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où le potilïîer de charbon qui le fumage , en lui
communiquant fans ceffe du phlogiftique, l’empêche
de fe calciner : les fcories qui viennent
par-deflus s’écoulent à côté par le paffage 6.
( Voye^ la figure IV. ) Ces fcories font jetées
toutes rouges dans l’eau 3 ce qui les rend plus
friables. Comme elles contiennent encore beaucoup
de métal, on en charge une partie à chaque
fois avec le minerai : le furplus eft mis foigneu-
fement à part pour être refondu, ainfî que nous le
dirons plus bas : le fourneau fe charge à peu près
tous les demi-quarts d’heures.
Après dix a douze heures de fonte, le bafiin
de l’avant-foyer fe trouve plein : alors on fait la
percée pour Faire couler Y étain dans celui de réception
, toujours garni de charbons allumés : on
rebouche le trou de la percée avec de l'argile, &
l ’on remplit de nouveau celui de l’avant-foyer
avec du pouffier de charbon pour la fuite de la
fonte. Lorfque 1 * étain eft nn peu refroidi , on le
puife avec une cuillère dont la forme eft triangulaire
: le fondeur verfe, par l’un des angles de la
cuillère , Y étain fur une plaque de cuivre. Ce
métal, en s’y répandant, forme une plaque ronde I
& mince : il refte, dans le fond du badin,(de Y étain
dont partie n’eft pas bien liquide, & partie comme
réduite en chaux : on jwffait brûler de la poix j ce
qui le révivifie : on agite bien le tout, qui, étant
devenu liquide , eft verfé fur la même plaque de
cuivre pour former de nouvelles /euilles ou
plaques d'étain. Enfin , ce qui refte au fond du •
badin & qui n’a plus a fiez, de fluidité pour pou-
voir être puifé,. eft jeté dans lé fourneau. Cha-'
que percée produit environ deux quintaux d'é-
tain , dont on tire quinze à vingt feuilles qui font
marquées du poinçon du. confeil des mines ; elles
font enfuite roulées pour être livrées au com-
merce. On .pafle toutes lés douze heures dans ce
fourneau environ quatre quintaux de minerai, qui
produifent deux quintaux & étain, plus ou moins,
luivant fa richefle, & l’on confomme, durant
•ce tems, trente-neuf pieds fix pouces cubes de
charbon de bois.
Les fcories, qui, comme nous l’avons dit,..contiennent
beaucoup d’étain, font refondues dans
le même fourneau, deux & même trois fois, pour
•en extraire autant de métal qu’il eft poflible. Le.
charbon qu’on emploie dans cette circonftance
n’eft point mouillé.
Il y en a qui, pour la dernière refonte de ces
fcories, les traitent dans un fourneau à manche
fur brafque légère, compofée d’une plus grande
quantité de charbon que de terre argileufe,' la.- j
quelle brafque étant bien pilée dans le fourneau j j
eft fix pouces au de flous de la tuyère, & va en I
pente jufqu’au baflin de l’avant-foyer ,,qui eft aufli j
compofé de la même brafque :: la cheminée eft |
faite en briques j mais fa partie inférieure, c’eft- j
à-dire, la place de la pierre de l’oe il, fe ferme j
avec de gros charbons bien arrangésx & enduits, j
d’argile pour les lier enfemble. Les matières en
fufion coulent par un petit trou qu’on la'fie entre
la brafque & ces charbons, & fe rendent dans le-
baflin de l’avant-foyer. L‘ étain provenant de la
refonte des fcories eft aufli bon que celui de la
première fonte, & il eft de même coulé en plaques.
La fonte des fcories ne peut pas être continuée
plus de trente-fix heures de fuite dans ce
fourneau fans le préparer de nouveau, c’eft-à-
dire, fans refaire-fon fol de brafque.
Les minerais d * étain font fondus par toute l’Allemagne
de la manière que nous l’avons détaillée,
fur une'pierre qui fert de fol au fourneau-, & non
fur brafque , ainfî qu’il eft porté à la page J90 du
Traité des fonderies de Schlutter, de la traduction
françaife. Il n’ y a abfolument qu’à Ehrenfideries-
dorf où l’on fait feulement la refonte des fcories
fur la brafque, dans un fourneau à manche, ainfî
que nous venons de le rapporter 5 c’eft aufli par
erreur qu’il y eft dit que l’ on charge partie égale
de minerai & de charbon.
