
femblés, ont l’apparence d'un mucilage} cette
diffolution eft troubles par l'eau. On retrouve
toujours des traces d'acide muriatique dans cette
fubftance, quelque multipliés que foient les lavages
qu'on lui faffe fubir j ce qui annonceroit
une combinaifon.
haine traitée par Vammoniaque.
» L'ammoniaque laiffée pendant un mois en
contaét avec de la laine , en a détaché de petites
paillettes, brillantes.comme des écailles d'ablettes
traitées de la même manière. La laine cependant
ne perd dans cette opération ni fa forme ni
fon organifation , feulement fa force 8c fa ténacité
font finguliérement diminuées.
'» Il ne nous a pas été poftîble d'examiner chimiquement
les propriétés de ces écailles brillantes :
la-quantité en étoit trop petite. .
» Le mélange de laine 8c d'ammoniaque, enfermé
dans un flacon pendant trois quarts d’heures
à l’aétion de la chaleur concentrée de la machine
de Papin, fut en grande partie difloute. L'on ne
voyoit dans la liqueur que des particules noires, 8c un enduit de la même couleur fur les parois
du vafe. La liqueur noirciffoit l'argent à la manière
de l'hydrogène fulfuré j elle ne donnoit
point de précipité par l'acide muriatique oxigéné,
mais elle en produifpit un par la noix de galle.
Laine foumife a l'action de la chaleur. |
V »5 Les produits que fournit la laine par l'a&ion
du feu font les mêmes que ceux de toute autre
matière animale } mais ce qui prouve qu'elle eft
irès-animalifée, c’ell la grande quantité de carbonate
d’ammoniaque qu'elle donne, dont une
partie fe trouve en diffolution dans l’eau ou flegme
qui paffe au commencement, 8c l'autre fe criftal-
life dans le col de la cornue & fur les parois du
récipient.
» Outre le carbonate d'ammoniaque & un peu
d'huile mife à l'état favoneux par cet alcali, la liqueur
contient une quantité notable d’acétate
d'ammoniaque } ce qui annonce que , comme les
matières végétales, les fubftances animales forment
par leur décompofition une certaine quantité
d’acide acéreux.
• » F/huile que fournit la laine eft abondante
la portion qui paffe au commencement de l'ôr
pération eft claire, liquide^ 8c allez.légère- pour
nager fur l'eau j mais celle qui vient fur la fin y où
te chaleur eft plus élevée;, eft brune*-épaifi'd&
plus pelante que l’eau. Cette huile fe.djffout aile
rai eut dans l'alcool, à qui elle communique une
couleur rougerbrune. La laine ainfi. décompofèe
laifle environ les vingtrhuit centièmes de fon poids
d'un charbon léger 8e brillant.
»■ ; Quant, au gaz dourni par la laine, il eft formé
d'acide carbonique;& d'hydrogène en diffohyiiQn,
•d’un peu d’huile qui lui donne une odeur défa-
gréable, & la propriété de brûler avec une flamme
blanche alongee.
Incinération de la laine.
f La laine ne laiffe, après fon incinération, qu’une
très-petite quantité de cendre > elle ne s'élève
qu'à environ un centième} elle n'eft compofée,
pour la plus grande partie, que de phofphate de
chaux 8c d'un peu de carbonate de chaux : on n'y
trouve aucun fel alcalin.
» Ainfi, un mouton qui auroit donné une toi-
fon pefant deux kilogrammes, après avoir été dé-
fuintée, n'auroit perdu par cet organe, qu'environ
vingt grammes de phofphate de chaux : d'où il
faut conclure que ce n'eft pas par cette voie que
la nature fe débarraffe, chez les animaux, de
l’excès de phofphate que les fubftances dont ils fe
noürriffent, portent dans leurs humeurs & dans leurs
fol ides.
