
GL AISE. La glaife ou terre glaft eft une ef-
pèce d’argile qu’on trouve abondamment dans la
terre & dans une foule de lieux. Ce nom eft celui
.qu’elle porte le plus fréquemment dans les arts.
. On en a fait ceux de glaiferles terres, glnifcr les
bafiïns. ( P'oyeç les mots A lumine, Arg ile ,
.P oterie & T erres. )
i . GLU CINE. La glucine eft une fubftançe ter-
reufe, découverte pendant l’hiver de l’an 6 de la
république par M. Vauquelin, d’abord dans l’aigue
marine ou le béril, & eniuice dans l’émeraude.:
.L’occafion de cette découverte a été Tanalyfe
.exacte & comparée de ces deux pierres , que ce
. chimifte a faite avec beaucoup de foin, fur l'invitation
jde'M. Haüy, qui, trouvant entr’èlles une
conformité parfaite dans leur ftrudture, leur dureté
& leur pefanteur fpécifique, & foupçonnant
qu’elles dévoient contenir les mêmes principes,
rlefira qu’un chimifte habile s’en aflurât par un
.travail comparatif. C ’eft donc à la géométrie que
l ’on doit en quelque forte la faurce de cette découverte
j c’eft elle qui en a fourni la première
,jdée , & l’on peut dire que fans elle la connoif-
.lance de cette terre nouvelle n’eût point été ac-
quife de long-tems, puifque , d’après Tanalyfe
,de l’émeraude par M. Klaproth, & celle du beril
par M, Bindheim, on n’auroit pas cru devoir recommencer
ce travail fans les fortes analogies ou
même l’identité prefque parfaite que M. Haüy
avoit trouvées par les propriétés géométriques,
.entre ces deux foflilles pierreux.
' 2. La première notion de l’exiftence & de la
nature particulière de la glucine eft venue à M.
Vauquelin d’après la manière dont cette fubftançe
le comporte avec les riaétifs 3 fadiftolubilité moins
forte dans la potafie, que celle de l’alumine, avec
laquelle elle avoit été confondue par MM. Bin-
dheim & Klaproth, & même par M. Vauquelin
lui-même. Voyant qu’une portion de cette alumine,
extraite du béril, préfentoit des réfultats différens
de ceux qu’ offre ordinairement cette terre dans
fon traitement, il a examiné cette portion avec
beaucoup de foin, & il a .reconnu , par des expériences
nombreuses, qu’elle djfféroit véritablement
, icit de l’alumine dont elle, fe rapproche
allez, foit des autres terres auxquelles elle ref-
Terrible beaucoup moins qu’à la précédente. 11 n’a
pu lui refter aucun doute fur fes différences j &
par conféquent fur fon exiftence particulière,’
puifqué cette, terre, traitée par les acides > les
alcalis & les Tels divers, lui a conftam.ment pré-
fente des caractères diftindlifs , & puifqu’il y a
trouvé furtout des attractions très-différentes de
celles des autres terres, fpécialëment de l'alumine,
avec laquelle elle s’eft trouvée.mêlée & confondue
dans les analyfes faites jufqu’ici fur l’é-
mer.aude & le béril, & vraifembiablemenr même
fur d’autres pierres, dans .lefquelies il y a lieu de
croire qu’elle exifte.
3. Parmi les propriétés fpécifïques & ea'raCté-
riftiques de cette nouvelle terre trouvée par M.
