
quatre-vingt à foixante-quatarze parties de carbone,
fur vingt à vingt-fix. parties d'hydrogène.
En général, les trois ga[ ont préfenté peu^de différence
entr’eux. Le gaç hydrogéné carboné huileux
leur a offert le plus de carbone; le gag hydrogéné
carboné de téther, une proportion moyenne de cé
principe « & le gag hydrogéné carboné de L'alçoo( ,
le moins des trois. . < ■ .
Le paragraphe vingt-trois j dq Mémoire dp,nt
nous rendons compte, contient un réfume des
principaux faits expofés dans tout 1 ouvrage ; ce
réfumé eft fi bien préfenté, il offre un rapprochement
fi exaâ des détails de tout l'ouvrage que
nous analyfons, que nous croyons.devoir l'inférer
ici dans fon entier.
«Voilà donc, difent les chimiftes bol^ndais,
„ trois efpèces de gag inflammables qu'on obtient
»de l'alcool & de l'éther, traités'de manières
» différentes.
» Ces gag ont ceci de commun, qu'ils font com-
» pofés d'hydrogène &c de carbone : ce font donc
» des efpèces de gag hydrogènes carbonés.
»11 paroît, de plus, probableque la proportion
»des parties complotantes ne diffère pas, ou du
» moins ne. diffère que peu dans ces gag, fi on en
» examine des poids égaux.
» Ils diffèrent entr’eux en plufieurs autres
»points, comme par leur pefanteur fpécifique,
» par la manière de brûler, &'par les méthodes
» diverfes dont ils font les produits.
» La différence la plus remarquable eft certaine-
» ment la formation d'une huile par le mélange
» du gag acide muriatique oxigéné. au gag carboné
» huileux.
» Ce gag eft produit dans fa plus grande pu-
» teté, dans la diftillation de l’éther ou d'un mé-
» lange d’alcool & d’acide fulfurique concentré.
» L’éther mêlé au même acide fulfurique en
» donne également, mais moins pur.
» On en obtient de même en fai fan t palier les
» vapeurs de l'alcool & de l'éther par un tube
« d'argile rougi au feu > mais celui-ci n eft pas
s» non plus parfaitement pur.
s? Cet effet s'obferve également en prenant les
» parties compofantes du tube d'argile, 1 alumine
33 & la'filice, qui, prifes féparément, donnent
53 au gaz cette propriété de Former de l'huile fi
35 les vapeurs de l'alcool ou de l'éther paffentpar-
53 delfus ces fubftances. 33 Ces vapeurs , paflant par un fimple tube; de
53 verre rougi au feu, donnent les deux autres ef- 33 pèces de gaz 3 félon qu'on prend l'éther ou l'ai- 33 cool , & ces deux derniers ga%. ne préfentent
33 pas le moindre indice d'huile formée en les
33 mêlant au gaz acide muriatique oxigéné.
>3 Le gaz qui a la propriété.de former de l'huile
33 la perd en le faifant paffer par un tuyau de verre
33.rougi., & il dépofe du charbon.
33 Les commotions électriques ont le même
33 effet, mais il n'y a aucune précipitation de. car-.
33 bonç. On obferve d'ailleurs que le volume c:ft
33 augmenté quand le gaz huileux paffe à l'état de
33 gaz ne formant pas huile.
33 Ces efpèces de gaz enfin, tant huileux que
?» retirés de l’éthet ou de l'alcool, font vraiment
>3 des fluides gazeux permançps, &; ne doivent
33 pas être regardés., (oit comme des vapeurs de
»? l'éther çonfetvant pendant quelque te ms l'état
3» aériforme, foit comme du gaz hydrogène, dans
»3 lequel font fufpendues des particules d'éther ou
3» d’alcool. Nous avons gardé ces efpèces de gaz
»3 pendant des mois entiers fur l’eau > nous les
33 avons fait paffer fur l'eau à plufieurs reprifes j
»» nous les avons expofés aux réaétifs > ils ont co.n-
»3 fervé-toujours leurs, propriétés, fans être alté-
»3 rés & fans en avoir perdu aucune. 33.
