à-vis l’échancrure , pour que les gaz s’y raf-
femblent & puiffent s’élever fans perte dans la
cloche, par un trou qui termine cette efpèce d’entonnoir.
Il y a de ces cuves qui n’ont point de coulifïes,
& d ont les planches font foutenues dans leur entonnoir
par des branches de fer terminées par des
crochets qui s’attachent fur les bords, & qui peuvent
s’alonger & fe raccourcir au moyen d’une
couliiTe Ôc d’une vis; cette dernière difpofition
eft. plus commode Bc moins fujète à réparation.
Les cuves à eau doivent avoir un robinet à un
de leurs bouts, vers la partie inférieure, afin de
pouvoir les vider & les nétoyer plus facilement.
Pour économi fer le bois & le plomb néceffaires
à la confina6î:ion des grandes cuves, on ne leur
donne que quatre à cinq pouces de profondeur fur
la plus grande partie de leurs furfaces , & l’on pratique
dans l ’un des angles une caille carrée de
deux pieds de côté & d’autant de profondeur,
pour pouvoir y emplir des cloches de la p'us
grande dimenfion pour qu’un homme puiffe facilement
manoeuvrer.
L’on peut placer au bas de cette caiffe, qui
fait une faillie inférieurement, un robinet pour
en faire fortir l’eau commodément.
Ces cuves , qui je crois'ont été imaginées par
M. Lavoifîer, préfentent plufieurs avantages important
j i°. d’avoir une grande furface où l ’on
peut placer un grand nombre de cloches pleines
de différens gaz, & de permettre conféquemmenr
de faire plufieurs expériences à la fois avec ces
gaz 5 z°. de n’ exiger pour leur conftruêtion, re-
Jativemnnt à leur grande furface , qu’une petite
quantité de matériaux j 50. de s’oppofer par leur
grandie étendue au changement fenfible du niv au
de l’ eau lorfqu’on emplit des cloches dans la
petite cailfe. L’on peut placer aufibdans la cailfe
qui repréfente, comme on conçoit, une petite
cailfe enchâlïée dans une grande , une planche
échancrée & trouée pour y palfer des tubes courbés
, & pouvoir recueillir les gaz qui fe dégagent
d’une fubfiance quelconque pendant fa décomposition;
On a quelquefois fait doubler ces cuves en
cuivre, mais ce métal s’oxidant facilement par
le concours de l’air &r de l’eau, furtout s’il s’y
trouve en même terris quelques acides , il forme
bientôt des dépôts verts dont l’eau dilfout une
partie.
Les cuves à eau doivent être fupportées fur
quatre pieds folides, furtout quand elles font
grandes, à caufe vde leurs propres poids & de
celui de l’eau qu’elles contiennent : la partie fu-
périeure de ces cuves doit être élevée de deux
pieds & demi à trois pieds, afin d’ y manoeuvrer
a fon aife.
Il eft utile que ces cuves aient un couvercle à
rebord pour les couvrir lorfqu’ on n i s’en fert pas,
& éviter par ce moyen que l’eau ne s’altère par
jj les poufi'ières & autres corps qui voltigent continuellement
dans l’air toujours agité d’un laboratoire.
Ces cuves dont nous venons de parler, ne pouvant;'
fervir à recueillir & conferver que les gaz
infolubles dans l’eau, on en a confiruit avec
d’autres matières.capables de contenir du mercure
, qui ne s’unit pas comme l’eau avec les
gaz.
Ces matières font ordinairement du marbre, de
la pierre à pâte fine & ferrée, & quelquefois du
bois.
Les dim?nfions de ces cuves font toujours petites
à caufe de la cherté du mercure & de la difficulté
qu’on auroit d’ailleurs à manoeuvrer avec
de grandes cloches dans le fluide métallique : les
plus grandes qu’on ait faites jufqu’ à préfent avoient
au plus deux pieds de long fur environ feize à
dix huit pouces de large , & fix pouces de profondeur
dans la rigole dont il fera parlé plus
bas.
Pour avoir la plus grande furface dans ces cuves
& économi fer le mercure , on ne leur donne qu’un
pouce & demi à deux pouces de profondeur fur
ies côtés, & l’on creufe dans le milieu une rigole
profonde de cinq à fix pouces, & large de quatre
à cinq pouces , pour y emplir de mercure de petites
cloches alongées & fortes, qu’on appelle
jarres.
Le*mercure que ces cuves font deftinées à contenir
étant très-pefant, il faut leur donner une
épaiffeur fuffifante pour qu’elles puiffent Soutenir
le poids de ce métal} elle eft d’environ un
pouce.
Les cuves en bois pour le mercure doivent être
faites d’une feule pièce, creufée comme le marbre,
fin qu’elles aient plus de folidité & ne Liftent
pas couler le mercure, ainfi que cela pourroit arriver
fi elles étoient de plufieurs pièces.
