pèce d’alliage comme appartenante aux mines de
ce métal. Je ne connois encore en ce genre , que
celle que M. Haiiy comprend dans fa quatrième
efpèce fous la dénomination de fer arfenié. C’eft
aufli l’efpèce du prétendu mifpickel ou de mine
de fer arfenicale , que Romé-Delisle nommoit improprement
mine etarfenic blanche3 3c que d'autres
minéralogiftes ont défignée par la phrafe de fer
natif mêlé d‘arfenic. Quoique quelques-uns d’entre
eux j 8c furtoutde Born , aient cru que cette mine
étoit une triple combinaifon d’arfenic, de fer &
de foufre, ce dernier lui-même a cité dans fa def-
cription un cas où la quantité de foufre y eft,
fuivant lu i, tres-petite. Quelquefois cet alliage
natureleft argentifèreSc alors on l’a nommé mine
d'argent blanche ; c’eft le weijfer£ des Saxons. Le
caractère bien prononcé de ce métal allié, qui eft
d’un gris-blanc brillant, d'un tiffu lamelleux 8c
caftant, eft de préfenter des criftaux en prifmes
droits à bafes rhombes, dont les angles font d’environ
cent trois 8c foixante-dix-fept degrés, forme
qui eft ceile de fa molécule intégrante & de fon
noyau. Elle eft quelquefois modifiée par un fom-
met dièdre, à faces triangulaires réunies fur une
arête parai’èle à la petite diagonale du rhombe.
La furface de ces triangles, inclinés l’un vers l’autre
de cent cinquante degrés environ, eft ftriée
dans un fens parallèle à l’arête qui leur fert de
bafe. Il ne faut pas confondre cette mine .avec la
véritable pyrite arfenicale dont je parlerai plus
bas, 8c qui en diffère par plufiëürs caractères ef-
fentiels , comme par fa compcfition.
24. Dans l’ ordre des combinaifons naturelles
du fer avec des corps combufiibles , autres que des
métaux, on n’a encore reconnu & bien analyfé
que celle qu’il offre avec le carbone 8c avec le
foufre. A ces deux compofés, il eft permis de
foupçonner que la chimie pourra réunir quelque
jour celui du fer avec le phofphore, qu’on peut
foupçonner exiftant dans la nature , mais qui n’y a
point encore été trouvé. Le carbure & le fulfure
de fer méritent chacun la qualification de véritables
efpèces de mines de fer ou de fer minéralifé ,
quoiqu’on ne traite que bien rarement celui-ci, 8c
jamais le premier, pour en obtenir le métal, mais
.parce que, dans un ordre fyftématique, on ne
peut rapporter à aucun autre ordre de corps ces
compofés métallifères.
Le carbure de fer 3 connu autrefois fous le nom
.de mine de plomb , crayon noir , potelot , plomb de
mer, cérufe noire \ faujfe galène , mica ou talc des
peintres, & confondu avec le fulfure de molybdène
, à caufe de quelques analogies dans la forme,,•
la couleur , le tiflu , 8c même dans les ufages, a
été d’abord analyfé par Scheele , qui a faifi le
premier fon rapport avec le charbon & fa nature
ferrugineufe , & enfuite bien déterminé dans
fa nature par MM. Vandermonde , Berthollet 8c
Monge, comme une combinaifon de 0,510 de
carbone, 8c de c , io de fer* On le trouve en rognons,
en petites couches, ou même en filons
plus ou moins confidérables, dans les montagnes
primitives, entre des lits de quartz , de feîd-
fpath, d’argile, de craie, aux Pyrénées, en Eft-
pagne, en Allemagne. On le rencontre 8c on l’exploite
très-pur 8c très-doux dans le Cumberland
en Angleterre : l’Amérique & l’Afrique en contiennent
aufli. Il eft fufceptible de criftallifer en
oétaèdres y il eft d’une couleur grife foncée ou
bleue noirâtre , métallique , luifante, gras au
toucher, d’une caffure tuberculeufe 5 il noircit
très-facilement les mains, fe broie en une pouf-
fière fine 8c douce , très-adhérente aux corps par
le feul frottement, & laiffe furie papier 8c les
corps blancs en général une trace noirâtre que
tout le monde connoît dans le crayon noir : il
brûle quand il eft tenu rouge pendant long-tems,
8c laiffe après fa combuftion, 8c en donnant beaucoup
d’acide carbonique, un oxide de fer rougeâtre.
