
fous la pointe ouverte de ce cône qu’on place îe
tonneau deftiné à recevoir l’huile. Il y a quelques
endroits où l’on extrait le goudron des troncs de
pin entailes, fur la terre au deflus de-.rigoles creu-
îees en pentes, qui le conduifent dans des cavités
placées dans la partie la plus décline.
On obtient \e goudron de la houille en diftillant
celle-ci dans de grands fours de briques conftruits
de manière à recueillir le phlegme fallu -, l’eau
ammoniacale & les hüiles, ainfi. que le coaks ou
charbon qui fer.t aux ufines métallurgiques.
Le goudron fert dans les travaux de marine pour
enduire les cordages, & pour en empêcher la
deftruétion. 11 fert aiiflï à enduire les bois des vaif-
feaux dans le calfatage. Les médecins ont beaucoup
recommandé l’eau àe goudron dans les ulcères
des poumons & des voies urinaires. Il entre dans
plufieurs préparations emplaftiques.
Le goudron de la houille eft moins eftimé que
celui des bois pour l’enduit des cordages..
. GRAIN. Le.grain eft un poids très-petit, qui
répond à. peu près à un demi-décigramme dès
poids français.nouveaux. Le grain étoit;autrefois
repréfenté.par le poids d’ un grain de blé , d’où il
avoit tiré fon nom. llformoit la vingt-^quatrième
partie du fcrupule, lafoixan te-douzièmedu gros
gu de la.drachme3 & la cinq cent foixante-fei-
zième de l’once. On. divi foi t encore le grain en
parties plus petites , en demi , quart, tiers &
dixième. On va jufqu’à eftimer des centièmes &
des millièmes de grain , à l’aide de balances très-
délicates, & -Ton peut ainfi trouver les quantités
les plus petites dans les opérations délicates de la
chimie.
GRAIS. Quelques naturaliftes écrivent le mot
grais par un ai > pour défigner la pierre filiceufe fi
connue & fi employée} mais on eft convenu d’écrire
grès. (<Voyeç GRÈS. )
i. GRAISSE. La graijfe eft une huile animale
plus ou moins fluide & coulante, ou au moins
molle dans les animaux vivans. Elle eft Logée dans
les petits facs formés par le tiffu cellulaire 5. elle
y prend même, comme dans un moule, la forme
de leurs parois intérieures. Au fil trouve-t-on pref-
que toujours la graijfe en efpèces de glèbes ou dé
morceaux aplatis , orbiculairesou carrés irréguliers.
En l’examinant au microfcope, on la voit
formée de véficules remplies d’une humeurtranf-
parente. Wolf a comparé fous ce point de vue,
celle de plufieurs animaux. Dans les difieétions,
& lorfque la chaleur vitale eft éteinte, on trouve
la graijfe plus ou moins folide ; mais le ramolli ffe-
ment qu’elle éprouve entre les doigts , prouveroit
feul qu’elle eft liquide & coulante dans les organes
des animaux vivans. D’ailleurs, beaucoup d’ana-
tomiftes l’ont vue, à l’ouverture du corps des
animaux vivans »dans un véritabl&état de fluidité.
1. La graijfe a «ne faveur douce & fade, une
odeur très-légère quand elle eft chaude, une pe-
fanteur fpécifique moins confidérable que l’eau
qu’elle fumage. Sa-faveur eft quelquefois un peu
âcre, & -fon odeur un peu forte dans quelques
genres d'animaux, furtoutdans ceux dont les muf-
cles font noirs, & qui font naturellement un violent
exercice. Quoique fa couleur foit généralement
affez blanche, elle varié cependant du blanc-
grifâtre au jaune plus ou moins orangé, verdâtre
ou rougeâtre dans toute l’échelle des animaux. Il
en eft de même de la confiftanee qui s’étend depuis
h fluidité d’une huile jufqu’à une molleffe
on élue ufe dans les êtres vivans, & depuis cette
molleffe jufqu’à une denfité fèche & caftante après
la mort & après-la ceftation de la chaleur vitale.
3. On trouve la graijfe abondamment répandue
fous la- peau, où elle forme immédiatement au
deflous du derme un enduit plus ou moins épais1.
