vaifieaux de roi, que du commerce & de la compagnie
des Indes. Ces expériences ont été attef-
tées, de la manière la plus avantageulè, par des
procès-verbaux qui ont été dépofés dans les bureaux
de la marine dès l’année 1764. Tous ceux
qui ont fait ufage de Y eau difiillée par cette machine,
s’en font infiniment mieux trouvés que de
Veau de la cale, & n'ont abfolument relfenti aucune
incommodité. M. de Bougainville, dans la
relation de fon V oyage autour du monde , dit même,
d’une manière formelle , qu’il doit à l’ufage de
Veau difiillée par cette machine le falut de fon
équipage.
L’eau potable en mer eft un objet qui intérefle
fi fort l'humanité, que le procédé de M. Poiffon-
nier ne peut être trop répandu. Ce phyfîcien a
rendu compte de fa découverte, & l’a foumife au
jugement de l’Académie royale des. fcîences de
Paris dès l’année 1764, après que les avantages de
fa machine ont été confia tés par un nqmbre fuffi-
fant d’expériences. Néanmoins M'. Irvine, Anglais,
a cru devoir s'approprier la découverte de M.Poif-
fonnier. Il a préfenté, au parlement d’Angleterre,
cette machine pour deffaler Veau de mer à bord
comme étant de fon invention, & en a obtenu
une récqmpenfe de cinq mille livres de rente. Mais
M. Louis du Tens, phyficien anglais, a fait con-
noître, par unéiettre en date du 7 août 1772,
Imprimée à ^ondres dans un pamphlet, que le
parlement d’Angleterre a été trompé par M. Ir-
vine, .& que M. Poifionnier, pjîyficien français,
efi le vérirable auteur de cette découverte. Il fait
voir en même tems qu’on faifoit ufage, dans les
navires français , de la machine de M. Poiffon-
nier, environ neuf années avant que M. Irvine fe
l'appropriât. Nous avons cru qu’il étoit à propos
de terminer cet article fur la diflillation de l’eau
de mer par cette notice , pour affluer à M. Poif-
fonnier fa découverte, & pour faire voir que les
philofqphes, tels que M. Louis du Tens, n’ont
pas moins d’ardeur pour les progrès des fciences,
que de zèle pour conferver aux phyficiens de
tous les pays les honneurs des découvertes qui leur
appartiennent, fans avoir égard aux petites jalou-
fies nationales.
Eau de pluie. Les chimiftes ont, dans tous
les tems, recommandé l’eau de pluie pour les expériences
& les préparations chimiques. Ils l’ont
regardée comme une eau très-pure, & plufieurs
même lui avoient autrefois attribué des vertus ou
des qualités particulières, une forte d’efprit vivifiant
qu’elle puifoit, fuivanteux, dans l’air. Ces
dernieres idees fe font peu à peu réduites à con-
fidérer l’ eau de pluie comme de véritable eau diftillée.
Pour recueillir Veau de pluie, on place fur les
.parties élevées des maifons & au deflus du toit, des
■ vafes de verre, de.grès ou de faïence.'Quelques
.praticiens fe contentent de recevoir celle qui coule
far les toits mêmes , en la conduifant, à l’aide de
gouttières j dans des baquets ou des tonneaux
neufs, plaeés dans les cours, au bas des maifons.
Il eft évident cjue la première méthode eft • de
beaucoup préférable à la féconde , qui ne fournit
pas I eauaufli pure. Cependant celle-ci peut fuffire
dans beaucoup de cas , & furtout dans un grand
nombre d’opérations de fabrique où il faut de
l’eau allez pure.
$ ne doit cependant pas comparer l’eau de pluie
a 1 eau diftillée. Outre qu’elle contient de l’air
que ne contient pas 13eau diftillée, elle tient fou-
vent aufti quelques parcelles de matières falines,
& furtout de nitrates. On a fpécialement trouvé
ces derniers fels dans Veau d'orage. Aufti on recommande
de prendre de Xeau de pluie douce 8c
continue. (Voye^lesmots Eau* Eau distillée.)
