
tion ; fa forme eft régulière, foit dans la réunion 1
confiante de fes aiguilles fous un angle de fôixante !
ou cent vingt degrés , foit dans chaque aiguille
en particulier, qui eft un prifme à quatre pans, terminé
par des fommets dièdres. Une fois formée,
la glace petit fe réduire en pouflière ; elle peut
perdre beaucoup de calorique , elle eft très-élaf-
tique, elle exerce une forte aétion fur les organes
.animes, en leur enlevant rapidement du calorique.
L’air qu'elle contient fcxuvent entre fes molécules
la rend, opaque & plus légère que Veau liquide.
Quand elle fe fond, elle refte conftammen.t à la
température de o tant qu'il y en a une portion de
folide, parce qu’elle abforbe tout le calorique
libre pour fe liquéfier.
8. En obfervant l’eau en fluide élaftique, on
la trouve parfaitement tranfparente ; elle devient
vifible , blanche , nuageufe quand le calorique qui
Ja tient fondue lui eft enlevé : le volume qu'elle
occupe , comparé %-celui de l'eau liquide, eft
comme 8oo à i ; fon élafticité & fon refîort pro-
duifent des exploitons violentes ou des effets remarquables
en mécanique, comme on le voit dans
les pompes à vapeur ou à feu. L3eau fe combine
très-facilement à un grand nombre de corps j elle
favorife la combuftion tellement, qu’on a cru
quelle étoit changée en air ou en rempliffoitentièrement
les conditions. En repaflant à l’état liquide
, elle laiffe féparer du calorique libre & élève
la température de tous les corps voilins. C ’eft à ce
paffage que font dus les phénomènes d’un grand
nombre de météores aqueux & réchauffement
confiant de l’atmofphère après la condenfation des
vapeurs d3eau,
9. L’eau n’éprouve.point d’altération fenfible de
la part de la lumière : en glace, elle la réfraéte
fortement ; dans l ’état liquide, la réfraélion eft
fupérienre à la denfité de Veau ; & c'eft d'après ce
phénomène que Newton a deviné qu'elle conte-
noit quelque cbofe de combuftibîe, & foupçonné,
comme on le fênt, la préfence de l ’hydrogène
cent ans avant qu'il ait été découvert. La vapeur
à'eau décompofe ou difperfe aifément les divers
rayons de la lumière, c’eft-à-dire, leur communique
en les brifant îes divers & proportionnels
raouvemens qui conftituent les couleurs : la vapeur
à'eau introduite dans l'air d'un ballon qu’on place
entre l’oeil & une lumière, y montre toutes les
nuances de l'arc-en-ciel. Quoiqu’on ne connoiffe
point encore la manière dont l’éleélricité agit dans
les phénomènes chimiques, .il eft eflentiel de décrire
fes effets certains. Quand on tire un grand
nombre d’étincelles éleélrjques dans un petit tube
plein d’eau , à l’aide d'un conducteur &. d’une
boule métallique qu'on y infère, Veau fe.décom-
pofe & fe fépare en gaz hydrogène & én gaz oxi-
gène ; & lorfaue fa décompofirion eft affez avancée
pour que les deux boules plongent;dans lés
deux gaz de manière/que l’étincelle y éclate , x:es
gaz s’enflamment de nouveau & réforment Uvmi
de forte qu’on peut dire que l'éleélricité décom-
pofe Veau en fes deux élémens qu’elle ifole en gaz,
& qu’elle recombine leurs bafes de manière à la
recompofer.
10. L’aélion du calorique fur l'eau dans fes dif-
■ férens états mérite toute l'attention dû phyficien
& du chimifte. Le premier y confidère les chan-
■ gemens d'état, le fécond une vraie combinaifon
chimique & tous les effets des diffolutions. Il
faut donc voir cette aCtion fur la glace , fur Veau
liquide & fur fa vapeur. La glace abforbe pour fe
fondre, une proportion de calorique qui élève un
poids égal d'eau liquide à foixante-quinze degrés;
fa capacité eft: donc beaucoup plus grande que
celle de l’eau, liquide , puifque, fans prendre un
: feul degré de température, elle enlève ce qui en
produit foixante-quinze dans une quantité d’eau
qui égale la lien ne. L’eau liquide eft donc une véritable
combinaifon de glace & de calorique ; c'eft
une fufion en tout comparable aux autres fufions
des corps quelconques : on ne peut eftimer dans fèm
fluide que là portion du calorique au deffus de o ;
toute celle que tient la glace eft inappréciable :
voilà pourquoi il y a tant de difficultés & d incertitudes
entre les phyficiens fur le q réel, ou la
quantité de calorique contenue dans Veau à o du
thermomètre.
