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ici que plufieurs efpèces de lichen donnent, dans
quelques faifons, une efflorefcence fucrée fur leur
feuillage fec.
I. Le papier n’eft lui-même qu’une efpèce de
fécule provenante de la portion de liber encore
muqueux & fucculenc/avec lequel on a fabriqué
la toile , qui, par fon déchirement, fa macération
plus ou moins longue & fa décoCtion dans l’eau ,
finit par donnèr un mucilage féculent, fufçeptible
de fe prendre, par le refroidiffement, en une couche
mince & allez-folide pour oppofer un certain
êffort à fa rupture. Telle eft la bafe des,'faitsfur
lefquels repofe l’art du fabricant de papier« Cette
matière fe comporte , à l’analyfe chimique,, abfo-
lument comme la fécule ; elle, donne de l’acide
pyromuqueux à la diftiilation , de l’acide oxalique
par l’acide^;nitrique} elle eft diffoluble dans l’eau
chaude, forme une gelée; ou empois dans cette
opération, & fans parler ic i de la portion de.colle,
fouvent animale, dont on la recouvre pour l’etnr
pêcher de boire l’encre entre fes pores g & pour le
faire fervir à l’écriture , il .eft évident que cet té
diffolution de papier dans l ’eau bouillante p.otirr
roit fervir d’aliment dans, les cas où. une difette
preffante forceroit d’y avoir recours.,
32. Ce que j’ai expofé jufqù’iei fur leifiégey
l’extraélion, les propriétés chimiques & les diver-
fes efpèces de fécule amylacée a du faire voir que
ce produit de la végétation>regardé fi improprement
comme une forte de terre par jés anciens
chimiftes , eft un oxide particulier , un compofé
naturel de carbone, d’hydrogène & d’oxigène, &
peut-être même d’un peu d’azote, qui a furtout
le grand avantage de fervir éminemment à la. nourriture
des animaux. Àtiflî toutes les parties qui en
contiennent dans les plantes, font-elles la proie
d’une foule de clafles de ces êtres animés, depuis
l’homme jufqu’aux infeCtes, aux larves & aux vers
qui s’en emparent, y creufent leur demeure, &
les détruifent plus ou moins complètement avec
les divers inftrumens de manducation que là nature
leur a donnés.
33. C ’eft dans la fécule que l’homme puifé l ’alr-
ment le plus abondant, le plus nourriffant, le plus
facile à conferver. Tandis que des familles im-
menfes d’animaux mangent & rongent cette fubf-
tance pure, & telle que la nature la leur préfente,
l’homme fait lui donner mille formes variées, depuis
la cuiflon la plus, fimple à fec ou dans l’eau,
jufqu’à cette préparation fi perfectionnée parmi les
habitans modernes des zones tempérées, connue
fous le nom de pain ; depuis la cafiave des Américains
j ufqu’à ces pâtifleries fi délicates * fi légères
, fi douces Bc -fi fuaves qu’on fabrique dans
quelques parties de l’Europe, & furtout en France,
en Italie & en Allemagne. Cet aliment primitif fe
prête à toutes les combinaifons avec les huiles;,,
le beurre, le lait, le fromage>les oeufs, le fucre,
les aromates , les fucs de fruits, les jus dé viande :
fi douceur, fa fadeur naturelle ,1e rendqntTexci-
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pient approprié d’une foule de matières d’afiaifon-
nement.
. 34. Munis de cette connoi fiance fur la propriété
éminemment nourriflante de la fécule amylacée, les
hommes éclairés & en même te ms philanthropes
( car ces deux qualités vont rarement l’une fans
l ’autre ) peuvent rendre de grands fervices à la
fociêté, en multipliant finguliérement:les fources
de la matière alimentaire, & en faifant voir qu’une
très-nombreufe fuite de parties végétales qu’on
n’emploie pas ordinairement à cet ufage, peuvent
y être facilement .& heyreufement confacrées.
