
foie jaune difparoiffent. fans altération par le
moyen du même acide.
» On emploie l'acide oxalique de deux manières :
i 9. .on l’écrafe pour le réduire en pouffière ; on
en faupoudre la tache & on l’humedtê par deux à
trois gouttes d’eau; on frotte alors avec foin , &
de tems en tems on ajoute de l’eau pour en opérer'peu
à peu la diffolution : la rouille difparoît
facilement par cette manipulation. 2°.,Ôn dif- '
fout l'acide dans l'eau, & on l’emploie à l’état
liquide ; il m’a toujours paru avoir un effet plus
lent & moins marqué fous cette forme que fous
l’autre.
>> Lorfqu’il s’agit d’enlever une tache d’encre ,
l’ acide muriatique oxigéné mériteroit la préférence
fur tous s’il n’avoit pas le très-grand inconvénient
de dévorer tous les principes colorans
végétaux. Cette propriété en réftreint les üfages
aux feuls cas où il s’agit d’opére.r fur des étoffes
blanches, fur des eftampes ou des livres imprimés.
»C e t emploi, quoique, reftreint, ne laiffe pas
que de le rendre précieux; car très-fouvent des
livres rares ou des eftampes de grand prix fe trouvent
dégradés ou dépréciés par des notes manuf-
crites\ des noms de propriétaires, des taches
d’encre, & l’acide muriatique oxigéné jouit feul
de l’étonnante faculté de faire difparoître toutes
ces traces fans altérer, ni le caraélère d'imprimerie
, ni la gravure, ni le papier.
» Les caractères les plus dominans d’après lef-
quels on reconnoît l’impreflion des acides fur les
couleurs, c’eft la propriété qu’ils ont de rougir
les bruns, noirs & violets, & quelques bleus vé- .
gétaux faux teint ; de faire tourner au bleu le
vert fur ie drap de laine , de pâlir les jaunes, de
rofer les ponceaux, d’aviver & d’éclaircir les rouges
de fernambouc, &c. &c. On corrige tous ces
açcidens par les alcalis, & l’ammoniaque mérite
à tous égards la préférence : il fuffit de préfenter la
plupart de ces taches à la vapeür de cet alcali,
pour les faire difparoître. Cet alcali a l’avantage
fur les autres, l ° . de pénétrer plus aifément ;
1 ° . de fe dégager plus promptement; 30. de ne
pas altérer l’étoffe. Les acides avec lefquels on
tache le plus communément les étoffes, font les
acides végétaux, qui ont la propriété de mafquer
les couleurs, de les faire tourner fans les détruire.
Les acides minéraux concentrés en détruifent
quelques-unes, en opérant fur elles une vraie
combuftion : le nitrique & le muriatique oxigéné
font furtout dans ce cas-là ; mais lorfqu’ils font
affoiblis ou que leur impreffioo eft récente, leurs
effets difparoiffent par l'application des alcalis.
33 L’ aétion des alcalis fur les couleurs eft encore
marquée par des caractères très-diftinéfcifs, & fa-
çiles à reçonnoître : ils avivent la cochenille ( 1 ) ,
(1) Dénomination employée pour exprimer la couleur
Lie-de-vin, que prend l'écarlate par l'aétion des
alcalis.
le fernambouc, & généralement tous les rouges
végétaux extraétifs ; ils foncent tous lés violets
qu’on applique fur la laine & la foie ; ils jaunif-
fent le vert, qui.a l’indigo pour bafe; ils terniffent
les jaunes, & jauniffent légèrement les couleurs
faites avec les aftringens.
» La fueur a tous les caractères des alcalis, &
produit exactement les mêmes effets fur les couleurs
: il fuffit, pour s’en convaincre, d’obferver
fes effets fur l’écarlate, les draps verts & les violets
fur foie..
» Les acides rétablirent toutes les couleurs altérées
par les alcalis ; mais il n’en eft aucun qui
mérite la préférence fur la diffolution d’étain dans
l’acide nitro-muriatique. Il faut avoir l’attention
de ne pas l’employer trop fort, parce que, dans
cet état, il donne une teinte orange à l’écarlate.