Eau de puits. Quoique Veau des puits foit
formée de l’eau des fources qui s’ouvrent dans
lesrerrains plus-ou moins profondément creufês ,
quoiqu’elle doive participer à la nature des eaux
louterraines, varier par conféquent fuivant la nature
du fol & des terres qui la recèlent j quoiqu’il
foit facile de concevoir » d’après cette feule confédération.,
que l'eau des puits doit être bonne à boire,
& propre aux principaux ufages économiques, fi
elle eft dans un terrain fablonneux ou granitique,
elle eft fi éloignée de ces qualités dans le fol
de Paris & de tous les lieux qui l'environnent à
quelques lieues de rayon , que le mot d'eau de
puits eft fynonyme de celui d’eau crue, d’ eau dure 3
d'eau mauvaife en général.
_ L ’eau des puits de Paris eft en effet une diffolution
de plufieurs fubftances falines, qui la
rendent incapable de fervir aux principaux ufages
de la vie : elle ne diflout pas le favon qui y forme
des grumeaux de favons terreux ; elle ne cuit
point les légumes , qui y durciffent j elle pèfe
fur 1 eftomac & trouble la digeftion. L’analyfe y
montre du fulfate & du carbonate de chaux des
nitrates alcalins & terreux, quelques muriates des
memes bafes , 8c fouvent une matière extraétive
& colorante : il y en a même qui, fortant dans
un terrain rapporté, comblé anciennement d'immondices
, prefente une odeur & une faveur rebutantes.
| On ne l’emploie jamais aux expériences : on ne
s en fert^qu’après l’avoir foumife à la diftillation ,
en prenant d’ailleurs dans cette opération toutes
les précautions accoutumées.
Eau de Rabel. L’ eau de Rabel, ainfî nommée
du nom de fon inventeur, eft un mélange .d’acide
fulfurique & d’alcool, dans lequel l’acide eft dulcifié,
& l’alcool commence à être altéré. La feule
réaction de ces deux matières , à froid & fans le
fecours de la chaleur, fuifit pour former de
l eau qui adoucit l ’acide, & commencer l'éthérf
freation 4e l’alcool. C e mélange , qui devient
rouge-foncé au bout de quelques jours, eft employé
dans cet état en médecine , comme un
ilyptique à l'extérieur, 8c comme un aftringent
puil&nt à l’intérieur. On le donne, dans ce dernier
cas, à la dofe de quelques gouttes dans des
potions appropriées. ( Voye£ les mots A lcool &
Ether, sulfurique.)
, -— * w i a lu n ica u iv c t ic a c ip e c e s
d eau que préfente la furface de la terre , les médecins
& les chimiftes préfèrent en général, pour
les ufages économiques , pour les ateliers ou fabriques,:
l ’eau de rivière à routes les autres. En
general , cette eau 3 qui vient de montagnes plus
ou moins élevées, qui coule avec une rapidité
plus ou moins grande fur des lits de pierres dures
ou de cailloux , qui préfente une grande furface
a l’air dont elle s’imprègne j en un mot, qui ne
féjourne pas fur des terrains dont elle peut dif- 1
foudre la fubftance, eft la plus pure & la meilleure
de toutes les eaux. Aufti y reconnoît-on les
propriétés ou les caractères qui drftinguent l'eau
pure : elle n’a pas de faveur crue ou défagréable $
e$ inodore 5 elle bout promptement j elle
diliout le favon fans le cailleboter, elle cuit bien
les légumesj elle ne donne que peu ou point de
nuages par l ’addition des réadifs j elle ne laiffe
qüe peu de réfldu ou aucun réfidu après l'évaporation.
Cependant on voit très-communément les ha-
hitans de beaucoup de villes ne pas boire l’eau
des grands fleuves ou des grandes rivières qui les
traverfent, craindre même fa crudité ou d’autres
prétendues mauvaifes qualités, lui préférer l’eau
~!is ^°,UrÇes placées à des diftances quelquefois
afîez éloignées, ou ne s’abreuver que de liqueurs
fermentées, furtout de bière & de cidre, fans ja
mais boire de l ’eau pure. Quoique les ufages des
peuples foient en général fondés fur-des obferva-
tions anciennes, 8c qui méritent quelque confiance
, on ne peut qu’être étonne de celui-ci
que les connoiffances exactes réprouvent.
