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comme les terres & les alcalis , puifqu’ ils le décom-
pofent & en réparent le foufre. Il paroît même que
les plus oxides opèrent dans ce cas, parvune double
attraction, celle de l’oxigène pour l'hydrogène,
& celle du métal moins oxidé pour le foufre- : du
moins cette notion paroît réfulter de l'examen de
quelques préparations métalliques qui avoient d'abord
été regardées comme des hydrofulfurés, & qui
ne font que des oxides fulfurés & hydrofulfurés.
( Voyei H y d r o s u l f u r e d’antimoine. ) Les
hydrofulfurés alcalins & terreux peuvent être regardés
comme des efpèces de compofés falins dans
Ufquels l’hydrogène fulfuré fait fonction d’acide:
on fait d’ailleurs que ce gaz donne à l’eau la propriété
de rougir la teinture de tournefol.
Les hydrofulfurés font des combinaifons trop.ré-
cémment découvertes pour avoir été confacrées à
des ufages bien déterminés jufqu’à préfent*: il paroît
que la médecine pourra en tirer un grand parti.
( Voyc£ les articles qui fuivent. )
Hydrosulfure d’alumine. Il exifte vrai-
femblablement un kydrofdfure £ alumine ou au
moins un fulfure hydrofuifuré ( Kioye% Y article
Sulfures ) dans l’efpèce de compofé (pontané-
ment inflammable à l’air, qu’on nomme pyrophore.
( Voye-{ les articles ALUN, SULFATE D’ALUMINE
& Pyrophore.)
Hydrosulfure d’ammoniaque. En fai faut
pafler du gaz hydrogène fulfuré dans de l’ammoniaque
liquide, ce gaz fe condenfe , l’ammoniaque
s’échauffe: & fe colore en jaune-orangé : il en refaite
un hydrofu'f^re fufceptible de criftallifer, fai-
fant une efferveicence violente avec les acides, &
qui paroît conftituer la bafe de la liqueur fumante
de Boy le, laquelle n’ eft qu’un fulfure d’ammoniaque
hydrofuifuré. ( Vôye^ Liqueur de Boyle. )
Cet hydrofuifuré eft un des corps les plus a (thé-
niques , les plus affoibliffans que l ’on connoiffe : il
produit y fous ce rapport, les effets les plus prompts
& les plus finguliers. La médecine le compte déjà
parmi fes agens les plus héroïques. On l’a employé
avec un fuccès prefqu’étonnant dans le diabète
fucré : quelques gouttes fuffifent pour diminuer
fipguliérement les forces & affoiolir furtout le
mouvement mufculaire. Il paroît être fufceptible.
de tenir en di Ablution quelques oxides métalliques,
furtout celui d’antimoine, & de former une efpèce
d’hydrofuifuré ammoniaco-antimonié.
Hydrosulfure d’ antimoine. On a cru que
les foufres dorés , le kermès minéral, le verre &
le foie d’antimoine , étoient des combinaifons
d’oxides de ce métal avec l’hydrogène fulfuré.
On fondoit cette opinion fur l’obfervation de
Bergman , qui avoir vu ces composés donner du
gaz hydrogène fulfuré lorfqu’on les traitoit par
l ’acide muriatique. Quelques chimiftes prétendent
que ce gai eft formé au moment de l’a&ion
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de cet acide, & que ces préparations ne font que
des voxides d’antirnoine fulfurés. Il paroît cependant
, d’après les dernières- analÿfes faites par
M. Thénard, que le kermès &r le foufre doré contiennent
bien véritablement de l’hydrogène fulfuré
, & font, linon des hydrofulfurés métalliques,
au moins des oxides fulfurés & hydrofulfurés tout
à la fois.fVoye^ les articles Antimoine, KermÈs,
Oxides d’antimoine & Sulfures métalliques.
