
I. Il a la p’us grande propenfion à faire des Tels
triples à baie alcaline & métallique. Ces pruffiates
triples., ces combinaifons complexes, font plus permanentes
& plus fixes que les pruffiates alcalins
fi m pies ; racine carbonique, la lumière, l'air & les
acides ne les décompofent plus.
K. Quand il eft uni aux oxides métalliques il ne
peut en être féparé par les acides, parce qu'il
acquiert dans ces combinaifons une grande fixité
& une grande adhérence, & cependant lorfqu'il
eft ifolé il ne peut pas enlever les oxides des métaux
aux autres acides, en raifon de fon calorique
fpécinque & de fa tendance à prendre l'état de
gaz.
- L. Il y a deux efpèces de pruffiates métalliques
fuivant les recherches de M. Berthollet & de
M. Prouft , les fimples & les furoxigênés:<on peut
même croire, à l'égard du fer, qu'il y en a trois,
le blanc, le bleu & le vert, en allant du plus au
moins oxigéné.
M. L'acide prUffique furoxigéné eft très-voifin
de.la décompofition: le Ample conta# d’un alcali
fixe le détruit & le convertit en carbonate d'ammoniaque,
parce que l'oxigène affez abondànt,atti-
rant le carbone, permet à l’azote de s'unir en particulier
à l’hydrogène pour former l'ammoniaque:
l'hydrogène , excédant là proportion de cette dernière
compofition, fe dégage én gaz hydrogène
carboné.
104. La nature, la compofition, la décompofition
de cet acide , une fois bien prouvées, fes rapports
avec les matières animales qui le produifenr,
font encore mieux déterminées par laconfidéradon
-des divërfes circonftances principales de fa production.
J’en trouve quatre qui montrent également
une meme, férié de décompofition de la partde ces
matières. '
A. L'aélion du feu : on a vu qu'on l'obtient parmi
les produits des os, du fang, du calcul urinaire;
il y eft combiné avec l’ammoniaque.
B. L'aaion de l'acide nitrique. Quand cet acide
eft foible il commence par dégager de l'azote des
matières animales ; quand il eft .fort & concentré
il en volatilife immédiatement de l’acide piuffique,
en même tems qu'il fe forme de l'acide carbonique.,
de l'acide oxalique & une matière adipo-
cireufe.
C. L'adion des alcalis fixes. Les fubftances animales,
traitées à un grand feu avec les alcalis, les
faturent en partie d'acide pruffique après s’être
charbonées. "
D. Enfin la putréfaction, en detruifant la compofition
animale , donne quelquefois naiflance à
de l'acide pruffique, qui, trouvant facilement de
l'oxide de fer y s'y combiné & le colore en bleu :
de là viennent les bleus de Pruffenatifs, décrits par
p lu fie u es naturaliftes.
idj.. Ge;que je viens d'expafèr de l'acide pruffique
peur s'appliquer à qu; lqu.es ■ autres acfdes
par;qcuIis.rsauxanimaux,q<uoiq.u’ils fbient en petit
nombre; car il ne faut pas ranger dans cette clafte
les acides oxalique, acéteux , fébacique, qui fa
trouvant le plus fouvent parmi les produits des
matières végétales, en ont Ja compofition & tous
les caractères chimiques .,. & quand ils fe forment
dans les matières animales, n'appartiennent vérita*
blement qu'à ces ^matières rétrogradant vers leur
première origine, ou enquelque forte defeendues
par une décompofition commencée à la condition
de fubftances végétales. Je ne connais guère que
l'acide zoonique découvert par M. Bertholletx
l'acide urique conftituant une des efpèces des cal*
culs urinaires humains & un des matériaux des con*
crétions arthritique, l'acide laCtique, & peut* être
les acides des infeCtes qui paroiflent appartenir à
cette claffe d'acides animaux, lorfqu’ils ne pré-»
fentent pas toutes les propriétés de l'acide acéteux,
comme l'acide formique. Le caractère de ces acides
animaux le plus prononcé eft de pouvoir être con-»
vertis en acide pruffique par les moyens de la chi*
mie, encore méritent-ils d’être examinés de nou*
veau fous ce point de vue, furtout quant aux acides
: zoonique , laCtique & urique , qui font très-peu
connus par rapport à leur compofition intime.
