
En diftinguant le premier cette efpècè de fubf-
tance, je lui ai donné , en 1784, pour caraébères
particuliers ou pour propriétés diftinétives, i°. fon
élafticicé & Ton tiflu filamenteux; 2°. fon infolu-
bilité dans l'eau, même bouillante; 30. fon peu de
diiTolubilité dans les alcalis; 40. fa facile diflblu-
tion dans Iss acides mêmes les plus foibles, tel
<jue le vinaigre; 50. le gaz azote qui s’en dégage
par l’a&ion de l’acide nitrique affoibli ; 6°. la couleur
jaune que lui donne cet acide ; 70. la grande
quantité d’ammoniaque & d’huile qu’elle fournit
par l’aétion du feu ; 8°. fon charbon peu volumi-
fièux , denfe & difficile à brûler , ne contenant
qu’un peu de phofphate de chaux ; 90. fon inaltérabilité
& fa qualité caffante quand elle a été
dèfléchée lentement ; 10°. fa converfion en matière
adipocireufe unie à l’ammoniaque , qui la
porte à l ’état favoneux lorfqu’elle fe décompofe
fpontanément au milieu de l’eau.
On conçoit bien que tous ces caractères font
variables dans les chairs mufculaires des divers
animaux, & jufque dans celles du même animal ;
à différens âges de fa vie; elle diffère d’elle-même
à cet égard, comme l’énergie & là puiffance vitale
eu irritable de la chair varie par les mêmes cir-
conftances ; mais, malgré ces variations & ces différences,
elle a toujours, dans un certain degré,
les propriétés qui viennent d’être indiquées, &
qui fuffifent pour la diftinguer de toute autre
iubftance animale. Il paroît que c’eft à la grande
proportion d’azote & de carbone, combinés avec
l ’hydrogène également abondant, que la fibrine
doit fa nature & fes propriétés diftindtives. Cette
notion pofitive fe tire de l ’examen de ces propriétés
elles-mêmes , dont elle eft le réfultat le
plus frappant. Au refte, fes caradères de variation,
fes différences dans les cas.cités, & furtout
dans les divers genres d’animaux , comparés par
des expériences fuivies autant qu’exaCtes , fourniront
quelque jour des données importantes à la
phyfioiogie & à la médecine.
Il ne faut jamais oublier, dans l’hiftoire des
matières animales , que leur examen chimique
tient à l’une des parties de la chimie, qui, comme
la plus voifine de fon origine, doit recevoir encore
le plus d’accroiffemènt ; qu’à peine doit-
on regarder comme ébauchée cette partie de la
fcience ; qu’elle n’exiftoit pas il y a un quart de
fiècle, & que les nouvelles idées que la chimie a
âcquifes fur cet objet ; font fufceptibles d’être
étendues par des recherches que le tems feul &
les progrès de la fcience amèneront peu à peu. ' ;
Je ferai remarquer ici que, pour examiner la :
fibrine bien pure & bien ifolée, il faut prendre,
ou la fibre du fang caillé, privée de toute matière
foluble & colorante par un lavage complet, ou la
fibre des mufcles, également foumife à une grande
quantité d’eau, & bien fe parée, par ce diffolvant,
de toutes les matières a'bumineufe-& gélatineufe
qui raccompagnent dans le mufçle, ]
Il a déjà été parlé de cette fubftance dans plusieurs
articles précédens', il en fera queftion encore
aux articles Muscles & Sang. On pourra
confulter les mots Chair , Composés animaux
, &c.
FIEL DES ANIMAUX. On nomme fouvent
fiel la bile des animaux ; c’eft, comme on l’a montré
à l’article B i l e , une liqueur aîbumineufe &
favoneufe , qui contient une huile particulière ,
fouvent concrefcible, unie à de la foude. Sa nature
eft telle, qu’ elle eft décompofée par les acides
& par toutes les diffolutions métalliques. On croit
de plus aujourd’hui qu’elle contient une matière
particulière à laquelle elle doit l’amertume remarquable
qui la diftingue. Cette matière paroît aufli
fe former par l’a6bon de l’acide nitrique fur les
fubftances animales, & fpécialement fur la chair,
ainfî que fur plufieurs fubftances végétales, telles
que le gluten de la farine & l’indigo.
