
on obtenoit une efpèce de fcorie grenue, noire
& irifée, bourfouflée & d’un vert foncé à fa fur-
face , & préfentant fur le creufet, vers le haut,
des taches rouges - brunes. Cette matière étoit
très-dure, très-difficile à limer 5 elle offroit, dans
quelques cavités intérieures, des lames hexaèdres
■ brillantes d’oxide de fer noir 5 elle avoit une'fa-
veur âcre & brûlante. Eri la réduifant en poudre,
elle a exhalé une odeur fétide de gaz hydrogène
fulfuré j elle n’attiroit pas cependant l’humidité
de l’air : leflivée avec dix parties d’eau diftillée,
cette matière a donné une liqueur verte fi foncée,
qu’il a fallu plus de trente nouvelles parties d’eau
pour lui faire prendre de la tranfparence : c’étoit
une dilfolution de fulfate de potaffe hydrofulfuré,
.tenant un peu de fer en diffolution, d’où lés acides
ont précipité du foufre, dégagé du gaz hydrogène
fulfuré, en détruifant complètement fa couleur,
-qui paroiffoit être due à l’oxide ÙQ’fçr hydroful-
iuré. La plus grande partie de la matière ne s’eft
point difloute dans l’eau, mais a donné beaucoup
de gaz hydrogène fulfuré par l’acide muriatique.
Tous les fulfates alcalins .& terreux font fufcepti-
bles d’être décompofés de la même manière par
le fer fortement chauffé.
123. Tous les nitrates font également décom-
■ pofables par le fer chauffé au rouge, ou quand on
les projette après les avoir mêlés avec ce métal
en limaille fine dans un creufet rougi au feu. L’acide
nitrique de ces fels fournit fon oxigène-au
fer, qui relie enfuite brûlé, qui s’enflamme même
prefque toujours & fait détoner ces fels.: les bafes
de ceux-ci font alors mêlées avec l’oxide de
qui y adhère plus ou moins fortement, fuivant
leur nature. Parmi les nitrates, c’eft celui de potaffe
ou le nitre ordinaire que l’on choifît pour
cette opération, comme le plus abondant & celui
qui réuffit le mieux aux détonations. On mêle
exaélement, dans un mortier de fonte , deux ou
trois parties de ce fel & une partie de limaille
fine de fer, neuve & non rouillée} on projette ce !
mélange par parties dans un creufet placé au milieu
des charbons allumés & bien rouges. 11 s’élève
à chaque proje&ion un grand nombre d’étincelles
éclatantes > auffi emploie-t-on un pareil mélange
pour l’artifice. Après la détonation on trouve une
maffe demi-fondue, d’un jaune-rougeâtre, qui
donne de la potaffe pure par le lavage, & qui 4aiffe un oxide de fer très-furchargé d’oxigène in- ;
diffoluble dans la plupart des acides, excepté le
muriatique, qu’on nommoit autrefois fefran de
Mars de Zwelfer. Juncker a dit que la diffolution
alcaline provenante de ce lavage avoit une couleur
violette foncée : cela ne peut venir que de l’oxide
.de manganèfe j & quand le fer eft bien pur, il
refie en oxide rouge fans colorer la leffive de l’alcali
du nitre. La fonte & l’acier détonent auffi
avec le nitre 3, l’une & l’autre donnent, outre
1 oxide de fer| de 1 acide carbonique parmi les
produits aériformes 3 & en faifant l’expérience
avec toutes les précautions convenables dans un
appareil fermé, on peut apprécier ainfi la proportion
de carbonate contenu dans ces corps. L’acide
donne une flamme rouge 8c très - brillante dans
cette détonation j auffi emploie-t-on ce mélange
pour l’artifice.
