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dernier métal attirable, & que ., même dans fon
état de pureté , il paroifloit décidément jouir de
cette propriété. L'alliage du fer 8c du cobalt eft
formé de petits grains très_-ferrés , très-durs , &
qu on ne peut caffer que difficilement : quelques
chimiftes l'ont comparé à l'acier.
72. Suivant Cronttedt, le fer s'unit très-bien
au nickel, & il a pour ce dernier une attraction
tellement forte, qu’il lui a donné le premier rang.
Il remarque encore que cette union eft favorifée
par ’e foufre. On a vu ailleurs que cette combi-
naifon avoit paru fi intime & fi difficile à détruire
au célèbre Bergman, qu il avoit défefpéré de parvenir
à priver complètement le nickel de fer 3 8c
qu'il avoit été porté à croire que ces deux métaux
fe rapprochoient finguliérement l'un de l’autre, 8c
pouri oient bien, ainfi que le manganèfe de le platine,
n'être que des modifications particulières
de la même fubftance naturelle 5 mais les règles que
cet habile chimifte a établies lui-même dans la
manière de raifonner en phiîofophie naturelle ,
ne permettent pas d’adopter cette opinion , puif-
que le plus grand nombre des propriétés qui ca-
raderifent.ees matières métalliques,, font plus différentes
entr'elles que celles par lefquell.es elles
fe relfemblent, & puifque d’ailleurs on n'a jamais ;
pu les convenir les unes dans les autres , ou les j
rapprocher, les rendre parfaitement fembîables j
condition abfolument néceffaire pour admettre
une identité réelle ^ntre deux ou piufieurs matières
, comme le profefleur/fuédois la établi lui-
même dans fes précieux ouvrages.
73. On n'a point examiné encore avec afféz de
foin l’alliage du fer avec le manganèfe , pour en
bien connoître les propriétés : on fait feulement
que ces deux métaux fe trouvent fouvent combinés
entr'eux j que cette, union rend le fer fragile
j que le manganèfe accompagne fréquemment
les mines de f r ; qu’il fe trouve dans la fonte &
dans le fer forgé qui en proviennent} qu'il eft très-
difficile de féparer les dernières portions de fer du
manganèfe ; que celui-ci eft toujours attirable à
l ’aimant, & que ces deux métaux ont tant d’analogie
l'un avec l’autre, que l'on feroit tenté de les
regarder , avec Bergman, comme de fimples modifications
de la même fubftance, s'ils ne préfen-
toient pas cependant des différences affez mar-
quéesdans leurs propriétés exactement comparées.
On ignore encore quelle influence le manganèfe
apporte au fer dans la combinai fon fi fréquente
cjq’il for me avec ce métal, foit dans l’état de fonte,
foit comme fer forgé , foit fous la forme d’acier.
74. Henckel a remarqué le premier que le/«rr
fe combinoit avec le bifmuth, & formp.it avec lui
un alliage caffant, attirable à l'aimant, quoique,
la proportion du bifmuth y allât jufqu'aux trois .
quarts. Mufchenbroëck a trouvé, par fes effais,
que parties égales de bifmuth & de fer s’uniffoient
anal;} qu’il en réfultoit un métal très-fragile, inégalement
combiné, puirqu’il y avoit dans la maffe ;
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des parties dures & des portions plus molles. Il
n'a pu examiner la ténacité de cet alliage que dans
deux cas : l'un, où il y avoit vingt parties de fer
fur une partie de bifmuth, s'eft brifé par un poids
de cent cinquante-une livres}.l’autre alliage, com-
pofé de quatre parties de fer 8c de trois de bifmuth
, lui a offert un métal creux dans fon milieu,
qui s’eft rompu par un poids de trente-cinq
livres. Gellert a obfervé que le fer bifmuthé étoit
fpécifiquement plus léger que la moyenne indiquée
par le rapport de la pefanteur fpécifique de
chacun de ces métaux à leur proportion. Quelques
chimiftes modernes fe font trompés en concluant,
des prétendues analogies du bifmuth avec
le plomb, que le premier de ces métaux ne devoit
pas être fufceptible de s’unir au fer. expériences
& les faits doivent être préférés aux fimples
raifonnemens.
