
516 HUI HUI
par leur nature alcaline; mais ce dernier caractère
n’ exifte que dans les huiles animales diftillies.
On a enfuite diftingué les huiles en huiles obtenues
par l’expreflion , & en huiles extraites par la
diftillation. On confondait dans ces dernières , &
celles qui étoient toutes formées dans les plantes
& les animaux, & celles qui, ify érant pas d’abord
contenues, étoient de véritables produits de l'analyse
des corps organiques.
Quelques auteurs ont reconnu des huiles liquides
& des huiles concrètes. Plusieurs chimiftes ont distingué
, d’après leurs ufages variés, les huiles en
alimentaires, médicamenteufes , pidtoriales, com-
bufiibles, &c.
On pourroit admettre encore avec quelqu’avan- :
tage pour la fcience, des huiles naturelles ou exif- j
tant toutes formées dans les matières végétales ou i
animales, d'où on ne fait que les extraire par diffé- j
rens procédés , & des huiles artificielles ou factices ,
dont la formation eft le produit d’une altération
quelconque dans les matières qui les fourniffent.
Les premières ou les huiles naturelles compren-
droient, 1°. les huiles fixes , grajfes ou par expref-
fion5 qu’on trouve le plus fou vent dans les femences
de beaucoup de plantes ; 2°. les huiles volatiles,
ejfentielles, odorantes, âcres , qu’on extrait quelquefois
par l'expreflion, mais le plus fouvent par l’action
d’un feu doux qui ne fait que les volatilifer.
On pourroit diftinguer encore les huiles fixes en
liquides , molles & folides , en végétales & animales.
-On étendroit les mêmes diftinétions pour
les huiles volatiles, qui font en effet, ou liquides, ou
épaiffes, ou criftaliines, & qui, quoique beaucoup
plus fréquentes dans les végétaux, fe rencontrent
quelquefois aufïï parmi les compofés animaux.
Le fécond genre des huiles ou les huiles artificielles
contiendroient, i°. les huiles formées par
l ’a&ion du feu dans les matières végétales & animales
qui y font foumifes ; 2°. les huiles formées par
la putréfaction 5 50. celles qui font le produit de
l aétion de l’acide nitrique fur les mêmes matières. ;
Ces huiles factices, toutes plus ou moins charbo-
nées & oxigénées, diffèrent de la plupart des huiles
naturelles par leur état concret: ce font des efpèces
de graiffes ou de beurres plus ou moins moux &
fufibles, âcres, rances & ferides, fouvent acides, j
Les articles fuivans feront connoître toutes ces
huilesyioit comme efpèces, foit comme variétés.
Il ne faut pas confondre avec les véritables huiles
plufieurs corps acides concentrés ou falins, qu’on
a très-improprement nommés huiles. {V o y e lle s articles
qui fuivent. )
Huile animale.. Il a déjà été dit, dans l’article
précédent , que les matières animales font
fort difpofées à palier à l’état huileux. V h u ile dont
il eft ici queftion, fe forme en effet aux dépens
des compofés animaux fournis à l'aCtion du feu.
La grande quantité d'hydrogène qu’ils contiennent^ j
& fa tendance à s’unir x à l’aide de l’a&ion du. ca- I
lorique, avec du carbone & de l’oxigène, donnent
naiffance à cette huile qui fe volatilife pendant
la diftillation de ces compofés opérés à feu
nu ou de réverbère dans des,cornues de verre,
de grès ou de fer. Elle le forme furtout à l ’époque
où une grande partie de l’oxigène des matières
animales , abforbée par l’hydrogène pour conf-
tituer l’eau qui paffe la première, laiffe dans le
réfîdu une plus grande quantité d’hydrogène qui
rapproche ce réfidu de l’état huileux.
Ùhuile ainfi formée & obtenue plus ou moins
abondamment de celles des matières animales qui
n’en contenoien.t pas avant cette opération, eft
brune, épaiffe, charboneüfe , fétide. Sa fétidité
très-remarquable a quelque chofe de fixe & de tenace,
qui la fait fubfifter long-tems & adhérer à
tous les corps. Elle contient ordinairement de
l’ammoniaque à nu, & verdit les couleurs bleues
végétales. Une portion eft concrète.& comme
grumelée ; elle eft chargée de charbon qui y refie .
fufpendu, & lui donne fa couleur noire.
