
ci eux parties d’acide fulfurique & d'une partie
d’alcool , une petite quantité à?éther.
b. Audit ot qu’il fe forme de Y éther , il fe produit
en même tems de l’eau , te tant que la première
de ces compofitions a lieu, l’acide fulfurique
ne fubit aucun changement dans fa nature intime.
c. Dès que l’ acide fulfureux paroît, il ne fe
forme plus & éther, ou au moins il ne s’en forme
que très-peu ; mais alors il paiTe de l’huile douce
du vin, de l’eau te de l’acide acétique.
d. L’huile douce du vin ayant celle de paffer,
on n’obtient plus que de l’acide fulfureux, de
l’acide carbonique, de l’huile jaune charboneufe ,
te enfin du foufre d l’on diltille jufqu’ à la fin.
L’opération de Y éther, telle qu’on la pratique,
eft donc véritablement partagée en trois époques ;
la première , dans laquelle une petite quantité
$ éther te d’eau font formés fans le fecours d’une
chaleur étrangère entre foixante-dix & foixante-
douze degrés développés par le feul mélange 5 la
fécondé, par laquelle toute la fomme d * éther qui
peut être obtenue fe dégage fans être accompagnée
d’acide fulfureux, à foixante-dix-huiî degrés
de température ; enfin la troifième, où l’huile
douce du vin, le gaz défiant, l’acide acétique ,
l'acide fulfureux , l’acide carbonique & l’huile
charboneufe prennent naiffance , tandis que le
mélange s’élève de quatre-vingt-huit à quatre-vingt-
dix degrés de température par la chaleur communiquée.
Ces trois époques n’ont de commun entre
lies qu’une formation continuelle d’eau, depuis
le commencement jufqu’à la fin de l’opération.
Fondés fur ces obfervations bien conftatées,
nous avons établi de la manière fuivante la théorie
de l ’éthérification par facide fulfurique. Dans le
cas où Y éther fe forme par le fimple mélange d’alcool
te d’acide fulfurique , fans le fecours d’une
chaleur étrangère (formation qui s’annonce par la
chaleur ainfi que par le précipité noir ), le carbone
qui fe fépare fans production d'acide fulfo-
reux , prouve que l’acide fulfurique agit fur l’ alcool
d’une toute autre manière que celle qu’on a
cru avoir lieu jufqu’ici. En effet, cet acide ne
peut être décompofé à cette température par le
carbone : l’expérience a montré qu’il n’y a aucune
aétion à froid entre ces deux corps. Ce n’eft pas
lion plus par l’alcool entier 5 car alors il fe forme-
roit de l’acide fulfureux, te l’on fait qu’il ne s’en
manifefte aucune trace au commencement de l ’opération.
Il faut donc avoir recours à une aétion d’un
autre ordre , à l’affinité puiffante que l’acide ful;-
Furique exerce fur l’eau 5 c’eft elle qui détermine
l’union des principes créateurs de l’ eau exiftans
dans l’alcool, te avec lefquels cet acide eft en
contaét $ mais cette aétion eft bornée : il s’établit
bientôt un équilibre d’ affinités, dont l’effet eft
de maintenir les combinaifons nouvelles dans le
repos.
Il ne faudroit pas induire de cette théorie, que
IV^£rn*eft que l’alcool, moins de l’oxigène & de
l'hydrogène, car il fe fépare en même tems une
quantité de carbone proportionnellement plus
grande que celle de l’hydrogèffè ; te l’on conçoit
que l’oxigèfie qui fe combine dans cette circonf-
tance avec l'hydrogène pour former l ’eau, ne
faturoit pas feulement cet hydrogène dans l’alcool
, mais qu’il y faturoit en même tems le carbone
précipité 5 ainfi, au lieu de regarder Y éther
comme l’alcool moins de fhydrogène & de l’oxi-
gène , on doit, en tenant compte du carbone
précipité te de la petite quantité d’hydrogène contenue
dans l’eau formée , le confidérer comme de
l’alcool i plus de l'hydrogène te de i’oxigène. Telle
eft la théorie de ce qui fe pàffe dans TadUon fpon-
tanée de l'acide fulfurique -te de l'alcool fans addition
de chaleur étrangère.
