
De nouvelles analyfes font croire aux profef-
feurs du Muféum d’hiifoire naturelle , que le co-
rinaon fpathique ou fpath adamantin ne contient
point de filice. A cet égard , il paroît fe rapprocher
finguliérement des téléfies de M. Haüy ( fa-
phir, rubis , topaze, émeraude d'Orient), qui ne
contiennent que de. l'alumine. .On vient auffi. de
découvrir que l'émeri eft un corindon mêlé; de ;
fer: fi tout cela eft.confirmé par les nouvelles recherches
auxquelles nous nous livrons en ce moment
, le corindon fera un genre de pierres dures,
alumineufes , qui contiendra , comme efpèces , le
fpath adamantin., le faphir orientai, le rubis
oriental,. la topaze orientale. > .l'émeraude orientale
& l’émeri. ( Proye^ ces mots, )
CORNALINE. La cornaline eft une pierre:
dure , fcintillante filiceufe,. d'un beau rouge 3 ■
demi-trànfparente, recevant un magnifiqué poli.,
regardée autrefois comme pierre précieufe du fe- .
cond ordre, rangée par quelques naturalistes parmi
les filex, par d'autres parmi les agates 3 & que
M. Haüy défigne , dans fa Minéralogie;, fous le i
nom de quarte-agate cornaline. La nature chimique !
de cette pierre , qui n’eft employéè que pour faire j
des bijoux, la préfénte comme de la .filice légé-.;
rement alumineufe & ferrugineuse.
CORNE. Ce qu'on nomme particuliérement
corne dans les arts appartient à une fubftânce dif- :
férente des os & de la corne ou du bois de cerf.
Ce font des lames plus ou moins épaiffes, demi-
tranfparentes, provenantes des cornes creufes &
coniques du boeuf. Les fabots d'un grand nombre
de mammifères, les cornes des antilopes ou gazelles,
des chèvres, des moutons, lés ongles des;
fiffipèdes ou des digités, les dards du porc-épic
& du hériffon, les fanons de la baleine, & même
les poils, furtout ceux qui font r.oides & durs,
comme les crins ou les foies , font tous du même
tiffu & de la même nature chimique que la corne.
Ce que j ’ai déjà dit de la matière corhée en 'général
(voyee t-e mot C ornée ) , doit être appliqué
à ce qui concerne la cor,ne proprement dite il
je n'ajouterai ici qu'un, mot pour ce qui rëgarde
cette dernière en particulier.
La corne de boeuf, réunifiant toutes les propriétés
du tifiu corné, & étant compofée de gélatine
colorée unie à un peu de phofphatede chaux,
eft fufcéptible de fe fondre à un feu doux, de
donner beaucoup "d'eau, d’ammoniaque & d'huile
à l'analyfe , de fe bourfoufiler & de laiffer un
charbon volumineux, d'exhaler une odeur forte
& fétide quand on la brûle, de fe fondre en
grande partie dans l'eau, de fe difioudre dans les
acides, de fournir de l'acide pruflique quand on
la chauffe fortement avec des alcalis fixes. Ces
propriétés très-bien cara&érifées font connoître,
avec clarté, les divers ufages que l'on fait de la
corne. On la ramollit, en l'étend, on la tourne,
on la plie, on la roule, on la fonde par fes bords, '
on lui fait prendre des empreintes : on la fond /
après l'avoir réduite en poudre, pour en fabriquer
des vafes qui prennent la forme des moules
où on l’a introduite $ elle fert à la préparation des
colles-fortes, à l'extraètion de plufieurs produits
pharmaceutiques} elle eft employée à la fabrication
du bleu de Pruffe, &c.
CORNEE ( Subftauce ). Je nomme matière ou
fubft'ance cornée, tiflu corné en général, un com-
pofé animal, d'une demi - folidité, flexible , plus
ou moins tranfparent, qui conftitue les poils, les
cheveux, la laine, les foies des animaux, les ongles
, les cornes,les fabots, les griffes, les écailles
des tortues, des poiffons, la foie elle-même, &c.
Ce tiffu n'eft autre ;chofe qu’une matière géla-
tineufe, en partie folùble dans l'eau bouillante,
fufible, exhalant une odeur & line fumée fétides
quand on le brûle, donnant beaucoup d'huile &
de carbonate d'ammoniaque à la diftillatioo, biffant
beaucoup de phofphate de chaux dans fou
charbon incinéré..
