
gène requife pour les changer en gaç acide carbonique
& en iczu.
Le gai , tiré à la manière des chimiftes français
& anglais, de Yoxide de fer noir & du charbon, n'a
befoin que d'une petite quantité d’oxigène.: celui
qu'on tire des fubftances animales en demande
line plus grande, tandis que le gai hydrogène carboné
, tiré de l'alcool & de Y acide Juif urique 3 requiert
en gai oxigène le double de fa propre quantité,
pour pouvoir fe changer en acide carbonique
& en eau.
Nous croyons pouvoir conclure de tout ce qui
précède :
i°. Que tant Cruifhançk , que Guy ton, Déformes
& Clément ont été féduits par la différence apparente
qu'il y a entre leur gai &- le gai hydrogéné
carboné 3 & que cette erreur les a engagés à en
faire une nouvelle efpèce de^aç y
i°. Que la fynthèfe & l’analyfe du prétendu
•oxide ga^ux de carbone prouvent l'une & 1 autre ,
qu’il eft compofé de gai hydrogène & de carbone ,
& qu'il doit conféquemment être regardé comme
une modification particulière du ga[ hydrogène carboné
y . # -
3°. Qu’il y a une décompolition à1 eau dans toutes
les productions de ce gai, & conféquemmeut que
l'apparition de ce gai inflammable dans la revivification
des oxides métalliques par le charbon , pro-
pofée par Prieftley comme une objection à la nouvelle
do&rine chimique, ceffe d'en être une.
Remarques de M. Fourcroy fur le Mémoire
précédent.
Le Mémoire des chimiftes hollandais a le mérite
remarquable de rapprocher de nouvelles expériences
, & un réfuitat nouveau d'expériences &
de produits bien connus, & de rattacher par con-
iéquent à l'état aCtuel de la théorie chimique des
faits qu'on avoir cru pouvoir lui oppofer comme
contradictoires. Déjà M. Cruifhançk avoit habilement
examiné l’objection nouvelle de M. Priefl-
ley , & avoit trouvé un gai nouveau dont la formation
& la nature, au lieu de porter la moindre
atteinte à la doétrine pneumatique, n avoientfait,
comme toutes les objections propofées depuis près
de vingt ans contr'elle , que la confirmer & la rendre
plus fûre.
. Les chimiftes hollandais ont, comme le chi-
mifte anglais , prouvé que les faits obfervés par
M. Prieftley ne combattent point là théorie française,
mais ils ont penfé que le gai obtenu n’é-
toit que du gai hydrogène carboné dans une autre
proportion de principes quedes gai de cette nature
jufqu'ici connus, & jouiffant furtout d’un
autre mode de combuftibilité. Après avoir lu plu-
fieurs fois & avec beaucoup d'attention le Mémoire
qu'ils onr bien voulu m’adreffer à ce fujet,
dé que je me fuis empreffé d'inférer dans nos
Annales de chimie, je dois dire que leurs expériences
ne m'ont point encore convaincu , que
leurs raifonnemens ne m'ont pas entièrement per-
fuadé.'
J'ai même été bien étonné de ce qu'ils difenc à
la page 437, que le fer étant regardé par M. Cruif-
hanck comme ayant la propriété de décompofer
l'acide carbonique, ils ne voient pas pourquoi le
^cuivre n’auroit pas la même propriété j & en effet,
ce dernier métal ne convertit pas l'acide carbonique
dégagé de la craie par la chaleur en gai oxide
de carbone , comme l’ont fort bien vu & dit les
chimiftes hollandais. Mais ils font affurément beaucoup
plus forts qu'il ne faut dans la connoiffance
de la théorie pneumatique , pour concevoir le s
faits fuivans : ce que le fer fait par rappoit à l ’oxi-
: gène, le cuivre ne peut pas le faire} de ce qie
j le fer peut enlever une partie d'oxigène à l'acu-e
| carbonique, il ne s'enfuit pas que le Cuivre puil e
! la lui enlever aufli $ l’attraélion du fer pour 1 oxigène
étant à celle du cuivre pour le même principe
au moins, comme 3 ou 4 eft à 1, il n'y a
rien de fi fîmple & de fi naturel que la décom-
pofition partielle de l'acide carbonique par le ter
d'une part, & la nullité d'action du cuivre fur le
même acide de l'autre part.
