
ment fans effervefcence } car celle-ci n‘a lieu pendant
la combinaifon du manganefe métallique que
parce qu’il abforbe l'oxigène de l'eau , dont'il dégage
en même tems l’hydrogène.
$i. L'oxide noir de manganefe ne fe diffout que
difficilement j peu à peu & en petite quantité ,
dans l'acide fulfurique bouillant j cependant on
parvient à faturer la diffolution, & l'on trouve 1.»
raifon de l'un & de l'autre de ces faits, d'une
part, dans la lenteur de la diffolution, & de l’autre
dans la faturation à laquelle on parvient. En fai-
font l’opération dans un appareil fermé & muni de
tubes pneumatiques , on a du gaz oxigène, qui
provient manifeftement de l’oxide de manganefe,
lequel, ainfî défoxidé , devient diffolubje dans
l ’acide fulfurique. Si on diftilîe à licéité & qu’on
lave le réfidu , celui-ci fe dilfout en fulfate de
manganefe3 àc en f.iifant plusieurs fois de fuite une
pareille opération, on enlève tout l’oxide de manganefe.
Il eft bien évident ici que l'acide fulfuri-v
que, par fon attraélion pour l’oxide , pris dans fon
minimum ou dans fon état blanc , eft la caufe du
dégagement d’oxigène, puifque ce dégagement eft
beaucoup plus prompt par l’addition de cet acide,
qu'il ne l’eft dans la diftillation de l'oxide feul; ce
que favent bien tous les chimiftes qui ont befoin
de fe procurer ce gaz. Un autre fait dû à Schéele
prouve également l'influence de l’acide fulfurique
chaud fur la défoxidation du manganefe,* c'eft que,
li l’on ajoute du fucre, du miel ou de la gomme
au mélange d’acide fulfurique & de cet oxide, on
rend celui-ci diffoluble fans qu'il fe dégage d’oxigène
en gaz, parce qu'il eft abforbe par la matière
végétale , abforption qui n'a pas lieu fans la pré-
fence de l’acide ; car on mêle vainement cet oxide
-avec les corps végétaux feuls ; ils n’en opèrent en
aucune manière la défoxidation. Dans le cas de
cette addition , on voit pourquoi la diffolution
dans l'acide eft beaucoup plus prompte que lorf-
que celui-ci agit feul. En effet, il y a ici deux forces
qui confpirent enfemble , celle de l’acide fur
l ’oxide défoxidable, & celle de la matière végétale
fur fon oxigène. Quelques métaux, l’or même,
fuivant Bergman, agiffent par le même principe,
& favorifent la diffolution de l'oxide noir dans
l'acide fulfurique.
3 3. Lorfque, dans l'union de l ’oxide de manganefe
noir avec l'acide fulfurique que je viens de
décrire, on diftiile à ficcité cet acide peu étendu
fur moitié de fon poids d'oxide, on extrait plus
du quart de cet oxide, diffous en fulfate par le
moyen de l'eau , & cette folution eft rouge ou
violette, ainfi que le fel criftallifé qu’on en obtient
; ce qui annonce que, dans ce cas, l’oxide de
manganefe retient plus d’ oxigène que lorfque la
diffolution eft blanche, comme elle l'cft en fai faut
agir le métal lui-même fur l’acide. Il faut auffi
conclure de là qu'il y a deux fulfates de manganefe,
l’un peu oxidé , c'eft le blanc -, l'autre, au maximum
d’oxidatiop , où l’acide peut tenir çet oxide.
| On verra qu'il en eft de même du fe r , qui pré*
* fente auffi deux fulfates différens, luivant l ’état
d -oxidation de ce métal. On obtient promptement
ce fulfate de manganefe rouge ou violet, & plutôt
encore de cette dernière couleur, en unifiant à
l’acide fulfurique l'oxide de ce métal fait par fon
expofition à l’air, oxide qui s’ÿ diffout facilement.
Les alcalis Le précipitent en rougeâtre, &, ce précipité
noircit très-vîte à l’air. Bergman obferve à
cette occafion, que l’oxide rouge de manganefe
tient à cet égard le milieu entré.le noir & le blanc,
qu il eft plus diffoluble dans l’acide fulfurique que
le premier, & moins que le blanc. Il faut,ajouter
qu'il forme avec lui un fulfate furoxigéné ou co^
loré, tandis que le blanc donne un fulfate {impie
& fans couleur. Les matières végétales avides
d’oxigène décolorent & décompofent le fulfate
furoxigéné de manganefe, & le font paffer au blanc
ou à l’état de fulfate Ample. Il paroît, d’après plu-
fleurs obfervations de Schéele, que les corps organiques
, en défoxidant ainfi le manganefe, en
favorifant fa diffolution dans les acides, opèrent
par leur carbone, puifquil a remarqué qu'il fe
dégagedit de l’acide carbonique.