Il fera queftion de cet objet dans plufieurs autres
articles de cet ouvrage. (Voyez, pour l'kifioire
de cette liqueur animale, Varticle BlLE.)
Fiel de verre. On appélle fiel de verre le
mélange falin qui fe volatilife ou qui s’élève à la
furface du verre fondu dans les pots de verrerie.
C ’eft le plus fouvent du fulfate de potafîè mêlé de
muriate de foude, de divers.fulfates & muriates
terreux. On fait ufage de ce mélange falin dans
quelques arts : on l’a aufli recommandé en médecine
; mais c’eft un mauvais médicament, auquel
il faut préférer les fels purs, ifolés, qu’on connoît
bien.
FIENTE DES OISEAUX. Je ne parle ici de la
fiente des oifeaux, qui n’avoit pas été. examinée
jufqu’ici par lés chimiftes^ que pour annoncer une
découverte que nous avons faite, en i8o4,M.Vau-
quelin & moi. Ayant eu occafion de faire quelques
recherches fur l’urine d’autruche pour compléter
notre travail fur cette liqueur dans les di-
verfes clafles d’animaux où il nous étoit permis
de le fuivre, nous reconnûmes que cette urine,
qui eft très-abondante dans l’autruche , & qui fe
trouble promptement par le refroidiflement, contient
une quantité notable d’acide urique. Comme
cette liqueur, ainfî que l’urine de tous les oifeaux,
fort en même tems & par le même canal que les
excrémens-folidés, nous fûmes naturellement conduits
à examiner ceux-ci , & nous trouvâmes que
la partie blanche des excrémens de l’autruche étoit
de l’acide urique prefque pur. En continuant çès
recherches fur les excrémens de la poule , du canard,
du pigeon, des ferins, des moineaux, &c.
nous obfervâmes que la partie blanche, fortant
toujours, ou prefque liquide , ou au moins beaucoup
plus molle que la partie colorée, brune ou
vert-foncé, repréfentoit l’urine dans la clafle entière
des oifeaux, & que partout elle étoit, pour
la plus grande partie, compofée d’acide urique,
Ainft
Ainfî cet acide, que nous avions cru jufqu’ ici
particulier à l’efpèce humaine, exifte abondamment
dans les oileaux ; il fait la plus grande partie
de leurs excrétions urinaires, & il conftitue vrai-
femblablemeht une efpèce de calculs dont on ne
s’eft pas encore occupé dans cette clafle d’animaux.
Je ne me permets pas de tirer encore de ces
faits, aufli extraordinaires qu’ils font nouveaux,
quelques conclufions fur la phyfioiogie des oifeaux
; mais je dois dire qu’ils auront une influence
marquée fur la connoiflance de leurs fon&ions;
qu’ils devront être comparés à leur organifation
particulière, à ce qu’ils préfentent aufli de particulier
dans l’exercice de leurs fonélions, furtout
de leur refpiration, à l’abondance des petits graviers
qu’on trouve fi fouvent dans leurs reins, à
l’aétivité du cours dé leurs humeurs, à leur température
élevée, & c.
FILONS, Veines. ( Ven a metallica.) Ce font
des gîtes de matières minérales ( Gangue & Minerai.
Voyez ces mots )., de forme très-aplatie ,
coupant prefque toujours les couches des roches
qui les contiennent , v& compofés d’une fubftance
différente dé la leur. Ce font en quelque
forte des plaques minérales d’une grande étendue,
préfentant quelques finuofités tk inflexions, mais
dont l’enfemble approche en général de la forme
plane. On ne peut fe faire une idée plus exaéfce
d’un filon & de fes particularités, qu’en fe le re-
préfentanc comme une fente faite dans la roche,
& qui a été ënfuite remplie de matières pierreufes
& métalliques formant une mafle continue. 11 eft
même très-vraifemblabie que prefque tous les
filons, notamment les grands, ont été réellement
formés de cette manière : Werner a développé ce
mode de formation dans fa Théorie fur la formation
de filons. Nous renvoyons à cet ouvrage. -
La plupart des fubftances métalliques que nous
retirons du fein de la terre s’y trouvent ordinairement
dans des filons. Aufli ces gîtes de minerai
(voye% ce mot) ont-ils été, de tout tems,
l ’objet particulier de l’étude des mineurs, des métal
kir g iftes & des géologues. Obligés de nous ref-
treindre ici dans les bornes qui nous font preferi-
tes,nous renvoyons, pour les détails, auTraité de
Werner, cité plus haut, & à l’article Filons de
la minéralogie. Nous nous contentérons ici de
donner la nomenclature des diverfes parties du filon,
la manière dont on détermine leur pofnion, de dire
un mot fur leur majfe, leur ftruâure & leurs rapports,
tant à l’égard de ia roche qui les contient, qu’avec
les autres filons de la même contrée.