Leur analyfe du ga-f oxide de carbone, qu’ils af-
furent n'être qu'un gai hydrogène carboné particulier,
ne m'a pas paru a l l e z exaCte, affez pofitive
pour autorifer aufli fortement cette conclufion
qu'ils l'ont cru. Je foupçonne que lé gai oxide de
carbone, qu’ils ont examiné, étoit mêlé d 'u n e petite
portion de gai hydrogène carboné, & qu ils ont
confondu le dernier avec le premier , dont il fe
rapproche d'ailleurs par plufieurs caractères. Des
expériences d é j à m u l t ip l i é e s fur le gafoxide de carbone
de M. Cruifhançk, en nous le montrant comme
un gai. particulier, nous ont en-même tems appris
qu'il eft très-difficile de l'obtenir pur , qu'il eft
prefque toujours mêlé de gai hydrogène carboné.
Nous publierons bientôt le refultat des recherches
que nous avons faites fur cet objet, MM.
Vauqucdin , Tenard & moi. On y reconnoîtra j'ef-
père un gai véritablement différent du gai hydrogène
carboné y & nous mettrons c e t t e différence
hors de toute objedtion, de tout doute.
D'ailleurs , les chimiftes hollandais rapprochent
trop à mon fens les uns des autres plufieurs gai
divers fous le nom de gai hydrogènes carbonés. Celui
que j'ai nommé oléfiant, d'après leurs propres
découvertes , & qui me paroît mériter une grande
a t t e n t i o n de la part des chimiftes, n’eft pas^fem-
blable aux vrais gai hydrogènes carbonés, & n'offre
pas dans la nature le même mode de compofition.
Mon ami Bevthollet, en n’admettant pas le/ar
oxide de carbone de M. Cruifhançk , ne le confond
pas cependant avec un gai hydrogène carboné■ ordinaire
i il lui attribué , & des caractères divers,
& une nature particulière *• s’il y admet 1 hydrogène,
c’eft dans un état différent. En total, il n’eft
pas d'accord avec les chimiftes hollandais.
J'invite
JNnvite donc encore ces chimiftes, dont je conçois
la bonne fo i, le profond (avoir & le zèle pour
la fcience, autant que les grands Païens & l'habileté
, à reprendre encore leurs expériences, à les
mûrir davantage, à mieux examiner encore le
mode de combuftion du gai oxide de carbone, ainfî !
que le produit qui en réfulte, & furtout à vouloir
bien fufpendre encore leur opinion à fon égard,
jufqu'au moment très-prochain, où notre travail
relatif à ce corps intéreffant pour les chimiftes
fera rendu public.
Gazoxidule d'azote. J’emploie cette déno- i
mination fyftématique pour défigner le gai oxide
d'aiote des chimiftes anglais, que Prieftley a découvert
, & qu'il avoit indiqué il y a près de trente
ans fous le nom d'air nitreux déphlogiftiqué. C ’eft
ce gai que quelques chimiftes anglais modernes, ;
& fpécialement M. Davy, ont rendu fï célèbre !
par les finguliers effets qu'il produit fur les individus
qui le refpirent, par l’efpèce de délire voluptueux,
de fenfation aéiicieufe, & même d'en-
gourdiffément extatique qu’il procure fuivanteux.
On l’extrait du nitrate d'ammoniaque décompofé
dans une cornue par un feu modéré.
Je donnerai ici le Mémoire fur le gai que nous
avons luM.Vauquelin & moi, le 7 germinal an 12,
à la première claffe de l’Inftitut.
« On parle beaucoup, depuis quelques mois,
d’un gai oxide nitreux, & du travail confidérable
que M.'Davy , jeune chimifte anglais, a publié,
il y a déjà près de deux ans, fur ce fluide. Quoique
plufieurs chimiftes français s'en foient fans
doute occupés, il n'a rien encore été publié en
France qui ait rapport à cet objet } cependant,
comme ce gai tient à la nature de l'acide du nitre,
aux lois de fa décompolition, & comme celles-ci
peuvent avoir une influence remarquable fur les
deftinées de la fcience chimique, nous avons cru
(MM. Vauquelin, Thénard & moi) devoir comprendre
l'examen de ce gai parmi les objets de
nos études & de nos recherches. Nous l'avons
donc fournis à des expériences affez fuivies pendant
plufieurs mois. Quoiqu’en les dirigeant vers
le même but que M. Davy, nous avons employé
des moyens & des appareils différens des fiens,
& en obtenant quelques réfultats femblables, ou
au moins très-rapprochés de ceux qu'il a obtenus,
nous en avons aufli trouvé quelques-uns qui diffèrent
affez pour mériter la plus grande confidéra-
tion de la part des chimiftes.
