après les avoir fortement agitées, on les laifle repo*
{èr pendant quelques minutes ; on retire l'eau fortement
chargée de particules les plus tenues, on la
laifle dépofer pendant vingt-quatre heures 5 après
ce tems on décante l’eau claire qui fumage , &
l'on obtient un dépôt très-fin.
On fait diffoudre à part la.fubftance aglutina-
tive deftinée à donner aux crayons le degré de
folidité néceflaire : on mêle exaétement les diffo-
lutions avec la fanguine broyée, puis on évapore
Je mélange en l’expofant à la chaleur d’un feu très-
doux, ayant foin ae le remuer*fouvent, & jufqu’à
ce que la pâte ait acquis une confiftance un peu
plus ferme que celle du beurre ; on procède en-
fuite au moulage des crayons.
Ce moulage s'exécute de la manière fuivante:
on force la pâte de palfer par le canon d’une feringue
d'un orifice égal à la groflfeur de ces crayonsj
on laifie fécher les baguettes ainfi moulées.
Après cette opération, on les divife par mor**
ceaux de deux pouces ( cinq centimètres & demi)
de longueur; on abat les arêtes , on leur donne
une première taille pour les appointer en gros j on
les racle pour lever une pellicule qui fe durcit à
leur furface pendant la deificcation, & qui les em-
pêcheroit de marquer.
Avant de porter la pâte dans les moules , on
doit avoir foin de la bien pétrir avec la molette, en
la rebroyant pendantquelques inftans fur le marbre.
Les crayons compofés d’après ces procédés ont
toutes les bonnes qualités requifes ; ils ne reviennent
pas à un quart de leur prix aétuel : mais leur
compofition exige une grande exactitude dans les
dofes qui vont être prefcrites.
Indication des fubfiances a employer, dofes & réfultats.
Sanguine fèche, ou oxide rouge de
| fer, 10 grammes ( 1 once) ; gomme
arabique fèche, 0,311 grammes (18
grains).
Sanguine, 10 grammes (1 once);
gomme, 0,363 grammes (21 grains).
Sanguine, 10 grammes ( 1 once) ;
1 gomme, 0,41y grammes ( 24 grain$j,
i ou mieux encore , 0,441 grammes
(25 grains & demi).
’ Sanguine, 10 grammes ( 1 once.) j
gomme, 0,467 grammes (27 grains).
Sanguine,. 10 grammes ( 1 once ) ;.
gomme, 0,519 grammes (30 grains).
\ Sanguine, 10 grammes ( 1 once ) ;
| gomme, 0,571 grammes (33 grains)..
Sanguine, ic grammes (1 once);
gomme,o,580grammes (22 grains); :
'7* S fa von blanc defïéché, 0,519 grammes
(30 grains).
Sanguine, 10 grammes ( 1 once);
C Sang'
8. < colle di
( mes ( 3
de poiflon lèche, 0,622 gram-
6.grains).
Ces crayons font très-tendres ; ils peuvent cependant
fervir pour les grands deflins : ce font ceux où il entre
le moins de gomme , -& au deflbus de ce terme ils n’ont
pas fuffifamment de confiftance pour pouvoir être d’aucun
ufage.
Crayons moeleux, un peu tendres, excellens pour les
grands dellins.
Crayons doux & folides : ce font les meilleurs que
l’on puifie employer pour l’ufage habituel.
Crayons un peu fermes , fans dureté, utiles pour les
deflins qui exigent d’être traités délicatement.
Crayons très-fermes, propres pour les petits deflins
dont on veut rechercher finement tous les détails.
Crayons durs , dont on peut à la rigueur faire ufage.
C ’eft le maximum de gomme que l’on puiffe employer
dans leur compofition : au-delà de ce terme il eft impof-
fible de s’en fervir.
Ces crayons ont une teinte plus rembrunie que lés
précédens : ils font de très* bonne confiftance & doux à
tailler; mais tous les crayons dans la compofition defquels
il entre du favon, ont le défaut de donner des traits qui
deviennent lui fans lorlqu’ôn repafle un peu fort fur les
touches. Aucune des autres épreuves avec le favon n’a
réufli. Ces crayons imitent parfaitement ceux de la compofition
dè M. Defmarets.
Crayons d*un ton brillant, excellens pour l’ufige ; fi
on y met moins de colle ils fe brifent facilement, & fi
on y en met un peu plus ils deviennent trop durs.
CREME. Ce mot, donné plus particuliérement
à la matière douce qui fe raflemble à la furface du
•lait confervé quelque tems, a été enfuite mal-à-
propos appliqué en chimie à plufieurs matières
jrecueillies à la furface des liqueurs, ou ayant l’apparence
, l’onétueux & la blancheur de la crème.
C’eft ainfi que font venus les mots crème de chaux,
crème de faturne, &c. ( Voye^ ces mots.)
C rème de chaux. La crème de chaux eft 1 a
_ pellicule
pellicule de carbonate calcaire qui fe forme à la
furface de l’eau de chaux expofée à l’air , à me-
fure que l’acide carbonique atmofphérique s’y
précipite. Cette dénomination ridicule doit être
abandonnée, car elle auroit entraîné celle de crème
de baryte , crème de ftrontiane, crème de fe r, & c.
puifqu’il fe forme ainfi des pellicules de carbonate
de ces trois fubftances à la furface de leurs diffo-
lutions.