11. L’ eau liquide , la glace en fufion , Veau dans
fon, état ordinaire, fe dilate, augmente de volume
par TintroduéHon du calorique entre fes mo-
fécules ; elle augmente peu à peu en chaleur fenfible,
jufqü'à un certain terme marqué furde thermomètre
de Réaumur par quatre-vingts degrés ,
qu’on partage en cent dans le thermomètre.centi-
> grade, dont la marché eft fuivie dans cet ouvrage.
Alors elle né rechange plus davantage; elle pâlie à
férat de vapeur : chaque nouvelle molé.cule de
calorique fe combine avec Veau chaude & la dif-
fout en gaz : de là le terme confiant de température
del’edM bouillante. Ce paffage eft accompagné
_de bulles plus ou moins abondantes, & plus ou
moins grolfes , qui traverfent la liqueur avec fré-
miffement, & qui conftituent l’ebullition de Veau.
Pour bien faire entendre ce phénomène, j'ai coutume
de dire que dans ce cas Veau fait effervef-
cence avec elle-même ; & en effet, c’eft un fluide
élaftique qui s'élève du fein d’un liquide, & on
ne peut pas avoir d’autre idée de l’effèrvefcence.
C’eft, fi l ’on veut encore, une portion d’eau déjà
gazeufe, devenue, indiffoluble dans Veau chaude
à cent degrés, & qui s'en échappe. Les bulles
partent du fond , parce que c'eft le. point par où
le calorique arrive dans l'eau, qui ne peut plus en
recevoir fans prendre la forme gaze ufe. La pefan-
teur & la preffion de l’air, comme Ton état plus
ou moins diffolvant, influent fur l’ébullition de
Veau ; elle bout plus vite ou à moins de-cent degrés
lorfqu’on fait l’opération fur une montagne
où le baromètre ne marque pas vingt-huit pouces
anciens. ; elle bout plus difficilement dans les profondeurs
de la terre, où le mercttrê eft plus élevé
dans le baromètre. C ’eft donc à une preffion at-
mofphérique donnée que doivent être conftruits
fis thermomètres ; c’eft pour la même raifon que
de l’eau à cinquante degrés bout très-rapidement
dans le vide.
. 12. La dilatation & l’ébullition de Veau par l’in-
tromiffion du calorique ne changent rien a la nature
de l’oxide d’hydrogène qui la conftitue. La
vapeur d’eau ou le gaz aqueux, produit de fon
ébullition , n’efl pas un gaz permanent ; elle fe
laiffe facilement enlever le calorique qu’elle contient,
& redevient liquide par le contaél de tous
les corps froids. C ’en fur ce phénomène qu’eft
fondée la diftillàtion de Veau 3 opération que l’on
fait très-fou vent dans les laboratoires pour obtenir
ce liquide bien pur, tel qu’il eft néceffaire aux
expériences délicates. On fe fert pour cela d’un
alambic de cuivre étamé. L'eau qu’on place dans
le vafe inférieur, efpèce de chaudron qu’on a décore
du nom de cucurbite , s’élève en vapeur par
l’aêüon du feu dans le chapiteau qui lerecouvre 5
celui-ci, étant enveloppé d’un fceau de cuivre^plein
d’eau froide , dont la baffe température condenfe
la vapeur, conduit Veau liquéfiée & pure dans
une rainure rentrante qui termine-ce chapiteau
par le bas, & qui, au moyen d’une légère pente,
fait écouler Veau par le bec d’un canal, d’où elle
eft reçue dans un vafe de verre nommé récipient.
On peut auffi mettre à profit la diftillàtion de la
nature faite dans T.atmofphère, & recueillir Veau
de la pluie au milieu d’une vafte cour, loin des
toits, pour avoir cette eau bien pure. Les anciens
chimiftes préféroient.même l’eau de la pluie pour
leurs opérations, & l'on va voir bientôt qu'elle
diffère de Veau diftillée artificiellement par l’air
dont elle eft chargée , tandis que l'eàu diftillée
n’en contient^pas. " ■- .
