
de la fonde pure ou cauftique, de la filîce 8c une
matière animale gélatineufe. Celle-ci, qui donne
aux eaux un caractère doux & ondlueux, s’en précipite
quelquefois, 8c y forme un dépôt glaireux
femblable au frai de grenouille. Les deux dernières
citées font dans ce cas.
IIIe. C L A S S E . Eaux fulfureufes.
Bien caraétérifées 8c faciles à diftinguer par leur
odeur fétide, la propriété dé dorer & de noircir
l’argent, celle de dépofer du foufre par le contaél
de l’air, elles forment, à ce qu’il paroît, deùx
ordres : celles qui ne font chargées que d’hydrogène
fulfuré fans bafe alcaline ou terreufe, comme
Je plus grand nombre des -eaux fuifureufes; & celles
qui contiennent un véritable fulfure, comme parafent
être les eaux de Barège, de Cauterets, les
Eaux-Bonnes, 8cc. Outre leur principe fulfuré,
la plupart de ces eaux tiennent en même tems des
fels, & furtout des muriates & des fulfates alcalins
& terreux.
IVe. CLASSE. Eaux ferrugirteufes.
On verra que le fer eft fi abondant au fein de la
terre, & fi fréquemment répandu dans fes couches,
qu’il devient un des principes minéralifateurs' les
plus ordinaires des ea*«: minérales , & que les eaux
ferrugineufes font les plus communes de toutes. Il
n ’eft prelque pas un pays où l’on ne pofTède une
ou plufieurs fources d’eaux ferrugineufes. On doit
diftinguer trois ordres dans les eaux, fuivant l’état
du fer qui y eft contenu } ou bien, en effet, ce
métal y eft diffous en carbonate par l’acide carbonique
, mais de manière que ce dernier n’eft pas
en excès î ce font alors les eaux ferrugineufes fimples,
comme celles de Forges, d’Aumale, de Condé j
ou bien le même carbonate de fer, diffous par fon
acide, eft accompagné d’un grand excès de ce
dernier : alors les eaux font ferrugineufes acidulés,
telles que celles de Spa, de Pyrmont, de Pougues,
de Bunang, &c. j ou enfin le fer y eft à l’état de
fulfate, comme il paroît l’être dans celles de Paffy,
de Provins, &c.
31. A ces quatre claffes, comprenant dix ordres
d’ eaux minérales proprement dites, ou affez chargées
de fels & de fubftances fofliles pour avoir les
propriétés médicinales, quelques auteurs ajoutent
encore , i° . les eaux thermales fimples ou les eaux
chaudes naturelles, fans autre principe que le calorique
i x°. les eaux favonneufes , qu’on dit contenir
de l’ argile ou alumine , qui les rend douces &
onétueufes, mais dont on n’a pas établi l’exiftence
& la nature par des expériences affez décifives j
30.des eaux bitumineufes, dont la compofition n’eft
pas conftatée plus exa&ement que celle des précédentes,
& qui ne font pas d’ailleurs comprifes
parmi lès eaux vraiment médicinales. Je n’ai pas
parlé non plus des eaux cuivreufes , des eaux arfenical&
s, parce qu elles ne font pas rangées avec les
précédentes, parce qu’elles n’exiftent que dans les
mines , dont elles font un des, produits, 8c parce
qu’il en fera queftion plus à propos dans l’hiftoire
des métaux.
§. IV . De U examen des eaux par les réaélifs.
32. Il y a trois moyens de reconnoître la nature
des eaux. Le premier n’eft propre qu’ à donner une
notion vague 8c générale des principes qui y dominent
; il confifte dans l’enfemble des obferva-
tions phyfiques qu’on peut faire fur les eaux , fur
leurs fources, leurs dépôts, leur efflorefcence, les
terrains qui les avoilînent. Le fécond fait pénétrer
plus avant dans la connoiffance de leurs compo-
fans ; il en fait apprécier les principaux, leurs
différences, leur nombre, 8c même, jufqu’à un
certain points leur rapport de proportion. Pour
l’obtenir, on examine les eaux par diverfes matières
qu’on ajoute} les changemens produits par
leur mélange annoncent ce que ces liquides contiennent
: on nomme ces matières des réa&ifs. Le
troifième moyen eft le feul qui faffe déterminer,
avec précifion , les vérirables principes des eaux ;
il eft le complément des deux premiers : c’eft
l’aétion du feu qui fépare de Y eau les diverfes
fubftances qui y font contenues. Commençons par
indiquer, dans ce paragraphe, les deux premiers
moyens. Le troifième, très fertile en faits & très-
important à connoïtre, fera le fujet du fuivant.