Ce tiffu varie dans les diverfes matières animâtes
qui lui appartiennent par la proportion de
gélatine & de phofphate de chaux qu’il contient,
& qui peut varier plus ou moins dans chacune de
ces matières. (Voye^, pour les détails y les mots
CHevéüx, Cornes,, Ongles , Poils, Laine,
Ecaille, Soie.)
CORNEENNE. On a fait une application très-
vague de ce nom à plufieurs pierres qui diffèrent
fenfiblement les unes des autres par leurs carac-
i -tères., telles que le fehifte argileux , l’amphibole
fehifteux, &c. Les minéralogiftes qui ont cherché
à précifer l’idée que Fon doit fe former de la
coméenne, appellent ainfi une pierre d'une couleur
ordinairement noirâtre , dont la caffure eft-en
général terne & terreufe, & qui, étant hume&ée
par la vapeur de l’haleine , répand une odeur
argileuse. Elle fe broie & fe caffe difficilement-,
& femble fe plier fous le marteau. Elle eft affez
fouvent attirable à l’aimant 5 au, chalumeau / elle
fe fond en verre noir. On la regarde comme comp
ose principalement d'amphibole & d'argile ferrugineufe.
Suivant Dolomieu, elle fert de bafe à
diverfes roches compofées, & en particulier aux
roches amygdaioïdes , connues fous les noms de
variolites du Drac & de la Durance.
Le trapp des Français peut être confidéré comme
une variété de la coméenne, dont il ne diffère qu'en
ce qu'il eft plus pefant & plus dur, & en ce qu'il
fe caffe plus net. ( Voye^ Trapp.)
La pierre de Lydie des Allemands ( Udifcher-
fiein) fe rapporre à la coméenne. Les orfèvres fe
fervent de .cette variété , fous le nom de pierre de
touche, pour effayer les métaux précieux ; mais ils
emploient auffi à cet ufage d’autres pierres, & en
particulier certains bafaltes.
Il ne faut pas confondre la coméenne des Français
avec le hornfiein ou la pierre de corne des
Allemands. Celle-ci n'eft autre choie qu'une va- |
riété de quartz, dont la couleur e t grffe Sc la ,
caflure écailleufe. Plufieurs mineralogiftes allemands
lui ont affocié une roche primitive que j
Walle ri us rangeoit parmi les pétrofilex. Mais ,
M. Werner la fépare aujourd hui du hornjtein
pour la placer, fous le nom de fcld-fmth.com-
pade, parmi les variétés de ce minéral 3 auquel elle
paroît effeélivement appartenir.
CORNUE. C'eft un vaiffeau qui a été ainfi
nommé 3 parce qu'il a quelque reffemblance avec
certaines cornes. Il faut avouer que cette refiem-
blance entre les cornues & les cornes eft bien
imparfaite ; il paroît que cette comparaifon a pris
.fon origine dans l'efprit des alchimiftes 3 qui trou-
voient entre certains corps des analogies de forme,
de nature , &c.
On diftingue dans une cornue trois parties, la
panfe ou le corps, la voûte & le col qui fe termine
en une pointe plus ou moins fine, appelée bec.
Comme il y a des circonftances où , par des
mélanges, il fe développe fubitement des fluides
élaftiques qu'il eft fouvent effentiel de recueillir,
on a pratiqué fur la voûte de la cornue une ouverture
,.par laquelle on fait les mélanges après que le
bec de la cornue a été adapté à un vaiffeau convenable
pour retenir ces fluides i elles s'appellent, à
caufe de cela, cornues tubulées.
On a tiré un grand parti, dans ces derniers tems,
de cette ouverture pour la diftillation des acides
& de plufieurs autres fubftances, en y inférant un
tube courbé en S. Cette difpofition permet:, lors
même que l'appareil eft monté & Juté, d'introduire
dans la cornue les liquides qui doivent agir
fur des corps fojides, ou d'autres liquides qu'on
y a mis d’avance , fans que les gaz ni les vapeurs
puiffent fe perdre.
Les cornues font faites avec diverfes matières :
on en fabrique en verre, en terre & en métal.
