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plupart n’aient point été conduits au moins à
admettre la prefence de l’air dans refprit de
nitre , & à chercher fa proportion.
Il eft vrai que cette opération , quoique tentée
dans la vue de raffembler des vapeurs qui fe
perdoient dans le plus grand nombre des autres
procédés chimiques, étoit encore faite cependant
avec trop d’inexaétitude pour pouvoir Fournir
des rélultats un peu exacts. Au moment de
la détonation, une partie des vapeurs fortoit
par l’ouverture même de la cornue : l’extrémité
ouverte de l’appareil en laiffoit perdre encore
une autre , & l’on étoit dans la ferme perfua-
fion que rien ne pouvoit fervir à coërcer la portion
des vapeurs qui a voient la forme élaftique ;
en forte que cette opération ne pouvoit véritablement
fervir qu’à prouver la décompofiûon
de l’acide nitrique , & nullement à prouver fa
compofition.
Quand on faifoit le clyjfus de foufre , on ob-
tencit une eau acide fultureufe ou fulfurique,
& plus ou moins d’acide du nitre non dëcom-
p ofé , fuivant li proportion de nitre ou de foufre
employée. Le réfidu étoit l’efpèce de fulfate de
otaffe , qu’on nommoit fel polychrejie de Glacer.
dacquer obferve que c’eft à cette opération
cju’eft due la première idée de la fabrication de
l'acide fulfurique à la manière anglaife , ainfi
ue le bas prix auquel cette fubftance fi utile
ans les arts a été tout à coup portée. ( Voye£
les mots A cide vitriolique & Soufre. )
Le clyjfus d’antimoine , en fourniflant quelques
produits analogues à ceux du clyjfus de foufre ,
en différoit cependant par i’oxide d’antimoine ,
qui fe fublimoit fous la forme de fleurs.
La nature même des précautions que les plus
habiles chimiftes recommandoient dans l’opération
des clyjfus , étoit très-propre à prouver
combien elle étoit inexacte y incomplète &
remplie d’erreurs. « Il y a , dit Macquer dans
» fon Dictionnaire de chimie , plufieurs précau-
•• tions effentielles à prendre pour faire réuffir
» les. clyjfus 3 8c pour éviter les accidents qui
» peuvent accompagner ces opérations j car la
»» rapidité 8c la violence avec laquelle le nitre
»» détonne dans certaines circonftances , font
»» capables d’occafionner une forte explofion 8c
» la rupture des vaiffeaux. Il eft donc à propos
« de ne faire qu’un mélange groflier des ma-
*» tières inflammables avec le nitre, parce que
*> la détonation de ce fel eft d’autant moins
x prompte & moins forte , que les matières in-
*> flammables qui le font détonner 3 lui font mê-
»» iées plus exactement. En fécond lieu , on fent
» bien que, malgré cette précaution , il eft à
x propos de ne faire détonner à la fois qu’une
» petite quantité du mélange , & d’ attendre que
•» la détonation foit abfolument finie avant d’en
sj ajouter de nouveau j mais une obfervation
* bien importante à faire fur tous les clyjfus,
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j « continue-t-il, c’eft que , de la manière dont on
i ». les a,faits, jufqu’à préfent, on n’a pas obtenu
I »» les produits les plus effentiels à connoître :
» tous ces clyjfus font accompagnés d’une quan-
j as. tité très - cotifidérable de fubftance aérienne
I» gazeufe, qui eft néceffairement perdue dans
J *> les procédés ordinaires. Le feul moyen de
i 33 recueillir ce gaz ou ces- gaz, car il peut y en
{33 avoir de plufieurs efpèces, c’eft de faire l’o-,
j 33 pération des- clyjfus dans dès appareils fem-
33 blables à ceux qu’on emploie pour les expé-
33 rienrces fur les gaz. >3
C ’ét’oit en 1778 , date de la fécondé édition
du Dictionnaire\de Macquer , que ce célèbre
chimifte s’expliquoit ainfi fur les clyjfus, 8c en
J779 s l°rs de mon premier - cours de chimie ,
je me propofai de faire avec un peu plus d’exactitude
cette opération, qui étoit encore une
de .celles dont on étoit Je plus avide dans les
démonftrations de laboratoires. Au lieu d’employer
des ballons à tubulures ou enfilés , j’en
pris trois à trois tubulures -, à la tubulure fupé-
! rieure de chacun d’eux j’adaptai une veflie numide
8c flalque, 8c au dernier, à deux tubulures
] feulement, je joignis un tube de verre recourbé,
plongeant dans un flacon de Woulfe , rempli
d’eau de chaux. A chaque détonation du nitre
avec le charbon, les veilies furent dilatées par
le gaz produit} l’eau de chaux fut troublée , 8c
je fis voir ainfi qu’il fe dégageoit de l’acide carbonique
y qu’on nommoit alors de l’air fixe.
