
de muriate au minimum d’acide ; fi cet alcali prédomine
, on obtient l’oxide bleu que M. Prouft ,
nomme hidraïe de cuivre. Ce métal , traité par
l’acide nitro-muriatique , fournit fpontatiément,
en poudre verte, un muriate au minimum d’acide, ;
qui contient, fuivant ce chimifie, foixante-dix-neùf
parties d’oxide noir, douze & demie d’acide mu- i
riatique, & huit & demie d’eaü. A cette occafion
il donne l’ analyfe de deux muriates de cuivre natifs,
l’un du Chili & l’autre du Pérou : le premier contient
, oxide noir, foixante-feize ; acide, dix ; eau,
douzej le fécond foixante-dix d’oxide, onze
d’acide & dix-huit d’eau : ils fe comportent au
feu & par la potaffe , en différente quantité ,
comme le muriate de cuivre artificiel.
71. L'acide muriatique oxigéné oxide le cuivre,
le difiout fans effarvefcence, & forme un fel vert
femblable au précédent. On ne connoît pas de
combinaifon entre l ’acide muriatique oxigéné &
l’oxide de cuivre ou de muriate furoxigéné de cuivre;
on remarque, au contraire, qu’en diftdïant
de l’acide muriatique ordinaire fur de l ’oxide de
cuivre vert, il fe dégage, par l’aétion du feu, de
l ’acide muriatique oxigéné, comme je l’ai fait ob-
Crver dans 1 hiftoire du fable cuivreux du Pérou,
qui, par la diftillation & à mefure que l’aci-ie muriatique
oxigéné s’en dégage, îaiflè un oxide de
cnvre brun ou très-rapproché de l'état métallique.
Cette obfervation a été confirmée depuis
par M. Prouft.
72. L’acide phofphorique n’eff point décom-
pofé par le cuivre ,* mais lorfqu’il féiourne quelque
tems fur ce métal, il en favorife l’oxidation par
l’eau ou par l’air, & il fe forme ainfi un phofphate
de cuivre peu diffoluble. On obtient fur le champ
ce fel en verfant dans la plupart des Tels préce*
dens des diffolutions de phofphates alcalins. Il
fe fait alors une double décompofition j l'acide
phofphorique fe porte fur l’oxide de cuivre\ avec
lequel il conftitue un précipité de phofphate cuivreux
verdâtre-préfqu’ îndiflbluble. On n’a point
encore examiné les propriétés de ce fel : on fait
feulement que, chauffé avec du charbon dans un
creufet, il donne du phofphure de cuivre gris
brillant, & q 1e c’eft cette combinaifon qu’on
trouve fouvent en grenailles dans le réfidu de la
diftillation du phofphore quand on l’a faite avec
de l acide phofphorique évaporé dans des vaif-
feaux de ce métal, comme je l’ai,déjà annoncé
plus haut. On ne connoît pas non plus le phof-
phite de cuivre.
73. L’acide fluorique oxide facilement & dtf-
fout le cuivre ; fon oxidation a lreu ici comme par
l’acide muriatique, à l’aide de l ’eau qui fe aé-
compofe & qui lui cède fon oxigène.On n’a point
encore examiné les propriétés de cette combinaifon.
Il en eft de même de celle que l’oxide de
cuivre peut former avec l’acide boracique : on obtient
plus particuliérement cette dernière en ver-
faitc des dilfolutions de borate« dans ceîlès de
cuivre par la plupart des acides précédens. Il fe
fait un précipité verdâtre, extrêmement peu dif-
fclable, que tous les acides décompolent, &c
auquel ils enlèvent l’oxide de cuivre.
74. L’acide carbonique n’a point d’aétion fur
le cuivre, ni dans fon état de gaz, ni dans fon ét..t
liquide. Cependant il efi abforbé promptemtnc
par les oxides bleu ou vert de ce métal ; & c’eft
ce qui arrive dans l ’oxidation naturelle du cuivre,
dans la formation du vert-de-gris, qui n’eft que
du carbonate de cuivre ; dans celle du vert de
montagne, du cuivre foyeux, de la malachite , qui
font le même fel en différens états de rapprochement,
de denfité, de criftallifation. On voit suffi
avec quelle rapidité cette même union a lieu dans
la précipitation des différens fels de cuivre par les
carbonates alcalins , & combien d’acide carbonique
àbforbe l’oxide de' cuivre , puifque quand il fe
précipite il ne fe fait pas d’etferveicence. L’analyfe
des carbonates de cuivre natifs prouve qu’ ils
contiennent plus d’âcide carbonique que la plupart
des autres fels métalliques formés par le
même acide. M. Proüft a trouvé que cent parties
de cuivre 3 diffoutes dans un acide , donnaient par
le carbonate de potaffe ou de foude cent quatre-
vingts parties de carbonate dé cuivre v e rt, qui
contenoient cent de cuivre, vingt-cinq d’oxigène,
quarante-cinq d’acide carbonique, & dix d’eau.