Il y en a beaucoup à la fin-face des mufcles entre
les intervalles des différentes efpèces de ces organes
, & dans les interftices de leurs fàifceaux
charnus. On en rencontre auffi une quantité notable
autour de quelques parties des articulations ,
dansîe globe-de l’oeil-, où elle, enveloppe les mufcles
5 le long des vaiffeaux du cou , dans les mé-
diaftins & à la bafe du coeur , autour de l’efiomac
& des inteftins. C ’eft fpécialemenc aux environs
des reins & dans la dupücature membraneufe de
-l'épiploon , qu’elle s'araaffe en grande abondance.
S’il y en a peu autour de quelques mufcles toujours
en mouvement, il y en a en revanche une
proportion confidérable fur les grands mufcles du
bas-ventre , & au dehors des fe(fiers qu’elle fait
en partie proéminer dans l’homme, tandis qu’aucun
animal ne préfente cette faillie des feffes. Elle
eft encore abondante fur la poitrine , autour des
glandes mammaires, dans la femme , chez laquelle
elle détermine là forme faillante, arrondie &f gra-
cieufe du fein. Les plis des grandes articulations
en montrent encore une lurabondance remarquable,
ainfi que la paume des mains, la plante des
ieds , les extrémités des cordes tendineufes, les
ourfes- ou capfules muqueufes deftinées à favo-
rifer le gliffement des tendons. Il n’y a que très-
peu d’animaux qui en offrent dans leur cerveau ,,
fur le front,, fur les cartilages des narines, des
oreilles, autour des poumons, de la verge 5. elle
confti.tue, en général, le vingtième du poids du
corps de l’homme. Sa quantité varie fuivant les
divers animaux & une foule de circonftanees.
4^ Quelques anatomiftes ont admis des organes
particuliers pour la formation -de .la graijfe. Mal-
pighi, en décrivant des glandes adipeufes , a cru
qu’il exiftoit auffi des vaiffeaux pour la charrier
dans les diverfes parties ; mais ni les uns ni les autres
de ces organes n’ont été vus & confirmés
depuis lui. Onpenfe généralement, avec Haller,
que la graijfe fe fépare du fang dans les artères ;
que »-formée dans ces vaiffeaux ,, elle- eft portée
par fa légèreté fpécifiquè, à la circonférence du
cylindre fanguin diftendant les artères, & pouffée
par de petites ouvertures, dont on fuppofe leurs
parois criblées, dans les cellules du tiffu muqueux.
Pour prouver cette opinion, Haller invoque beaucoup
les phénomènes des inje&ions, qui fuintent
par tous les points latéraux des artères, & fe répandent
dansie tiffu cellulaire j il fe fonde fur la
graijfe qui montre fouventdes points &: une nuance
rouge de fang extravafé par le côté des artères,
après des courfes violentes dans les animaux ; fur
la graijfe que Morgagni a vue couler en gouttes
des vaiffeaux coupés j fur celle que Malpighi dit
avoir reconnue dans le fang artériel & circulant
des grenouilles, & que Gliffon & Ruyfch ont retrouvée
dans celui des fcorbutiques. Le repos, la j
nourriture abondante, la diminution des fecré-
tions, & furtout de la tranfpiration, la faibleffe
& le relâchement qui fuivent les hémorragies,
la icaftration, font les-circonftances qui en favori-
fent la formation. Une défoxigénation prononcée
dans le fang en eft la fource primitive, fuivant
les principes de la chimie pneumatique françaife,
fi bien employés par le doéteur Beddoes. On voit
les oifeaux engraiffer en quelques heures de brouillard
, notamment les ortolans, les rouges-gorges,
les grives, &c. Les vaiffeaux abforbans la pompent
& la font difparoître promptement chez les
animaux qui dorment pendant l’hiver, dans les
maladies fébriles, dans les grandes fuppurations,
dans les exercices violens, par les alimens âcres,
l’abus des liqueurs vineufes ou alcooliques, les
friétions mercurielles, &c. &c.
5. La nature chimique de la graijfe n'eft connue
que depuis très-peu d’années. Olaüs Borrichius
eft le premier qui ait fait une attention particulière,
dans le dix-feptième fiècle, à la fumée piquante
qui fe dégage de cette matière fortement
chauffée » & qui ait décrit les mauvais effets qu’elle
produit fur ceux qui s’y expofent. En i74o,£ar -
theufer, d’après l’aétion des acides puiiïans fur
les huiles végétales, a le premier confidéré la
graijfe comme une huile épaiiïie par un acide. Son
fentiment a été fuivi par tous les chimiftes , jufqu’à
nos jours. Grutfmacher s’eft occupé de cet
acide de la graijfe en 1748. Rhades, en fe livrant
à l’examen des matières animales d’après l’invitation
du célèbre Haller, a donné quelques détails
fur cette humeur dans un Traité publié à Gottin-
gue en 1713. Knape a confidéré cet acide rectifié
comme très-fort, & formant une efpèce particulière.
