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plus forte avec le tems : quelquefois elle eft transparente
, quelquefois blanche Si demi - laiteufe
comme une opale ; elle n’a point la fétidité de la
diffolution muriatique fimpie 3 elle ne préfente
cette concrétion gélatineufe que quand elle eft
chargée d'oxide &étain. 11 lui arrive cependant
allez Souvent de ne prendre cette forme vifqueufe
& demi-concrète qu'en y ajoutant moitié de fon
poids d’eau : alors elle eft toujours un peu opaque ;
ce qui dépend , comme Ta dit Macquer, de la
précipitation d'une partie du fel avec excès d'oxide.
Chauffée un peu fortement , cette diffolution
préfente encore une effcrvefcence qui annonce
une nouvelle aéfcion réciproque de fes principes ,
Si une plus forte oxidation de 1 * étain. C'eft fur-
tout après ce phénomène qu'elle fe prend en gelée
tranfparente. Il eft évident qu’alors le muriate
d'étain eft furoxigénë.
52. L ’acide phofphorique n’a prefque point
d'a&ion fur Vétain fous la forme liquide & à froid.
Les phofphates diffolubles, verfés dans du muriate
d’ étain, donnent un précipité de phofphate d'étain.
L'acide phofphorique vitreux, chauffé avec
la moitié de fon poids à*étain , eft décompofé 5 il
fe forme, d’une part , du phofphate à3étain vitrifié*
& , d’une autre part, du phofphure d'étain , fem-
blable à celui qui eft fait immédiatement parl’ad
dition du phof; hore à Y étain fondu. Pelletier 3 qui
a fait connoître cette combinaifon, en conclut
que Y étain a plus d'attraélion pour l’oxigène, que
n'en a le phofphore. Mais il y a ici un équilibre
de combinaifon, d'un côté, entre une portion
d’étain oxidé & l'acide phofphorique vitreux 3 de
l'autre, entre une portion du phofphore féparé de ,
l'acide phofphorique & Y étain métallique, équilibre
qui s'établit à l'époque où chacun de ces
compofés eft formé, & il n’eft pas permis de
douter que cette double combinaifon ne foit la
caufe de la décompofition limitée de l'acide phofphorique.
-
53. On n’a prefque point examiné l'aétion de
l'acide fluorique fur Y étain ; on l ’a même crue fi
foible, qu'on a propofé des cornues d’étain pour
diftiller cet acide. C'eft ainfi que M. Puymaurin de
Touloufe, dans fon MémoireTur l’art d'employer
cet acide à graver fur le verre, annonce qu'il s'eft
fervi de vaiffeaux de ce métal pour traiter le fluate
de chaux par l’acide fulfurique. Cet acide s’unit
par une double attra&ion à l'oxide d’étain 3 lorf-
qu'on verfe une diffolution d'un fluate foluble dans
celle de ce métal par l'acide muriatique.
L’acide boracique ne s'y combine que par le
même procédé, & forme un borate indiffoluble.
L'acide carbonique n'a point d’effet fenlible fur
Y étain , ni fous la forme fluide élaftique , ni fous
celle de liquide ; il s'unit cependant avec fon oxide,
lor qu’on précipite le muriate & étain par un carbonate
alcalins Si quand on rediffout enfuite ce
carbonate d’ étain blanc dans un acide, il préfente»
\me effervefcence. On a cru que ce fel exiftoit
dans la nature, mais aucun fait pofltif ne l’a encore
prouvé.
fq. Les acides métalliques font tous fufceptibles
d’être décompofés par Y étain, qui a plus d'attraction
, furtout à l'aide de la chaleur, que ces métaux
n'en ont pour, l'oxigène. Mais ces acides s’u-
niffent avec l'oxide d’étain3 Si forment avec lui des
fels pulvérulens peu ou point diffolubles, dont on
n'a pas encore examiné les propriétés.- On peut
foupçonner que ces fels exiftent dans la nature,
quoiqu'on ne les ait point encore trouvés parmi
les foffilesv • ' ^
5j\ Il n'y a en général que peu d'aétion entre
les acides végétaux Si Y étain.
L’acide gallique ne précipite pas fes diffolutions
Si ne réduit pas fes oxides.
L'acide benzoïque n'attaque pas Y étain; le ben-
zoate de potaffe précipite la diffolution mtro-mu^
riatique de ce métal en un benzoate d'étain blanc ,
foluble dans l’eau chaude.