Toute la différence que nous avons pu remarquer
dans les procédés des fonderies d‘ étain 3 con-
fifte dans les aimenfions des fourneaux : ceux'de
Plattenen Bohême font de la même hauteur que
celui que nous donnons fur la planche, mais leurs
autres proportions font beaucoup plus grandes;
ils ont dix-huit pouces de longueur de la tuyère à
la chemife, autant de largeur fur le derrière, &
un pied en devant le trou dans oeuvre.
Raffinage de Vétain».
Lorfque Y étain n’eft: pas pur, on lui fait fubir
une opération qui le débarraflé des fubftance.S'
étrangères qu’il contient. Nous allons la décrire
telle que nous l’avons vue exécuter auxTonderies
de Schlackenwald en Bohême.
Lorfque le bafiin de l’avant-foyer du fourneau
où. l ’on fond le minerai eft plein, on le perce &
on fait couler Y étain dans celui de réception, que
l’on a formé en carré long dans une pierre de grès :
on. le laifle-refroidir afin de l’en fortir en une
feule pièce, 8c quand on en a environ quinze
quintaux, on le raffine de la manière fuivante :
Le foyer ou efpèce de fourneau où l’on raffine
Y étain repréfente un encaiflement de fix pieds
de longueur,,deux pieds de largeur, & deux pieds-
& demi de hauteur, formé avec de groffes pierres
placées de champ qui en font le pourtour, & une
feule fait le fol : celle-ci eft creufée fur le devant,
afin de lui donner de la pente de ce côté, & former
un petit baflin oft fe raflemble Y étain. Quand
on veut procéder à ce raffinage, l’on fait chauffer ce
fourneau avec d§s morceaux de bois à moitié brûlés
, qui font -reftés d’un précédent raffinage : l'on
chauffe en même tems un autre fourneau à peu
près femblable , qui eft à côté du premier,, mais,
qui a un bafiin plus grand.
Lorfque l’un. & l’autre de ces fourneaux font
chauds, on arrange, dans le premier, des bûches
de manière que l’ un de leurs bouts porte fur la
pierre de fol dans l’un des angles, & l’autre contrôles
pierres des côtés longs du fourneau, dans
une pofition inclinée : l’on place de ces bûches
de la même manière dans le fens oppofé, en forte
qu’elles fe crdifent alternativement; ce qui leur
fait former un angle d’environ quatre-vingt-dix
degrés au milieu, fuivant la longueur du fourneau,
on met longitudinalement quelques autres
bûches dans Cet angle. Alors on place les pièces
ou culots d * étain fur ces dernières bûches : on y
en met quatorze à quinze quintaux.
On allume le bois, qui aoit être Cec. 'L'étain
commence bientôt couler fur. la pierre de fol,
qui, comme nous l’avons dit, eft inclinée, & fe
rend vers la partie antérieure du fourneau , où il
eft reçu dans le baflin cr.eufé à cet effet dans ladite
pierre. On jette de la réfine fur cet étain 3 on
l ’agite avec une pelle, on le puife avec une cuillère
, & on le verfé dans le baflin de l’autre fourneau'
dont nous avons parlé, que l ’on a eu foin
d’entretenir bien chaud avec du charbon qui fur-
nage toujours Y étain à mefure qu’on le verfe.
Lorfque le baflin eft plein & au degré de chaleur
convenable, on le puife de nouveau, on le
verfe fur des plaques de cuivre, & on le met en
rouleau, comme nous l ’avons dit ailleurs.
L’étain ainfî raffiné eft très-bon. Ce procédé eft
une efpèce de liquation , durant laquelle Y étain,
qui eft très-aifé à fondre, coule dans le baflin de
réception. Le fe r , le cuivre & autres fubftances
étrangères qui rendoient Y étain défectueux, &
qui ne peuvent entrer en fufion au degré de chaleur
qu’on lui fait éprouver, reftent fur le fol du
fourneau & même fur les bûches, unis encore à
une petite portion d'étain, dont on tire parti en
les fondant avec des minerais. Le déchet deY étain
dans ce raffinage n’eft que d’environ deux livres
par quintal. Cinquante cordes de bois, de cent
pieds cubes chacune, fuffifent pour raffiner mille
quintaux d’étain : chaque raffinage de quinze quintaux
d'étain fe fait en trois heures.
