
celle-ci fe détermine par l'angle qu’elle fait avec
le fil â plomb (ou par fon complément), & pour la
ligne de direction on prend l'angle qu'elle fait
avec 1 aiguille de la boulTole. Ces deux déterminations
font ce qu'on nomme prendre la direction
& 1 inclinaison d’un filon. En indiquant la première
, on dit fi elle eft vers l'eft ou vers l’oüeft j
& en defignant le nombre de degrés de la fécondé,
on ajoute quel eft le point de l'horizon vers lequel
le filon incline. ( V^oye^ le détail des manipulations
dans la Géométrie fouterraine de M. Duhamel.)
Les filons préfentant diverfes finuofités & inflexions
, la ligne de direction eft finueufe j ainfi
il faut bien distinguer la direction générale de cette
ligne^ de la direction partielle de fes diverfes parties.
On ne confidère que la direction générale , à peu
près comme lorfqu’on dit qu'une route a une certaine
direction , on fait abftraCtion des inflexions
P“ut prefenter. Quelquefois un filon3 après
s'être dirigé vers un certain point de l’horizon ,
fléchit un peu, & fe dirige vers un autre point :
dans ce cas, on prend féparément la dire dion de
ces deux parties. Ce que nous venons de dire relativement
a la diredion des filons, s'applique également
à leur inclinaifon.
Subfiance & ftruclure des filons. La fubflance qui
compofe le corps du filon eft ordinairement différente
de celle de la roche qui l’entoure : cependant
on voit a fiez fouvent des filons de granité, de
gneis, de fchifte, &c. dans des montagnes de même
nature j mais, encore dans ce cas, la fubftance du
filon diffère prefque toujours de celle de la roche,
dans la texture, dans le grain, dans le degré de
pureté, &c. _
Les minéraux qui forment le plus ordinairement
la maffe des filons , font le quarti j Ie carbonate de
chaux (Eparh calcaire), la barite fulfatée ( fpath pe-
fant ), la chaux fluatée ( fpath fluor ), &rc. Ces fubftances
pierre ufes contiennent fouvent des minerais
métallifères, auxquels elles fervent de gangue.
(Voyei ce mot- ) La plupart des filons renferment -
en outre des fragmens de la roche adjacente, lef-
q'uels ont été évidemment détachés des parois des
fentes (-qu'occupent les filons ) , du tems quelles
etoient vides ou remplies de matière non encore
confolidée. On voit en outre pMieurs filons qui
contiennent, en plus ou moins grande quantité,,
une efpèce de terre ou de limon gras, prenant
quelquefois la texture fchifteufe : les mineurs allemands
le nomment letten, & donnent le nom
de filons pourris à ceux qui en font principalement
cornpofés.
Le minerai fe trouve, tantôt en maffes, rognons,
«engrains plus ou moins gros, difféminés dans fe
gangue j tantôt en petites veines & ramifications
qui courent dans la mafle Au filon; tantôt par
bandes ou couches alternant avec des couches de
gangue : très-rarement trouve-t-on des parties
de filon entièrement compofées de minerai dans
toute leur puiffance & dans une étendue confiderable.
Le minerai n'eft pas uniformément répandu
dans tout le filon : le plus fouvent il fe
trouve comme accumulé dans certaines parties,
& , pour arriver de l'une à l'autre, il faut traverfer
des efpaces entièrement ftériles & d'une longueur
quelquefois confidérable.
Dans les endroits où les filons font cornpofés
de plusieurs fubftances différentes ( gangues &
minerais) , & où en même tems la difpoficion de
ces fubftances indique que la formation n’a pas
été troublée, la ftruCiure préfente une régularité
vraiment remarquable. Les différentes fubftances
font difpofées , les unes fur les autres, par couches
parallèles aux falbandes ; &■ ce qui eft le plus
digne d attention, c'eft que les couches de même
nature fe répètent dans le même ordre, à partir
de chaque falbande, & allant .vers le centre j en
forte que le fiIon préfente deux moitiés fymmé-
triques, à peu près comme le feroit la coupe verticale
d un vafe alongé, dans lequel une diffolu-
tion auroit fuccefîivement dépofé, fur les parois,
des couches criftallines de différente nature. Lorsque
les couches qui compofent un filon font formées
d un affemblage de criftaux, ainfi que le
font fouvent les couches de quartz, d'amétifte, & c .
la pointe des criftaux eft tournée vers l’intérieur
du filon; ce qui indique que l’accroiffement s'eft
fait fucceflivement à partir des falbandes.
