
foient bien triturées ou réduites en parties très»
fines, car l’adtion réciproque ne peut agit ici avec
les mêmes facilités que dans la fonte. C’eit ainfi
que le muriatè de foude en gros criftaux n’eft pas
propre au grillage des minerais à amalgamer : ce fel
ne le décompofe pas entièrement. ( Dans ce g r illage
des minerais d'argent avec des pyrites & du
muriate de foude, on a pour objet de produire du
muriate d'argent j ce qui fe fait lors de la décom-
pofition du muriate de foude, occafionnée par la
combuftion des pyrites : il fe produit eh même cems
du fulfate de foude.)
Le grillage qui fert à rendre les minerais plus
aptes a la fufîon, produit cet effet, non-feulement
en chaffant certaines fubftances volatiles, mais encore
en ce qu’il rend ces minerais plus fecs, plus
tendres, plus propres à fe biffer pénétrer par la
chaléur. Ce grillage, en favorifant l’oxidation de
certaines fubftances, les rend encore plus aifées à
fondre : c'ell ainfi que les mines de fer oxidé fe
fondent plus aifément que. celles qui ne contiennent
que peu d'oxigène;
Différentes efpéces de grillages , eu égard au procédé.
Les différentes efpèces de g rilla ge en ufage dans
les ufines métallurgiques, font :
i°. Le grillage de tas de minerais en plein air ;
2°. Le grillage de tas de minerais fous un han-
gard ;
3°. Le g rilla ge dans Ae s places de grillage^ en plein
air ;
4°. L e grillage dans des places & fous des hangards
j
y L e g rilla de dans des fourneaux à réverbère.
I. Le g r illa g e en plein air fe pratique principalement
pour les minerais très-chargés de foufre,
pauvres en métal, ou contenant beaucoup de parties
bitumineufes. Les f ch lic h s ne peuvent jamais
être convenablement grillés de cette manière. Les
tas à griller varient beaucoup pour la grandeur:
les grands contiennent piufieurs milliers de quintaux
de minerai; les moyens, de quatre à huit cents
quintaux,& les pe tits environ cent (ce font plus fou-
vent des mattes,que des minerais crus). La première
c.hofe à faire , avant de d relier le tas de minerais à
grilier, c'eft de choifir un fol bienfec & bien uni.
Lorfque le terrain eft trop humide, il faut creufer
à une profondeur de quelques pieds, établir en
croix deux canaux ou égouts d’humidité, placer
deffus une couche de fcories, que l'on recouvre
avec des pierres ou de la glaife, & on pofe deflus
de menus débris de charbon & de minerai, afin
que le fol foit bien uni. Les tas préfentent un tronc
de pyramide quadrangulaire, ou Un fegment fphé-
rique :on en voit une représentation dans le T ra ité
de la Fonte des M in e s , de Sch lutter , tom. II , pl. 7,
fi g. C , D , ë . On peut employer à ce grillage toutes
fortes de combuftibles, à l’exception de ceux qui .
biffent une uop grande quantité de réfîdu terreux. J
La quantité de combuftible dépend de la nature du
minerai 5 ainfi fi celui-ci eft de nature à brûler de
lui-même , il fuffira de placer deflfous une couche
de combuftible afin de l'allumer j mais fi le minerai
n’eft pas dans ce cas f i l faut le.difpofer fira ta fu p er
ftrata avec le combuftible. Les plus gros fragmens
de minerais font toujours mis dans le bas , & les
plus petits dans le haut, & fur les parois du tas.
Lorfque le minerai eft.en grande quantité & très-
facile à enflammer, on conduit le feu de haut en
bas : cela fe fait à l’aiie d’un creux ou efpèce de
puits, d’environ un pied en carré qui fe trouve
dans l’axe du tas, & que l’on remplit de bois mince
ou de mauvais charoon. La combuftion gagnant
du haut en bas, parmi ce minerai facile à btûler,
on n’ a pas à craindre que des coups de trop forte
chaleur, s’élevant du bas, ne faffent fubir au minerai
un commencement de fufîon en en agglutinant les
molécules. Lorfque les minerais brûlent difficilement,
011 met le feu par le bas, à l’aide d’un ou de
piufieurs canaux difpoies à cet „effet. La conduite
de ces grillages a beaucoup de rapport avec le
travail du charbonnier. Lorfque les minerais font
très-riches en foufre, on peut recueillir une partie
de cette dernière fubftance en faifant des creux
dans la partie fupérieure, ainfi que cela fe pratique
à Goflar dans le Hartz, à Cheffy & Soinbel,
près de Lyon.