On ignore les combinaifons des acides fucci-
nique, malique Si citrique avec les oxides d’étain
Si leur aélion fur ce métal.
L'acide oxalique noircit Y étain Si le recouvre
d’une pouflière blanche. Le fel qui fe forme a une
faveur auftère : il eft affez diffoluble ; il fournit
des criftaux prifmatiques ou une gelée qui devient
ternée par l'évaporation.
L'acide tartareux n’a pas d'aétion directe fur
Y étain , quoiqu'il s’unifie bien à fes oxides : on
ne connoît pas les propriétés du tartrite d’étain.
On ne connoît pas mieux les combinaifons des
acides muqueux, fubérique~& camphorique avec
Yetain.
Celle de l'acide acétique a été plus exactement
appréciée. M. Monnet avoit dit que Y étain n’étoit
que peu altéré par cet acide ; qu’il n’en diflolvoit
qu’une très-petite quantité 3 que cette diffolution
évaporée donnoit un enduit jaunâtre femblable à
la gomme, & d'une odeur fétide. On fait maintenant
qu'avec le contaCt de l'air, l’acide acétique
diffout Yetain; que cétie diffolution criftallife en
aiguilles. M. Adet a vu une baguette d'étain plongée
dans cet acide fe couper au point du contaCt
de l'air.
56. On n’a de même que peu de faits connus
fur l’aélion des acides animaux avec Y étain : leur
aCtion fur le,métal eft encore plus foible que celle
des acides végétaux. On ne connoît que l’a£tion
; de l'acide pruilique fur quelques fels d’étain. Cet
a c id e à l’état, de pruffiate foluble , précipite le
muriate à?étain en flocons blancs.
57. L’étain fe comporte à peu près comme le
zinc, par les alcalis cauftiqucs 3 il eft cependant un
peu moins altérable par ces bafes, que ne l’eft le
dernier métal, 8c ne donne pas comme lui de gaz
hydrogène , parce que , quoique très-oxidable ,
il l’eft beaucoup moins que le zinc. Il y a cepen-
danrlieu de croire que la potaffe liquidé peut dif-
foudre Y étain en limaille très-fine. Mais fi Y étain
eft peu altérable dans fon état métallique par les
alcalis, il s’y combine beaucoup plus aifément
dans fon état d'oxide. J’ai déjà parlé de cette
combinaifon à l ’article des effais Si à celui des diffolutions
par les acides. L’union de l'oxide d'étain
avec les alcalis fixes fe fait par la voie fèche,
comme par la voie humide 5 elle a lieu auffi,avec
l’ammoniaque liquide à l’aidé de la chaleur. Il faut
obferver qu’on ne l'opère bien que quand l’oxide
d’étain eft très- oxidé Sc très - divifé, comme au
moment où on le précipite de fes diffoiutioffe fur-
oxigénéesj mais que lorfqu’il eft denfe Si lorfqu'il
offre une forte aggrégation entre fes molécules, »
ainfi que cela fe rencontre dans le plus grand nombre
des mines d’étain, il faut employer la voie
fèche pour l’unir avec les alcalis fixes purs.
$8. L'oxide d’étain fe combine avec les terres
par la fufion,,. Si il fe vitrifie avec elles à l’aide
d’un alcali fixe, de manière cependant à former
une compofition opaque , qu'on nomme émail. La
blancheur qu'a cet oxide bien pur Si l’opacité
qu'il communique en même tems au verre le font
employer comme bafede l'émail. Leschimiftes ont
penfé, à l’égard dè cette compofition, quel’oxide
d’étain , n’éprouvant pas une véritable vitrification
, fe répandoit uniformément entre les molécules
du verre, en troubloit la tranfparence &
reftoit difféminé comme l’amidon dans l’empois.
; 59* La plupart des fels font plus ou moins dé-
compofables par Y étain. Tous les fulfates chauffés
avec ce métal font plus ou moins promptement Si
facilement convertis en fulfures. En chauffant
dans un creufet partie égale de fulfate de potaffe
Si de ce métal, j ’ai obtenu une maffe fondue
verdâtre , qui ne contenoit plus rien de métallique,
& qui étoit un véritable fulfure de potaffe
ftannifère. Le même phénomène a lieu, comme
on l’a v u a v e c l'antimoine & le zinc, & annonce
<lans ces trois matières métalliques une forte tendance
pour s'unir à l ’oxigène & pour décompofer
l’acide fulfurique. Glauber avoit fait dans le fiècle
dernier cette obfervation fur leiulfate ammonia-
-cal.