» D’après un grand nombre d’expériences auxquelles
j'ai fournis la laine, comparativement avec
d’autres fubftances defquelles on peut fuppofer
qu'elle tire fon origine, telle que la gélatine, l’albumine
8c le mucus animal, je me fuis convaincu,
i°. que cette fubftance n'a point la gélatine pour
principe générateur , ou bien ce corps auroit
éprouvé de grands changemens pendant fon organifation
| 2°. que, quoiqu'elle ait un peu plus
de reffemblance avec l'albumine, cependant elle
en diffère encore à plufieurs égards} }°. que,
de toutes les fubftances animales ayçc Jefquellcs
j'ai comparéla laine, le mucus animal me paroït
être celui qui, dans fa nature , a la plus parfaite
reffemblance avec elle , & qu'il eft plus probable
que c'eft par lu i, plutôt que par touV autre , que
cette fubftance eft formée.
» J'efpère prouver dans un travail plus étendu,
que.la laine , les cheveux, ks poils, Ie_s ongles.,
les cornes , l'épiderme, les écailles de poiffon.8c
de tortue font de la même nature & ont la même
origine , Lavoir, le mucus animal.
» J entends par mucus animal, l'humeur réparée
par les glandes des membranes muqûeufes qui
tapiffent les cavités du corps, telle que celles *du
nez, de la.bouche, de l'oeCophage, l’eftomac, les
inteftins,la veflie,.la.trachée-artère, &c. &c.»
L a i n e p h i l o s o p h i q u e . Les alchimjftes & les
-métallùrgiftes qui, pendant long-terris, fe font
beaucoup rapprochés des premiers , ont donné le
nom ridicule de lainp pkilofop.hique , lana philqfo-
phica, aux flocons légers d’oxide, de zinc formés
dans l’air, où ce métal, fortement chauffé, fe fu-
•blime 8c fe brûle avec flamme. Us le; nommoient
aufli nihil album ou pompholix. ,( Foyer l'article
Z;NC. )
LAIT. i . Le lait, ce liquide fi connu, fi utile, fi
fi généralement employé comme aliment, comme
affaifonnement, eft une des fubftances que leschi-
miftes ont le plus examinées , comme c’eft une de
celles fur lefquelles les procédés des arts ont été
le plus variés. Son hiftoire doit être une des plus
détaillées, puifque c’eft une des matières les plus
importantes dont la chimie puiffe s’occuper > aufli
diviferons-nous cet article en huit paragraphes,
pour difpofer méthodiquement & dans un ordre
propre à en faciliter l’étude, les faits qui font con
noître les propriétés du lait. Le premier paragraphe
contiendra l’expofé de fa formation ; le fécond,
celui de fes propriétés phyfiquès j le troifième,
l ’examen chimique du lait entier, tel que la nature
le donne au fortir de fes couloirs} dans le quatrième
je traiterai du petit-lait ; dans le cinquième, de
la partie caféeufe ou du fromage} dans le fixième,
du beurre ou de fa matière huileufe } le feptième
fera confacré à la recherche des principales différences
que ce liquide préfente dans les efpèces d’animaux
qui le fourniffent} enfin, le huitième contiendra
le dénombrement des Ufages variés auxquels
on emploie les différens laits dans la fociété
plus ou moins civilifée. Comme le lait eft,un des
liquides que la nature a offerts aux premiers be-
foins de l'homme , il eft tout fimple que l’on ait
recueilli fur fes propriétés une foule immenfe d'ob- ■
feryations , 8c que fon hiftoire, en le confidérant
fucceflivement comme naturalise, comme médecin,
comme chimiftè ou comme économifte, offre
des détails très-étendus.
§. Ier. Hifioire naturelle ou formation du lait.
2. C ’eft dans un organe particulier qui occupe
la région antérieure de la poitrine dans la femme,
& une grande partie de l’abdomen extérieur dans
les femelles des animaux, que ce liquide eft formé.
Gomme.il n’y a qu’un petit nombre d'efpètes
d’animaux où cette formation ait lieu, 8c comme
ces animaux font diftingués de tôus les autres par
les deux caractères bien prononcés de faire leurs
petits vivans 8c de porter des mamelles, on les a
nommés mammifères : ce font , foiis d’autres rapports
anatomiques , ’des quadrupèdes vivipares &
descétacées. La forme fi belle, la faillie fi prononcée,
la furfacehémifphérique& faillante, la fineffe
de la péau que les mamelles offrent dans la femme 8c qui font un dès charmes de la beauté, dont lés
artiftes repréfentent avec tant de grâce la douceur
& le contour, font des attributs particuliers de
l’efpèce humaine. On ne les trouve dans aucune
femelle d’animaux : leur nombre de deux n’eft aufli
donné qu’à très-peu d’efpècës entre ces derniers.
