
- B. Les forces qui tirent une aiguille . aimanteej
dans des fens oppofés , vers le nord & vers le
inidi, font égales , comme M. Coulomb l'a vérifié
, en trouvant exactement le même poids dans
.une aiguille aimantée.*, que dans cette aiguille
avant qu'elle eût été aimantée,
v C. Qn a quelquefois obfervé que des morceaux
. d'aimant récemment extraits de la terre, & laides
dans la même pofition où ils étoient avant leur
extraCHon , avoient leurs pôles fi tués en feus in-
verfe de celui qui auroit dû avoir lieu dans l'hy-
pothèfe cù ils aiiroient acquis leur magnétifme
par l'aCtion d'un aimant fi tué au centre du globe. !
Æpinus a écarté cette difficulté en fuppofant j
dans.les mines d'aimant, comme on l'obferve dans j
les fers aimantés artificiellement, ce qu’il nomme j
des points conféquens, c’eft-à-dire, une fuite de j
pôles contraires, formés dans un court efpace par
l'engorgement & l'accumulation du fluide magnétique,
férié qui peut exifter dans un fragment de
mine détachée ; de fort^que les deux pôles qui le
terminent, foient autrement tournés que dans
les morceaux chargés ou armés du magnétifoe
ordinaire.
D. Le magnétifme n'exifte que dans le fer métallique
ou dans le fer très-peu oxidéj mais il ne
faut pas juger de fon abfence ou de fa modification
dans des morceaux, par des barreaux trop
•forts, parce que la force de ceux-ci peut détruire
.le,magnétifme de ces morceaux, puifqu’en prenant
, pour effayer ces morceaux, des aiguilles
fufpendues très-foibles, comme l'a fait M. Haüy,
alors iis deviennent tous des aimàns.
E. Il eft poffible que des minés de fe r aient
échappé à l’aétion magnétique du globe, fi elles
ont été fituées de manière que leur axe fût per-
pendiculaire à la direéïion du méridien magnétique
dé leur lieu natal.
F. Il y a beaucoup de variétés dans l’énergie
des forces aimantaires des mines àe.fer,* & pour
ne pas tirer une conclufion oppofée à la vérité ,
il ne faut pas fe borner à une feule obfervation :
il faut les multiplier •affez, foit par rapport à la
pofition refpeélive du morceau qu'on examine,
.& du barreau ou de l'aiguille qui fert à en déterminer
l’état.
G. Tous les morceaux de ^renfoncés dans la
terre, & non furchargés d'oxigène, font des ai-
mans naturels , dont les degrés de force varient
dans des limites; très^étendues : en forte que.l'on
ne doit pas faire une efpèce à part dé l'aimant en
minéralogie ; vérité ^nouvelle?, & bien différente
de ce que penfoient autrefois les minéraîogiftes.
} 7’, Le fer eft un très-bon conducteur de l’électricité
animale ^ connue aujourd'hui .fous; le nom
àegafaanifme3 & il doit influer, par cette propriété
remarquable,.fur la vie & les mouvemens ■
des animaux vivans. Auffi, malgré le peu de con-
fiance^que méritent-, de la part des hommes éclai- I
ƒ es, l'aveugle enthoufiafme & l'audacieux em.pi- I
rifme qui ont tant annoncé de qualités ou de vertus
merveilleufes dans les applications extérieures
& dans les pointes de fer fufpendues ou promenées
à une diftance plus ou moins grande du corps,
ou même pofçes très-près de quelques-unes .de
fes régions, on ne peut nier , & on n'a point encore
convenablement apprécié les^effets que ces
applications bien dirigées & réunies à celles d'autres
plaques métalliques communiquant avec les
premières, pourront produire fur les animaux
lorfqu'on fera plus éclairé qu'on ne If eft; encore
fur là marche & les phénomènes de la nouvelle
modification de l'irritabilité vivante qu'on a- découverte
il y a quelques années en Italie. 11 faut
encore multiplier & varier beaucoup les expériences
& les tentatives fur cette force fi remarquable
de la v ie , avant de pouvoir prendre un
parti à cet égard.