Après l’opération , j’examinai le gaz contenu
dans les veflies, je remarquai qu’il troubloit l'eau
de chaux, qu’ il étoit.en partie abforbé par les
alcalis cauftiques, 8c qu’il contenoit de plus un
fluide analogue à ce que M. Prieftley nommoit
air phlogiftiqué. On fent bien qu’à cette époque
je ne pôuvois pas déterminer d’où proye-
| noit ce dernier , 8c comment étoit produit l’air
i fixe que j’avois obtenu. Ce ne fut que quelques
années après, par les travaux fucceflifs de
j Lavoifier, deBerrhollet 8c de Cavendish, que la
Lthéorie de cette opération devint facile » que
i le gaz azote fut reconnu comme l’un des principes
de l’acide nitrique, & le gaz acide car-
I bonique comme le produit de l’union du car-
; bone avec l’oxigène de l’acide nitrique i que
i l’ammoniaque qu’on trouve fouvent dans le li-
1 quide condenfé au milieu des ballons, fut re-
j connu comme provenant d’une partie d’hydro-
! gène , d’un peu d’eau décompofée & de fix
j parties d’azote, bafe de l’acide du nitre unis
j enfemble.
j C ’eft pour cela que depuis la connoiffance des
| principes de l’acide du nitre , de l’acide carboni-
‘1 que, de l’ammoniaque 8c de l’ eau, l’opération des
l 'clyjfus a dû être abandonnée , comme aufii coû-
| teufe qu’elle eft d’ailleurs peu propre à éclairer
j véritablement fur la compofition de l’acide du
| nitre. On a taçt d’autres moyens & des pror
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rfdt's - plus Amples & plus exà£ts pour arriver à i
c e but quon a dû renoncer à ces détonations
? „jYnoa'eü qui ne faifoient qu offrir un
fpeltacle déballons ajuftés les uns dans les aunes
& de vapeurs qui les parcouroient, fans
fournir de rdfultat vraiment utile. Quand on yeut
connoître aujourd'hui le produit W & f g g fW
détonation au lieu de l'appareil faflueux & 1
inexaft des clyfus, on fe contente de mettre le
mélange de nitrate de pouffe & de corps com-
buflible dans un tube de fer , de terre ° u
cuivre . communément un canon de fuiil ,
d'adapter à fon extrémité une ou p ll“ |.ur* veI~
Aes liees les unes aux autres : on chauffe le canon
dans un fourneau. A la température rouge
I commençante, la détonation a lieu g & les gaz
: raffemblés dans les veflies font: examinesi pat les
procédés ordinaires. C'eft ainfi qu on allume la
poudre à canon pour en connoître les produits
. aérifqrmes. On peut encore, au lieu de veffies,
terminer le tuyau de fer par un tube de verre
qui plonge fous des cloches pleines d eau , dans
lefquelles les. gaz fe raAemblent.
1INE. 1
HI j
Clyssus d’antimoine
Clyssus de nitre
Ctyssus de souere
Foyei Clyssus.
• COAGULATION. Autrefois^ le mot coagulation
étoit employé en chimie d une manière vague
& générale , pour exprimer toute, opération
par laquelle on faifoit palier un liquide à
l’ état folide. Cette expreffion étoit^ alors fi indéterminée
, que fouvent elle fer voit a defigner
la criftallifation des fels.