Dans le vingt-quatrième & dernier paragraphe
du Mémoire, MM. Bondt, Deimann, Paats-Van-
Troftwyk & Lauwerenburg terminent leurs in-
téreffa.ntes recherches par plufieurs queftions que
leurs expériences n'ont point réfclues. Ils fe demandant,
i°. comment fe forme l'huile dugdz hydrogène
carboné huileux par fon mélange avec le
gaz acide muriatique oxigéné, fi c'eft par l'addition
d’une portion d’oxigène de ce dernier, ou
par la fouftraétion d’une partie de l'hydrogène du
premier> 2°. quelle eft la nature de cette huile ,
n’en ayant point eu jufqu'ici affez pour l'examiner
convenablement : il leur paroît cependant que
c'eft une efpèce particulière d'éther, 30. pourquoi
il fe forme du gaz huileux quand l'éther & l'alcool
paffent fur l'alumine, la filice ou l'argile, & non.
à travers le verre ; 4^. fi la différence ne provien-
droit pas de ce que l'un, difent-ils, contient une
plus grande quantité de calorique que l'autre, &
fi ce n'eft pas ainfi que le premier perd fa propriété
de donner de l'huile à mefure que l'élec-
trifation augmente fon volume, fans y occafionner
une précipitation de carbone. S'ils ne peuvent pas
répondre pofitivement à ces queftions, ils en ac-
cufent l'état de la chimie végétale, moins avancée
que celle de l'air & des minéraux.
Les efiais faits par MM. Hecht & Vauquelin
fur le gaz oléfiant, d'après l’invitation de la fociété
philomatique de Paris, jettent quelque jour fur les
queftions propofées par les chimiftes hollandais.
Le gaz oléfiant, paffé au travers d'un tube de porcelaine
rouge, a produit du gaz hydrogène mêlé
d’acide carbonique : il s'eft dépofé une grande
quantité de carbone dans le tube de verre qui terrain
oit celui de porcelaine. La différence que l'on1
remarque entre cette expérience & celle des chimiftes
hollandais, eft due probablement au plus
haut degré de chaleur donnée au tube de porcelaine.
Le gaz hydrogène carboné, dépouillé d'acide
carbonique,- & mêlé enfuite avec de l’acide
muriatique oxigéné , n’a pas formé d’huile comme
auparavant. Le gaz oléfiant a dépofé fon carbone
fur l’alumine en paflant dans des tubes qui conte-
noienr de cette terre. Le ga^àhéreux brûle avec
du gaz hydrogène carboné non oléfiant, nous ne
penfons pas qu’on puifle en conclure, avec les
i chimiftes hollandais, que l’alumine & la filice aient
' par leur nature une tendance particulière à la for-
i mation du gaz oléfiant, & que cette propriété
! manque à la chaux & à la magnéfie : ces différens
I effets ne proviennent certainement que de ce
j qu’on a moins chauffé toutes les fois qu’on a produit
Je gàr acide muriatique oxigéné, Sc produit avec
lui la même huile que le gai oléfiant ; ce qui paroît j
■ indiquer entre l’éther & ce gaz une grande ana- ,
logie } peut-être même ne diffèrent-ils entr eux
que par une inégale quantité de calorique com- j
biné. ' • . . !
Il réfulte en général de toutes ces expériences
comparées, que 1 egaz oléfiant, plus denfe & con- J
tenant moins de calorique que les gaz hydrogènes
carbonés , provenans de l’alcool & de 1 éther
paffés à travers des tubes de verre , n’ a de difpo-
fition à former de l’huile qü'en raifon du rapprochement
de fes molécules conftituantes, & qu îi
ne la perd que quand on les écarte^ à un certain
point par l’intromiflîon entr’elles d une nouvelle
quantité de calorique; • ; ‘ ir' ‘ .