C ’eft furtout dans les tems de difette>, après les
intempéries naturelles qui ôtent trop ipuvent aux
peuples les efpérances de récoltes;fuffifant.es à leur
fubfiftance, que toutes les lumières doivent être
invoquées, que la chimie peut particuliérement
être appelée au fecours des nations. On prendra
une idée fatislaifante des importans fervices qu’on
doit en attendre, en lifant plufieurs des ouvrages
de chimie économique moderne, & furtout ceux
de M. Parmentier , qui a fi bien mérité de fon pays
& de l’humanité entière en s’occupant, avec une
confiance que l’amour feul des hommes a pu fou-
tenir;, de -toutes les re.ftourcès alimentaires que
préfentent aux peuples la culture de la pomme-de-
terre, du blé de Turquie ou mais, & de beaucoup
d’autres fubftances végétales trop négligées malgré
tous les avantages qu’elles promettent.
: 55. Une foule d’autres utilités fecondaires, accompagnent
encore cette utilité première des ƒ*-
cules? & les rendent une des fubftances les plus
précieufes que.l’homme puifie emprunter aux végétaux.
La médecine y a puifé non-feulement des
alimens médicamenteux bien appropriés à une foule
de circonftances particulières des maladies, mais
des médicamens adouciffans, i ncraflans, in vifquans,
des doux propres à calmer les irritations, les douleurs.
On fait affez quels avantages l’art de guérir
retire de l’amidon, des farines diverfes, de \<l fécule
de pomme-de-terre, du fagou, du falep, &c. il
eft vrai qu’on a trop vanté la plupart de çes préparations
, & que, pour vouloir leur attribuer des
vertus prefque furnaturelîes & miraculeufes, on a
détruit une partie de la confiance qu’elles méritent
; mais les médecins inftruits , également éloignés
de l’enthoufia.fme ridicule & de l’indifférence
dangereufe, s’en fervent avec,les plus grands avantages.
36. Enfin les arts emploient perpétuellement les
fécules amylacées à une foule d’ufages où elles rem
dent d’importans fervices* On en fait, par. l’ébullition
avec l’eau, des.colles,des empois, qui fervent
à rapprocher, à retenir une foule de furfaees
de corps légers appliquées fur d’autres, & à opérer
entr’ellfcs- un rapprochement une cphéfion
néceflaires à beaucoup de circonftances.,. On les
deftine.encore à fervir de matières defiechapcés,v
furtout pour les cheveux ; on en prépare pour cela
ce qu’on nomme la poudre à poudrer, efpêce d’ur
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fage , péut-être bien ridicule de plufîeurs peuples
modernes, dans lequel ils imitent, fans s’en douter,
des nations qu’ils appellent barbares, & par lequel,
ce qui eft bien important, ils confomment
en pure perte une portion affez grande de la fub-
fi'ftance d’un grand nombre de familles : aufii eft-il
utile d’employer à cet ufage les fécules qui ne fervent
point d’aliment.
FELDSPATH, mot allemand compofé, qui
fignifie fpath des champs, parce que le fddfpath eft
la feule des pierres fpathiques qu’on trouve abondamment
feméé dans les vallées, & provenante des
granits décompofés dont elle a fait partie.
Le fdd fpath a été aufii nommé fpath étincelant \
parce qu’il fait feii avec le briquet j ce que ne font
pas les autres fpaths. Il eft très-caractérifé par fes
joints naturels & bien nets dans deux fens perpendiculaires
l ’un fur l’autre, par fa dureté qui lui
permet de rayer le verre & (l’étinceler par le choc
de l’acier, par fa phofphorefcence qui a lieu par
le frottement, par fa forme primitive en paralié-
lipipède obliquangle, par le chatoiement brillant
de fes lames, par fa fufibilité au chalumeau en un
émail blanc.
M. Haiiy a décrit treize variétés,de forme du
fd d fp a th , outre deux variétés laminaire & granuleux,
& de plus huit variétés de couleur, trois
relatives au chatoiement, & trois fous le rapport
de la tranfparence ou de l’opacité.