Aujourd’hui ce n’ eft plus dans un fens û étendu
qu’on prend le mot coagulation y il ne s applique
plus qu’à ce phénomène chimique , par lequel
un liquide prend l'état folide dans toute fa malfe
à la fois ou dans la plus grande partie de fa
mafle, & lorfque cette efpèce de folidification
n’eft .pas formée par le rapprochement de molécules
po’yèdres , régulières & crifiallines. Ainfi
ce mot rappelle feulement ce qui a lieu dans
toute liqueur dont les molécules fe rapprochent
, fe condenfent , tendent à faire un folide
homogène , non criftallin, comme cela a
lieu dans quelques fucs végétaux expofés au
feu , dans des liqueurs albumineufes animales ,
chauffées ou traitées par les acides, par des
oxides qui leur abandonnent promptement &r facilement
l’oxigène , .caufe la plus fréquente dé
cette coagulation.
Si quelquefois le mot coagulation eft employé
pour indiquer un phénomène de précipitation
qui a lieu dans quelques liqueurs minérales mêlées
enfemble , comme quelques diifolutions de
fels calcaires avec des carbonates alcalins , ou
de fels mercuriels avec des fels muriatiques, on
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ne s’en fert que d’après l’apparence, ou la reflem-
blance qu’affeéte alors ce phénomène avec ce qui
a lieu dans les liquides animaux. ( Voye[ les mots
Analyse animale, Albumine, Bile, Lymphe
, Sang.)
COAGULÉ. C’eft le mot français qu’on peut
fubftituer au fuivant , emprunté du latin.
COAGULUM. On fe fert de ce mot latin ,
reçu depuis long-tems dans le langage chimique
français pouf exprimer la forme caillée que
prennent certains précipités lourds & peu dif-
folubles , qui fe féparent en flocons épais ou
en mafle lourde, dépofée promptement en une
feule pièce. On peut y fubftituer le mot coagulé.
11 eft aufii fynonyme des mots caillebot,
. cailleb otage que quelques écrivains, ptu {■‘.vexes
dans le langage, ont employés pour rendre
la même apparence des précipités.
COBALT. Le cobalt ou coboli eft une matière
métallique , qui n'eft allez bien connue que depuis
quelques années. On peut juger par'le court
8e infigninant article que le favant Macquer a
confacré à ce métal dans fon Dictionnaire de
chimie, .deuxième édition , 1778, il y a plus de
vingt-cinq ans , combien les connoiffances '«.cqu;-
fes fur le cobalt étoient encore foibles , vagues
&: incertaines.
L’origine & l’étymologie de fon nom font
prefque couvertes de ténèbres. Les ouvriers des
mines en ont tellement redouté les effets dangereux
lorfqu’ils étoient obligés de le m ite r ,
qu’ils l’ont d’abord défigné fous des noms propres
à exprimer toutes leurs craintes. 11 étoit
appelé démon métallique , lé mur des mines.
On l’a long-tems confondu avec les pyrites.
Les Latins l’ont nommé cadmée fojjile métallique ,
cadmie a t rament eu fe , cobalt pyriteux , ^ajfera , mar-
■ cajfite. C ’eft de l’une de ces dénominations qu’eft
venu le nom de fafre, dont il fera parlé plus bas.
Comme les mines de cobalt font a fiez multipliées
, 8c furtout très-variées dans le nombre
ainfi que dans la proportion des diverfes fubf-
tances qui leur font unies , ou avec lefquelles
elles font mêlées, comme on y trouve prefque
conftamment, avec le foufre, de l’arfenic , du fer,
du bifmuth , de l’argent & du cuivre j comme
enfin toutes les analyfes qu’on a déjà efiayées,
ainfi que les travaux des mineurs, prouvent que
peu de mines font aufii compliquées dans leur
compofition, & conféqivemment plus difficiles à
connoître que celles de cobalt, il n’eft pas étonnant
qu’on ait été fi long-tems fans diftinguer
ce métal de tous les autres , fans lui afiîgner un
i rang particulier dans le genre des métaux, 8c
fans en déterminer, furtout les propriétés, ca-
raéfériftiques.
Le cobalt étoit abfolument inconnu aux An