, I24* Quelques muriates font fufceptibles d’être
décompofés par le fer. Scheele ayant obfervé que
des cercles de fer placés autour d’un tonneau qui
contenoit des falaifons, étoient recouverts d’une
effiorefcence faline qu’ il reconnut pour du carbonate
de fou d e , plongea une lame de fer dans une
diffolution faturée de muriate de foude. Quand
on- laiffe du fer tremper dans cette diffolution, de
manière qu’une: partie du métal forte de l’eau 8c
plonge dans l’air, il ne fe fépare de foude que
dans la partie fèehe & au deffus de l’eau. 11 pa-
roît que la diffolution n’eft pas décompofée , 8c
que cela n’arrive qu’au fel à l’état fec. Scheele a
obfervé en effet que des gouttes brunes de muriate
de fer qu’il avoit trouvées fur la lame fuf-
pendue dans l ’air, étoient précipitées abondamment
par le carbonate de foude exiflant fur la
.même lame. Cette expérience, qui n’étoit qu’un
effai imparfait, furtout entre les mains du célèbre
chimifte de Koeping, peut conduire par la fuite
à l’art de décomjaofer le fel marin & d’en obtenir
la foude. Il paroit qu’elle dépend du-jeu de quelques
attrapions doubles, qui auront échappé à
l’habile auteur de cette obfervation. La préfencq
de l’acide carbonique de Fatmofphère ne fuffit pas
pour en expliquer la caufe , puifque. le carbonate
de foude décompofé aifément & complètement le
muriate de fer. La proportion des matières en eft
vraifemblablement la fource.
125. Le muriate d’ammoniaque eft facilement
-décompofé par le fer à l’aide de la chaleur $ il fe
dégage du gaz hydrogène & du gaz ammoniac.
En faifant autrefois cette expérience avec un récipient
ordinaire qui laiffoit diffiper le gaz ammoniac,
& qui ne pouvoit recueillir qu'un peu d’ammoniaque
liquide à l’aide de l’eair-contenue dans
le muriate d’ammoniaque, on avoit obfervé que
cet alcali volatil liquide entraînoit avec lui un peu
d’oxide de fer, qui fe précipitoit enfuite. On pre'-
paroit ce qu’on nommoit les fleurs ammoniacales
martiales avec feize parties de muriate d’ammoniaque
& une partie de.fer en limaille} on fubli-
môit ce mélange dans deux terrines de grès placées
l’une fur l’autre : il n’.y avoit que très-peu de
muriate d’ammoniaque décompofé , & ce fel n’é,-
toit que coloré faiblement en jaune par une petite
portion de. muriate de,fer formé. On préparoit
auffi le même tùédicament avec de l’oxide de fer,
de l’hématite , &c. Dans plusieurs pharmacopées
allemandes, ôn prefcrivoit des quantités égales de
fel ammoniac &;.d’oxide de fer ou deferen limaille
5 auffi les fleurs ammoniacales que l’on obter
noit étoient beaucoup plus colorées que'celles
dont j’ai parlé}. elles .contenoient beaucoup plus
de muriate de fer, qui, expofé à l’air,<en attiroit
l'humidité, formoit un liquide jaune-rougeatre,
épais & très-âcre, qu’on nommoit très-improprement
huile de Mars. Boerhaave, en appliquant l’ai- ;
cool aux fleurs ammoniacales martiales, préparoit j
ainfi une teinture de fer très-chargée, parce que le
muriate de fer eft bien diffoluble dans l’alcool.
Les oxides de fer rouge ou jaune décompofent
beaucoup mieux le muriate d'ammoniaque que le
fer lui-même } c’eft pour cela qu’en triturant ces
oxides avec ce fel, on a une odeur d’ammoniaque
très-vive} maii il faut obferver que la trituration
développe du calorique qui commence cette décomposition.
On a vu plus haut que l’ammoniaque
décompofoit le muriate de fer à froid : le fer 8c les
oxides ne décompofent donc le muriate d’ammoniaque
qu’à l’aide d’une élévation de température,
8c par une double attraction, celle de l'oxide de
fer pour l’acide muriatique, 8c celle de l’ammoniaque
pour le calorique.
116. Les muriates furoxigénés brûlent le fer
avec beaucoup de force : on n’a encore apprécié
que Faction du muriate furoxigéné de potalfe fur
ce métal. Quand on mêle deux parties de ce fel
avec une partie de limaille de fer très-fine , ce
mélange détonne fortement, & avec une flamme
rouge très-vive , par le choc ou par une preflion
fubite : il s’allume avec une grande énergie par le
contaèt d’un corps en ignition. C ’eft un moyen de
faire une analyfe exaéte des fontes & des aciers ,
en recueillant le produit fluide élaftique & l’oxide
métallique , réfuitats de cette opération ; oxide
d’où l’on peut féparer facilement, parle lavage,
la portion de muriate de potaffe qui refle après la
détonation. On pourra quelque jour employer la
combuftion du fer 8c de l’acier par le muriate furoxigéné
de potaffe, pour les feux d’artifice, à
caufe de la flamme très-brillante & des beaux effets
de lumière qui accompagnent cette combuf-.
rion rapide 8c inftantanée.
