8c concrète que prennent les huiles qu’on
y expofe, 8c reprélente une véritable oxidation
qui a fes bornes 8c fon terme, au point ou la
matière animale qui l’éprouve, eft faturée, 8c ne
peut plus abforber une plus grande proportion
d’oxigène. Cette.analogie avec la concrefcibilité
des huiles végétales, doit faire confidérer les coin-’
pofés animaux comme rapprochés du caraéîère huileux,
ou tiès-difpofés à le prendre.
_ 43- Les quatre phénomènes énoncés n'ont pas
lieu fans que l’air lui-même fubilfe un changement
, une altération plus ou moins confidérable..
Quand une matière, animale .y a été quelque tems
expofée , on trouve cec air moins chargé d’oxigène
, plus faturé d’eau, contenant beaucoup.d'acide
carbonique , 8c infeélé.par une odeur défa,
gréable.Ces quatre changemens répondent à quatre
genres d’effets de la part des fubftances animales-;
elles abforbetit immédiatement une portion de
l’oxigène atmofphérique leur hydrogène brûle
rapidement, 8c forme l’eau ; leur carbone détruit
encore une partie du gaz oxigène, qui le diffout
& l'acidifie ; enfitf, unéportiotr de la matière animale
même, déjà fort altérée 8c corrompue, ou
au moins les gaz hydrogène fulfuré, phofphore
8c carboné qui s’en dégagent , donnent à l’air un
caraéîère de fétidité bien marqué. Ou conçoit
. ainfi la caufe de l'infeétion 8c des propriétés nuifi-
bles qu’acquiert l'air dans les chambres des malades,
dans les hôpitaux trop étroits, Scc. 8c peut-
être même la manière dont certaines fièvres, 8tc.
’fe communiquent.
44. A mefure que les matières animales 3 b for-
ben t l’oxigène atmofphérique , fe difpofent à la
concrefcibilité, fe colorent, éprouvent d’abord
une véritable combuftion lente, 8c verfent en même
tems dans l’air divers principes qui en changent
la nature, ces matières marchent fenfiblement vers
une décompofition fpontanée, qui tend à les dé’-
truire ou à les réduire à des compofés plus (impies,
à des combinaifons binaires. On les voit de jour
en jour varier dans leur confiftance, leur couleur
leur odeur ; il s’en dégage des effluves 8c des gaz
fétides fleur volume change, leurs principes s’exhalent
; il s’y forme de l’eau , de l’acide carbonique,
de l’ammonique, de l’acide nitrique ; en un
mot, elles fubilfent le mouvement inteftin qui les-
détruit,en fépare une portion fous forme gazeufe
8c laide une partie de leur réfidu fixe dans l’état
de terreau. La putréfaébion ; l’un des caraétères les
plus prononcés des compofés animaux, l’un des
phénomènes qui méritent le plus d’être étudiés
avec foin, fera décrite dans un des paragraphes
fuivans. Je ne l’ài indiqué ici que pour montrée