Le plus pur de tous les feldfpaths , la variété
nommée adulaire, adonné, par fon analyfe, du, à
M. Vauquelin,
S i l i c e , , . . . . .................. 64.
Alumine................... 20,
Chaux.................... .................... 2.
Potafie................ 14.
100.
Le vert de Sibérie a fourni :
Silic e ......................................... 62,83.
Alumine........................ 17,02.
Chaux ....................................................... 3,00.
Oxide de fe r ............... 1,00.
Potafie...................... 13,00.
Perte................ 3^15.
ico;*
Le pétunzé ou fddfpath laminaire blanchâtre a
préfénté :
Silice. . .
74,0.
' Alumine
Chaux I .
Perte ..
106.;-.;
On ri1 a point trouvé de potafie dans cette variété.
Le kaolin peut aufii être regardé comme une
variété de fddfpath.
Cette pierre eft très-fréquente & très-abondante
dans les montagnes primitives ; elle fait uné des
matières conftituantes du granit & des porphyres.
On travaille les belles variétés chatoyantes de
fdd fpath pour en faire des ornemens & des efpèces
de bijoux.
Le pétunzé & le kaolin fervent à la porcelaine.
Les feldfpaths tranfparens & fufibles font employés
pour faire des couvertes à certaines efpèces
de poterie.
FER. 1. Le f e r 3 regardé naguère encore par
les chimiftes comme un métal ignoble & v il, eft
cependant, de toutes les fubftances métalliques,
; la plus importante & la plus utile. Sans lui il
j n’exifteroit aucun art 5 l’homme feroit refté dans
; l’état fauvage, & il auroit difputé fa nourriture
i corps à corps aux animaux j fans lui il n’y auroit
! point d’agriculture, & la terre n’obéiroit point
au foc qui la déchire 5 fans lui tous les métaux
| eux-mêmes feroient nuis pour nous , puifque c’eft
du fe r 'qu’ ils reçoivent leurs formes & leurs di-
menfions variées. A lui feul il repréfente prefque
tous les autres métaux j il peut en tenir lieu, &
aucun métal ne peut le remplacer. Si la rareté, le
brillant & le peu de deftruCtibilité placent l’or
& l’argent avant lui, les fervices que le fe r rend
à la fociété doivent lui concilier plus d’eftime
auprès des hommes habitués à exercer leur efprit.
Il ne brille point à la vérité d’un éclat aufii vif :
la nature ne l’a point décoré d’une couleur aufii
belle, mais elle lui a donné des propriétés intimes
beaucoup plus précieufes : on pourroit même fe
palier de prefque tous les autres métaux. Le fe r
eft au contraire indifpenfable & nécefiaire. La
condition humaine feroit véritablement miférable
fans ce métal, comme le prouve l’hiftoire de ces
peuples chez lefquels l’art de le travailler n’eft pas
parvenu encore , & qui cèdent avec joie l’or dont
leur fol eft enrichi, pour des morceaux de fe r que
des nations plus heureufes & plus policées leur
apportent en échange.
2. Aufii le philofophe, en étudiant la marche
de l’efprit humain , & en comparant le fort &
l’état des nations diverfes qui couvrent les dif-
férens points du globe, remarque-t-iJ que le travail
du fe r femble être la mefure de leur intelligence
, de l ’avancement de la raifon chez elles,
& du degré,de perfection où les arts y font parvenus.
Confidéréfous ce point de vue, & comme
donnant aux hommes, par la variété même de fes
ufages, & par les befoins nombreux qu’il fatif-
fait, des jouifiances qui leur feroient inconnues
fans ces produits de leur induftrie, 1 q fe r contribue
finguliérement à étendre leurs idées, à m ù ltn plier
leurs connoifiançes, & à faire marcher leur efprit
vers cette perfectibilité que la nature lui a donnée,
, autant comme caraCtère de l’efpèce humaine ,