Parties d'un filon. Les deux grandes faces d'un
filon, celles qui forment en quelque forte fes parois,
fe nomment falbandesj elles font affez fouvent
revêtues d’une mince couche oulifière d’un
limon onétueux & bleuâtre, appelé befieg par les
Allemands. Les filons étant inclinés, il faut dif-
Cmimie, Tome IV.
tinguer la falbande fupérieure, de l'inférieure. La
roche adjacente à la fupérieure eft le toit du filon,
& la roche adjacente à l’inférieure, en eft le mur :
le toit & le mur font défignés quelquefois fous le
nom commun d'êpontes.
L’épaifleur d’un f ilo n , c’eft-à-dire, la diftance
perpendiculaire d’une falbande à l’autre, en eft
appelée la puiffance. Elle varie confidérablement,
meme dans de petites diftances ; ainfi un filon qui
a dans un endroit plufieurs mètres de puiffance, fe
trouve quelquefois, cent pas plus loin, réduit à
quelques centimètres; on dit alors qu’il eft étranglé
: il forme un ventre, un rognon ou même un
amas dans les endroits renflés.
Le bord fupérieur d’un filon en eft la tête. Lorf-
qu’il n’eft pas recouvert, & qu’il fe montre à la
furface du terrain, il prend le nom d'affieuremens.
| Ordinairement un filon fe rétrécit vers fes autres
e x tr ém ité s"il finit par fe terminer en forme de
coin, ou bien il dégénère en un ou plufieurs petits
filets qui fe perdent dans la roche ; mais il eft
difficile de dire, avec certitude, fi de pareils filets
font réellement les extrémités d’un filon , ou fi ce
ne font que des étranglemens qui fe préfentent
quelquefois comme de Amples fiffures, & au-delà
defquels le filon peut reprendre fon ancienne puiffance.
Les filons varient beaucoup en grandeur : on en
connoît qui ont jufqu'à quarante & même cinquante
mètres de puiffance, & qui font exploités
fur une longueur de plus de quatre lieues : le mord-
lauer en Franconie a cette longueur : quelques filons
de Hongrie paroiffent avoir cette largeur. Au refte,
les filons , furtout ceux qui font bien réglés dans
leur allure, ont une puiffance bien moindre : un
filon eft déjà puiffant lorfqu’il a un mètre. D’un
autre côté, on a des filons dont la puiffance n’eft
que de quelques centimètres & même millimètres
: ce font ces petits filons qui portent plus particuliérement
le nom de veines ; ils préfentent des
finuofités bien plus confidérables que les "grands,
& ceux que l’on voit ferpenter en tous fens dans
quelques roches, pourroient bien devoir leur exif-
tence à un mode de formation, différent jufqu’à un
certain point de celui des autres. L’étendue d’un
filon paroît en général proportionné à fa puiffance ;
il n’eft pas rare de voir ceux dont la puiffance eft
d’un mètre, s’étendre à plus de mille mètres en longueur.
Au refte, on ne peut rien dire de général
à ce fujet, les filons éprouvant, d’une contrée à
l’autre, de grandes variations, tant dans le rapport
de leurs dimenfîons, que dans leur allure.
Détermination de la pofitïon d'un filon. Un filo n ,
confidéré dans fon enfemble, pouvant être regardé
comme un plan ayant une petite épaiffeur, on déterminera
fa pofition en aflignant celle de deux
lignes connues , menées dans ce plan. Une de ces
lignes fera horizontale ; elle fe nomme ligne de di-
rectioîi ; & l'autre une perpendiculaire à la première
5 c’eft la ligne d’inclinaifon. La pofirion de Ccc