Lorfque l’on foumet le mélange d’acide fulfurique
te d’alcool à l’aérion de la chaleur , le mode
de l'éthérification eft plus compliqué , & lès ré-
fultats font plus nombreux.
D’abord il faut obferver que ce mélange dans
les proportions égales n’entre en ébullition qu’à
la température de foixante-dix-huit degrés, tandis
que l’alcool feul bout à foixante-quatre degrés
: d’où l’on doit conclure que l’alcool eft retenu
par l'attraéüon de l’acide fulfurique qui le
fixe. 11 faut comparer ce qui lui arrive alors à ce
qui a lieu pour toute autre matière végétale ex-
pofée au feu , dont les principes fe volatilifenc
fuivant l’ordre de leur affinité pour le calorique,
en entraînant avec eux une petite quantité des
élémens plus fixes : ainfi, à mefure que l’acide
fulfurique attire l’alcool te l’eau dont il favorife
la formation, Y éther qui fe développe attire le
calorique & fe volatilife, te lorfque la plus grande
partie de l’alcool a été changée en éther, le mélange
devient plus denfe, la,chaleur qu’ il acquiert
eft plus confidérable, te l’affinité de l’acide fulfurique
pour l’alcool non encore décompofé étant
augmentée, les principes de cet acide fe féparent^
en forte que, d’une part, fon oxigène fe porte fur
l’hydrogène de l’alcool, te forme de l’eau qui fe
volatilife peu à peu, tandis que de l’autre Y éther,
retenant une plus grande quantité de carbone avec
lequel il peut fe volatilifer à cette température ,
donne naiffance à Y huile douce du vin, qui doit être
confédérée comme un éther plus chargé de carbone
; ce qui eft prouvé par fa pefanteur plus confidérable
, par fa volatilité moins grande, & par
fa couleur citrine.
A l’aide de cette théorie fimple , qui n’eft que
le réfultat des faits^, nous avons été conduits à des
conduirons utiles à l’art chimique te pharmaceutique
, dont voici le précis.
a. La formation de Y éther n’eft pas due, comme
on l’ avoit penfé jufqu’ici , à l'a&ion immédiate des
principes de l’acide fulfurique fur ceux de l’alcool
mais à une véritable réaction des élémens de ce
dernier les uns fur les autres , te particuliérement
de fon oxigène te de fon hydrogène, occafionnde
feulement par l’acide fulfurique.
b. L’on pourroit, à la rigueur, changer une
partie quelconque d’alcool err éther, fans le fecours
de la chaleur , en augmentant affez la proportion
de l ’acide fulfurique.
c. L’opération ordinaire eft partagée en deux
tems principaux, par rapport à l’altération de l’alcool
, dans l ’un defquels il ne fe forme que de
Y éther & de l’eau; dans l'autre, de l’huile douce
du vin , de l’eau & de l’acide acétique.
. d. Tant qu’il fe forme de Y éther 3 l’acide fulfurique
n’eft pas décompofé, & il ne fe forme pas
d’huile douce du vin. Dès que celle-ci paroît, il
ne fe dégage plus ou aù moins que très-peu d’ éther y
te en même tems l’acide fulfurique eft décompofé
par l ’hydrogène feulement : d’ou réfulte de l'acide
fulfureux.
e. On peut éviter la formation de l’huile douce
du vin en entretenant la température du mélange ,
entre foixante-quinze & foixante-dix-huit degrés
par l’addition bien ménagée de quelques gouttes
d’eau dans la cornue.
ƒ. Enfin l’alcool diffère de Y éther en ce qu’il
contient plus de carbone , moins d’hydrogène &
d’oxigène, te l’huile douce du vin eft à Y éther à
peu près ce que l’alcool eft à ce dernier.
L‘ éther bien rectifié eft la plus légère de toutes
les liqueurs connues. L’eau pefant 10,900, l’ alcool
pèfe 0,8304, te YétherOy-jfôt.
Ethf.r t art areux. Les tentatives infruc-
tueufes de MM. les académiciens de Dijon te de
M. Berthollet, pour préparer l’éthertftrtarçux, ont
été décrites à l’article Alcool : il n’y a donc pas
d’efpèce à*éther auquel on puiffe donner ce nom.
