
tion j ils ne bleuîffent ni ne rediflolvent pas l’oxide
de cuivre qu’ils réparent de cette diflolution. Les
fulfures alcalins 6c les hidrofulfures décompofent
le nitrate de cuivre en y formant un précipité brun-
rougeâtre. L'acide fuifurique décompofe cp fel.,
& reforme avec lui du fulfate de cuivre. La plupart;
des, ifels , & furtout les fui fat es , les phosphates,
les borates & les carbonates alcalins, le
décompofent. Plufieurs métaux, & fpécialement
le fer, en précipitent le cuivre à. l’état métallique,
en lui enlevant l’oxigènè avec lequel ils ont- plus
d’attra&ion qu’il n’en a; lui-même. Higgins a ob-
fefvé 8c décrit, dans les Tranfafti&nsphilosophiques,
yol. LXIII j ■ page 1 , un phénomène bien remarquable,
produit par l’étain fur le nitrate de cuivre.
Si l’on met des criftaux un peu humides de nitrate
de cuivre dans une feuille d’étain qu’on contourne
en petit vafe, il attire l’humidité de l’air 5 l'a portion
hum'ida attaque l’étain, 8c Ce colore en brun
par la précipitation de l’oxide de cuivre. Il fe produit
de la chaleur ; il fe dégage une vapeur nitreufe
abondante 3 la,,matière finit par s’enflammer avec
explofion, & fi la feuille d’étain eft très-mince j
ejje fe déchire par l’efpèce de déflagration qui a
lieu dans cette expérience. On reçonnoït ici l’effet
de la grande attraélion de l’étain pour l’oxigène,
8c l ’énergie avecjaquelle il l’abforbe, foit à l’acide
nitrique, foit à l’oxide de cuivre.
66. Telles étoient les idées qu’on avoir adoptées
d’après les nouvelles bafes de la doctrine pneumatique,
& d’après les travaux de M. Guy ton 8c de
Pellçtier ,,fur le. nitrate de cuivre} fur fes diverfes
propriétés , lorfque M. Prrouft, dans, des recherches
particulières, adrefifées à;l’Infti.tu,t vers la fin
de l’an 73 a propofé plufieurs modifications à ces
idées , 8c préfenté quelques notions plus[ précifes
& plus exactes fur ces compofés cuivreux/ Pour
bien, concevoir le réfultat de fon travail, il ne faut
pas perdre de vue qu’il n’admet qu’un degré d’oxi-
dation confiant dans le cuivre brûlé-, foit par l’action
de l ’air, foit par celle des acides, foit par tous
les moyens qu’on emploie.pour le combiner- avec
l ’ôxigène : il faut fe rappeler qifen n’admettant
jamais,que l’oxide,de cuivre à 0,20 d’ oxigène, ou
à un pinquième dé fon poids de ce principe, il
rejette entièrement la diftin&ion des oxides brun,
bleu & vert, qui ^voit été adoptée anciennement
par M. Guyton, & que j ’avois adoptée moi-même
pomme entièrement d'accord avec toutes les propriétés
& tous les. phénomènes montrés par le
cuivre.à ans fes opmbreufes combinai fons. Quoique
je ne fois pas entièrement convaincu qu’il n’y a en
effet qu’un feul oxide de cuivre, foit parce que ce
métal change conftamment de couleur, & qu’il
pafle fucceflivement du brun au bleu 8c du bleu
au vert par des,procédés oxidans, foit parce que,
par les moyens défoxidans, il prend les mêmes
nuances dans une .marche-inverfe, foit parce que
M. Prouft n’a pas fait connoître les moyens d’ana-r
Jyfe par lefquels;il a trouvé toujours ces o^o
d’oxigène dans tous les oxides qu’il dit avoir examinés,
néanmoins, comme je ne connois pas non
plus de réfultâts précis fur les diverfes proportions
d’oxigène exiftant dans les différens oxides admis
avant l’habile chimifte de Ségovie, je reconnois
au moins plus d’exaftitude dans fes nouvelles données
, 8c c’eft en fuppofant avec lui que le cuivre
ne s’oxide qu’ à 0,20 d’oxigène, que je vais expofer
les principaux points de ion travail fur le nitrate
de cuivre 8c fur fes précipités.
- 67. En diftillant une diflolution nitrique de cuivre,
oh obtient, fuivant ce chimifte, de l’eau & l’acide
excédant. Le f .1 épaifli s’attache à la cornue en
croiitè verte , lamelleufe, indifioluble , dont l’eau
bouillante, en grande quantité , n’ enlève rien de
fenfible par l’hydrogène fulfuré. Chauffé fortement
, ce nitrate de cuivre , au minimum, d’acide,
perd ce dernier ,8c fe réduit à 0.67 d’oxide noir.