Eau de source. L’eau de fourçe eft celle qui
fort de la terre en filets, en pleurs ou quelquefois
en bouillons allez volumineux : elle provient
d taux fupérieures filtrées à travers les terres, &
qui, ayant rencontré des couches d’argile qu’elles
je peuvent traverfer, remontent jufqu’à la fur-
face où elles fe raffemblent, s’éparpillent ou s’écoulent
, fuivant la nature ou la forme dé terrain.
L eau de fource eft bonne lorfqu’e ll|^ ’a traverfé
que du fable ou des granits 5 elle eft fMche, très-
claire , fe rapproche beaucoqp de l’eau de rivière
Jorfqu'elle a été pendant quelque tems agitée avec
le contaêl de l’air. Mais lorfqu’elle a traverfé des
terrains calcaires^ gypfeux, marneux > lorfqu’ei’e |
féjourne fur un fol de cette nature, lorfqu’elle ,
eft recueillie dans des cavernes fombres 8c fans j
le contaéfc de l ’air , elle eft chargée de fels terreux,
1 die eft privée d’air, & fe rapproche des eaux
crues ou dures.
Ea u - de-v ie . L’eau-de-vie, ainfî nommée à
caufe des merveilleufes propriétés qu’on lui a attribuées
& du prix qu’y attachent la plupart des
hommes, eft le premier produit alcoolique qu’on
retire de la diftillation du vin. On brûle, comme
on le dit, cette liquéur dans des alambics de cuivre
, auxquels on adapte des ferpentins , & l'on
conduit l’opération de manière à obtenir l’ eau-de-
vie en filet continu. L’ eau-de-vie eft une efpèce
d’alcool foible, contenant de l'eau, de l’huile &
une. matière colorante. On en fait un très-grand
ufage comme liqueur tonique 8c fortifiante. Elle
eft d’autant plus eftimée, qu’elle eft plus gardée 8c
plus ancienne. On s’en fert pour conferver des
fruits : on y ajoute des fucs végétaux, du fucre,
des aromates pour en faire des liqueurs de table.
On l’emploie aufti pour garantir de la putréfao*
tion une foule de matières végétales 8c animales
qu’on veut conferver avec leur forme dans les
colleélions d’hiftoire" naturelle.
" Son ufage le plus important eft de fervir-à l’ex-
tra&ion de l’alcool par Ja diftillation. ( Voye[ le$
articles ALCOOL & VlN. )
Eau-forte. C ’eft le nom qu’on donne 3 l’acide
nitrique du commerce. Souvent on emploie
ce mot au pluriel , 8c on dit eaux-fortes pour dé-
figner les acides minéraux. Ce nom vient de la
propriété ou de la force diffolvante de ces liquides.
On nomme aufti eau-forte, dans les fabriques de
favon, la leflive d’alcali fixe cauftique, aflTez pure
& affez concentrée pour s’unir à l’huile & pour
la porter à l’état favonneux.
Eau gazeuse. Quoique le nom d’eau gaqeufç
convienne également à toute eau qui tient un gaz
en diffolution, on eft cependant convenu d’appliquer
plus fpécialement cette dénomination à
celle qui contient du gaz acide carbonique , foie
naturellement, foit artificiellement.
La nature offre un grand nombre d’eaux ga-
leufes. On emploie plus fpécialement les eaux de
Seltz, de Pougues , de Pyrmont. L’art non-feulement
imite très-bien ces eaux, mais en fabrique
même de plus fortes & de beaucoup plus chargées
de gaz acide carbonique , à l’aide de la pref-
fion. Ces eaux, très-bonnes dans plufieurs àffecr
tions de l’eftomac & dans les maladies hémorrhoï-
dales, font aujourd’hui fort employées. ( Voyez
l’article A c id e a e r i e n ou Acide c a r b o n i q u e . )
Eau hépatique. Bergman a donné le nom
d’eau hépatique à l'eau qui tient en diffolution le
gaz hydrogène fulfuré , qu’il nommoit gaç hépatique
, comme provenant de l’a&ion des alcalis fur
le foufre, dont le réfultat étoit nommé foie ois