Celles de verre fervent dans le plus grand nombre
d'opérations , à caufe de leur tranfparence , qui
permet dé voir ce qui fe paffe entre les matières
qui y font contenues, 8c à caufe de leur prix modique,
qui les met à la portée de tout le monde.
Si à ces qualités elles réuniffoient celles d'etre
infufibles, ce feroient des inftrumens très-précieux
j mais malheureufement elles fondent à un
degré de chaleur peu élevé : cet inconvénient les
exclut de toute opération où. l'on eft obligé d'employer
une chaleur un peu confidérable. C'eft
principalement au plomb & aux alcalis que les
ouvriers emploient en trop grande quantité, que
ces vaiffeaux doivent leur fufibilité fi facile. Les
cornues de verre vert, qui en contiennent beaucoup
moins, réfiftent infiniment plus à l'aèlion du
feu, & font conféquemment préférables dans plufieurs
cas.
On eft donc fouvent forcé de remplacer les
cornues de verre par des cornues de terre j celles-ci,
lorfqu*elles ont été faites avec foin , peuvent fup-
porter une chaleur très-forte fans éprouver aucune
altération > mais elles ont l’ inconvénient de caffer
fi on n’adminiftre pas la chaleur avec précaution
au commencement de l’opération. Leur épaiffeur,
quelquefois confidérable, fait que fouvent la fur-
face extérieure eft rouge, que l’intérieure eft à
peine chaude-, & ce contrafte les fait brifer. On
doit apporter le meme foin dans 1 adminiftration
de la chaleur lorfque les cornues de grès contiennent
des fubftances humides, & furtout de 1 eau,
parce que l’abforption du calorique fe faifant rapidement,
il y a une telle différence entre la température
des deux furfaces, qu’elle occafionne indubitablement
la fra&ure de la cornue. Le meme
accident peut auffi arriver par le développement
fubit d’un gaz ou d’une vapeur qui ne trouve pas
d'iflue fuffifante pour s'échapper, & alors il fe
fait une explofion. .
Les cornues de grès, pour être bonnes, doivent
être faites avec de l'argile bien divifée & bien
liante, à laquelle on ajoute une certaine quantité
de cette même argile cuite à l’état de ciment j
mais c'eft furtout dans le degré de divifion du
ciment que confifte la perfc&ion de 1 ouvrage : il
faut quelle ne foit ni trop petite ni trop grande3
c'eft le terme moyen qu'il faut fai fi r. Le petriffage
i & la compreffion ajoutent beaucoup aux qualités
de la pâte: la cuiffon n’eft pas moins importante
pour la bonté de ces vaiffeaux j elle a befoin d eue
portée à un degré affez élevé, infuffifant cependant
pour déterminer la vitrification.
Lorfque la filice & l’alumine font naturellement
réunies dans une proportion à peu près égale ,
elles forment une pâte qui n’éprouve au feu qu'un
degré de cohéfion médiocre, & qui à caufe de
cela rend la poterie moins fragile.
La divifion de la matière & fa compreffion font
néceffaires pour éviter l'es chambres & les ouvertures
trop communes aux cornues de grès. Ce
défaut fe rencontre fi fouvent dans cette poterie,
que fur dix pièces il y en a quelquefois trois ou
quatre de mauvaifes ; c'eft pourquoi il eft bon,
lorfqu’on en achète, d'éprouver fi elles retiennent
l'air fubitement comprimé par l'effort des
poumonsrCette manière d'effayer les cornues eft
à la vérité bien imparfaite, car lorfque les ouvertures
font petites, l’air comprimé peut s'échapper
fans qu'on s'en apperçoive : le feul moyen qui foit
immanquable, fi les marchands vouloient le permettre
, c'eft de les plonger dans l'eau, & de
fouffler dans l'intérieur avec force ; de cette manière,
quelque petites que fuffent les ouvertures,
on verroit l’air bouillonner à travers l'eau j mais
les marchands s'oppofent à cette épreuve, parce
qu'ils feroient obligés de mettre au rebut une
grande quantité de ces vaiffeaux.
Les meilleures cornues de terre font celles qui
font faites avec de la terre à porcelaine dure 5
elles peuvent foutenir le degré de feu le plus