Pour préparer ce RT d’une couleur brillante &
homogène, il faut le précipiter avec l’eau bouillante,
placer le vafe au foleil, &: le laver avec
beaucoup de foin. Le carbonate de cuivre natif eft
formé des mêmes' proportions que le carbonate
artificiel.
7 j. Les acides métalliques ont uns aétion plus
ou moins marquée fur le cuivre. Schéele a décrit
celle de l’acide arfenique d’une manière affez
exaéte. Eh faifant digérer cet acide avec de l’eau
fur du cuivre y il fê fait une diffolution verte ; il
s’y précipite une poudre d'un blanc-bleuâtre, formée
d’ acide arfenique & d’oxide de cuivre Une
partie de limaille de cuivre, chauffée dans une cornue
avec deux parties d’acide arfenique fec, fe
fondent facilement ; il fe fublime de l’acide arfe-
nieux au col de ce vaiffeau; il refte une maffe fondue
, bleue, foluble dans l ’eau , qui en précipite
une poudre blanche. Lès arfeniates alcalins précipitent
en bleu toutes les autres diffolutions de
' cuivre. Cet arfeniate de cuivre fe fond dans un
I creufet, à un grand feu, en une fcorie brune qui,
I chauffée avec du charbon, donne de l’arfenic fu-
blimé & du cuivre pur. L’arfenite de potafife, que
| Macquer nommoit foie d>arfenici verlé dans une
diffolution de fülfate de cuivre, forme un précipité
d’un vert très-riche, que Schéele a propofé
| pour la peinture, parce qu’il ne change point à
f rair : on le nomme vert de Schéele. C ’eft un véri-
( table arfeniie de cuivre. Voici les dofes & le pro-
I cédé que le chimifte fuédois a recommandés pour
\ cette préparation utile : une livre & demie de fuifate
de cuivre, diffous à chaud dans feize pintes
d'eau ; verfer peu à peu. cette diffolution chaude
dans une autre diffolution également chaude d'une
livre 8t demie de potaffe & de dix onces d'acide
arfenieux dans cinq pintes d'eau; agiter le mélange,
le laiffer repofer quelques heures, décanter
U liqueur claire de deflus le précipité; vert
qu'elle a formé, laver bien le précipité indiffo-
luble avec de l'eau chaude, le fécher enfuite à une
douce chaleur & le conferyer pour l'ufage : on en
a, par les dofes indiquées, près d'une livre deux
onces. Il faut jeter les eaux décantées de certe
opération loin des, lieux où vivent les animaux,
parce'qu’elles contiennent de l’arfenic en diffo-
lution, . . . .
7g. L’acide tunftique ne fe combine au cuivre
que quand il eft oxidé ; il précipitede fulfate de
cuivre en blanc : on ne connoît pas la combinaifon
de l'acide molybdique. M. Vauquelin, dans fa découverte
du chrome & de l’acide chrômique , a
trouvé qu’il précipitoit le nitrate de cuivre en
rouge-marron, couleur du chrômate de ce.métal.
7 7 . H n’y a d’autre aétion & d’autre union entre
les terres & 1 e cuivre . que celle qu’on obtient
par la fufion virreufe ; il fe forme un verre le plus
fouvent de couleur verte brillante; quelquefois il
eft d’un rouge-marron ou brun plus ou moins brillant
: cela dépend uniquement de l’ état de l’oxide
que l’on prend pour cette vitrification. C ’eft pref-
que toujours pour obtenir différentes nuances de
vert, qu’on l’emploie dans,, les manufactures de
porcelaine, de faïence , de diverfes poteiies, de
verres de couleur.
78. Les alcalis fixes, diffous dans l’eau 8c mis
en digeftion avec la limaille de cuivre, puis laiffés
refroidir fur ce métal, favorifent fon oxidation :
ils fe teignent légèrement en bleu, 8c le cuivre
prend lui-même cette couleur j mais il ne s’en dif-
foutque très-peu, 8c à peine peut-on en trouver
la trace dans les liqueurs furnageantes; elles laif-
fent d’ ailleurs dépofer promptement la petite portion
d’oxide de cuiv. c qu’elles tiennent en diffolution.