La poraffe iui enlève également à chaud fon oxide,
& l’amène à l’état d’oxide noir : il contienr 0.67
de cet oxide, 0.1;6 d’acide 8c 0.17 d’eau. Le nitrate
avec excès d’acide ne contient au contraire que
0. 2.7 d’oxide noir. Cent parties de cuivre traitées,
par l’acide nitrique 8c réduites à l’état d’oxide par
l’aétion du feu, lailfent cent vingt-cinq parties de
cet oxide j ce qui fait dire à M. Prouft, que le cuivre
n’eft pas plus, brûlé par l’acide nitrique que par
d’autres moyens. Le nitrate de cuivre au maximum
d’acide donne , avec une petite quantité de po-
taffe, un précipité qui pafle du bleu au vert, 8c
qui n’eft que le nitrate au minimum ou aveeexcès
‘d’oxide..Si au contraire on jette le premier fel
cuivreux dans de la potaffe bien délayée 8c fuffi-
famment abondante pour prédominer, on a un précipité
volumineux d’un beau bleu , fur la nature
duquel M. Prouft a furtout infifté. •
68. Après avoir fait obferver que l’on obtient
un précipité femblable de tous les fels cuivreux
jetés dans une leflive de potaffe cauftique qui leur
enlève tout leur acide , il le nomme hydrate de
cuivre, 8c cherche à prouver, par des expériences,
que c’eft, une combinaifon d’oxide à 0,20 d’oxigène
& d’eau. Voici les faits qui l ’ont conduit à
ce réfultat 8c à cette dénomination. Ce compofé,
d’un bleu affez beau, analogue à celui de la cendre
bleué, n’eft ni fec ni vraiment, pulvérulent 5 il
eft confiftant 8c légèrement gras comme le bleu
de Pruffe. Etendu fur, un papier & chauffé , il
perd peu à peu fon eau conftituante, il fe décolo
re, tourne au v ert, 8c finit par fe changer eh
oxide noir. Quoiqu’inaltérable dans fon état de
fécherefie , il s’opfcurcit, fe décompofe lentement
fous l’eau , perd, de fon volume & , devient
oxide noir ; la lumière du foleil accélère cette
décompofîtion. Cent parties de ce compbfé dif-
tillées donnent vingt-quatre parties d’eau, & en
ia.iffe.nt foixante-quinze d’oxide : ces vingt-quatre
parties d’eau , jetées fur l’oxide au fortir de la
connue , le:.mouillent-fans le fairp repalfer à l’état
bleu primitif, Il eft diflblubïe dans tou? le$ acides
fans effervefcence § il devient fel au minimum
d'acide dans les diflblutions des fels cuivreux au
maximum ; il fe diffout dans la potaffe cauftique
& dans le carbonate de potaffe 5 il dégage l’ammoniaque
du muriate ammoniacal humide avec
lequel on le broie ; il fe diffout facilement dans
l’ammoniaque. Les cendres bleues ne font que de
Thidrate de cuivre obtenu par la- chaux : ce com-
poféexifte vraifemblablement dansles mines bleues
de ce métal. M. Prouft conclut de toutes ces
propriétés, que le précipité dont il eft ici queftion
eft un compofé de l’oxide de cuivre avec dé .l'eau
dépouillée de fon calorique fpécifiqüe', comme
elle l’eft toutes les fois qu’elle s'élève , (uivant la
propre expreffion de l’auteur, de l’état de Ample
mélange à celui de combinaifon. Les principes &
les raifons de cette cônclufioiyétoient fondés fur
trois faits principaux} favoir : i-®. qUeM. Prouft
n’a point trouvé d’autre oxide de cuivre que celui
à 0.20 d’ oxigène; 2°. que l'eau jetée.fur cet oxide
ne. fait que le-mouiller fans changer fa nuance
noirâtre; 5°. que cét oxide ne prend de couleur
bleue ou'verte que dans une combinaifon quelconque
: il eft bien évident qu’elle ne peut être
admife que lorfqu’il fera bien prouvé ..qu'il a‘y a
en effet qu’un feul oxide de cuivre ; que ce métal
ne peut être qu’à ce feul état d'oxidation, de
quelque compofé qu’il faffe partie ; que la couleur
brune, bleue ou verte n’eft point un indice de
divers degrés d'oxidation, comme on l’avoit cru
jufqu'ici, mais bien celui de véritables combinations.
Les doutes qu’il eft encore permis d’avoir
fur ces trois principaux réfultâts, & qui ne me
paroiffent pas levés par les expériences décrites
dans le Mémoire de.M. Prouft, m’empêchent d admettre
entièrement fon hidrate de cuivre , genre
de.combinaifon d’un oxide métallique avec l’eau,
qui n’eft encore analogue à aucun autre compofé
connu , Sc dont la terminaifon en ate, propofée
par le profeffeur deSégovie, rappelleront peut-êtré
quand fon exiïtence feroit prouvée, un rapport
trop direél avec les compofés des acides puiffans.