■ 127. Il n’y a point d’a&ion connue entre le fer,
les phofphates,, les fluates, les borates & les carbonates
par la voie humide & à froid. Cependant
ce métal eft fi facile à oxider, il a tant d’énergie
pour abforber l’oxigène 8c s’en faturer, qu’il n’eft
pas difficile de concevoir comment, humeélé par
les diffolùtions de ces fels, il peut fe rouiller rrès-
vîte à l’air : à chaud, il fe brûle promptement, & fe
combine en oxide avec ceux de ces felsqui font plus
ou moins fufibî'es & fondans ; il les colore en vert-
btun où en nuânces foncées & obfcures, qui attef-
tent enfuite fa préfence dans les globules vitreux
que l’on obtient en faifant ces fortes d’expériences
au chalumeau , comme on a coutume de faire.
' On connoît encore peu les propriétés des fels
formés par la combinaifon de l’oxide de fer avec
lès acides végétaux & animaux. On fait feulement
que ce métal s’unit aifément à ces fubftances, que
pendant cette union il fe produit du gaz inflammable,
parce que l’eau eft décompofée 3 que l’oxide
de fer au minimum a beaucoup plus d’affinité avec
les acides végétaux 8c animaux, que l’oxide au
maximum ,• que la plupart de ces combinaifons
font folubles dans Feau, & difficilement criftalli-
fables : l’acide fuccinique eft peut-être le feul dont
la combinaifon avec le fer foit infoluble.
Quoique les acides végétaux aient moins d’affinité
pour l ’oxide de fer au maximum , que pour
Foxide au minimum, il eft cependant difficile d ’obtenir
Tes fels à ce dernier état} car avec le tems
ou une légère chaleur le fer s’oxtde davantage, 8c
ces diffolùtions qui font ordinairement vertes ou
brunes, paffent bientôt au rouge. L’acide gallique
s'unit facilement, foit avec le fer métallique, foit
avec fes oxides : dans le premier cas, la combinaifon
a lieu avec dégagement de gaz hydrogène} 8c fi l’opération eft faite dans un vafe où l’air ne
puiffe pas avoir d’a c c è s la diffolution eft claire 8c fans couleur comme de Feau } mais dès qu’on
tranfvafe la liqueur, 8c que conféquemment elle
prend le contaét de l’air, une belle couleur bleue
fe développe. Il paroît que, dans cette combinaifon
, le fer ne prend qu’une très-petite quantité
d’oxigène , & que ce n'eft que lorfqu’il en eft
fatüré, que fa combinaifon avec l’acide gallique
fe colore. L’union directe de Facide gallique avec
l ’oxide de fer eft conftamment colorée en bleu,
parce qu’il s’y trouve toujours des parties métalliques,
faturées d’oxigène jufqu’au maximum. C ’eft
cet acide qui , conjointement avec le tannin ,
forme, avec Foxide de fer, la couleur noire qu’on
applique aux étoffes pour les teindre. Il v eft très-
utile , en ce qu’en retenant pendant quelques mo-
mens le.tannate de fer en diffolution, il favorife fa
combinaifon avec les étoffes, & ces dernières fe
trouvent teintes plus également 8c plus foiidement.
C ’eft auffi cet acide qui contribue à empêcher les
parties noires de l’encre de fe précipiter auffi
promptement qu’elles le feroient fans cela.
L’acide de benjoin diffout le fer métallique, 8c
fon oxide au minimum : ces diffolùtions donnent,
par une évaporation convenable, des criftaux jaunâtres
d’une faveur douce, folubles dans l’alcool,
décoinpofables par les alcalis, 8c donnent une couleur
noire avec l'acide gallique, & une couleur
bleue avec les pruffiates.
L’acide malique s’unit au fer, 8c forme avec lui
une diffolution brune, d’une faveur douce &attra-
mentaire : cette combinaifon ne criftallife pas j elle
s’épaiffit feulement comme un mucilage lorfqufan
la fait évaporer.
L’acide citrique diffout très-bien le fer 8c fon
oxide au minimum : la diffolution a une couleur
brune ; elle donne par l’évaporation, de petits crif>
taux. En continuant l’évaporation, la liqueur devient
noire comme de l'encre, épaiffe & ductile
comme une réfine chaude : ce fel eft aftringent,
très-foluble dans Feau} il contient 31 d’oxide de
fer fur 100.
L’ acide oxalique attaque fortement le fer diviféj
X x 2