Les taches faites par la fueur difparoiffent complètement
à l’aide de cet acide. On fait que cette
humeur animale produit furtout une impreffion
funefte fur l’écarlate ; mais il eft facile de la détruire
par le fecours de cet acide, qui rétablit
dans lé moment la couleur rouge dans toute fa
pureté.
» Les taches de fruits font fréquentes & difficiles
à enlever, furtoutJorfqu’elles ne font pas récentes
: les acides faturés & les alcalis ne peuvent
point les détruire. Oh ne connoît en général
d’autre méthode que celle de l’acide fulfureux ,
qu'on applique tout Amplement, en dirigeant
contre la tache la vapeur du foufre.embrâfé. On
peut employer tel acide fous une forme plus commode,
en le diffolvant dans l’eau pour s’en fervir
• à l’état liquide. J’ai vu que cet acide, provenant
de la décorapofition de l’âcide fulfurique fur de
la fciure de bois, concentré au troifième degré
de l’aréomètre de Baumé, enlevoit parfaitement
les taches de vin & celles de cerife ; il laiffe à la
vérité une légère teinte rofe qu'on ne peut faire
difparoître que par le fecours de l’acide muriatique
oxigéné. L’ acidé fulfureux n’altère point le bleu
fur foie, pas même le rofe que l’eau bouillante
diffout : il ne change pas les couleurs produites
par les aftringens, ne dégrade point le jaune fur
| le coton , mais il faut l’affoiblir pour en faire
| ufage.
m Lorfqu’il n’ eft queftion que d’enlever une
tache dont on connoît la natiire , on peut recourir
à l’un des moyens indiqués ci-deffus mais
fouvent les taches font compliquées : plufteurs
agens ont concouru à détériorer une couleur, &
dans ce cas il eft bien difficile ; il feroit même
très-pénible d’attaquer chaque caufe féparément
& par des moyens particuliers : il ne pourvoit
même en réfulter qu’une bigarrure, d’effets qui.,
laiffant fur l’étoffe l’empreinte particulière des
divers'réadifs , préfenteroit un tableau plus dégoûtant
que le premier ; alors on eft dans l’ufage
d’employer des compofitions polycrefies, dont les
, élémens très-variés peuvent enlever toutes lès
taches
taches de quelque nature qu’elles foient, à l’exception
de l’encre & de la rouille, qu’on combat
toujours par les moyens indiqués, compofition
dont les recettes varient à l’infini : je n’en connois
pas de meilleures que celles que j’ai façonnées
avec les fubftances fuivantes :
» On fait difloudre du favon blanc très-divifé
dans du bon alcool ; on broie le mélange dans un
mortier , avec quatre à fix jaunes d’oeufs; on y
ajoute peu après de l’effence de thérébentine, &
lorfque la pâte eft bien pétrie on y incorpore
dé la terre-à-foulon trës-divifée, pour donner
une confïftançe convenable & former des favo-
nettes. Lorfqu’on veut faire ufage de cette com-
pofîtion , on hiimeéte l’étoffe avec de l’eau, &
l’on fro'tte deftus avec la favonette pour en dif-
foudre une partie ; alors, à l’aide de la main, d’une
éponge ou d’une broffe, on l’agite fortement,
on la fait pénétrer, on l’étend, & peu de;tems
après on peut laver l’étoffe pour enlever jufqu’ à
la dernière trace de ce favon.
» Jufqu’ici nous avons négligé de parler d’un
moyen qui, pour être auxiliaire de fa nature, n’en
devient pas moins très-fouvent principal : c’eft
l’eau. Prefque tous les artiftes détacheurs paffent
de 1 eau chaude fur les étoffes, ramolliffent les
taches, broffent avec force & emportent à l’aidè
de ce liquide, de la chaleur & de la leffive, plu-
fîeurs taches & beaucoup d’impuretés dont Je
tilfu de l’étoffe étoit chargé. Il ne fefte plus après
cette opération, que quelques taches rebelles qu’on
combat par les moyens indiqués.
h gtartd nombre de détacheurs commencent
ar battre l’étoffe avec lè plus grand foin , là
roffent ènfuite avec la même attention, paffent
un fer chaud fur toute la furfàce pour faire ref-
fortir & ramollir les taches, & y appliquent en-
fuite du favon bien blanc, qu’ils mouillent de
tems en tems dans l’eau pour mieux faciliter la
combinaifon ; ils paffent enfuite de l’eau & emportent
tout. La terre-à-foulon peut remplacer le
favon.