En la diftillant à un feu doux on en fépare une
portion d * huile plus claire, qui , par des rectifications
répétées, devient entièrement blanche : il
refte pour réfidu une huile plus épaiffe, plus colorée
qu’auparavant, & beaucoup moins volatile
que celle qu’on obtient par la diftillation. On peut
donc regarder ce produit huileux comme compofé
de deux huiles y l’une volatile & incolore j c’eft
Y huile animale de Dippel, dont il va être parlé
dans l’article fuivant > l’autre brune ou noire,
épaiffe, fétide, charboneüfe, moins vojatile que
la première. ( Voye£ l'article qui fuit. )
H u i l e a n i m a l e d e D i p p e l . C’eft en rectifiant
Ykuile brune & plus ou moins épaiffe obtenue par
la diftillation des matières animales, qu’on obtient
Ykuile légère, blanche & incolore, qu’on nomme
dans les pharmacies huile animale de Dippel.
Dippel, chimifte de Berlin , eft le premier qui
ait imaginé de diftiller Ykuile animale, & d’en retirer,
par une efpèce de rectification, Y huile plus
pure & plus volatile qui porte5 :fon nom. Cette
rectification ne confiftoit d’abord que dans une
diftillation à feu doux, & dans la réparation du
produit huileux le plus pur & le plus facile à vo-
îatilifer. De longs effais ont appris qu’on doit employer
une température qui n’excède pas celle de
1 eau bouillante. Rouelle confeilloit de faire cette
diftillation avec l’eau même qu’on introduit dans
la cornue avec Y huile brune, en prenant là précaution
de ne pas laiffer de cette huile dans le col
de la cornue, car la moindre parcelle à'huile brune
ou noire fuffit pour colorer de grandes quantités
d'huile blanche.
On a prefque toujours préparé X'huile.de Dippel
en diftillant de la corne de cerf, dont onretirort
en même tems le fel volatil & l’efprit. On layon
d’abord le premier produit huileux avec de l’eau’
pour en diffoudre te fel x on le rediftilloit enfuite
H U I
au bain de fable : on le mêle aujourd’hui avec de
l’eau, & on le rcCtifie dans une cornue de verre
avec les précautions qui ont déjà été indiquées plus
haut.
Vhuile de Dippel bien préparée eft fans aucune,
couleur, parfaitement tranfparente ; elle eft ammoniacale,
& verdit le bleu des violettes loifqu'on ne
l ’a pas mêlée avec l’acide .muriatique avant de la
diftiller , comme quelques chimiftes l’ont propofé.
Elle fe colore & brunit à la lumière: on ne la con-
ftrve pure & blanche que dans des vaiffeaux opaques.
Elle fe colore suffi par l’air des vaiffeaux, qui
paroi't en brûler l’hydrogène & en précipiter du
carbone. Elle eft foluble dans l’alcool, bi s’unit
très-facilement avec les alcalis-cauftiques. Elle djf-
fout très-vite Y huile brune d’où elle a été dégagée,
& dont la plus petite partie la colore.
On l’employoit autrefois comme antifpafmodi-
que dans les affrétions nerveufes , à la dofe dé
quelques gouttes, & dans des mélanges liquides
qu’on nomme mixtures ou potions..
H u i l e d ’ a n t i m o i n e , nom impropre donné
autrefois par les chimiftes aux diffolutions épaiffes
d’antimoine dans les acides.
Il a été plus fpécialement appliqué, par l’école
de. Lemery, au beurre d’antimoine ou muriate
d’antimoine fublimé^.
H u i l e d ’ a r s e n i c , mauvaife dénomination de
la diiïolution de ce métal dans l’acide muriatique
obtenu par diftillation. On la préparoit en décom-
pofant le fublimé corrofif par l ’arfenic métallique,
à,laide de la diftillation. Elle eft prefque nulle.