34. L’acide fuifureux n'agit que foiblement ou
point fur \q manganefe} mais bien fur fon oxide. Il
le diffout facilement & fans effervefcence. Schéele
avoir vu qu'en recevant le gaz acide fuifureux
dans de l'eau ou l'on a délayé de l’oxide de manganefe
noir, celui-ci blanchififoit, difparoiffoit &
le diffolvoit peu à peu dans cet acide liquide fans
offrir ni mouvemens ni bulles. Il avoit remarqué
de plus que cette diffolution était du fulfate , &
non du fulfite de manganefe, & que ce fulfate étoit
blanc. Rien n'eft plus clair que ce phénomène dans
la doctrine pneumatique. L’acide fuifureux , très-
avided’oxigène, l'enlève à l’ oxide très-oxidé, &
repaffe à l’état d’acide fulfurique, qui diffout à
mefure l’oxide privé de la portion d’oxigène qui
lui donnoit fon indiffolubilité. On voit par-là qu'il
ne doit point y avoir d'effervefcence, que la
diffolution doit contenir du fulfate blanc & Ample
de manganefe. Tous ces détails vont rendre plus
cîâire & plus Ample l’aétion des autres acides fur
le manganefe & fur fes oxides.
35* L acide nitrique diffout le manganefe avec
effervefcence & dégagement de gaz nitreux ; il
refte une maffe fpongièufe, noire & légère de carbure
de fer, qui n'eft point diffoluble. Cette dif-
folution eft colorée à caufe du fer qu’elle contient.
Cette couleur eft fombre, & il n’y a pas de nitrate
de manganefe rouge ou violet, comme le fulfate.
L’oxide blanc de manganefe on le moins oxidé fe
diffout très-facilement dans l’acide nitrique, &
fans effervefcence comme fans gaz nitreux j ce qui
tient à ce que l’oxide, contenant la portion d’oxigène
qu’il peut tenir pour refter uni aux acides ,
il n’a pas befoin d’en enlever au nitrique, & par
cqnféquent de décompofer cet. acide comme le
fait fon métal. Cette diffolution nitrique de l’oxide
/
blanc eft fans couleur, à moins qu’elle ne contienne
du fer j elle ne fournit point de nitrate de
manganefe criftallifé, même pai>une évaporation
douce. L’oxide noir ne fe diffout que très-peu &
très-difficilement dans i’acide nitrique ; cependant
on peut l’en faturer à la longue. Il eft évident que
cette différence entre cet acide & le fulfurique
tient à ce qu’il eft plus volatil, à ce qu’il n’a pas
tantd’attraélion en général pour les oxides métalliques,
à ce qu’ il tend toujours plus à leur fournir
qu’à leur ôter de l’oxigène. En ajoutant du fucre,
du miel, des huiles, des métaux même, au mélange
de l’oxide noir de manganefe te de l’acide
nitrique , on favorife leur combinaifon , & l’oxide,
privéd’une portion de fon oxigène par ces
corps dont l’acide augmente la tendance pour s’y
unir, fe diffout dans cet acide. Il fe dégage du gaz
acide carbonique pendant cette opération, & plus
même que dans celle que l’on fait avec les autres'
acides.
36. L’acide nitreux diffout beaucoup mieux les
oxides de manganefe que. le nitrique. Schéele a ;
très-bien vu te très-bien décrit les importans phénomènes
de cette diffolution : elle adieu fans e ffervefcence.
Il fe forme du nitrate, & non pas du
nitrite de manganefe. L’acide fulfurique en dégage
enfuire des vapeurs blanches, te non des vapeurs
rouges. Cela eft manifeftement dû à l’abforprion
de l’oxigène par l’oxide ntreux , comme le prouvent
, te la diffolution de l’oxide, qui ne peut
avoir lieu fans fa défoxidation préliminaire, te la
converfion de l’acide nitreux en acide nitrique. Il
eft fupeiflu de faire remarquer ici combien tous
ces faits s’ accordent avec ;la doctrine pneumatique
, & donnent de force aux principes qui la
conftituent.