II. Lorfque les minerais à griller font plus riches
en métal ik moins combuftibles, on les grille fous
des hangards : alors les tas ne font pasauflï grands:
ce font des piles alongées, ou piufieurs petites, les
unes à côté des autres. Le fol fur lequel le grillage
doit s’effeéhier , eft difpofé comme dans l’article
précédent : l’air doit avoir un libre accès de tous
côtés. On grille fouvent fous les hangards, pour la
fécondé & la troifième fois , des minerais qui ont
déjà été grillés une première fois en plein air.
( V o y e£ ces hangards de g r illa ge, dans le T ra ité de
Sch lutter y ci té plus haut, p l . 7 > fig . F , G. )
III. Les places de grillage font des lieux garnis
d’un pavé, entourés d’une maçonnerie, & dans
lefquels le combuftible refté en contai avec le
corps à griller. On en fait de carrées, d’ovales,de
rondes : ces dernières font peut-être les plus avan-
tageufes lorfqu’on grille avec de la tourbe ou du
charbon y mais elles ne fauroient convenir lorfqu’on
fe fert de bois en bûches.
Dans une place de g rilla ge., on a à confidérer le
f o l y Y entourage, les fou pira ux . Le fol eft fait avec
des fcories placées fur les canaux deftinés à éconduire
l’humidité : au deffus des fcories on fait un
pavé avec des pierres qui ne fe fendent pas au feu,
& que l’on joint avec de la glaife. Lorfqu'on fe
fert de grès & autres roches fchifteufes, il faut
avoir foin de les pofer fur la tranche & nou fur le
plat. La hauteur des murs qui entourent le fol eft
proportionnée à la hauteur du tas à griller. Lorfqu’on
ne fait les tas que de quatre couches de
minerai ou de matte, on ne donne aux muxsqu’un
demi-mètre
demi-mètre de haut} mais d’autres fois on leur
donne juf qu’à deux mè.tres, notamment dans les endroits
où l’on grille certains minerais de fer. Il faut
obferver qu’il y a dans l’épai fleur du tas déminerai
à griller un terme qu’on ne faur.oit dépaffer fans
c.ourir le rifqpe de produire une trop grande chaleur,
& de fondre le minerai au lieu de le griller.
Les foupiraux font des trous que l’on fait dans les
murs, & que l’on peut boucher,& déboucher à
volonté avec des briques taillées à cet effet. On
voi| de pareilles places de grillage dans l’ouvrage;
de Schlu tter, p l . 10, fig . B ,D ,H ,F , & / L u ,
A* A , B. ^
• Lorfqu’on veut procéder au g r illa g e , on étend,
fur le fol, une couche de combuftible, en ménageant,
en face de l’entrée, un conduit en forme‘de
canal, par lequel on met le feu : on étend deffus
une couche de minerai ou de matte ; on recommence
enfuite à mettre du bois& puis du minerai
fi cela eft convenable, puis on allume le combuf-
tible & on continue le g r illa g e.
IV. Lorfque les minerais ou mattes ne font pas
très-chargés de foufre , & qu’ils font riches en
métal, on exécute Ie g r illa ge dans des places fem-
blables aux précédentes, mais recouvertes d’un
hangard : telles font celles qu'on voit dans Schlutter,
>/. 8 » f ig . G .