33. L’obfervation 8c la comparaifon des propriétés
ou caractères phyfiques des eaux 8c de
tout ce qui environne leurs fources, n’eft au fait
qu’ un moyen acceffoire, 8c qui doit précéder,
dans fon emploi, tous ceux dont on a coutume
de fe fervir pour eflayer ces liquides. On y compte
la fituation de la fource, la nature du terrain d’où
elle fort, les couches de minéraux qui le forment,
les dépôts du fond des fources 8c des ruiffeàux,
les incruftations des corps qui y tombent, les fila-
mens, les flocons pulvérulens ou glaireux qu’on y
rencontre, les pellicules qui couvrent les eaux,
lés fublimés attachés aux voûtes, puis la faveur,
l’odeur, la couleur, la pefanteur fpécifique, la
température, la quantité, le cours, la rapidité ou
Ja hauteur des eaux. On doit même, en variant les
tems de ces obfervations, les comparer, dans des
faifons diverfes, à différentes heures du jour. Il
eft impoflîble que cès premières recherches ne
donnent pas quelque notion pofitive (ur la nature
des eaux, & ne fervent pas à diriger les expériences
qu’on doit fe propofer de faire pour les
connoïtre enfuite avec plus d’exaélitude.
34. D’après ce qui a déjà été énoncé fur les
réaétifs en général, on conçoit que toutes les
matières chimiques, de quelque nature qu’elles
foient, pourvu que leurs propriétés 8c leur compofition
foient bien connues, pourroient fervir de
réaétifs , & que même, pour un. chirnifte habi e
te induftrieux, aucun compofé n’eft inutile à leur
analyfe. Mais, par une longue recherche, on a
cependant appris à faire un choix de quelques
matières principales, dont les effets comparés fuf-
fifent pour indiquer les principes divers qui exifirent
dans les eaux. Il eft donc néceffaire d’énoncer,
en traitant des eaux minérales en général , ceux de
ces réa&ifs à l’aide delquels on a coutume de les
eflayer.; * # -
3 r. Deux circonftanees qui compliquent ou font
varier les effets des réactifs doivent rendre leur
.ufiage plus difficile, & exiger une grande circonf-
peôtion de la part des chimiftes : l’une, c’eft que
fa même fubftance réactive produit quelquefois un
même effet apparent fur deux, trois ou quatre matières
différentes contenues dans les eaux y l’autre,
c’eft que le même réaôtif peut produire plufieurs
de ces_effets dans la même. eau. On remédie cependant
à l’un & à l’autre^ de ces înconvéniens.
par la réunion de plufieurs de ces agens comparés,
& par l’examen du dépôt qu’ils forment dans une
eau. Cette manière de faire, la feule qui puiffe
gendre, & beaucoup, plus, jure, & beaucoup plus
utile l’adminiftration des réa&ifs, fuppofe , 8c
qu’on n’en fixe pas véritablemenr le nombre, qui
ne doit avoir d’autres limites que Tinduftrie ou
les connoiffances des chimiftes , & qu’on ne fe
contente pas d’en ajouter quelques gouttes à une
petite quantité d’ eau, mais qu’on traite , s’il eft
néceffaire,, cette eau en grand par les réattifs, de
force à pouvoir obtenir une proportion de précipité
fuffifante à une analyfe exaéte.
. 36. Les réactifs appartiennent, foit aux acides,
foit aux bafes alcalines ou terreufes, foit aux fels
terreux & alcalins, foit aux fels métalliques, foit
enfin aux matières végétales.
Parmi les acides, ceux qui fervent le plus fou-
vent, & avec le plus de fuccès, à l’examen des
eaux.y font l’acide fulfurique, l’acide fulfureux,
l’acide nitreux & l ’acide muriatique oxigéné.