Un an après lé travail de "Rhades, Segner
a fait connoître une fuite d’expériences fur l’acide
die Ait graijfe , fur lequel il a mis au jour, une Dif-
ferta.tion particulière. Cependant, malgré ces travaux
préliminaires, Daumont ne craignit pis de
nier, dans la première édition de T Encyclopédie,
la préfence, d’un acide dans la diftillation de la
graijfe. Haller a rétabli la vérité dans les fupplé-
mens qu’ il ajoura quelques années après aux arti-
1 clés médicinaux de cet ouvrage. Crell, en 1779,
a publié une longue Differtation & une grande
férié d’expériences fur la graijfe & fon acide : il
a appris à le retirer, à le purifier ; il en a décrit
les propriétés diftin&ives & les combinaifons fa-
lines. Depuis lui, tous les chimiftes ont confirmé
autant qu’étendu les réfultats de Crell fur l'aci-le
extrait de la graijfe, Maret, dans les cours de
l’Académie de Dijon, répéta fes expériences, &
y ajouta quelques faits. Bergman, dans fa Differ-
tation fur les attrapions électives, a tracé la première
efquiffe méthodique des attrapions de cet
acide. M. Guyton-Morveau en a publié une hif-
toire exaPe dans ■ le premier volume de ce Dictionnaire
; il y foutient fpécialement la préfence
de cet acide tout formé dans les graiffes. M. Ber-
tholiet y a prouvé la préfence de l’oxigène, & a
bien décrit le mode de leur aPion fur les oxides
métalliques. Je me fuis auffi occupé des propriétés
chimiques de ce compofé animal} j’ai trouvé que
l’acide fébacique n’y étoit pas tout formé, & qu’il
falloit l’aPion décompofmte du feu pour l’obtenir}
j’ai-montré que l'acide nitrique oxigénoit
la graijfe, & la rendoit fufceptible d’agir d’une
manière très:remarquable fur l ’économie animale.
C ’eft depuis cette époque qu’on l’emploie avec
fuccès dans la galle, les éruptions dartreufes invétérées,
iesfymptômes fyphilitiques cutanés, &c.
J’ai reconnu la poffibilité d expliquer fa formation,
fa fonte, &c. par les attractions chimiques, &
l’état du fang dans les animaux vivans. Enfin, j’ai
déterminé la différence de quelques efpèces de
graijfe. M. Thénard a confirmé î’exiftence de l’acide
fébacique, reconnu plufieurs des propriétés ca-
raPériftiques de cet acide, & donné un nouveau
procédé pour l’extraire pur.
6. La première expérience, le premier procédé
qu’on pratique fur la graijfe, confifte dans fa purification.
On fait que cette humeur, telle qu’on la
tire du corps des animaux, eft mêlée de tiffu cellulaire
& de vaiffeaux lymphatiques, de fang & de
mucilage gélatineux } qu’elle eft très-fufceptible
d’altération. Pour la purifier & la conferver, on
la coupe par petits morceaux : on en fépare les
membranes & les vaiffeaux les plus apparens &
les plus gros ; on la lave avec foin, & en la comprimant
beaucoup dans une grande quantité d’eau;
on la broie même avec l’eau dans un mortier; on
la fait fondre dans un vaiffeau de porcelaine ou de
faïence, avec une petite quantité d'eau ; on laiffe
diffiper celle-ci jufqu’à ce qu’il n’y ait plus le pétillement
qui annonce fon paffage à travers la
graijfe fondue, & fon évaporation dans l’air j on
l’écume avec foin pour en féparer les portions de
parties folides qui peuveni y refter; on la coulé
dans un vafe froid & neuf} elle s’y fige en une
maffe blanche , grenue , criftàlline , très douce ,
molle & fufibLe dans les doigts, qui fe conffrve
trës-long-tems. On fait furtout cette opération
5 dans les pharmacies & les parfumeri s avec la