L’eau, paffée à travers ce carbure rouge,
le brûle aufli en fe décompofant 8c en donnant du
gaz acide carbonique : ils ne fervent qu’à le purifier,
en diffolvant l’alumine 8c Ie fer qui y font
fouvent mélangés. Il décompofe les fulfates, 8c
les change en fulfuresj il brûle à l’aide du nitrate
de pocaffe qui le fait détoner, bien mieu^encore
avec le muriate furoxigéné de potaffe, qui fert à
en faire connoïtré très-exaéiement la nature 3 il
fert à faire des crayons, à adoucir le frottement
des rouages métalliques ou de bois, à recouvrir
Sc défendre de la rouille les furfaces des inftru-
mens de fer, à donner une couleur plombée à
beaucoup de corps, à brafquer Sc même à fabriquer
en entier des creufets, à faire des luts fur
les cornues de verre Si de terre.
2j. Le fulfure de fer 3 ou la combinaifon naturelle
du foufre 8c du fer3 a été nommé en minéralogie,
pyrite, parce qu'il eft très-propre à entretenir
le feu, à s’embrâler même par le choc dii
briquet , & à faire naître des feux foutervains. On
le nommoit encore autrefois marcajfite. C ’eft une
des mines dont les naruxaliftes fe font le plus occupés.
Henckel l’a étudié 8c décrit dans le plus
grand détail dans fa Pyntologie, où il a en braffé à
la vérité l'hiftoire de toutes les mines, furtout des
fulfureufes, qu’ ii a comparées 8c confédérées dans
Je plus grand détail. Ce compofé a également
exercé le génie des modernes, par rapport à la
diverfr.é 8c à h Angularité de fes formés : il inté-
reffe beaucoup fes. arts, qui l’emploient fréquemment
8c abondamment, furtout pour en extraire
,1ejfoufre 8c pour traiter phifieurs métaux.
^ Après le carbonate de chaux , que M. Haiiy
préfente avec vérité comme le Protée minéral, le
fulfure de fer eft la fubftance qui offre le plus
grand nombre de formes différentes : il en a déjà
reconnu treize variétés régulières 8c diftinéfès.
Plufieurs ont le cube pour forme primitive , 8c
d’autres femblent dériver de l’oétaèdre : telle eft
la variété qui criftallife comme le grenat trapézoïdal.
Il obferve que le cube ne doit être regardé
comme forme primitive dans le fulfure de fer3 que
quand il eft line j que celui qui a fes faces ftriées
8c dans trois fens perpendiculaires l’un à l’autre,
n’eft qu’un dodécaèdre ébauché. Parmi les principales
variétés de formes que diftingue cet habile
minéralogifte, j’indiquerai ici :
A. Le cube lifte, forme primitive y
B. L’oétaèdre régulierj
C. Le eubo-o&aèdre y
D. Le dodécaèdre à plans pentagones ;
E. Le cube ftrié dans trois fens >
F. L’ icofàèdre ou celui à vingt faces triangulaires
, huit équilatérales 8c douze ifocèles j
G. Le polytrigone à trente-fix triangles, douze
ifocèles acutangles 8c vingt-quatre ifocèles obtuf-
angles ;
H. Le plagié dre ou de biais, où chaque angle
du cube eft intercepté par trois facettes »tuées de
biais.
Outre ces formes déterminées 8c ingénieufe-
rnent nommées par M. Haiiy, on trouve le fulfure
de fep en criftaux divers groupés , en globes
hériffés de pointes d’oétaèdres, en globes polis 8c
ufés, en criftaux ftriés 8c rayonnés, en efpèces de
cylindre, en dendrites , en ftalaélites, en incruf-
tatiotis j en figures bizarres , qu’on a comparées
à toutes fortes de corps ; il fe dépofe fouvent dans
des matières organiques qm lui fervent de moule :
de là les coquilles, les poiffons pyritifiés.
Le fulfure de fer eft prefque toujours d’une
couleur jaune dorée, plus ou moins brillante. 11
en exifte à cet égard deux variétés bien marquées,
la dorée brillante , 8c la dorée terne ou pale. Il
n.e faut pas regarder comme une limple variété de
couleur le fulfure die fer brun , que quelques minéralogiftes
ont défîgné par le nom de” mine de fer
hépatique. Celui-ci eft un fulfure en décompofi-
tton , dont on n’a pas même encore bien apprécié
le changement, mais qui a manifeftement paffé de
l’état brillant à la couleur brune plus ou moins
matte, puifqu’on en trouve qui font bruns en dehors
8c encore jaunes-^lorés à l'intérieur, tandis
que d’autres font brunis jufque dans leur centre :
ils font ordinairement plus friables dans cet état,
que lorsqu’ils' ont leur nuance brillante 8c métallir-
que. Il y a certainement dans ces trois genres,
bien diftinéls de couleur, comme dans les deux
genres de forme primitive des: fulfures de fer3 des
différences non encore déterminées, qui tiennent
a leur nature intime, 8c qui exigeront de nouvelles
recherches pour être Bien connues.