Vauquelin , celle qui nous a paru la plüs capable
delà faire diftinguer, étaiit la faveur fucrée qu’elle
donne à fes combinaifons avec les acides, nous
avons cru, d’après un travail fait par. MM. Vau-
qiielin , Guyton , Chapral & moi, fur le nom
qu’on pouvoir lui donner , devoir adopter le
mot glucine, tiré des mots grecs yA«*»?, doux ;
yA ukv3 vin doux y yXvxuïniv > rendre doux. Cette
dénomination nous a paru a fiez fignifiante pour;
aider la mémoire, en rappelant une propriété fen-
fiblement différente de celles de toutes les autres
terres. Nous avons cru que, fans préfenter d’idées
faufîement exclufives , comme cela auroit pu avoir
lieu en tirant fon nom de la pierre qui en a fourni
*îe premier échantillon, ou du lieu d’où on l’avoit
tirée, elle ne prendroit pas dans fon étymologie
un fens trop ftriClement déterminé, & que nous
nous renfermions ainfi dans les principes de nomenclature
propres à avancer la fcience, comme
à eh faciliter l’étude. .•
4. Comme c’eft fp.écialement par fa propriété
de ne pas former d’alun"avec l’acide fulfurique
& la potafie, ainfi que le fait l’alumine, par celle
d’être bien diffoluble dans le carbonate d’ammoniaque
liquide, tandis que l’alumine ne l’eft pas
par ce réactif, que M. Vauquelin a reconnu la
glucine pour une terre particulière & différente
de cette dernière, il s’eft fpécialement feivi de
ces deux procédés pour féparer la glucine des autres
terres avec lefquel'les elle eft combinée dans
les pierres où il l’a trouvée jufqu’ici. On prend en
conféquence cent parties de béiil ou d,’émeraude
réduite en poudre fine dans un mort'er de fil ex;.;
on les fond dans un creufet d’argent avec trois
cents parties de potafie çaufuquê j on délaie la
ma fie fondue dans l’eau diftillée, & on diffout
le tout dans l’acide ’muriatique;, on fait évaporer
li diffolution jüfqu’à fîccité.,; en ayant foin de remuer
la matière fur la fin de l’évaporation.j on
délaie énfuite le réfidu dans une grande quantité
d’eau, & on filtre : la fili.ee eft fëparée & obtenue
à part à l’aide de ce premier moyen. On
précipite la liqueur filtrée qui contient les mariâtes
d’alumine & de glucine par le caibonate de
potafie 5 on lave bien le précipité, & on le diffout
dans l’acide fulfurique: on mêle à la diffolution
une certaine quantité de fulfate de potafie, &
on la fait évaporer pour obtenir l’alun criftallifé.
Lorfque, par une nouvelle addition de fulfate de
potafie, tk par une nouvelle évaporation , la liqueur
ne donne plus d’alun , on y verfe une difio-
lution de caibonate d’ammoniaque en excès , &
on l’agite beaucoup. La glucine, après s’ être dépo-
fec, fe diffout à l’aide de ce fel excédant, & le
peu d’alumine qui pouvoit y être mêlée, refte précipité
fans fëdifîoudre. Après quelques heures,
lprfqu’on apperçoit que par une nouvelle addition
de carbonate d'ammoniaqueainfi que par l’agitation
,
tation, le précipité alumineux ne diminue plus
de volume, on filtre la liqueur ; on la fait bouillir
dans un matras de verre ou dans une capfule de
porcelaine. A mefure que le carbonate s’évapore ,
il fe précipite une pouffière blanche grenue, qui
eft du carbonate de glucine , dont on fépare facilement
l’acide carbonique en la fàifant rougir légèrement
dans un creufet : on obtient ainfi de la
glucine pure, à la proportion d’environ quinze à
feize pour cent du bëril ou de l’émeraude employés.
C ’eft en fuivant ce procédé, qu’on pourra
reconnoïtre dorénavant l’exiftence de la glucine
dans d’autres pierres, où il eft vraifemblable qu’elle
accompagne la filice & l’alumine, &c trouver le
moyen de s’en procurer une plus grande quantité
que celle que M. Vauquelin a extraite des deux
fo/filles pierreux indiqués, qui font d’ailleurs très-
rares & très-chers.
y La glucine, préparée par le procédé indiqué,
eft en poudre, ou en fragment blancs.*, légers,
doux fous le doigt, infipides, colhnù&Fhappant
à là langue. Elle eft parfaire ment apyre & infufible
au feu , & elle n’y prend ni retraite ni dureté
comme l’alumine. On ne connoît pas encore fa
pefanteur fpécifique ; eile n’eft pas fufceptible
de changer les couleurs bleues végétales. 6. Quoiqu’on ait tu encore peu d’occafions &
de moyens d’en bien apprécier les propriétés,
il paroît réfulter des elîais auxquels elle a été fou-
mife, quelle eft inaltérable par le gaz oxigène &
par le gaz azote, qu’elle n’éprouve aucune altération
à l’air, & qu’elle n’en abforbe fenfiblement
ni l’humidité ni l’acide carbonique.
7. On ne connoît encore aucune union entre
la glucine, l’hydrogène, le carbone, le phofphore
& le foufre. Elle n’eft fufceptible, parmi les corps
combuftibles, que de s’unira l ’hydrogène fulfuré.