18. La faveur & l'odeur font encore deux propriétés
très-diftin&es & très-prononcées dans le
fer. Il fuffit d'en tenir quelque tems dans la main ,
& de porter enfuite cette partie à peu de diftance
du nez , pour reconnoître fa qualité odorante.
Quelque légèrement qu'on l'ait touché, ce métal
laifle toujours fur la peau une couche légère qui
fuffit pour avertir de fa préfence par l'impreffion
qu elle fait fur les nerfs olfa&ifs 5 & comme,
; quand elle devient fenfible dans cette circofif-
.tance, il n'y a point une application immédiate du
fer fur les nerfs, il s’enfuit néceffairement que les
molécules du fe rtont tranfportées par de courant
d'air fur la membrane nerveufe oifaétive. Ainfi
l'on doit en conclure que ce. métal eft entouré
d’une atmofphère qui en tient en diffolution, &
qui en eft faturée. Sa faveur eft allez forte pour
exciter l'impreffion d'un âcre ou d'un aftringent
dans la bouche, quand on l'y tient-pendant quelque
tems Les médecins attribuent avec raifon les
propriétés médicamenteufes dont jouit le fer s à
l'aêtion que cette faveur excerce fur les membranes
irritables & fur les nerfs de.L'eftomac & des
.inteftins. Il ne faut pas confondre cet effet, dû à
l'état métallique, avec celui que produifent les
oxides de fe ry qui portent, comme beaucoup
d’autres oxides métalliques, l’énergie vivifiante
& fthénique de ce principe fur tous les. organes
ineffables bu excitables Je l'économie animale
vivante j mais, il ne. faut pas oublier.non plus que
ces deux forces agiffent fimultanément dans les
vifcères lorfqu'on adminiftre la plupart des pré-
paratiohs médicinales.
; 19.. Outre que lé fer eft le. feul métal qui rou-
giffe par la preflion & le frottement viôlens, &
qui t à raifon de cette propriété, s'embrâfe &
s’enflamme dans l’air quand il eft frappé fortement
par le choc des pierres dures, il jouit encore pref-
qu'exclufivement de la propriété de paffer promptement
dans les dernières ramifications vafculaires
•des animâux-vivaris, de fe filtrer par les pores des
jacines dans les plantes, & par les organes chylifères,
jufque dans les vaiffeaux fan gui ns des anim
a u x 5 de contribuer à la coloration de leurs humeurs,
de fe fixer dans leurs folides, d'entrer
comme partie conftituante dans leur nutrition, &
de jouer un rôle dans la compofition même de
leurs organes. Le moins ennemi, parmi toutes les
fubflances métalliques, de la faculté vitale, il va
porter fon énergie ftimulante jusqu'aux dernières
fibrilles fenfibles & irritables : il n'a rien de vénéneux,
& il ne fait qu'augmenter l’aélivité & la
force du principe viral ; il doit même être porté,
comme principe conftituant, à une proportion
déterminée'dans la compofition des fubftances organiques.
Quelques phyfiologiftes ont cru qu’il
étoit formé par les organes des animaux, & ils en
ont cité pour preuve la première compofition du
fang dans les oeufs des oifeaux pendant l'incubation,
compofition accompagnée de fer dès le premier
inftant qu’il yr.a du fang apparent avec fa
couleur rouge, tandis que, fuivant eux, on ne
trouve pas la moindre trace de ce métal dans i’ceuf
avant cette apparition de la liqueur pourpre fan-
guine mais il n’eft pas. encore rigoureufement
prouvé, ni que l’oeuf non couvé ne contienne pas
j 11 fer 3 ni que le fang du poulet, au moment de fa
première compofition, en contienne réellement.
Hifioire naturelle.
- 20. La nature, comme je l’ai déjà dit plus haut,
a répandu 10 fer avec une abondance-libérale fur
prefque tous les points du globe j & rien n’eft en
effet plus fréquent, parmi les productions foffiles,
que les mines de ce métal. On diroit, en voyant
cette libéralité, qu’elle a voulu avertir l’homme des
grands avantages qu’ri peut retirer de ces mines,
& qu’elle les lui offre à ia furfaee de la terre pour
attirer plus promptement & p’us finement fes regards
, pour l'engager à les recueillir & à les traiter
de manière à obtenir le métal qu'èlles recèlent:
elle a de plus finguliérement varié les formes
de ces mines, leur couleur, leur tifiu, leur compofition.