On remarque dans ces opérations, que le
contaél de l’air contribue pour beaucoup à l ’oxi-
dation du métal ; elle eft très-foible, & à peine
a-t-elle lieu dans des vaiffeaux fermés.
79. L’ammoniaque eft, de toutes les matières
alcalines, celle qui préfente l’aétion la plus marquée
fur le cuivre. Tous les chimiftes ont remarqué
8c décrit depuis long-tems cette action. Mife
en digeftion avec la limaille de ce métal, l’ammoniaque
liquide fe colore, à l’aide du contaél de
l’air, en un bleu brillant de la plus belle nuance.
Elle ne diffout cependant qu’une très-petite quantité
d’oxide cuivreux. J’ai obfetvé les phénomènes
de cette oxidation-Sc de cette diffolution pendant
un an. Ayant mis dans un pétit flacon de
l’ammoniaque liquide fur de la limaille de cuivre^
& ayant fouvent débouché le vafe poürdonnerde
tems en tems à la liqueur le .contact de il’air > j’ai
vu qu’au bout de quelques mois, Sr après que la
liqueur eut pris une couleur bleue brillante à plu-
fienrs reprifes fuccefiives, la furface du métal
étoit recouverte d’un oxide bleu ; les parois du
vafe étoient enduites d’un oxide de cuivre bleu-
pâle , & fa partie inférieure, où étoit encore la
plus grande partie du cuivre en limaille , offroit,
fous la cou he bleue légère qui le couvroit, une
poudre brune-claire, dont la furface étoit jaunâtre
: en forte que le métal paroilïoit être,. ou dans
deux états d’oxidation, ou un oxide combiné Sc
altéré de deux manières différentes. J’ai reconnu
que fi la liqueur fe décoloroic dans le flacon fermé,
ce qui ne va cependant jamais jul'qu’à la rendre
blanche & fans couleur, cela étoit dû à la
précipitation d’une partie de l’oxide de cuivre ; Sc
que fi elle reprenoit une teinte plus foncée à l’air,
c’eft parce qu’elle en abforboit une portion d’oxigène
: le cuivre devenoit diffoluble dans l’ammoniaque,
& prenoit, par cette diffolution, la belle
couleur bleue qui le cara&érifé, Sans l’alternative
de donner & de refufer le contaél de l’air à cette
liqueur, & quand, en la prenant dans un état donné
de coloration, on l’enferme"dans un vafe qu’elle
remplit complètement, elle ne perd rien de fa
nuance, & fe conferve abfolüment dans le même
état où on l ’a prife. C’eft ce qui eft arrivé da^s
l’expérience où M. Wafferberg a mis cette diilo-
lution bleue-claire dans un tube fouffié en boule ,
qu’il en a entièrement rempli & qu’il a bouché à
la lampe ; en neuf mois de tems cette liqueur nJa
éprouvé aucun changement de couleur : on en
voit la raifon d’après ce que j’ai expcfé.
80. En évaporant lentement la diffolution ammoniacale
de cuivre, la plus grande partie de l’ammoniaque
fe fépare fous la forme de gaz ; une
petite partie feulement refte fixée avec l’oxide de
cuivre 3 & plufieurs chimiftes difent qu’elle peut
fournir des criftaux tranfparens d’un beau bleu ,
fembîables à l’azur natif de cuivre ; mais il y a une
grande différence entre ces deux corps ; & quelques
chimiftes modernes affurent que la diffolution
ammoniacale du cuivre pur ne criftallife ja*
mais, que l'on a confondu les mélanges de fels
acides cuivreux précipités & rediffous par l’ammoniaque
, qui fourniffent réellement des criftaux
de fels triples. Et en effet, cette diffolution pure,
expofée à l’a ir, fe deffèche, & devient d’un vert
plus ou moins brillant à mefure que l’ammoniaque
diffipée Iaiffe l’oxide ifolé , qui abforbe peu à peu
l’acide carbonique atmofphérique. Cette même, diffolution
cuivreufe ammoniacale , la plus chargée
qu 'il eft poffible, ne Iaiffe que quelques veftiges d’un
précipi té ''gris-ble u Etre pat les acides; & ceux-ci,
pour peu qu’ils foient excédens , font difparoître
toute la belle couleur bleue, & lui en donnent
une verte très-pâ!e.
81. L’oxide de cuivre vert, mis en contaél avec
de l'ammoniaque, paffe fur le champ au bleu.
Cette aélion, qu’on a cru être un commencement