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MM. les académiciens de Dijon difent que l’infufion
de noix de galle blanchit la diffolution de nickel,
& que la liqueur paffe trouble par le filtre ,
comme lorfqùJeIie eft précipitée par l'alcali.
Gallate d’or. MM. les académiciens de Dijon
ont obfervé les premiers, que la diffolution d’or eft
précipitée avec le tems par l’infufion de noix de
galle î qu’il fe forme infenlïblement des nuages de
couleur pourpre, qui fe répandent dans toute la
liqueur; que l’or ne fe dépofe au fond du vàfe
qu’en très-petite quantité, & qu’il fe ramaffe
prefqu’entiérement a la fufrface de la liqueur, où
il paroîtavec fon éclat métallique. M. Monnet avoit
annoncé que ce précipité d’or par l’extrait acerbe,
eft foluble dans l ’acide nitrique ; que cette difiolu-
tion eft très-ftable, de couleur bleuâtre , & qu'elle
n’eft pas précipitée par l’alcali fixe.
Il paroit donc que l'acide gallique tend plus à
réduire l’or diflbus dans les acides x qu’à former
avec fes oxides un gallate permanent. ^
Gallate de platine. Suivant les chimiftes de
Dijon, la diffolution nitro-muriatique de platine
ne change point de couleur par l infufion ae rioix
fie galle} mais ce mélange fe trouble avec le tems,
& donne un précipité noirâtre qui fe diftout facilement
dans l’acide nitrique, en lui donnant une
couleur jaune-dorée, que l’ alcali fixe ne détruit
pas. 11 eft évident que le précipité noir dont ils
^parlent, & qu’on obtient par la noix de galle après
avoir faturé la diffolution de platine avec l’alcali
fixe, n’eft dû qu’au fer contenu fi abondamment
dans ce métal.
Les chimiftes rangent aujourd’hui le platine
parmi les métaux dont l’acide gallique ne précipite
point les diffolutions, & ils le fervent utilement
fie cette propriété pour féparer plufieurs métaux
d’avec le platine. ( Voyt[ l’article Platine.)
Gallate de Tlomb. On fait que le nitrate de
plomb eft précipité par l’infufion de noix de galle,
que la liqueur prend une couleur ardoifée, & que
fa furface fe couvre d’ iris ou d’une pellicule mêlée
fie vert & de rouge* Cet effet annonce un commencement
de réduction de l’oxide de plomb par
l ’acide gallique, & femble indiquer que \z gallate
de plomb n’eit pas permanent.
Gallate de potasse. On a peu examiné encore
h combinaifon faline de l’acide gallique &
de la potaffe. On ne fait rien de plus à cet égard,
que ce qui a été dit à l’article Gallate en général.
Gallate de ptÙne. Le ptène, métal qui accompagne
le platine, eft encore trop peu connu
pour qu’ on ait examiné fa combinaifon avec l’acide
gallique. ( Voye^ Varticle PtÙne.)
’ Gallàte de soude; Il en eft du gallate de
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fàude, comme du gallate de potaffe : on n*a point
affez examiné cette combinaifon pour en connop-
tre les propriétés. On n’en fait que quelques généralités,
indiquées à l’article Gallates.
Gallate de STRONTiANE.Prefqu'abfolument
inconnu.
Gallate de tantale. Inconnu.
Gallate de tellure. Inconnu.
Gallate de titane. Incqnnu.
Gallate de tungstène. Inconnu.
Gallate d’^irane-. Inconnu.
Gallaîe d’yttria. Inconnu.
Gallate de zinc. MM. les académiciens de
Dijon difent que l’infufion de noix de galle précipite
en vert tirant au brun, la diffolution nitrique
de zinc. M. Monnet avoit dit que ce métal pre-.
noit toujours une couleur rouge de chair morte
en s’unifiant à la noix de galle. Ces deux effets parodient
tenir aux matières végétales, unies à l ’acide
gallique dans l’infufion de noix de galle, &
non à cet acide pur, puifque, d’après des expériences
plus exactes, les chimiftes modernes rangent
le zinc parmi les métaux qui ne précipitent
pas par l'acide gallique.