Lorfque Y étain contient des métaux fins en a fiez
grande quantité pour mériter la peine d’en être
réparés, on eft obligé de détruire Y étain par la
calcination; mais l’or & l’argent qu’on obtient,
ont bien de la peine à acquérir toute la duêtilité
qu’ ils ont coutnme d’avoir, parce que la feule vapeur
de ce métal fuffic pour ôter aux métaux fins
leur duClilité.
De la fonte des minerais d'étain eti Angleterre.
Dans la province de Cornouailles on a deux
méthodes ou procédés différens pour fondre les
minéraux d'étain y que l’on diftingue en ancienne
& nouvelle : la première fe fait dans une efpèce
de fourneau courbe, au charbon de bois, & l’autre
dans un fourneau de réverbère, aveç du charbon
de terre.
L’ancienne méthode n’ eft plus en ufage que
dans les environs de la ville de Saint-Auftle, La
tuyère de ce fourneau courbe eft extrêmement
inclinée ; elle n’eft placée qu’à fix pouces au def-
fus du fo l, qui eft, comme en Allemagne, compofé
d’une feule pierre. En dehors du fourneau eft
un canal de trois pieds de longueur, fait avec de
l’argile , 8c qui tient lieu de baflin de l’avant-
foyer, où fe rend Y étain à mefure qu’il coule du
fourneau.
On fond dans ce fourneau le minerai fans avoir
été grillé, en y ajoutant un peu de fcories du
même travail, en ftratifiant le tout avec des charbons
de bois. Les fcories qui coulent avec le métal
, étant toujours chargées de beaucoup de grenailles
, font refondues trois ou quatre fois ; &
comme, après ces refontes, elles contiennent encore
quelques grenailles d'étain, on eft obligé de
les piler & de les laver pour en faire la réparation.
Lorfqu’à l’extrémité du canal il y a une certaine
quantité d'étain de raffemblé, on le puife avec une
cuillère , & on le verfe dans des moules creufés
dans des pierres de grès : on le raffine en faifant
fondre les pains à un feu doux de charbons de
bois, après quoi on le met en faumons, & non
en feuilles, comme en Allemagne, & il eft vendu
en cet état. ' . ' I
Lanouvelle méthode, beaucoup plus avanta-
geufe que la première, s’opère dans un fourneau
de réverbère, à très-peu près femblable à celui
décrit pour le minerai de plomb (veye^ au mot
Plomb) ; mais comme les fumées arfenicales qui
s’émanent du minerai d'étain font très-dangereu-
fes, l’endroit de la percée eft ménagé dans l’é-
paiffeur du mur de la fonderie, contre lequel le
fourneau eft adofle , & le baflin de réception eft
en dehors de la fonderie, fous un petit toit aéré.
La fonte fe fait par le moyen du charbon de
terre, que l’on met dans la chauffe du fourneau :
on mêle le minerai avec une efpèce de charbon
de terre, que l’on nomme colm 3 8e auquel on
donne le nom de flux ou fondant ; il eft très friable,
peu bitumineux, & ne donnant que peu de
flamme.
Quand on veut procéder à la fonte, on prend
cinq quintaux de rainerai, que l’on mêle à peu près
à volume égal avec ce!colm : on étend ce mélange
fur le fol du fourneau ; l’on y entretient le feu
durant fix ou fept heures fans remuer les matières,
puis on ouvre la porte du fourneau pour voir
fi elles font dans une parfaite fufion. Alors on fait »
la percée ; mais afin d’empêcher les fcories de
couler avec le métal, on répand fur toute la fur-
face du bain plufieurs pelîées de colm, que l’on
agite bien avec Y étain, à l’ aide d’un rouable de
fer. Quand Y étain eft pafle dans le bafiin de réception
, on fort les fcories qui font reliées dans le
fourneau , & on y met de fuite une autre charge
de minerai : on écume'Y étain , 8c on le verfe dans