7y. Le fer s'unit facilement à l'antimoine par
la fufîon. Cèt alliage, fait à parties égales, n'eft
pas duélile ni attirable à l'aimant ; il eft dur, à
petites facettes, & ne s'aplatit que très-peu lous
le marteau avant de fe rompre : il reffemble à la
fonte de fer3 fuivant Wallerius. Juncker a remarqué
que le fer 3 fondu avec la moitié de fon poids
cî'un alliage d’antimoine & d’étain , donnoit.un
métal très-dur, très-fragile^, qui brûloit comme
du bois par le moyen du nitre. Qn nommoic au-
tiefois l’alliage du fer 8c de l’antimojne régule
martial y mais on le préparoit par le fuifure d’antimoine.
Le fer a plus d’attraétion pour le foufre
que n’en a l’antimoine : lorsqu'on le fait, chauffer
avec le fulfure,. il le décompofe 8c s’empare de
: fon foufre. Les auteurs de chimie ont beaucoup
! infifté fur cette opération, & en ont donné beaucoup
de recettes différentes par les do fes & le
■ mode de la faire j ils en avoient àuffi fait la bafe
de piufieurs préparations pharmaceutiques oubliées
entièrement, 8c abandonnées aujourd’hui.
Voici le procédé le plus généralement adopté fur
cette décompofition. On fait rougir dans un creufet
cinq parties de pointes de ;clo.ux''de maréchal ,
ou .de fer doux en très-petits fragmens : on y jette
enfuite feize parties de fulfure d'antimoine con-
caffé} on donne fur le champ un bon coup de'feu
pour opérer la fufîon du mélange,, qui a lieu
promptement. Quand la matière eft bien fondue,
on projette dans le creufet une partie de nitrè ;en
poudre , qui brûle une portion du fulfure d t fer, 8c facilite, à l’aide de fon alcali fondant, la réparation
des feories d’avec l’antimoine. Le mélange
refroidi offre ce dernier métal bien raffemblé 8c
pur au fond du creufet. S i, au lieu de cinq parties
de fer contre feize de fulfure d'antimoine , on
emploie la moitié de fe r , l'antimoine qu’çm obtient
eft allié de fer, 8c formoit autrefois le rér
gule martial. Dans cette opération , le jfîrs’unk
au foufre, & forme un fulfure léger, quf fur-
monte en feories l'antimoine fondu & précipité
au fond du .creufet.. Quand on augmente la p*o-
F E R
portion de nitre employé, les feories font jaunâtres,
8c Stahl les avoit nommées feories fuccinées.
En les pulvérifant, en les faifant bouillir dans
l'eau, & en- faifant détoner trois fois de fuite
avec le nitre la poudre ind-iffoluble qu'on leffivoit
une dernière' fois, on préparoit \efafran de Mars
antimonie apéritif de Stahl.
• 76, Il: n'y a aucune combinaifon entre Xe fer 8c
je mercure. Les chimiftes, qui avoient conçu de
grandes & fin gu libres efpérances fur cette aftucia-
tion pour les propriétés médicamenteufes, vers
lefquelles ils ont long - teins porté toutes leurs
vues , ont en vain effayé de la faire naître } leurs
efforts ont toujours été impuifîans, 8c pour opérer
de prétendues combinaifons entre ces deux
corps, ils ont été obligés d'employer des procédés
compliqués 8c des intermèdes, comme ils les
nommaient eux-mêmes, qui leur ont donné des
réfultats étrangers à ceux qu'ils cherchoient. C ’eft
ainfi qu'apiès l’ infuccès complet des al chimiftes,
Wallerius prétendoit former une efpèce d’àm-al-
game de fer au moyen du fulfate de cuivre, donc
l ’oxide, rappelé par le fer à l’état métallique , ne
lui a fourni qu’une amalga.me.de.cuivre adhérente,
pour quelque tems feulement, à. la furface du fer
fur laquelle elle s étoit dépofée. S i, dans quelques
elfais de Borrichius & de Juncker, \e fir s qÜ.
rouillé 8c eft devenu caftant- dans du mercure, ce
n'eft qu’à l’eau qui mouille fouvent ce métal, ou
à-quelqu'autre corps étranger, qu'on peut attribuer
cette altération. Les phyficiens 8c les chimiftes
ont tous les jours l'occafîon: de voir- que les
inftrumens, les. tubes, les robinets de fer 8c d’acier
qu’ils rempÜffent, qu’ils frottent fa-ns ceffe
de mercure dans leurs expériences , ne perdent ni
leurs propriétés ni leur brillant par le contaét de
ce métal fluide. Mille faits prouvent que le fir
agit autant fur les oxides de mercure en leur
enlevant l ’oxigène & en les réduifant à l’état métallique,
qu'il agit peu fur ce métal coulant. C’eft
ainfi que la limaille de fer noircit par la trituration
avec l’oxide rouge de mercure,. 8c brûle juiqu'à
l’ inflammation quand on la chauffe avec cet oxide}
c’eft ainfi que le /èr décompofe 8c réduit l’oxide
rouge & fu furé de mercure, le mu ri are furoxi-
géné de mercure, 8c toutes les autres combinai- •
fons oxidées de ce métal.