Cet objet mérite donc d'être repris_& examiné
avec beaucoup de foin par les chimiftes , car fi
leurs recherches ultérieures s’accordent avec celles
de M. Prouft, elles méritent d’être fuivies pour
la plupart des autres fubftances métalliques , qui
doivent offrit des combinaifons analogues. .
69. L'acide muriatique attaque le cuivre & le
diflout .quand il eft concentré, & à l’aide de la
chaleur ; il fe produit une foible. effervefcence &
un léger dégagement de gaz hydrogène pendant
cette diflolution : comme elle ne peut avoir lieu
qu a l’aide du feu , il fe volatilife une portion
d’acide muriatique en gaz , & les premiers phy-
ficiens qui ont examiné les fluides elaftiques produits
pendant les diverfes diffolutions métalliques,
n’ont indiqué que ce gaz. L’eau eft cependant
décompofée, & le cuivre, paroît être plus oxidé
ou au moins amené à un autre état que par l’aétion
des acides fulfuriques 8c nitriques puifqu’il pafle
au v e r t, tandis qu'il eft bleu dans ces deux der-
! nières combinailons. On obtient ainfi une diflo-
I lution d’un vert magnifique , qui la diftingue de
: celles du fulfate & du nitrate de cuivre : on l’ob-
i tient fur le champ fans mouvement, fans chaleur,
; fans effervefcence quand on jette-de l’oxide de
cuivre vert pu bit u dans l’acide muriatique, même
un peu étendu d’eau. En évaporant cette diflblu-
; tion muriatique de cuivre, elle donne, quand elle eft
! épaifiie 8c lorfqu’on la laifle refroidir lentement,
I des criftaux prifmatiques carrés alongés , ou de
petites aiguilles longues, ferrées les unes à côté
des autres en faifeeaux confus, d’un vert de pré
très - brillant &: très-gai. Ce fel eft très - âcre 8c
cauftique j il fe fond à une chaleur douce ; il le
prend en mafle en refroidiflant : on ne le décompofe
8c on n’en dégage l’acide muriatique qu’à
l’aide d’un feu très-fort 8c long-tems continué.
Il attire forcement l’humidité de l'air, 8c devient
promptement comme une huile épaifle. Il n’eft
point altérable par les acides fuifurique 8c nitrique.
Il fumé très-abondamment quand on l’approche
de la vapeur ammoniacale. Les réaétifs alcalins le
décompofent , & en précipitent' un oxide d’un
blanc-làleu qui devient vert à l’air. La chaux lui
conferve fa première nuance, 8c forme avec lui
une belle cendre bleue. L’ammoniaque le redilfout
e;n une liqueur bleue, un peu moins brillante cependant
qu’elle ne le fait avec le fulfate 8c le
nitrate de cuivre. Plufieurs métaux, furtout le zinc
&'le fer ,,en précipitent le cuivre à l ’état métallique.
Les diflblutions fuifurique 8c nitrique de la
plupart des métaux blancs forment, avec fa difi-
folution j des fulfate & nitrate de cuivre , 8c des
muriates métalliques blancs indiflfolubles.
70. A ces faits généralement reconnus fur le
muriate de cuivre par tous les chimiftes qui s’en
font occupés, je dois ajouter les dernières obfer-
vations de M. Prouft. Après avoir purifié.& crif-
tallifé le fel par l’alcool, il l’a décompofé par la
potaffe 8c le nitrate d'argent : la première lui a
indiqué la proportion d’oxide j le fécond, celle de
l’acide muriatique. Il y a trouvé quarante parties
d’oxide noir de cuivre, vingt-quatre d’acide &
trente-fix d’eau. On peur, fuivant lui, diftillerce
fel à fec fans lui faire éprouver d’altération 3 mais
en forçant le feu , une partie de fon oxide pafle
en acide muriatique , oxigéné 3 le cuivre eft ramené
de o.25 d'oxidation à 0.17, 8c forme un muriate
blanc particulier. D’après cette feule obfervation
du profefleur de Ségovie, ne peut-on pas croire,
contre fon propre avis, que le cuivre eft fufeep-
tible de plufieurs. degrés d’oxidation 5 que c’eft à
cela qu’eft dû l’acide muriatique oxigéné que l’on
obtient dans l’expérience qu’ il cite , 8c que fi le
métal fe défoxide dans ce cas, il y a lieu de croire
qu’il préfente le même phénomène dans plufieurs
autres circonftances ? Le muriate de cuivre, traité
avec un peu de potaflfe , donne.un précipité vert