Àufli les collections minéralogiques font-
elles ordinairement multipliées dans ce genre, &
offrent-elles à l 'oeil de fpeCtacle de nombreufes &
de riches Variétés. On conçoit facilement, d’après
cela, que, dans leurs claffifications méthodiques,
fondées fur les formes, les couleurs & les tiffus,
plutôt que fur la nature intime, les minéraîogiftes
©nt dû reconnoître un grand nombre d’efpèces de
naines de fer. Il eft en effet plufieurs ouvrages modernes
encore, dans lefquels on compte plus de
trente efpèces différentes 5 mais l’examen chimique
qu’on en a fait depuis quelques années permet
de pofer des limites certaines-à cette vague
& a'ncienne détermination des efpèces $ de refler-
rer leur nombre dans un cercle plus étroit, d'après
la; connoiffance plus exaCle de leur compofition}
de difpofer dans un ordre précis & naturel ces
memes efpèces, & de jeter dans la férié prefqu’indéterminée
des variétés les différences qui, pour
la plupart d’entr’elles , ne confident prefque jamais
que dans des nuances plus ou moins légères de
leurs propriétés.
21. Après avoir fait remarquer que le fer eft
peut-être de tous les métaux ceiui dont les mines
préfentent le plus grand nombre de différences ou
de variations dans leur nature, dont les compofi-
tions naturelles font les plus difparates & les plus
diverfifiées ; après avoir répété ici furtout qu’il
ne faut ranger parmi les vraies mines de ce métal
que celles où fa quantité eft fi abondante , qu'on
peut les exploiter avec avantage, ou qu’il fait ail
moins la bafe de leur compofition ; condition fans
l'admiffion de laquelle on feroit bientôt forcé de
multiplier à l’infini ces mines, & de regarder
prefque tous les foffiles comme leur appartenant.
J’obferverai que c’eft fpécialement dans la diftinc-
tion de ces nombreux minéraux , que la méthode
établie dans l’article général de l’hiftoire des métaux
offre le plus d’avantage & promet le plus
de clarté. Les cinq états principaux qui ont été’
- établis pour la généralité des mines métalliques
peuvent être admis pour la diftinêtion des mines
de f e r , i°. celui du métal natif 5 20. celui de fes
alliages j 5 0. fes combinaifons avec des corps com-
buftibles, autres que des métaux ; 40. l'état de fts
oxides j 50. celui de fes Tels. Dans chacun de ces
états, comme dans autant de genres ^viennent fe
ranger d’elles-mêmës les efpèces & les variétés
des mines dé fer que les naturaliftes ont découvertes
, quelque nombreufes & quelque diverfi-
fiéès qu’elles foient.
22. Quoique l’exiftence du fer natif toit encore
une efpèce de problème irréfolu parmi les miné-
ralogiftes, & quoiqu’il foit très-naturel de pen-
fer , avec les plus célèbres d’enrr’eux, que les
morceaux ifoies qu’on a défignés fous ce nom ne
font que les produits accidentels d’anciennes fontes
ou de feux fouterrains , il eft cependant nécef-
fàire de favoir que Margraft dit en avoir trouvé
en filons à Libenftock en Saxe,- que M. Adanfon
afîuré qu'il eft commun au Sénégal, & que M. Pal-
las en a découvert en Sibérie une maffe du poids
de feize cents livres.’ Dans ce bloc', à la vérité,
on trouve des cavités qui annoncent une fu/ion
& un bourfouflement cependant, fuivant les
juftes obfervations de Bergman, elle préfente plu-
fîeurs preuves qu’elle n’a point été fondue par
l’art. Outre fa fituution, qui l’annonce , la pierre
qui en remplit les cavités eft très-différente du
laitier ou feorie des fourneaux 5 le fer en eft très-
malléable à froid, ou à une médiocre température,
mais il devient caftant à la chaleur rouge j
il fe comporte dans tous les effais comme du fer
forgé j il donne du gaz hydrogène fulfuré par l’acide
muriatique.
23. Il eft très-rare de rencontrer du fer allié
avec d’autres matières métalliques, en affez grande
proportion pour qu’on puiffe regarder cette ef