)
Hydrosulfure de b ar y te . On fait l'hydro-
fulfure de baryte par trois procédés différens ; l’un
confifte à faire fondre dans un creufet, du foufre
& de la baryte qu’on jette enfuite dans l'eau bouillante
: il fe précipite par te refroidiffement, des
criftaux blancs en prifmes hexaèdres ou en octaèdres,
qui font de Y hydrofuifuré de baryte pur, moins
diffoluble que le fulfure hydrofuifuré : celui-ci
reftedans l’eau-mère colorée-
‘ Suivant le fécond procédé, on fait pafler du
gaz hydrogène fulfuré dans une diflolution de
fulfure de baryte. Le gaz agit à la manière d’un
acide, & précipite le foufre : la liqueur fe décolore
, & devient un hydrofuifuré de baryte pur.
Pour exécuter le. troifième procède, on fait
pafler du gaz hydrogène fulfuré dans une diffolu-
tion de baryte, qui le condenfe & l’ablurbe jufqu’à
ce qu’elle en foit faturée. Alors elle criftallife
comme les deux premières, & prèfente les mêmes
propriétés. .
L'hydrofuifuré de baryte eft celui de tous les hy-
drofu fures qui criftallife le mieux : il a une faveur
âpre & forte; il préfente d’ailleurs tous les caractères
des hydrofulfurés. Il n’eft encore employé
à aucun ufage.
Hydrosulfure de chaux. Jë crois avoir
découvert, ou au moins obtenu le premier, ce
compofé en trouvant dans mes regiftres d’expériences
pour 1780 , la note fui vante. Ayant mêlé
de la chaux vive & du foufre avec une pinte d’eau
diftillée dans un matras, & ayant retiré ce vale
du bain de fable où je l’avois entretenu bien chaud
pendant plufieurs heures , je vis fe former par le
refroidiffement, des criftaux aiguillés très-fins &
très-nombreux, qui couvrirent de quelques lignes
le dépôt de chaux éteinte raffemblé au fond du
matras. Ces criftaux réguliers, qui paroiffqient
être des prifmes hexaèdres, devinrent opaques &
comme ë(fleuris après quelques heures d’expofi-
tion à l’air ; ils paflerent au -jaune après plufieurs
femaines. Les acides, en dé gage oient avec effci;-
vefcence une forte od^ur de foie de foufre. N’eft-
ce pas un hépar de chaux criftallife?
C’eft d’après cette note que j’ai donné, dans
mes Élémens de Chimie, publiés en 1782 , au foie
de foufre calcaire la propriété de criftallifer. Les
découvertes faites depuis fur les compofés hydrofulfurés
, prouvent que ces criftaux étoient de
véritable
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véritable hydrofuifuré de chaux dont j’avois dû mé*
connoître la nature en 1780.
On prépare cet hydrofuifuré en fai Tant pafler du
gaz hydrogène fulfuré dans du lait de chaux. L’eau
qui le diflout, tient plus de terre que l'eau de
chaux ordinaire. Il eft très-criftallifable & aflez
diffoluble. Il peut prendre du charbon en diflolution.
Il n’eft encore d’aucun ufage.
Hydrosulfure de magnésie. Il exifte un
hydrofuifuré de magnifie qui eft criitallifable comme
les précédens, tte. qu’on prépare en chauffant du
foufre & de la magnéfîe calcinée avec de l’eau.
Il eft encore peu connu, & n’a point été examiné.
Je l ’ai obtenu plufieurs fois èn petites aiguilles.
Hydrosulfure de potasse. On lé prépare
comme les précédens,- en faifant pafler du gaz
hydrogène fulfuré dans une diflolution de potaffe ;
il criftallife fcrien; il eft fans couleur & fort diffoluble
; il préfente d’ailleurs toutes les autres propriétés
des hydrofulfurés. On ne l’emploie encore
a aucun ufage.
Hydrosulfure de soude. On fait que ce
compofé fe prépare comme le précédent, & qu’il
préfente des propriétés analogues dans fa criftal-
lifation, fa diflolution , fa décompofition. On ne
l’a point encore aflez comparé aux autres hydro-
fulfurés pour en avoir reconnu les caractères.
Hydrosulfure de strontiane. Ce compofé
, préparé comme les autres hydrofulfurés, fe
rapproche de Y hydrofuifuré de baryte. II a cependant
un caraCtère fpécifique très-prononcé qui
l’en diftingue, ainfi que de tous les autres hydro-
fulfurés. Le gaz hydrogène fulfuré que les acides
en dégagent, entraîne avec lui un peu de ftron-
tiane qui, lorfqu’on l’allume, donne à fa flamme
une couleur purpurine très-marquée.