Le fulfure de fer eft fufible 8c inflammable : il
laiffe féparer fon foufre par la chaleur > il eft très-?
fragile. On peut en obtenir du foufre p.refqu.e par
la fufion , 8c très-peu par la fublimation. Expofé à
l’air, 8c furtout après avoir été humeété, il fe
fendille, fe divife, fe ramollit, s’échauffe, fe
Couvre de criftaux falins de fulfate de fer , 8c fe
change en entier dans cette efpèce de feL, qui annonce
que le, foufre s’y brûle, s’y acidifie, 8c
que le fer s’y oxide. Ce phénomène, dont on tire
parti pour l’extra&ion en grand du fulfate de fer 3
étoit nommé autrefois vitriolifation des pyrites. On
doit le regarder comme une combuftion lente ou
une fulfatifation naturelle. L’eau eft décompofée
par cette opération il fe dégage alors du gaz
hydrogène fulfure, qui s’enflamme fouvent fpon-
tanément, 8c auquel on a attribué l’incendie 8c la
formation des volcans. Les acides, en attaquant
le fulfure de fer natif, en développent aufli, 8c
furtout l’acide muriatique , du gaz hydrogène fui-
furé. Les nitrates le brûlent en détonant, à l’aide
d’une haute température, 8c le muriate furoxigéné
de potaffe l’enflamme par la feule pereuflion. L’a-
nalyfe chimique du fulfure de fer naturel y a montré
, outre le fer 8c le foufre qui y varient,en proportion,
8c qui en font les principes les plus abon-
dans, de la fîliee & de l’alumine. Quelquefois on
y trouve, de l’or qui n'y eft que difteminé : alors
on l’a nommé pyrite aurifère : on a aufli annoncé
des pyrites argentifères. L’examen qu’on a fait de
plufieurs de ces compofés a prouvé qu'ils varient
beaucoup dans la nature 8c la proportion de leurs
çompofans.
26. A la fuite du fulfure de fer doit être rapportée
L’efpèce de mine que M- Haiiy a nommée fer
arfenié 3 qui eft la mine d’arfenic .grife ou pyrite
d’orpiment de R orné. La quantité plus ou moins
grande, & toujours, très-fejifible, de foufre que
contient cette mine, la diftingue affez du fer arfenié
8c du véritable mifpickel. Elle n’a jamais d’ailleurs
déformé régulière & criftalline Comme ce dernier :
on ne l’a encore rencontrée qu’en maffes irrégu-?
lières. M Vauquèlin en a analyfé des morceaux
de deux endroits differens ; il y a trouvé le rapport
du foufre. 2k\ifer à peu près de quatre à cinq 3 celui
de l’arfenic au fer très-variable, puifque dans l'un
il étoit de deux à un , 8c, dans l’autre, de fix 8c
demi à un.. Qn doit nommer cette efpèce fulfure
de fer arfenié : ce n’eft point une fimple variété de
la mine précédente , puifque fes propriétés en
diffèrent effentiellement.
27. Le quatrième ordre.,, auquel doivent être
rapportées les mines de fer 3 renferme les divers
degrés d’oxidation de ce métal. On doit y comprendre.
comme véritables mines, bien diftinéles
par leur nature & leurs propriétés,. les quatre efpèces
nommées par M. Haiiy fer oxidulét ferpyro*
este, fer oligifte Si- fer oxidé. Chacune de ces dénominations
, appliquée, ou à l’état de la com.buf-
tion, ou à quelques propriétés de-ces efpèces, ne
préfeotera, pour la méthode que j’ai adoptée, que
des degrés divers d’ox-idation. Ce minéralogifte
nomme fer o.xidulé, par l’analogie de la dénominat
tion. acidulé de la nomenclature méthodique., l’efpèce.
de mine formée par le fer uni à une affez
petite quantité d’o;xigèn.e , pour lui permettre
d’agir fortement fur le barreau aimanté : ce fi le
f$r noirâtre Q.$aedre & anivakle à l'aimant de Rome