Les fentes n ont pas toujours été entièrement
remplies, & dans leur milieu on trouve encore
des cavités vides, dont les parois font fouvent
tapiffés de criftaux : ces cavités prennent alors le
nom de drufes, elles fe trouvent ordinairement dans
les endroits ou les filons font les plus larges.
Des filons , par rapport a la roche. Les filons
avons-nous dit, coupent les couches des roches
dans lefquels ils fe trouvent : il faut cependant
faire ici une exception ; c'eft lorfqu'une fente fe
fera faite dans le fens même des couches, & que,
remplie de matière minérale r elle fera devenue un
vrai filon. Les couches de la roche fe correfpon-
dent ordinairement, de la manière la pins exaCte
de part & d'autre du filon qui lés a coupées. Cette
correfpondance fe remarque furtout lorfque la roche
contient des bancs de matières fenfiblement differentes:
tel feroit, par exemple, un banc de quartz
entre deux bancs de gneis. Quelquefois cependant
on trouve, fur un des côtés du filon, toutes
couches plus baffes qfie les correfpondantes de
1 autre coté ; ce qui provient de ce qu'une des
deux parties du terrain coupé par le filon aura
éprouvé un affaiffement lors de la formation de la
fente ou même poftérieurement. Les failles des
houillères, qui ne font d'ailleurs autre chofe que
des filons 3 préfentent fouvent ce même fait de la
manière la plus évidente.
. Ife maffe des filons eft ordinairement très-dif-
tinde de celle de la roche : les falbandes font bien
marquées, elles indiquent les limites : quelquefois
même elles font accompagnées, avons-nous déjà
dit, d’une lifière terreufe, interpofée entr'elles
& Jes épontes : cependant il arrive que certains
filons (ou certaines parties d'un filon ) font très-intimement
unies à la roche, au point qu’il eft fouvent
très-difficile de pouvoir tracer une ligne de
démarcation entre les deux maffes. Werner a remarqué
que cette dernière circonftance avoir principalement
lieu dans les filons dont la formation
eft prefque contemporaine de celle du fol dans
lequel on les trouve.
La partie de la roche qui avoifine un filon eft
quelquefois altérée : fon tiffu eft relâché, ou
même elle eft en partie décompoféê. On remarque
fu-rtout ce phénomène dans les lieux où elle contient
beaucoup de feldfpath, & le filon beaucoup
de pyrites. Ailleurs, on trouve cette roche imprégnée,
jufqu a un, deux, &c., décimètres au-
delà des falbandes, de parcelles du minerai que
lâ filon contient. Ces effets font dus à la diffolu-
ti on qui a fourni la matière du filon , & qui à
plus ou moins pénétré dans les parois de la capacité
où elle étoit contenue.
Les obfervations ont prouvé qu’il n'y avoit
aucun rapport entre la nature.de filons & celle de
la roche environnante. La même efpèce de roche
contient indiftinCtement toutes fortes de filons,
& les filons de même nature fe retrouvent dans
des roches de très-différente efpèce. On a ob-
fervé que les filons font en général plus communs
dans les montagnes de gneis, de fchifte
micacé & argileux, que dans les autres; que les
roches les plus régulièrement ftratifiées paroiffent
plus propres à la formation de cetre efpèce de
gîtes de minerai. Quant à la direction des filons,
par rapport au phyfique du terrain , Werner a remarqué
que, dans les contrées où l’on voyoit un
grand nombre de filons, la majorité affeCtoit un
certain parallélifme avec la direction de la montagne,
ou, ce qui eft la même chofe, avec celle
de la vallée principale la plus voifine : c'eft ainfi
que, dans les environs de Freyberg, la majeure,
partie des filons eft dirigée du nord au fuel, &
c’eft auffi la diredion de la vallée de la Mulda.