Le premier annonce, dans une eau 3 la préfence
de la baryte par le précipité pefant 8c abondant
qu’il y forme, & celle, ou de l’acide carbonique,
ou des carbonates terreux 8c alcalins, par l’etfer-
vefcence qu’il y produit.
Le fulfureux montre le foufre en précipité blanc
long-tems fufpendu dans les eaux, qui en contiennent
à l’ état d’hydrogène fulfure.
Le nitreux produit ,1e même effets 8c détruit
l’odeur fétide de ces eaux 3 en féparant le foufre
en poudre blanche , qui fe raffemble én petits globules
par l’aêtion de la chaleur.
L’acide muriatique oxigéné fert au même ufage,
en déçompofant l’hydrogène fulfuré i il arrive
fouvent qu’il brûle le foufre en même tems que
l’hydrogène., lorfqu’on en met une trop grande
quantité.
37. Les bafes terreufes ou alcalines les plus employées
.comme réaétifs font au nombre de trois:
Veau de chaux, la potaffe 8a rammoniaque liqui-
Cnimie% Tome IV\
des. L’eau de chaux abforbe l’ acide carbonique
& fe précipite avec lui en craie , dont le! poids
indique celui de l’acide ; elle fait précipiter la
portion de craie qui étoit diffoute dans Veau à
l’aide de l’acide carbonique quelle abforbe ; elle
décompofe auffi le carbonate de foude qui s'y
rencontre, en précipitant du carbonate de chaux;
enfin elle enlève les acides à la magnéfie , qu’elle
précipite en petits flocons blanchâtres qui fe rapprochent
lentement. Ce quadruple effet, qui pour-
roit avoir lieu à la fois, exigerait alors l'examen
du précipité formé; la proportion du carbonate de
chaux 8ç de la magnéfie, 8c l’examen de la liqueur
détermineraient le rapport & la coexiftence de
chaque effet, mais affez difficilement pour que
l'eau de chaux ne foit véritablement utile que
dans l’un des cas cités, furtout l'appréciation de
la quantité d’acide carbonique que l'eau minérale
recèle. Pour diftinguer l’acide appartenant au carbonate
de foude, de celui qui eft libre dans Veau,
on précipite une égale quantité de ce liquide,
après l’avoir privé, du dernier par une longue
ébullition, & on défalque un poids égal à celui
qu’on obtient, dans ce dernier cas, de la fomme
totale du premier obtenu fur Veau non bouillie.
38.. La potaffe pure liquide produit plufieurs
effets fimultanés dans les eaux : elle décompofe
les. fulfates, les nitrates & les muriates de chaux
& de magnéfie , & en fépare les terres à la fois ;
elle précipite les carbonates de chaux & de magnéfie
diffous à. la faveur de l’acide carbonique
qu’elle abforbe. Quand elle eft bien concentrée,
elle trouble même les eaux qui tiennent en diffo-
lution des fels alcalins, parce qu’elle diminue leur
folubilité par lattraflion qu’elle exerce fur Veau.
On reconnoît ce dernier effet en ajoutant beaucoup
d'eau qui rediffout le précipité, lequel d'ail-:
. leurs eft en petits criftaux. Les terres calcaires &
magnéfiennès fe diffolvent dans les acides (ans
effervefeence : les carbonates terreux, féparés par
Tabforption de l’ acide carbonique, s’ y uniffent
au contraire avec une vive effervefeence. Les fels
métalliques font auffi décompofés & précipités par
la potaffe ; mais la couleur, la forme & l’apparence
totale des oxides, & furtout celui du fer
! une fois fépare, les font facilement reconnoître.
! 39. L’ammoniaque ne décompofe que les fels
magnéfîens & alumineux qui peuvent fe trouver
dans les eaux, etiqore ne précipite-1-elle que.
moitié des premiers, en formant dts fels triples
avec la portion qui refte non décompofés : elle
fépare auffi les carbonates de chaux & de magnéfie
diffous par l’acide carbonique, en abforbant celui-
ci ; elle fait la même chofe fur le carbonate de fer,
également diffous par cet acide, mais elle agit
furtout fur les fels cuivreux, & fpécialement fur
le fülfate de ce métal,qui fe trouve dans quelques
eaux. Ces diffolutions cuivreufes prennent alors
une couleur bleue, qui fait reconnoître très-aifé-
jnentleür nature 8c la préfence du métal qui les