, Il en réfulte encore que l’on convertit en gaz
hydrogène carboné fimple , le gaz oléfiant, toutes
les fois que, par un procédé quelconque, on
écarte fes molécules compofantes : on diminue ■
l’àttraélion entre les molécules d’hydrogène & de
cirbone, en les éloignant par une plus grande proportion
de calorique introduit enrr’elles, comme
cela a lieu en faifant paffer , par des tubes rouges
de quelque nature qu’il foit, le gaz oléfiant, ou
en Pélè&rifant fortement. Les mêmes expériences
prouvent de plus que la différence obfervee & décrite
avec tant de foin par lés chimiftes hollandais
, entre les trois gaz hydrogènes carbonés,
qu’ils nomment, le premier huileux, le feconc*
retiré de t éther, & lé troifième retiré dé l'alcool*
quoique tous les trois puiffent être obtenus in-,
diftinéfcement de l ’alcool ou de l’héter, ne provient
que de la manière dont on traite ces deux
liquides inflammables, & fè réduit toujours a ce
que, pour former ou en formant le gaz oléfiant,
on emploie une moins haute température, on fait
entrer moins de calorique dans la combinaifôn,
on détermine un compofé où l’hydrogène & le
carbone font plus rapprochés , & plus diLpofiés a
former de l’huile par l'addition de 1 oxigène, pliVs
condenfé lui-même que dans l’état dair vital ,
comme il l’eft dans le gaz acide muriatique oxi- ;
géné , tandis qu’en chauffant plus fortement 1 alcool
& l ’éther, & accumulant plus de calorique
dans leur vapeur, on les décompofe plus complètement,
on écarte davantage leurs élémens, on
fépare alfez, les unes des autres les molécules de
l’hydrogène & du carbone, pour diminuer beaucoup
leur adhérence, & rendre leur attraétion fi-
raultanée & propre à former de 1 huile avec l ôxi-
gène, fi foible -, que dans ce cas ils ne font plus 1
fufceptibles de pafifer à l’état d’huile» Ainfi , 1 on
conçoit comment 0,909. psfant®ur fpécifique,
qui diftingue le gaz oléfiant, il parvient, en ceffant
de l’être par l’addition du calorique , a ne plus
pèfer que 0,436. # ,
De cé que l'alumine, la filice ? le tube d argile,
ont fervi à former le gaz oléfiant, tandis que
le verre, la chaux & la magnéfie n'ont donné que ,
le gaz oléigent, & plus dans tous les cas où
l’on a obtenu le fimple gaz hydrogène carboné.
Mais ce que ces recherches ont de véritablement
important pour la théorie générale de la
feience , c'eft la lumière nouvelle qu’elles répandent
fur la formation de l’huile 5 c’eft la force
qu’elles donnent aux idées déjà reçues, & aux
confédérations déjà préfentëes depuis long-tems
dans la do&rine pneumatique , fur la nature &
la compofition du corps huileux végétal : ainfi
l’on revoit ici qu’une huile eft un compofé d’hydrogène
, de carbone & d'une petite portion
d’oxigène : on trouve que, dans le mélange du
gaz oléfiant ou hydrogène carboné , condenfé
avec l’acide muriatique oxigéné, il fe forme tout
à coup une huile, de la même manière qu’il s’en
produit lorfqu'on chauffe du bois ou toute autre
matière végétale, non huileufe par elle-même ,
dans une cornue j il paroît que le gaz oléfiant,
ou un gaz fort analogue, fe dégage du bois eu
de toute matière végétale folide & non huileufe,
que l’on brûle lentement. Ce gaz, en brûlant à
Pair, dépofe la fuie ou le carbone, qui noircit le
bois & engorge les canaux que ce fluide élaftique
traverfe. Si l’on chauffe plus brufquement & plus
fortemenr le bois, les mucilages, &c. dans des
vaiffeaux fermés, ils donnent moins d’huile, plus
de charbon, plus d’acide carbonique : dans Pair,
il y a plus de flamme, moins de carbone ou de
fuie dépofée. Il éft vraifemblable que , dans le
premier cas, on dégage du gaz oléfiant, & , dans
le fécond, du gaz hydrogène carboné fimple. On
eft donc ainfi fur la voie dé parvenir à la compofition
artïfifcielle de l'huile. Il fembîe qu’il ne s’ag
it, pour en fabriquer par Part, que d'obtenir,
fans matière végétale, un gaz hydrogène carboné
denfe, pefant 0,909, & de le mêlèr avec le gaz
acide muriatique oxigéné j & l ’on peut efpéref
de réuflk à la produ&iôn de ce gaz oléfiant , avec
des matières minérales très-carbonées, telles que
certaines efpèces d'acier, en les diffolvant dans
un acide qui, par là décompbfition de l’eau qu’ils
■ favorifent, donnent lieu au dégagement du gaz
hydrogène carboné. Ce dernier apperçu mérite
toute l’attention des chimiftes , puisqu’il ouvre
une route nouvelle à la connoiffance des principes
des végétaux , & totalement ï celle de la
formation de Phuile.
Les ingénieufes recherches des chimiftes hollandais
fur le gaz 'oléfiant, font du petit nombre
de celles qui fourniffent de nouvelles vues. Elles
, tiendront, ainfi que celles qu'on leur doit déjà
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