Le filon dé plomb de Lacroix, dans les Vofges,
eft dans le même cas.
Rapport des filons entreux. Lorfque deux filons
fe rencontrent & fe croifent, il y en a un qui,
fans éprouver aucune interruption, paffe à travers
l'autre & le coupe. Le filon coupé exiftoit antérieurement,
& a été traverfé par la fente qui a
donné naiffance au fécond. Le filon traverfant eft
donc le plus nouveau, & l'autre le plus ancien.
En partant de ce principe, & en combinant fes
obfervations fur les divers filons de la, contrée dé
Freyberg, Werner eft parvenu , de la manière la
plus ingénieufe, à déterminer l'âge relatif de chacun
d’eux.
Il arrive très-fouvent que lorfqu'un filon en tra-
verfe un autre, il le’ dérange & le jette hors de fa
direction, c’eft-à-dire, que les deux-parties-du
filon coupé, au lieu de refter en ligne droite,
font portées ( vraifemblablement par l'affaiffe-
ment ou écartement d’une des deux parties du
terrain féparé par la nouvelle fente ) fur deux
lignes droites parallèles, & plus ou moins éloignées
l'une de l’autre. Les obfervations fur le
dérangement des filons font du plus grand intérêt
dans la pratique des mines : ce font elles qui
indiquent la manière dont on doit fe conduire
pour retrouver un filon perdu lors de la rencontre
d'un autre filon, ou même d'une fimple.fiffure.
Si le filon coupé a été fimplement jeté hors de fa
direction, d'après ce que nous venons de dire, on
voit que, lorfqu'en le fuivant on fera arrivé au filon
traverfant, & qu'au-delà il ne fe trouvera plus fur le
prolongement de la branche qu’on a fuivie, il faudra
fuivre le filon traverfant, &• à quelque diftance
on retrouvera la continuation du filon perdu. L'expérience
a appris qu'il falloit dans ce cas fe diriger
du côté de l’angle obtus, formé à linterfec-
tion des deux filons; mais encore ici la plus grande
partie des obfervations font -locales. C ’eft en
voyant comment un même filon ou des filons de
même nature, dans la même contrée, ont été dérangés
par les diverfes efpèces de veines ou fif-
fures qui les traverfent, que l ’on peut, par induction
, conclure la conduite qu'il faut tenir lorsqu'on
viendra à reperdre ce -même filon ou des filons
de même nature
Quelquefois une fente, en fe formant, aboutit
à un filon*, fe propage quelque tems dans fa maiTe ;
elle en fuit la direction jufqu'à une certaine diftance
, pour reprendre enfuite celle qu’elle avoit
d'abord. Cette fente , en fe rempliffant de matières
minérales, forme un fécond filon qui fe traîne avec
le premier dans un certain efpace.
Lorfqu'il fe fait une grande fente dans un terrain
, il s'en produit ordinairement de plus petites,
qui aboutiffent à la principale : de là ces filons ad-
jacens, que l’on a improprement nommés branches
& ramifications.
Les interfeCtions des filons font fouvent les points
d’une contrée les plus riches en minerai. Ce fait,
qui ne paroît pas être un fimple effet du hafard ,
n’a pas encore été expliqué d’une manière entièrement
fatisfaifante. Il en eft de même de deux phénomènes
encore plus finguliersj fa voir : i°. qu’un
filon qui étoit riche en minerai, devient quelquefois
pauvre après avoir été coupé ou joint par
un autre filon , veine ou fiffure ; ?.°. que toutes
L s veines qui rencontrent un filon fous certaines
directions , l'enrichiffent, & qu’il eft au contraire -
appauvri par la rencontre des veines qui viennent
fous une autre direction. Ces faits ont été fouvent
obfervés par les mineurs ; ils leur fervent de règle
dans^ leur conduite : mais encore ici ces phénomènes
font locaux, & d’un filon on ne doit pas
conclure pour un autre.
On a encore obfervé que, dans un même dîftriCl 1 de mines j les filons d'une même nature affcCtoient
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