, L’on grille quelquefois les minerais dans des
creux que l4on fait en terre, & le plus que l’on
peut fur le penchant d’une colline : on leur donne
ae cinq à fïx mètres de côté en carré, & d’un à
trois de profondeur, fui van t la nature du minerai
à griller. On pratique fur le fond'un canal d'un
pied de large & autant de profondeur, lequel
aboutit au dehors, & eft fermé d’une porte par
laquelle l’air atmofphérique entre, & que l’on
ouvre & ferme à volonté. Lorfqu’un pareil creux
a été taillé dans un roc foiidè, on fe contente d’en
revêtir Iejpnd & les parois de brafque ( mélange
de pouffier de charbon & d’argile ) j mais s’il eft
dans un roc ou terrain fendillé & peu folide, il
faut les revêtir de maçonnerie. On fe fert , en plu-
fieurs endroits , de pareils emplacemens pour y
griller le minerai de fer. Le g rilla ge s’y fai raflez
uniformément, la maffe n’étant pas autant ex-
pofée au courant d’air , que dans les autres places
de grillage ; ils paroiffent furtout devoir être employés
dans les cas où les fubftances que l’on grille,
doivent être préfervées de l’ oxidation.
Dans les différens grillages dont nous venons de
parler, le minerai alternant en couches avec le
combuftible, & étant immédiatement en contact,
on a , dans tous, les mêmes réglés à obferver : ces
jègles font :
i°. Qu’il n’y a que les minerais en malfe & les
fragmens de mattes , que l’on puiffe griller de cette
manière les f ch lic h s ne fauroient l’être. _
20. Les plus gros morceaux doivent être placés
le plus près du combuftible 5 Sc lorfqu’on grille !
C h im i e . T om e I V .
polir la faconde ou troifième fois, il faut en agir
ae même à l ’égard des morceaux les moins grillés.
‘ ; 30. Le grilleur doit conduire le feu le plus uniformément
poffible j ce qui demande encore plus
de foins pendant les grands vents} il doit bien
prendre garde que la maffe n’entre nulle part en
fufion. Dès que le feu devient trop aêtif en un
endroit, il doit le ralentir en jetant fur cet endroit
du minerai en poudre ou du pouffier de charbon,
ou même de l’eau fi cela devient néceffaire.
40. Après qu’un grillage eft terminé, les morceaux
bien grillés doivent être mis de côté ; &
lorfqu’on fait un fécond ou troifième g r illa g e , il
faut avoir foin de retourner la matière à griller ,
& de mettre deffus ce qui étoit précédemment
deffous.
f 9. Selon que le grillage a pour objet de volati-
lifer ou d’oxider, il faut que la maffe à griller foit
tenue couverte ou mife à découvert.
6°. Le grilleur doit avoir égard au plus ou moins
de fufibilité des fubftances, pour le degré de chaleur
à employer.
V. Paffons maintenant au grillage dans les fourneaux
à réverbère : ici le combuftible n’ett plus en
contaél avec la maffe à griller. On a fouvent demandé
fi ce mode Ae grillage étoit préférable à celui
dont nous avons parlé précédemment. Examinons
un inftant cette queftion. L’expérience a appris:
i°. Que tous les f ch lic h s & minerais bien bo-
cardés fe grillent mieux & plus uniformément dans
les fourneaux à réverbère.
2°. Que les f ch lic h s qui font peu combuftibles ,
tels que ceux du minerai d’étain , fe grillent très-
mal dans des places de grillage.
3°, Que le grillage dans les fourneaux à réverbère
doit être préféré toutes les fois qu’on veut
produire, pendant cette opération, une aélion
d’une fubftance fur l’autre.
Il eft vrai que, dans les fourneaux à réverbère, on
confume plus de combuftible que dans les places
de grillage : on n’ y tire parti que de la flamme,
tandis que, dans les places de g r illa ge, on emploie
tout le calorique produit par la combuftion. Le
grand avantage des fourneaux à réverbère eft que
Je grillage s’y fait plus uniformément lorfque les
minerais font bien triturés.
En 1800, on a effayé, à Freyberg , de bocarder
& de griller au fourneau à réverbère des mattes
provenantes de la fonte crue des minerais d’argent :
ces mattes font un fulfure de fer , avec un peu de
fulfure de plomb argentifère ; mais la dépenfe en
combuftible fut beaucoup plus confidérable , fans
compter les frais occafionnés par le bocardage. Il
eft vrai qu’on. a eu une économie en tems , mais
ce petit avantage étoit bien loin de co.mpenfer les in-
cqnvéniens. Les miner ais^n maffe (non en fchlichs)
qui brûlent facilement, ainfi que les mattes, doivent
, fous tous lès rapports, être traités de préférence
fur les places dejrillage. Dans les endroits
où, comme en Angleterre, en Bretagne,on grille
S ss