77. Le fer ne s’unit que difficilement au zinc :
la plupart des chimiftes mêmes ont douté de là
poffibilité de cet alliage, & fe font empreffés d’en
âffigner la çaufe dans la fufîon- facile & la volatilité
de l ’un, comparées à l’extrême infufîbilité &
à la fixité de l’autre. Cependant Wallerius, qui a
1 e-plus infifté fur cette diverfité de propriétés,
comme raifon de l’indifférence^dê ces deux métaux
l’ un pour l’autre, a obfervé qtfaprès les avoir
chauffés fortement enfemble,_ le fer avoit retenu
iin peu de zinc qu’il' a découvert- par les diffolu-
tions & les précipitations. C ’eft- bien annoncer ,
comme l’oh voit, une véritable combinaifon entre
F l R 3ji
ces corps, mais feulement en très-petite proportion
de la part du zinc. Malouin, dans fes recherches
fur ce dernier métal, a obfervé que le zinc
s’appliquoit, comme l ’étain, par la tufion à la
furface du fer3 8c le préfervoit delà rouille ; ce
qui annonce auffi une combinaifon entre ces deux
fubftances métalliques.
78. Dans les effais de tous les chimiftes , le fer
s’eft toujours difficilement combiné avec l’étain.
On pratique cependant, depuis un tems immémorial,
fous le. nom de fer-blanc, une compofition
de fer é'tamé, qui annonce une attraction affez
forte entre ces deux métaux. Pour préparer le fer-
blanc 3 on prend de la tôle foigneufement nétoyée
avec du fable ou du grès en poudre, pour enlever
toutes les impuretés, 8c pour qu’il ne refte point
de rouille à fa furface : on la fait tremper pendant
vingt-quatre heures dans de l’eau aigrie pa- le fon
ou la farine, ou acidulée avec un peu d’acide ful-
furique, en l’agitant de tems en tems : on la frotte
dans ce liquide} on l’effuie avec des linges 5 on la
plonge enfuite, à piufieurs reprifes , dans de l’étain
fondu : ce métal adhère à la furface de la
feuille de fer, qu’ il recouvre de toutes parts : on
la- retire & on la laiffe fufpendue pour faire écouler
la portion3 furabondante d’étain ; enfin, on la
frotte avec de la fciure dé bois pour la nétoyer,
& l’on a une feuille de fer-blanc. Lorfqu'on veut
ét-a-mer des uftenfilës plus épais que de la tôle, on
fubftitue l’aClion de la- lime 8c le muriate d’ammoniaque
au fon 8c à l’acide. La plupart des chimiftes
regardent la compofition du fer - blanc comme un
fimple étamage, comme une fimple couverture,
d’etain appliquée fur le fer. Cependant d’autres
ayant remarqué que l’épaiffeur de la lame eft plus
blanche dans fon intérieur que ne l’eft le fer 3 8c
qu’elle eft plus molle & plus malléable que ce dernier
métal pur , ils en ont conclu qu’il y avoit pénétration
intérieure & alliage intime.
Mufchenbroëck 8c Wallerius , en annonçant la,
difficulté d’allier-ces deux métaux l’un à l'autre,
ont cependant obtenu un véritable alliage, donc
ils ont décrit lé cara&ère. Mufchenbroëck a dit
que ce métal allie étoit très-dur, difficile à limer ,
d’une couleur de fer très-caffant, & qu’il n’ a voit
pas pu en eftimer la confiftance ou la ténacité.
Wallerius l’a décrit comme un alliage gris légèrement
duêfcile-, attirable à l’aimant lorfqu'il étoit
compofé; de deux- parties d'étain & d ’une de fer.
On convenoit généralement que le fer rendoit
l’etain plus dur, plus difficile à fondre & plus fo-
nore. C ’eft en raifon de ces- propriétés que quelques.
hommes ont propofé d’ajouter du fer à l’étain
pour en former un étamage bien plus folide
& bien plus adhérent au'cuivre.
Bergman a fait des expériences affez nombreu-
fes, & obtenu piufieurs réfultats intéreffans fur
l’alliage du fer & de l ’étain : il recherchoit alors
les différences ou les analogies qui pourroient
1 ex-ifter entre cet alliage 8c la matière qu’il avoit
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