Dans la plupart, le nombre des mamelles va de
quatre à dix. La femelle de l'éléphant, la jument,
la gazelle , 8c en général celles des animaux qui
n'ont qu'un ou deux petits, n'ont aufli que deux
mamelles, mais d'une forme bien éloignée de celle
de là femme. Le mamelon eft unique à chaque ina-
Chimie, Tome IF .
melle dans la femme > il eft quadruple dans la
yache.
3. On cite fouvent dans les ouvrages de phyfîo-
logie 8c de médecine des exemples de lait tout
formé , gonflant les mamelles de quelques enfans
ou animaux mâles, 8c même de quelques adultes :
ou parle plus fouvent encore de la préfence de ce
liquide dans de jeunes filles avant l’âge de la puberté.
On en conclud qu’il n’y a point une dépendance
néceflàire entre cette formation du lait 8c
l'aélô de la génération} mais ces faits, raies & hors
de l'ordre accoutumé de la nature, ne prouvent
pas l’opinion qu’on veut établir fur ce point, car
aucune expérience exaCte n’a prouvé que ce liquide
■ fût de véritable lait 8c pour avoir la couleur
blanche & opaque, ainfi qu’une faveur douce ou
fade, une humeur formée dans quelques circonf-
tances & par quelques caufes indépendantes de
celles de la groffeffe, n’eft pas du lait. Ce phénomène
rare n”a été décrit que dans l’homme, & on
ne l'a point vu dans les animaux, dont les pallions 8c la manière de vivre ne contrarient pas, comme
lês nôtres, la nature, & ne la forcent pas de fe dévier
de fes routes ordinaires.
4. Sous la peau des mamelles font des paquets
de graiffe folide 8c grenue, qu'elle recouvre} 8c
dans un tiffu cellulaire, à mailles larges, fe-trouve
enfermé un appareil glanduleux congloméré , recouvert
d’une enveloppe dure & blanche, occupant
le milieu de l'organe Taillant. Cet appareil eft
formé de paquets fëparés par des cellule^-membra-
neufes, 8c ces paquets le font eux-mêmes par des
grains durs, folides , entiers, fans cavité, com-
pofés de vaiffeaux repliés. Cette glande mammaire
exifte dans les mâles 8c dans les enfans, mais beaucoup
plus petite 8c non entourée de graiffe comme
dans les femmes. Quinze ou vingt conduits excréteurs,
vifibles, alongés, durs, d'un diamètre affez
grand dans le tems de la la&ation , partent de ces
glandes, fe réunifient au deffous de l’aréole du
fein, 8c parviennent, fans fe confondre ni s’anaf-
tomofer, dans la papille, où ils s’ouvrent à l’extérieur}
ils font repliés dans les rugofitésde la papille
ou du bout, 8c alongés ou tendus lorfque ce
bout s’alonge lui-même par l’efpèce d’éreéiion que
le frottement ou la fuccion y fait naître. On voit
une foule d’autres canaux minces 8c longs qui s’ouvrent
dans le tiffu adipeux, qui n’appartiennent
point aux glandes proprement dites, 8c que Haller
croit verfer un fuc graiffeux dans le lait.
y. Lorfque la matrice a conçu, les mamelles!
grofliffent ^eu à peu, leur tiffu glanduleux fe tuméfie
, l’orgafme s’ en empare, la difpofition à former
du lait s’y élève peu à peu } ce qui s'annonce
par une férofité limpide ou trouble, coulant par la.
papille. Le foetus une fois forti, & la matrice s'é--
tant reflerrée trois ou quatre jours après l’accouchement,
le lait commence à fe former véritable-,
ment} les mamelles fe gonflent, fe diftendent ,
deviennent doüloureufes, 8c le lait fort fpontané