Ether tungstique. L’acide métallique, provenant
de la combuliion complète du tungftène,
n’agit point fur l’alcool de manière à le convertir
en éther : il n’y a donc pas plus d’éther tungfiique ,
que à’éther arfenique, à.’ éther ch.romique , à3éther
molybdique ou Üéther métallique en général.
Éther urique. On a vu aux articles Acide
BÉZQARDIQUE, CALCULS ANIMAUX & CONCRÉTIONS
animales., que l’acide urique a autrefois
nommé acide bé^oardique SC acide lith iq u e,
eft le plus foible de tous les acides ; qu’il eft pref-
que fans faveur te fans diffolubilité dans,1’eau. Ces
propriétés , qui annoncent une inertie, complète
fur l'alcool, ne permettent pas d’admettre un éther
urique.
Éthers composés. On a déjà donné ce nom,
dans les nomenclatures chimiques te pharmaceutiques
modernes, aux éthers tenant; diverfes matières
en diflblution ; telles que des huiles volatiles
, des réfines , des baumes, tec. On y ajoutera
le nom de la fubftauce diffoute, ou au moins
de la principale de celle qu'il tiendra en diffolu-
tion.
ÉTHIOPS. On nomme éthiops plufieurs matières
ou préparations chimiques métalliques, à
caufe de leur couleur noire plus ou moins foncée.
Éthiops m ar tia l . C ’eft une préparation de
fer, imaginée te recommandée d'abord par Lémery,
qui croyoit n’opérer qu’une divifion très-
grande , ou qu’une efpèce de porphyrifation du
I métal, au moyen de l’eau.
Il mettoit de la limaille de fer dans un pot de
; grès cylindrique, nommé pot a beurre; il verfoic
| deffus affez d’eau pour recouvrir complètement
! la limaille, & excéder même fa furface de cinq à
fix centimètres. Il recommandoit d’agiter de tems
en tems ou de remuer le mélange te de renouveler
l’eau évaporée jufqu’à ce que la limaille fut
réduite en une poudre noire égale te affez fine
pour refter fufpendue dans l'eau. Il a été reconnu
en 1784, par Lavoifier, que dans cette opération
l’eau cède de l’oxigène au fe r , & que Y éthiops de
Lémery eft un véritable oxide de fer, que nous
nommons aujourd’hui oxide noir. En effet, pendant
fa préparation, il fe dégage du gaz hydrogène
qui eft très-fenfible par l’odeur du mélange.
D’un autre côté , le fer rouge-blanc, mis en contact
avec l’eau, la décompofe, & fe réduit en une
fubftance fufible, noire , luifante , friable, qui,
quand elle eft réduite en poudre fiffe , donne du
véritable éthiops martial.
Enfin, tous les procédés qu’on a propofés depuis
Lémery pour préparer Y éthiops martial, concourent
à prouver que ce n’ eft que de l’oxide de
fer. Un énoncé rapide fur les principales manipulations
enfeignées pour faire cette préparation ,
va en compléter la preuve.
Comme le procédé de Lémery eft: très-long,
puifqu'il exige au moins fix femaines, les chimiftes
ont cherché à l’envi à perfectionner cette préparation.
On a d’abord propofé de réduire les oxides rouges,
furtout celui qui provient du fulfate de fer
calciné avec de l’huile dans des creufets bien fermés
: on fait repaffer ainfi cet oxide rouge à l’état
d’oxide noir. L'éthiops ainfi préparé retient un
peu de charbon, te quelquefois un peu d’huile
brûlée. Auffi le procédé de Majault n’eft-il employé
par aucun pharmacien.
Quelques chimiftes de l’école de Rouelle, te
furtout Brohard, pharmacien de Paris, çonfeil-
loient d'ajouter à l'eau quelques millièmes d'un
acide qui favorife en effet la première oxidation
du fer , te qui accélère finguliérement la formation
de Y éthiops martial. Les uns prenoient de
l’acide acétique ou du vinaigre diftillé; les autre«
confeilloient l'acide nitrique. M. Fabroni de Florence
a renouvelé ce dernier procédé depuis quelques
années.
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