Gallate de zircone. Entièrement inconnu.
GALLIN. Je nomme ainfi, avec M. Séguin,
l’acide gcilique impur, combiné avec une petite
portion d’extraéfcif ou d’un principe végétal encore
inconnu, dans lequel refide principalement
fa faveur aftringente : il exi!fe prefque toujours
avec le tannin; il n'eft point abforbé par les matières
animales, ni précipité par la diffolution de
colle; de forte que l’eau faturée de tari, & privée
enfuite de tannin par les peaux qui la lui ont enle-
vée, contient encore ce gallin qu’on y montre en
précipitant le fulfate de fer. M Prouft a féparé le
gallin d'avec le tannin,^contenus tous deux enfem-
ble dans une décoétion de noix dç galle, en l’unif-
fanc au muriate d’étain, qui s’empare du tannin,
avec lequel l'oxide d’etam fe précipite, & laifïe
dans la liqueur furnagcante le gallin avec Pacifié
muriatique. M. Seguin a reconnu au gallin la propriété
fie défoxigéner ou de debrûLr les matières
animales & de les diftendre , de les gonfler de manière
à les difpofer, par ce double effet, à fë combiner
avec le tannin. On pourra pouffer quelque
jour Remploi du gallin comme réaétif, j ijqu âfe -
connoîrre par fon moyen l’etat d’oxigénation des
diverfes fubftances animales. ( Voye^ les articles
Gallates, Gallate de jfer O T annin.)
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GALVANISME. Quoique le galvanifme foît
aujourd’hui reconnu pour la véritable élet'ricité,
d’après les expériences de M. Volta, il n'en eft
pas moins vrai que la manière continue dont ie
fluide éleétrique eft mu dans l'appareil galvanique,
fait produire: par ce fluide des effets réellement
differens de ceux qui font produits par les machines
ordinaires. Ces effets , qu’on reconnoît d'abord
à l’efpèce de commotion & d’ irritation doulou-
reufe qu’on éprouve en .plaçant quelques régions
mufcnlaires dans le courant galvanique, fe mani-
feftent furtout par la décompolition rapide de
l’eau , par le dégagement des gaz oxigène & hydrogène
aux extrémités pofitive & négative des
conducteurs .par l’oxidation des métaux les moins
oxida’bles j & par la décompolition d’une foule de
compofés chimiques de tous les ordres. Ce dernier
phénomène eft pouffé fi loin dans les expériences
galvaniques, que j’ai propofé plufieurs
fois cet appareil comme propre à donner feul les
principaux réfultats d’un cours de chimie tout entier.
Je refte encore convaincu que, fous ce rap. :
port, l ’influence galvanique eft à peine connue ;
ou’on en tirera pir la fuite un très-grand parti pour
déterminer la nature de plufieurs matières encore
ignorées, pour opérer des combinai Ions, & fur-
tout des décompofitions qu’on n'a point encore
obtenues jufqu’ à préfent, &qu’il ne faut pas croire
que tout eft dit fur le galvanifme parce qu’on a
déterminé fes rapports avec l’électricité, comme
quelques phyficiens femblent le penfer depuis les
belles expériences de M. Volta.
GANGUE, Matrice. (Matrix metallomm.)
On donne ce. nom aux fubftances minérales pier-
reufes qui enveloppent ou accompagnent les minerais
métalliques , & qui, conjointement avec
eux, condiment la maffe des filons & des couches.
Les minéraux qui font le plus ordinairement l’office
As gangue , font le quartz, la chaux carbonat
e , la_ baryte fulfatée, la chaux fluatée, &c. Le
minerai fe trouve dans la gangue, foit en rognons,
foit en veines, foit en petites couches. ( Voye^,
pour de plus grands détails fut cette difpofition
réciproque, l’article Filons.)