( Voyeç l'article A R S E N I C . )
H u i l e d e b r i q u e . Les anciens chimiftes pré-
paroient une prétendue huile rectifiée ou purifiée
en diftillant de Y huile d’oiives fur de la brique pilée
dans une cornue de grès placée à feu nu. Cette
huile de brique eft empyreumatique , & plus volatile
que Y huile ordinaire ; elle n’-eft plus employée.
(V o y t\ l'article H u i l e F IX E . )
H u i l e d e c h a u x , nom impropre du muriate
de chaux, tombé en déliquium, adopté par les
anciens chimiftes à caufe de la confiftance & de
la vifeofité de cette diiïolution épaiffe. (Voye^ l'article
M u r i a t e d e c h a u x . )
H u i l e d e m e r c u r e . On nommoit ainfi autre-:
fois la diffolution de mercure dans l’acide fulfu-
rique , à caufe de fa confiftance épaiffe. Il y a
long-tems que cette dénomination impropre eft
abandonnée. ( V o y i% l'article M e r c u r e . )
Lemery donrioit aufti improprement le nom
d huile de mercure à la diffolution du muriate de mercure
oxidé ou fubîimé corrofif dans l’alcool.
Huile d e pétrole* nom donné à une efpèce
H U I 5 1 7
de bitume liquide qu’on nomme plus fouvent pétrole
ou huile de pierre. ( Voye[ PETROLE.)
H u i l e d e p i e r r e , f y n o n y m e d e p é t r o l e o u
d huile de pétrole.
H u i l e d e p o i s s o n . On donne, dans le c o m merce
& dans les fabriques , le nom d'huile de
poijfon à Ykuile de baleine : il paroît aufli qu’il y a
une huile de poijfon retirée du hareng & de plufieurs
autres efpèces très-abondantes de poiffon de
mer. H eft certain que la chair des poiffons eft le plus
fouvent remplie d'huile ou très-difpofée à fe convertir
en huile même par une légère altération, 8c
que beaucoup d’efpèces de ces animaux fournis à
la preffè donnent de grandes quantités d'huile.
L'huile de poijfon eft vifqueufe, trouble, d’une
odeur défagreable de marée, d’une faveur détef-
table. Il y a cependant des peuples qui en font leurs
affàilonnemens & leurs délices.
Elle brûle facilement, & répand une flamme ;
aufti e f t - e l l e employée t r è s - a v a n t a g e u f e m e n t pour
l’entretien des lampes.
L‘huile de cachalot ou de baleine dépofe, dans
les vafes où on la ccnferve, une matière concrète,
un véritable blanc de baleine, qu’on purifie par la
fufîon & la preftion. C’eft ainfi qu’on prépare le
blanc de baleine dans plufieurs ports , & même à
Paris dans les ateliers du faubourg Saint-Denis,
rue de l’Échiquier.
On fait aufti, avec l'huile de poijfon , des favons
qui remplacent ceux des huiles de graines & même
Y huile d’olives avec avantage. Ces favons font concrets
, mais d’une odeur défagreable.
H u i l e d e s a t u r n e . Lemery nommoit huile de
faturne une diffolution d’acétate de plomb dans
Yhuile de térébenthine. Pour la préparer on fait
digérer cette huile fur le fel dans un matras à une
chaleur douce. L'huile prend en quelques heures
une couleur rouge. Lemery preferivoit de concentrer
cette diffolution en féparant la portion la plus
légère de Y huile par la diftillation. Il la recomman-
doit pour déterger & cicatrifer les ulcères putrides.
Il affuroit qu’on pouvoir diffoudre complètement
l’acétate de plomb dans Y huile de téré-
benthine. Macquer obferve, avec raifon, que cette
opération mérite d’être répétée & obfervée avec
foin par les chimiftes.
H u i l e d e s o u f r e . C’eft le nom qu’on donnoic
autrefois à l’acide fulfureux, obtenu par la com-
buftion feule, du foufre fous une cloche. ( Voye-p
l 'article A c iD E S U L F U R E U X . )
H u i l e d e s u c c i n . On a préparé & employé
fous ce nom un produit huileux obtenu du fuccin
par la diftillation. Cette huile volatile, très-odorante
, rangée parmi les fortifiant externes, eü