HYDRURES. On a propofé cette dénomination
pour défigner les compofés de gaz hydrogène
& des métaux ou les diffolutions aériformes
de ces corps dans le gaz hydrogène; mais ces diffolutions
font très-bien exprimées par les mots
gaz hydrogène arfénié, zinqy.é , ferré , que j’ai
propofés, & qui ont été adoptés. ( Voye% ces articles.
) Ces mots font d’ ailleurs bien fyftématiques,
& d’accord avec les règles de la nomenclature
méthodique. .
Celui ahydrures ne pourroit convenir, d’après
les règles établies, qu’ à des compofés où l’hydrogène
feroit uni aux métaux à l ’état folide ou
liquide ; & comme on ne connoît point encore
de pareilles combinaifons, il feroit fuperflu d’adopter
un nom pour des êtres dont l ’exiftence eft
encore un problème.
Ce qu’on peut dire de mieux fur cette nouvelle
dénomination, c’eft que la marche & le fyftème
Ch i m i e . Tome I V *.
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de la Nomenclature méthod' que ont un. grand
avantage, puifque non-feuleirent on nomme tout
ce qui exifte, mais encore on peat créer desmoms
pour des compofés poflibles.
HYGROEUDIOMÈTRE. M. A’-ibert, médecin
de l’Ecole de Paris, a propofé fous ce nom un
inftrument deftipé à faire connoître les miafmes
qui circulent dans l’ air, & qui peuvent avoir une
influence fur la production ou les événemens des
maladies. Cet inftrument, qui confifte dans un cône
de verre rempli de glace , & fufpendu fur une
foucoupe, eft fondé fur la diflblubilité des miafmes
dans l’eau, ou fur l’attraétion de l’eau atmof-
phérique & des effluves morbifères. M. Alibert
fuppofe que cette eau , en fe conienfant fur les
parois extérieures du cône refroidi, peut arrêter
& tenir en diflolution des principes, dont un examen
fcrupuleux pourroit reconnaître la préfence,
interroger la nature & déterminer les effets fur
l’économie animale. Mais quoique, dans une matière
aufli importante, & tout à la fois aufli difficile,
on doive accueillir toutes les idées, & ne
rejeter aucune propofition, il eft bien difficile
d’efpérer quelqu’avantage de cet inftrument, puif-
que, quand il feroit vrai que les miafmes putrides,
contagieux, peftilemiels, &c. fuflent diffolubles
dans l’eau , la très-petite quantité de celle qu’on
obtiendroit par l’hygroeudiometre feroit bien loin
de fuffire pour une analyfe auffi févère que celle
que cette matière exigeroit. Au refte, il n’y a que
de l’avantage à tenter ce nouveau mode d’examen
de l ’air dans les faites d’hofpices, &c. & je le recommande
avec M. Alibert aux jeunes médecins
qui doivent connoître l’utilité de toutes les feien-
ces phyfiques pour les progrès de l’art de guérir.
HYGROMÈTRE. C ’eft le nom qu’on donne
en phyfique ; à un inftrument qui fert à mefurer
les divers degrés d’humidité ou de fécherefle de
l’air. Celui de M. de Sauflure eft le meilleur de
tous & le plus ufité. Il eft formé par un cheveu
attaché par fon extrémité fupérieure à un point
fixe, tendu vers le bas par un poids de cuivre,
& roulé fur un cylindre, portant une aiguille fine
alongée qui fe meut- autour d’un cadran. Il détermine
l’humidité extrême par de l’air contenu
quelque tems dans une cloche humeétée , & la
fécherefle extrême par le même air féché par une
tôle recouverte de potaffe.
On doit avoir un hygromètre dans les laboratoires
de chimie, parce qu’il eft néceffaire d’indiquer
l’état hygrométrique de l’atmofphère où
l’on fait telle expérience. Il eft furtout important
dans l’examen des Tels. (Voye^ les articles Appareils
, L a b o r a to ir e , & c.)
HYGROMÉTRIQUE, mot très-fouvent employé
en chimie pour exprimer l’état d’humidité
de l’air & de beaucoup de corps. Un grand nom-
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