37. Le manganefe fe diffout, avec effervefcence
& dégagement de gaz hydrogène, dans .l’acide
muriatique liquide. Son oxide blanc s’y unit également
fans effervefcence & fans féparation de
gaz , parce qu’il n’a pas befoin d’abforber d’oxigène,
dont il eft affez pourvu pour fe diffoudre
dans cet acide. Son oxide noir s’y diffout auffi plus
facilement que dans les acides précédens, à caufe
de la double tendance que cet acide exerce, d’une
part, fur l'oxigène dont il fe fature en partie pour
paffer à l’état d’acide muriatique oxigéné | de l’autre
part, fur l’oxide de manganefe, au minimum
d’ oxidation, avec lequel il forme un fel. Quand
on fait agir de l’acide muriatique fur l ’oxide noir
de manganefe, il y a donc deux allions remarquables
de cet acide , & il partage fon énergie en
deux forces qui fe font équilibre, ou plutôt qui
ne ceffent d’agir que lorfqu’il y a équilibre entre
elles : l’une ‘défoxidé lfe manganefe, & forme de
l’acidte muriatique oxigéné jufqu’à ce qu’il foit
devenu diffoluble j l’autre le diffout te fait entrer
une portion de l’ acide dans- une' combinaifon fa—
Iftie. C ’eft cette expérience qui a fait découvrir à ’
Schéele l’aride qu’il norcrrieit ééde marin dépkfa* 'f
gifiiquê, & aux chimiftes français la véritable nature
de ce compofé, qu’ ils ontdéfigné par le noin
exaét.d'acide muriatique oxigéné. On obferve, dans
l ’aétion dé l’acide muriatique fur l’oxide noir de
manganefe, le paffage de cet oxide au rouge, au
gris & au blanc. Dans ce dernier état, il s'unit à
l ’acide, te forme un fel fans couleur ; fl l’on ajoute
un corps combuftible, la diffolution de l’oxide
noir dans cet acide s’opère fans formation d’acids
muriatique oxigéné. On n’a point décrit encore,
avec exactitude, les propriétés du muriate de manganefe.
Bergman dit qu’il donne difficilement des
criftaux , mais feulement une maffe faline déii-
quefcente. Cependant il arrive fréquemment, dans
les laboratoires, d’obtenir de gros criftaux de ce
fel, dont, il eft vrai, on n’a point encore déterminé
la forme. L’acide muriatique décompofe le
fulfate de manganefe.
38. L’acide muriatique oxigéné oxide promptement
& fans effervefcence le manganefe jufqu'à
l’état blanc ; il brûle & enflamme ce métal lorf-
qu’on le jette en- poudre ou en limaille dans du
gaz acide muriatique oxigéné. Il s’unit auffi aux
| oxides de manganefe, te fait des diffolutions ce-
I 1 orées en brun , en rouge ou en violet, qui foui-
j niffent des criftaux de même couleur. 11 y a donc
un muriate furoxigéné de manganefe, dont on n’a
point encore reconnu les propriétés, & qu’il fera
très-important d’examiner.
39. L’acide phofphorique ne s’ unit pas immédiatement
au manganefeil ne diffout que difficilement
fes oxides. On peut l’y unir en verfant une
difldlution d’un phofphate alcalin dans celle du
mtrate ou du muriate de manganefe ,• on a un précipité
de phofphate de ce métal. 11 en eft de même
' de l’acide fluorique, qui forme auffi un fluate de-
manganefe peu diffoluble. On fait la même chofe
avec les borates.
40. L’acide carbonique liquide attaque le ma.n~
ganèfe-3 swü que fon oxide noir. L’un & l'autre
s’y diftolvent, quoiqu’en petite quantité. Cette
diffolution3 expo'fée à l’air, laiflé précipiter peu
a peu l’ oxide, qui fe fépare à la furface en une
pellicule blanche s’il n’y a point d’oxide de fer.
Bergman obferve que , lorfqu’on fe fert du métal
dans cette combinaifon, il fe dégage une odeur
analogue à celle de la graiflè brûlée.
41. On ne connaît pas l ariion des quatre acides
métalliques fur le manganefe & fes oxides, non
plus que leurs combinaifons avec ce métal. On
fait cependant que l’acide arfenieux a la propriété
d’enlever une portion d’oxigène à l'oxide noir de
manganefe, de paffer ainfi à l’état d'acide arfeni-
que, 8t qw’il le blanchit en même tems.
42. En général, aucune des diflblutions du manganefe
dans les acides ne fe décompofe te ne fe
trouble par le contai de l’air. Les acides retiennent
trop^ fortement cet oxide pour qu’il puiffe
abforber l’oxigène atmofphériqtie. Les alcalis purs
lès- terres-alcalines en réparent Boxitie de mon