» Avant de les décrire, nous croyons devoir
faire quelques obfervations fur l'hiftoire du fluide
que M. Davy nomme oxide nitreux. Les auteurs
français qui ont rendu compte de fes recherches
n’ont pas affez dit, à ce qu'il nous femble, quel
étoit l'état de la fcience à l'époque où le chimifte
anglaisa entrepris fon travail fur ce point} & cependant
M. Davy, en citant même dans le titre de
fon ouvrage le nom d’air nitreux déphlogiftiqué que
Ch im i e . Tome IV ,
Prieftley avoit donné dès 1774 a ce fluide éîafti- ■
que, n'oublie pas de payer à fon inventeur le
tribut de gloire qui lui eft dû. En comparant ce
qui eft contenu fur ce gai dans les huit volumes
de Prieftley fur les différentes efpèces d'air y publiés
en français par M. Gibelin , à ce que nous ron-
noiffons des expériences de M. Davy, par les extraits
qui en ont été donnés dans la Bibliothèque
britannique & dans les Annales de chimie françai fes ,
il eft très-digne de remarque que, fi l’on en excepte
la nature & l’analyfe de ce g a i, ainfi que
les effets fur l’économie animale, tout ce qui a
été énoncé par M. Davy fe retrouve dans l’ouvrage
de Prieftley : il y a même dans ce dernier,
fur plufieurs propriétés de ce gai, des détails que
ne préfente pas celui de M. Davy.
» A la vérité, M. Davy prépare l'oxide nitreux
par un procédé qui n’étoit pas connu de Prieftley}
mais ce procédé, confiftant dans la décompofition
du nitrate d'ammoniaque chauffé doucement dans
une cornue, appartient à M. Berthoiet, qui l’avoic
décrit dans fon Mémoire fur l'analyfe de l'ammoniaque,
inféré parmi ceux de l'Académie pour
1785. En indiquant le gai obtenu dans cette opération
comme Y air nitreux déphlogiftiqué de Prieftley,
le chimifte français avoit déjà décidé fa nature,
& il en avoit même annoncé les principales
propriétés.
» L'hiftoire de la chimie exigeant que les découvertes
diverfes , & principalement les rapports
qui exiftent entr’elles, foien-t confignés dans des
ouvrages ex profejfo, & furtout dans les Mémoires
monographiques, afin d’épargner aux favans qui
nous fuccéderont, les longues recherches auxquelles
ils feroient obligés de fe livrer fans cette
précaution, nous avons cru utile de présenter ici
un précis des .faits vus & décrits par Prieftley &
Berthoiet vingt-cinq & quinze années avant la
publication des expériences de M. Davy.
*> Suivant les expériences de Prieftley , le gai
nitreux y laiffé un mois en contaét avec le fer au
deffus du mercure, devient fufceptible d’agrandir
la flamme des bougies. Le fulfure de potafle liquide
, le mélange de limaille de fer & de foufre
humeâé diminuent de même le gai nitreux , .& fe
converdffent de même en air nitreux déphlogiftiqué.
Le même fluide fe dégage, i°. de la diffolution de
fer dans l’acide nitrique chauffé, après qu’elle a
ceffé de donner du gai nitreux y 20. de la diffolution
du zinc & de l’étain dans le même acide}
30. du mélange du fer avec une diffolution nitrique
de cuivre. L’auteur infifte fur ce dernier procédé
qui fournit abondamment, & par une effer-
vefcence très-longue , le gai en queftion.
35 L'air nitreux déphlogiftiqué de Prieftley , éga-*
lement produit, foit par.une opération directe,
foit par un changement opéré dans le gai nitreux,
fait brûler la bougie, ou comme l’air ordinaire, ou
en l’a grandi ffant, ou avec pétillement. Cette différence
dépend du mélange d’air phlogiftiqué ou