* Mais les lavages, le frottement & autres opérations
qu’on exécute fur les étoffes leur enlèvent
lè luftre ; de manière qu’après avoir diffipé une
tache, l’étoffe préfente une inégalité choquante
dansTon apprêt. On rétablit ce luftre en paffant
fur 1 étoffe, dans le feus où les poils du drap font
couchés , une brôffe trempée dans une eau foi- j
blement imprégnée de gomme arabique. On ap- i
plique enfuite fur l’étoffe gommée une feuille de !
papier blanc , & par-deffus le papier un morceau 1
de drap qu’on charge d'un poids ; on laiffe fècher
l’étoffe fous preffe.
. » Si c’eft à une étoffe de foie qu’on defire
rendre le luftre, oh trempe la broffe dans l’eau
gommée en paffant la main deffus on fait
jaillir cette eau fur l'étoffe , en vapeurs prefque
imperceptibles. '
» L’ urine, furtout celle de certains quadru-
Chimijb. Tome
pèdes, tache en jaune-fale prefque toutes les couleurs.
Les bleus , les rofes, les violets d’orfeille,
les couleurs de fer par les aftringens , tout prend ,
de la part de cette humeur animale', une teinte
pâle & Taie. Dans tous ces cas la couleur eft
détruite,& on ne peut la rétablir que par les procédés
que nous allons indiquer.
» Nous voici parvenus à la partie la plus difficile
& la moins connue de l’art du détachéur : il
s’agit des moyens de rétablir une couleur détruite;
ce qui.fuppofe une connoiffance parfaite de l’art
de la teinture fur les diverfes efpèces d’étoffes ,
pour imiter à la fois tous les genres & toutes les
nuancés de couleur.
» Cette partie de l’art du détachéur n’eft guèrè •
pratiquée, & l’ on fe borne prefque partout à peigner
rudement l’étoffe avec des chardons ou des
cardes, pour en tirer le poil caché dans l’épaif-
feur du tiffu & ën recouvrir la furface.
» Nous tâcherons de fuppléer à ce qui manque
de connoiffances pratiques dans cette partie , par
l’application dés principes de teintures les plus
Amples, & des procédés les moins.compliqués.
» Comme dans l’art du détachéur il ne s’agit
point de porter une nouvelle couche de teinture
fur toute une étoffe ; mais d’appliquer, fur un
point déterminé , une nuance affortie au refte de
la couleur, il eft néceffaire de modifier fa nuance,
quèlle qu’elle foit, eh pirenant pour type ou objet
de comparaifôn la teinte que préfente la portion
d’étoffe qui n’a pas été tachée.
» Cetté dégradation de couleur n’eft pas ai fée
à obtenir, & elle fuppofe, dans le détachéur, des
connoiffances, dè détail qui font fouvent étrangères
au teinturier lui-même.
33 D’un autre côté, comme très-fouvent le mordant
a difparu avec la couleur, il devient néceffaire
de le rétablir pour fixer là nouvelle couleur
d'une manière durable; & telle peut être la nature
de ce mordant,qu’il foit impoffible de le porter &
faire pénétrer immédiatement fur quelques points
ifolés ; alors on ne peut que mafquer une . tache
par l'application d’une touche affortie de couleur
plus ou moins durable.
33 Malgré que les procédés de' teinture pour les
étoffes de différentes natures fe rapprochent fous
plufieurs rapports & tiennent à des principes communs
j il n’en eft pas moins vrai qu’il y a des différences
notables, tant dans les méthodes d'applications
, que dans l’efpèce de principes colorans
qui font employés : ces différences font fur-
tout très-marquées entre les étoffes de laine & foie,
& les étoffes ae coton & fil : la nature de.ces dernières
permet de les préparer par les alcalis, d’aviver
les couleurs par des leffives très-fortes, tandis
que dé femblables moyéns diffbudroient le$
premières. D’un autre côté , les principes colp-
rans, qui ont de l’affinité avec, la foie, ou la laine ,
n’en ont quelquefois aucune avec lé fil ou le coton
; la cochenille & le kermès nous en fourniffent
S