13. L'oxigène n'a point d’ attraélion bien fenfible
pour Veau qui en eft faturée, & qui ne peut
pas en prendre plus que les 0,85 qu'elle en contré
nt. Le gaz oxigène eft cependant fufceptible
de fe fixer ou de s'abforber par Veau , & c’eft un
faitbien connu & bien avéré aujourd’hui, que Veau
abforbe plus abondamment & plus facilement'ce
gaz que le gaz azote.
14. L’ eau & l’air ont une attraélion affez marquée
l'une pour l’autre. Quand on fait paffer de
l’air à travers de Veau 3 il en diffout une quantité
d’autant plus grande, qu’il étoit plus dépourvu
auparavant de ce liquide. L’air qui féjourne fur
Veau, celui qui fe meut plus ou moins rapidement
à fa furface, & mieux encore celui qu’on agite
ou qu’on bat avec de Veau, en prend une quantité
plus ou moins grande, fuivant fa denfité. 11 eft reconnu
que l’air condenfé en diffout plus , & qu’à
mefure qu’il feraréfie, il en laiffe précipiter : telle
eft la raifon de la vapeur légère ou du nuage qu’on
apperçoit lorfqu’on fait le vide dans un. récipient à
l'aide de la machine pneumatique. La-diffolubilité
de Veau dans l’air eft également la caufe de l’évaporation
que ce liquide éprouve dans l’atmofphère.
Cette évaporation eft favqrifée ou retardée par
beaucoup de circonftances, telle que fa température
, fa preffion, &rc. Les effets continuels de
diffolution & de précipitation d'eau dans l’air at-
mofphérique, dont les changemens feu!s ou les
commencemens font marqués par l’hygromètre ,
produifent tous les météores aqueux. Il faut bien
diftinguer l’état hygrométrique de l’air d’avec la
véritable diffolution chimique de Veau ; on ne
montre Veau diffoute que par des procédés chimiques
qui feront expofés par la fuite, & l’hygromètre
n’indique que Veau qui fe diffout & Veau
qui fe précipite au moment où s'opère cette
diffolution ou cette précipitation. L’air chaud &
fec en apparence, d’un beau jour d’é té , où l’hygromètre
ne marque aucune humidité, dépofe de
Veau lorfqu'on le plonge dans la glace , & ce n’efl:
qu’au moment où cette èau devient libre, que I’hj -
gromètre en annonce la préfence. Quoique tout ce
qui tient à la dilfolubilité de Veau dans l'air atmosphérique
ait été infiniment mieux apprécié dans la
phyfique moderne , c’eft cependant une partie de
là chimie météorique , qui n’eft à peine qu’ébauchée.
Il eft important défaire remarquer ici que
V eau 3 agitée ou lancée en l’air, outre qu’elle s'y
diffout & le fature, peut le purifier non-feulement
en le mouvant & le renouvelant, mais encore en
lui enlevant les fluides diadiques irrefpirables, dif-
folubles & étrangers à fa nature propre, qu’il peut
contenir.
1 y. Si 1 au fe diffout dans l’air, .l'air eft égale*
mentabforbé par Veau. Toutes les fois qu'on met
ces deux corps en contaél, il s'établit dans leur
combinaifon réciproque un équilibre, comme dans
toutes les diffolutions. A mefure que l'air fe fature
d’eau qui fe gaqéfie, Veau fe fature d'air qui fe liquéfie.
Toute eau quieftexpoféeà l'air s’en charge
plus ou moins abondamment. Telle eft une des
principales caufes de la différence des eaux qui
coulent à la furface de la terre, & de celles qui
fe filtrént entre fes couches ou qui féjournent &
ftagnent dans fes cavités; telle eft auifi la principale
différence qui exifte entre Veau qui fe précipite
de l’atmofphère pendant les pluies, & celle
qui eft purifiée par la diftillàtion chimique. Outre
les différens moyens que les chimiftes ont de reconnaître
la quantité d’air contenue dans Veau ,
donc il fera fait mention par la fuite; outre l ’expérience
fi connue des bulles d’air qui fe dégagent
de Veau à la furface de laquelle on fait le vide, on
voit l'-air s'échapper par l’aélion du calorique accumulé
jufqu’à faire bouillir Veau; on le voit encore
quitter ce liquide au moment où il fe gèle & fe
criftaliife. Ainfi la diffolubilité de l'air dans Veau
a, pour fes deux limites, la température de la glace
& celle de Veau bouillante. En recueillant l’air de
Veau pafi’aélion du feu, on a trouvé qu'il étoit un
peu plus pur que l ’air atmofphérique, & on en a