§. X II. De laputréfaHianyConfidérée comme caraHère
des matières animales.
106. Le dernier 8c l'un des plus frappans caractères
qui diftinguent les matières,animales des végétales
, confifte dans l'efpèce de décompofition fpon-
tanëe qu’elles éprouvent, & qu'o.n nomme putréfaction.
Quoique les fubftances végétales ne foient
pas exemptes de cette décompofition ; quoique la
nature les ait afïujetties à cette loi qui embraffe
également toutes les matières organiques, la plus
légère obfervàtion fuffit pour faire voir que la putréfaction
eft infiniment plus forte & plus rapide
dans les compofés animaux , qu’ils y font plus dif-
pofés par leur compofition même, & qu'elle s'y
établit, s’y développe & y parcourt fes périodes
avec une activité beaucoup plus grande. Il n'eft
pas néceffaire de la préfenter ici comme un mouvement
inteftin qui. tendra dénaturer les fubftances
qu'il éprouve ; car tout ce qui a été dit précédemment,
foit dans l'hiftoire des fubftances végétales,,
foit dans les articles préeédens fur les matières animales
3 le fait affez fentir.
107. Il y a déjà long-tems que les philofophes;
& les phyficiens ont reconnu tout l'intérêt que
préfente pour les fciences, & notamment pour
l'art de guérir, l’étude de la putréfaction. Le
chancelier Bacon en a le premier fait fentir la
grande utilité pour la médecine ; il a le premier,
invité les médecins à s'en occuper avec foin , &
fpécialement dans l'intention de découvrit des.
moyens de la prévenir, d’en retarder ,,d.’en arrêter
même les progrès, ou de rétablir,. dans leur état,
naturel, les matières qui l'avoient éprouvé^.
Becther. a . fait un tableau, remarquable, de. fes
- --— — uw ciiitugGaicuS qu eprouve
le globe : c'étoit l'objet de fa phyfique
louterraine. Stahl, fon commentateur, n'a rien
ajouté à ce tableau.
Pnngle, médecin anglais, a fait un grand nombre
d expériences fur la fepticité & l’antifepticité
cPrPs * & a ouvert une carrière imtnenfe à la
doctrine des antifeptiques.
M. Giobert, de Turin, les a répétées, & en a
ajouté plufieurs nouvelles.
Une Françaife , madame Darconville, qui s'eft
iljaiftrée par un grand nombre de productions d'ef-
prit, notamment par la traduction du Cours de
Chimie de Shaw, a donné une nombreufe fuite de
recherches expérimentales fur le même fujet.
Macbride , chirurgien de Dublin, s'eft frayé
une route nouvelle immédiatement à la première
époque des découvertes fur les fluides élaftiques
en 176(3. Il a établi une théorie complète de la
putréfaction & des antiputrides, & attribué la
première au dégagement de l’air fixe ou acide
carbonique, & la reftauration des matières pourries
à la reftitution de ce principe. Quoique cette
théorie ait été reconnue pour une erreur depuis
.qu on fait que l ’acide carbonique n'eft pas con-
tenu tout formé dans les fubftances animales, &
qu'il n'agit que comme acide, & non comme principe
de ces fubftances, dans fon énergie antiputride,
les efforts de cet habile chimifte ont conduit
à de nouvelles & utiles confédérations fur ce mouvement
fponrané.
Boiffieu, Bordenave & Godart, dans trois Mémoires
qui ont remporté le prix & l’acceffit propres
fur la putréfaction, en 17 67, pari'Académie
de Dijon, ont auffi donné d'utiles obfer va tiens fur
cette altération naturelle, & ont établi des bafes
de doCtrine pour en déterminer la caufe, les phénomènes
& les réfultats.