Les Anciens donnoient aux gangues le nom de
matrices des métaux ; ils penfoient que les métaux
s y engendroient_réellement, & que cette géné--
ration ne pouvoît avoir lieu fans la préexiftence
de telle ou telle gangue. Ce fut l’opinion de Hen-
kel, Hoffmann, Dehman, &c. & d’un très-grand
nombre de chimiftes & d’aichimiftes des deux derniers
fiècles; mais elle a été entièrement abandonnée:
depuis que la faine phyfique a préfidé aux dif-
culfions fur les phénomènes de la nature.
Le mot gangue vient de l’allemand gang, mais on
en a changé l’acception ; gang défîgne un filon. La
gangue porte en allemand le nom de gangart. ( D. )
GARANCE. La garance, plante de la famille
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des rubiacées, nommée rubia tinctorum par Linné,
& placée dans fa tétrandrie monogynie, eft culci>-
vee en beaucoup de lieux, & même en France ,
depuis un demi-fiècle, à caufe de fon ufage multiplie
dans la teinture.
La racine de garance, cylindrique & groffe
comme une plume, eft rougeâtre en dehors & jaunâtre
en dedans, inodore, d'une faveur légèrement
aftringente & défagréable. On la regarde eh
médecine comme apéritive ; on l’emploie prèfque
comme fpécifique dans les affrétions fcrophuleufes
& dans le rachitis ; elle colore en rofe les os des
animaux, quand on en mêle pendant quelques feu
maines dans leurs alimens. Duhamel s'eft fervi de
cette propriété pour étayer fon opinion fur l ’ac-
croiffement des os par le période.
La garance eü bien plus importante en teinture
qu’en médecine. J'emprunterai au Traité de M.
Berthollet fur cet art, l’article qu’il y a confîgné
fur cette matière-tinéioriale.
“ La garance, dont on fait un ufage très-étendu
en teinture, eft la racine d’une plante dont Linné
diftingue deux efpèces.: la première, rubia tinclo-
rum,. foliis fenis ; la fécondé, rubia percgrina ,foliis
quatemis. La première a deux variétés , la garance
cultivée & la garance fauvage, que l’on nomme
aulii rubia j,ilvefiris, monfpejfulana, major.
Quoique la garance puiffe croître dans un terrain
compaéte, argileux, ou dans le fable, elle
réuflit cependant mieux dans une terre médiocrement
graffe, molle, humide & très-iégérement
fabloneufe : on li cultive dans plufieurs de nos
départemens. On a généralement regardé comme
la meilleure qui croiffe en Europe, celle de la Zélande
; mais celle que l’on cultive dans les départemens
du Rhin ne lui eft pas inférieure.
” La garance préparée pour l ’ufage de h teinture
fe diftingue en différentes qualités. On - appelle
garance-grappe celle qui provient des mères raci^
nés , & non-grappe celle qui eft le produit des tiges
qui ont été enfouies dans la terre, où elles fe font
transformées en racines, & auxquelles on donne
le nom Ae couchis ; chacune de ces efpèces fe fouf-
divife en garance robee, en mi-robée & en non rou
bée, courte ou mâle.
» Lorfqu’on arrache les racines de la garance :
on fépare le couchis pour en former lagarance nom
grappe, & on y joint le chevelu qui n’a pas acquis
une certaine groffeur -: on yiqoinc encore les racines
qui font trop groffes, Sc qui conti ennent beair-
coup de coeur ou de parties ligneiifes. Le s meilleures
racines font celles qui ont la groffeur d’une
plume à écrire, ou du petit doigt tout au plus*
elles font demi-tranfparentes & rougeâtres ; elles
ont une odeur forte, 8c leur écorce tft unie.
» Lagarance, tirée de terre & 'riée, doit être
defféchée pour pouvoir fe moudre 8c fe confer-
ver : on ia fèche , dans les pays chauds, au grand
air ; mais ailleurs on eft oblige d’employ-r des
étuves. -
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