Crème de lait. La crème de lait eft en grande
partie la matière butyreufe qui fe fépare du lait,
vient nager à fa furface à caufe de fa légéreté. Elle
contient un peu de férum & de matière caféeufe,
qui s’en féparent lorfqu’on la bat pour préparer le
beurre. {Voye{ le mot Lait.)
Crème de saturne. C ’eft du citrate de plomb,
qu’on a nommé ainfi à caufe de fa blancheur & de
fa légéreté. ( Voye% le tome 7, page 54, & l’article
Citrate de plomb.)
Crème de tartre. On nomme improprement
crème de tartre l’acidule tartareux qui fe criftaliife
à la furface de la diffolution du tartre pendant fa
purification. ( V^oye^ les mots Acide,& Acidulé,
Tartareux ô’ Tartrite.)
CREUSET. C’ eft un vafe de chimie, qui fert.à
un grand nombre d’opérations, mais particuliérement
à fondre, à calciner, à combiner ou à Té-'
parer les corps par le moyen de la chaleur. On
fabrique des creufets avec des argiles Ôc des métaux.
Les premiers varient par la forme, la grandeur
& les qualités, fuivant l’efpèce d’argile qui
leur fert de bafe, la manière dont elle eft préparée,
& le degré de cuiflon qu’elle a éprouvé.
Les feuls métaux qui foient employés pour faire j
des creufets, font l’or, l’argent & le platine. Ces
derniers ne fervent ordinairement que pour des
opérations de recherches en petit, danslefquelles
il faut éviter l’aétion des terres fur les fubftances
que l’on foumet à l’expérience.
Les creufets de terre font au contraire employés
dans tous les cas où l’on craint l'influence des
métaux dont font formés les creufets, ou celles des
fubftances qu’on y traite fur eux.
Les argiles qui fervent à la fabrication des creufets
, contiennent communément de la fiiice , de
l’alumine, de la chaux & de l’oxide de fer. Celles
qui font exemptes de ces deux dernières fubftances
préfentent plus davantage pour cet objet,
parce qu'elles déterminent la fufion de l’alumine
& de la fiiice, quand elles y exiftent, dans une
certaine proportion. Comme il n’eft pas poflible
de réunir dans un feul creufet toutçs les qualités î
néceflaires pour les diverfes opérations de chimie 1
& des arts, le choix & la préparation des argiles j
doivent être relatifs à l’ufage qu’on veut faire de I
ces vafes, & à cet égard ils devroient être féparés j
£h plufieùrs clafles, fuivant leurs propriétés ; ce qui |
Ch im i e . Tome
màlheureufement n’a jamais eu lieu jufqu’ à préfent.
On pourroit, ce me femble , établir ces clafles
ainfi qu’il fuit :
i° . Creufets qui foutiennent facilement les alternatives
du chaud & du froid, & qui font réfractaires:
ils ferviroient à fondre les métaux difficiles
à réfoudre à cet état.
2°. Creufets qui fupportent aifément les paffages
d’une température à l’autre, mais qui fe fondent
à un feu médiocre ; ils feroient employés à fondre
les métaux de facile & moyenne fufibilité.
3°* Creufets à pâte fine & ferrée, fortement
cuits, mais qui demandent du ménagement pour
fubir, fans fe caffer, les paffages du chaud au froid, 8>c vice verfâ : ils feroient pour la fonte des fels,
de l’oxide de plomb & de toute autre matière
fubtile & pénétrante.
Examinons maintenant quelles font les efpèces
d’argiles & les préparations qu’il convient de leur
donner pour obtenir les diverfes fortes de creufets
dont nous venons de parler.
Les plus réfraéiaires font celles qui n’ont pour
principes que de la fiiice & de l’alumine: ces deux
terres n’ayant pas entr’elles une affinité a fiez forte
pour fe fondre aux feux les plus aélifs de nos
fourneaux, elles font propres à la première efpèce
dè creufet.
Celles qui contiennent en même tems de la chaux
& de l ’oxide de fer font plus ou moins fufibles,
fuivant la proportion de ces deux dernières fubftances,
parce qu’à l’aide de la chaleur il fe forme
entr’elles une combinaifon dont les molécules s'unifient
plus facilement au calorique.
Ces argiles peuvent fervir à la fabrication des
creufets de fécondé efpèce.
Les argiles graffes & fines où il y a de la chaux
éprouvent, en cuifant à une forte chaleur, un
commencement de vitrification qui donne au creufet
une compacité fuffifante pour retenir , pendant
quelque tems, en fufion les matières les plus pénétrantes.
Ces argiles ne doivent pas contenir de fer, fi
l’on veut éviter la couleur dans les matières qu’on
fond dans les creufets où elles entrent.
Il feroit fans doute bien à defirer que la même
forte de creufets eût toutes les qualités à la fois;
favoir : d’être infufibie, de fupporter les alternatives
du froid & du chaud fans fe brifer, & de ne
point fe laifler pénétrer ni attaquer par les matières
qu’on y fait fondre ; mais toutes les tentatives
faites jufqu’ici pour remplir ces conditions,
n’ont pas eu de fuccès parfait, & vraifemblable-
ment n’en auront jamais, parce que plufieurs de
ces qualités font contraires & oppofées. En effet,
fi les uns font très-réfra&aires, ils feront poreux,
& ne pourront fervir à fondre des matières fub-
tiles & pénétrantes; fi les autres ont une mie très-
ferrée & compare, ils ne foutiendront pas, (ans
fe brifer, les changémens brufques de tempéra*
ture, &c.
L