Enfin, les travaux des Modernes, furtout de
M. Berthollet, & les données fournies par la doctrine
pneumatique, ont répandu un nouveau jour
fur ce genre de fermentation , & ont permis d'en
expliquer , avec plus d'exaCtitude, les circonftances
& les produits.
108. Un premier fait fur lequel il faut infifter
relativement à la putréfaction, c’eft l'extrême facilité
avec laquelle elle s’établit, fe développe ,
& la rapidité avec laquelle elle parcourt fes tems
dans les fubftances animales,. La caufe de cette
forte tendance qu'on ne trouve pas dans les matériaux
des plantes, dépend néceffairement de la
différence de nature qui diftingue ces deux claffes
de compofés organiques. On a v u , dans tous les
paragraphes préeédens, que la compofition animale
différoit de la végétation par un plus grand
nombre de principes conftituans, & par la proportion
de ceux des principes qui font communs à
toutes deux. L’azote ajouté à l'hydrogène, au
carbone & à l'oxigène ; la furabondance de l’hy- j
drogene dans les compofés animaux , le phofphore
& le. Touffe, qui crès-fouvent font combines à ces
premiers principes, compliquent leur produétion,.
8c font la fource des produits plus nombreux 8c
-plus variés qu'on en obtient par les divers agens
auxquels on les expofe. Les attrapions multiples
qui exiftent entre leurs-élémens conilitutifs plus
nombreux, rendent leur équilibre plus facile à
rompre, & appellent, à .la moindre variation de
: circonftances, une décompofition, un changement
de nature , qui donnent promptement naiifance à
des produits autres 8c plus variés que ceux qu'on
| obtient des fubftances végétales. La vie entretient
& maintient, avec plus ou moins de force, cet
équilibre, cette permanence d'état, 8c c’eft en.
elle quelle confifte ; mais la mort permet aux
premiers principes de réagir en particulier les uns
fur les autres.. Cette réaétion fpontanée doit être
dès-lors plus prompte, plus profonde 8c plus altérante
, puifqu’elle fe paiTe entre des matières plus
nombreufes, 8c en vertu d'attraétions plus mulri»
piiees. Il eft donc de 1 elfence des Tnatièresanimales
d'être plus putrefcibles que les végétales.
Comme tout ce qui tient à la purréfaélion
offre un grand intérêt à la fcience 8c à fes non^
breufes applications, l'hiftoire de cette altération
exige qu'on la préfente avec une méthode affez
févère pour ne rien oublier deffentiel, pour placer
chaque fait, chaque vérité dans le jour qui lui
convient, pour donner à chacune l'évidence 8c la
force qui lui appartiennent, 8c pour former de
tous un enfemble : je.traiterai donc fucceflîvement,
8c dans une fuite de numéros :
A. Des conditions préliminaires de la putré-
faction ;
B. Des phénomènes généraux qui l'accompagnent
j
C. De l'exiftence des phénomènes particuliers,
qui peuvent fervir à caraétérifer chaque matière
animale j
D. De l’influence que les divers milieux ont
fur elle ;
E. Des divers produits auxquels elle donne
naiflance ;
F. Du dernier réfidu qu’elle laiffe ;
G. Des caufes qui la déterminent; de fa nature
ou de l’effet principal dans lequel elle confifte ;
H. De fes effets fur les animaux vivans;
I. Des moyens d'y remédier ;
K. De ceux de la prévenir ;
L. De ceux de l’arrêter, ou des antifeptiques;
M. Des applications principales que tous ces
faits offrent à la médecine ;
N. Enfin, du produit que les hommes en ont
tiré pour leurs befoins.
Chacun de ces fujets n'exige qu’une fimpîe ef-
quiffe, parce qu'il ne s’agit que de les rapprocher
de ce qui a été expofé jufqu’à préfent des caractères
généraux des matières animales, d’en tirer
une notion générale fur leurs propriétés chimi-
V v v v i