Quand on fait pafifer ce corps à l’état de gaz dans
de l’eau où l’on a délayé de la glucine, cette terre
fe diffout & forme un hydrofulfure, dont les propriétés
font femblables à celles de pîufieurs com-
pofés analogues que je ferai connoître dans les
articles fuivans. On verra aufii par la fuite, qu’en
décompofant le fulfate de glucine par le carbone,
on obtient une combinaifon analogue. Au refte,
cette propriété de former un hydrofuifure éloigne
cette terre des précédentes, & la rapproche des
teiTes alcalines qui vont être examinées dans les
articles fuivans.
8. La glucine eft indiftoluble dans l’eau 5 elle
formé cependant, avec ce liquide en petite quantité
, une pâte légèrement dtréfile , qui n’a ni
autant de liant ni autant de ténacité que celle
de 1 alumine, & qui n’eft pas, comme elle, fufceptible
de fe cuire.au feu. On ne connoît encore
pi fon attraélion pour les oxides métalliques ni
fon aélioti fur les corps brûlés.
9. Elle s’unit facilement à tous-les acides, &
forme, avec la plupart d’entr’eux, des fols fo-
Jubles, fucrés, un peu aftringens, & difficilement
Ch im i e . Tçme ! K f
criftallifables. Son attraélion pour ces corps paroît
être dans l'ordre fuivant : l’acide fulfurique, l’acide
nitrique , l’acide muriatique , l'acide phof-
phorique, l’acide fluorique, l’acide boracique
&c l’acide carbonique. C ’éft le rang que tiennent
la plupart des bafes terreufes fufeeptibies de fe
combiner avec ces compofés.
io-. L’ordre d;s' attraélions pour les acides,
comparé à celui des diverfes bafes terreufes & alcalines
, paroît être tel qu'elle cède fa place à
toutes ces bafes, fi l’on en excepte l’alumine,
la zircone & la filice , en forte que fes fels font
décompofés par toutes les autres , & qu’elle dé-
compofe feulement ceux, qui font formés par les
acides avec ces trois dernières terres. Il faut ob-
fërver que , pour obtenir les Tels de glucine ou
lés fels glucineux purs, & pour les débarrafier de
la petite portion d’oxides de fer ou de chrome
qu’ils retiennent fouvent d’après i'exiftence de ces
deux matières métalliques colorantes dans le béryl
& l’émeraude, dont on extrait la glucine, M. Vauquelin
s’eft fervi, avec fuccès, d’un hydrofuifure
alcalin, efpèce de compofé qui fera décrit plus
bas, & qui a la propriété de précipiter les oxides
métalliques fans toucher à la glucine. L’alcali hy-
drofuifuré doit être bien far.uré, afin qu’il ne fépare
point de terre, en même tems que l’ un ou
l’autre des oxides qui en altère & en colore les
fels!
11. Pour bien caraélérifer ici la glucine, & pour
prouver fa différence d’avec toutes les autres fubf-
tances terreufes, furtout l’alumine, j’ajouterai,
quoique je n’aie pas coutume de faire mention
de ces propriétés dans les articles des bafes, que
les .fels de cette terre font précipités par la noix
de galle ,.non précipités par les oxalates , les tar-
trites & les prufiiates folubles, ainfi que par les
hydrofulfures bien faturés, tandis que les Tels alumineux
le font fortement par ces derniers ; que
le précipité qu’ils forment avec les alcalis eft entièrement
dilfoluble par le carbonate d’ammoniaque
, tandis, que celui d’aucune autre terre ne
pré fente ce caraélère.
12.11 n’y a encore rien de connu fur la réaélion
réciproque de cette terre avec les trois précédentes
:.on ne fait pas fi la glucine fert de fondant
aux autres terres, & fi ceiles-ci peuvent lui en
fervir à elle^même.
13. M. Vauquelin, après avoir expofé les détails
précédens, ainfi que pîufieurs autres qui feront
donnés plus bas, fur les combinaifons de la
glucine, offre, comme caraâères fpécifïques de
cette terre, les fix propriétés fuivantes, que n.è
réunit aucune des cinq autres fubftances terreufes
connues.
A. Formation ’de fels fucrés & légèrement aftringens
avec les acides.
B. Diflolubilité dans l’acide fulfurique avec uh
léger excès. .
C. Dëeompofition des fels alCiïfrïTeux, dont
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