6o. Les nitrates brûlent tous Yetain avec plus
ou moins de force & de promptitude, à l’aide
de la chaleur. On a coutume, pour opérer cette
combuftion, de faire fondre & rougir obfcuré-
ment Y étain dans un creufet, Si de jeter deffus du
nitre ou du nitrate de potaffe bien fec. Il s’élève
au deffus du creufet une flamme blanche & brillante.
Quand la détonation eft finie quand il n’y
a plus de flamme lors de la projection du nitre,
Y étain eft entièrement oxidé. On fait encore mieux
cette oxidation en mêlant Y étain en limaille fine
avec trois parties de nitre , Si en projetant ce
mélange dans un creufet rouge. Il fefte après cette
opération un oxide d’étain très-blanc , qui eft en
partie uni avec la potaffe. En leffivant ce réftdu ,
l'eau enlève de l'alcali fixe combiné avec de l’oxide
qu'on peut en précipiter par un acide. On trouve
auflî dans cette leflive un peu de nitrate d’ammoniaque
formé par la décompofition fimultanée de
l’acide nitrique Si de l'eau , & femblable au fel
que Bayen a retiré du lavage de l’oxide d'étain
fourni par l’acide nitrique. Geoffroy a obfervé que
l'oxide gris d’étain détone avec le nitre 3 ce qui
prouve, ou que cet oxide n’eft pas faturé d’oxi-
gène, Si qu’il eft encorq avide d'en abforber, ou
que, comme il a été dff plus haut, il eft un mélange
d'oxide-blanc Si d’étain divifé. C'eft à caufe
de cela que cet oxide décompofé le nitre dans une
cornue & en dégage de l’acide nitreux, comme
l’a vu Pelletier 5 & qu'après cette décompofition ,
l’oxide qui en refaite, eft fufceptible de donner de
l'or muffif aveelè foufre, à caufe de fa forte oxidation,
tandis que l’oxide gris n'en fournit pas.
Oa ne décompofé point le nitrate de potaffe pat
l'oxide blanc d’étain, qu'on nommoit autrefois-
fleur d'étain , & qui eft le produit de la complète
oxidation ou de la déflagration de ce métal.
61. Quelques chimiftes ont avancé que Yetain
decompofoit le muriate de foude 5 mais ils n'ont
point cité d'expériences exactes à l’appui de cette
affertion. Au refte, il décompofé très-bien le muriate
ammoniacal en raifon de la volatilité de fa
bafe réunie à la forte aCtion de l’acide muriatique
fur le métal. Bucquet a fait avec foin cette expérience.
En diftillant le muriate d’ammoniaque avec
moitié de fon poids d’étain en limaille dans une
cornue de verre, il a obtenu beaucoup de gaz
hydrogène, mêlé de gaz ammoniacal. Cette déi
compofition n'eft jamais complète , parce que
Y étain fe fond & fe raffemble en culot dans la cornue.
Le réfidu de cette opération eft un muriate
d’étain folide , décompo fable par l'eau , Si femblable
à celui que donne la diftillation du muriate
de mercure corrofif & d’étain dont j'ai parlé plus
haut.
62. C'eft en décompofant le muriate d'ammoniaque
par l'étain , Si en ajoutant du foufre à cette
décompofition , que l’on prépare l'oxide d’étain
fulfuré doré ou l'or muffif. Depuis Kunckel, qui
a décrit le premier avec clarté cette fingulière opération
Si fon plus fingulier produit, on a fuivi
affez conftamment fon procédé, qui confifte à
chauffer dans une cornue un mélange, à parties
égales , d’étain , de mercure amalgamé à Yetain,
de muriate d’ammoniaque Si de foufre. Bullion a
trouvé qu’on pouvoit diminuer un peu la proportion,
du foufre , Si encore plus celle du fel ammoniac.
Pelletier , qui a répété le procédé de Bullion,
a obtenu en effet un or muffif très-beau, en chauffant
huit parties d’ étain unies à huit parties de
mercure, avec fix parties de foufre Si quatre parties
de muriate d’ammoniaque. Cet habile chimifte
a obfervé que dans cette opération il fe dégageoic
du. gaz hydrogène fulfuré, du fulfure d’ammoniaque
, du muriate d’ étain ; que Yetain oxidé Si
uni au foufre conftituoit l'or muffif; qu'une portion
de cette combinaifon, formée par les ma-
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