- Les bois durs, noueux & bien fecs doivent
être préférés pour cet objet, parce qu’ils font
, moins fujets à travailler que les autres.
Les différentes efpèces de cuves font néceffaires
toutes les fois qu’on veut faire des expériences
en grand fur les ga z , & il n’eft pas poflible de
s’en paffer aujourd’hui dans les laboratoires de
chimie ; elles ont beaucoup contribué, entre les
; mains Priefiley & de Lavoifier, à l’avancement
de la chimie pneumatique.
On voit fig. X V I I I , fixième clajfe des inftru-
I mens , une cuve pneumatechnique à eau ; fig. X IX ,
I plan de la même cuve ; fig. X X IX , une cuve à mercure
en. marbre j & fig. X X X , la même cuve vue
en dedans. ( Voyeç , fur la manière de fe fervir de
ces cuves , le mot A ir , tom. I , pag. 669. ) (V.)
CYANIT ou CYANITE. La pierre nommée
cyanit par Emmerling, & cy unité dans laSciagraphie
de Bergman par Mongez , était d’abord nommée
fckorl'
fchorl bleu, talc bleu ou fappare. M. Haüy la nomme
disthene> qui a deux forces. ( Voyez ce mot.) •
CYMOPHÀNE. Ce nom, qui fignifie lumière
flottante, a été donné par M. Haüy à une pierre
qui fe rapproche de la téléfie, mais qui éh diffère
cependant affez pour devoir former une' efpèce
particulière. Son nom eft tiré de ce qu’elle offre
des reflets laiteux mêlés de bleuâtre, partant de
fon intérieur, & provenons, a ce qu’il paroît, d’une
légère réparation entre fes lames.
- Cette pierre a été fauffement regardée comme
une chryfolite par les joailliers. Quelques natura-
llftesla défignoient par le nom de chryfolite opaliney
mais elle diffère trop par la dureté, fa forme', fa
pefanteur, de la chryfolite ( qui eft aujourd'hui
rapportée à fa véritable efpèce, celle du phof-
phate de chaux, d’après les,découvertes de M. Vau-
quelin ) , pour pouvoir être confondue avec elle.
Le nom de chryfo-bériL ou de béril d’un jaune d’or ,
que lui a donné M. Werner, exprime une couleur
qu’elle n’a jamais , & un rapport avec le béril ou
l’émeraude, qui n’exifte véritablement pas. Voici
quelles, font les propriétés diftinêlives de la cymophane.
1
. Sa couleur eft fouvent d’un vert-jaunâtre ou
d’un vert d'afpetge, tirant quelquefois fur le brun-
jaunâtre'. Ses reflets laiteux & bleuâtres partent
de fon intérieur, & font fur un plan parallèle .à
l’une , des faces, du criftal., Elle-a une réfra&iôn
impie j fa pefanteur eft de $ , 7961 j elle raie fortement
le quartz. Sa forme criftalline la plus commune'
eft Ain prifine oétaèdre , avec des Commets à
quatre trapèzes & deux re&angles. Sa forme primitive,
ainfi que celle de fa molécule intégrante,
eft un paralléliplpède reétangle. II paroît qu’une
variété décrite par Emmerling, & dont la formation
a été appréciée, fuivant une loi particulière
de décroiffement, par M. Haüy, offre un prifme
hexaèdre régulier , dont la bafe, repréfente des
tables hexagones alongées à angles égaux, indiquées
par le premier de. çes naturaliftes. 11 y en a
une troifième variété où le prifme a douze pans,
quatre de JTes arêtes étant remplacées par deux
facettes alongées en vertu d’un décroiffement,
par trois rangées en largeur & par quatre en hauteur.
Le calcul, d’après les formes connues, ainfi
que la caffure ondulée. qui préfente des lames dans
deux fens perpendiculaires l’une fur l’autre, donnent
* pour, forme primitive ou moyenne de la
cymophane, un prifme droit quadrilatère, dont les
pans font entr’eux des angles droits.
On diftingue la cymophane de la téléfie , dont
elle fe rapproche par fa dureté, à l’aide de fa
pefanteur un peu moindre, dé fes formes les plus
communes 6c de fes joints fenfiblement parallèles
aux faces latérales, tandis que dans la télefie les,
joints font parallèles à la bafe du prifme. Les reflets
qui ont quelquefois lieu aufli dans la téléfie comme
dans «la cymophane , fuivent la .même variété ds
direélion que le joint des lames*
M. Klaproth a trouvé dans la cymophane 0,71,
d’alumine,o, jl8.dejiliçè, 0,06 de chaux, & très-
peu d’o.xide de fer.
On n’a éneore employé la cymophane que comme
bijou. On en fait peu de cas parmi les lapidaires,
à caufe^du nuage qui offufque prefque toujours fa>
tranfpareiice. Elle vient du Bréfil & de Ceil.an
on- affine qu’il s’en trouve près de Nertfchinsk en.
.Sibérie.'
Cm 124r*, Tom. I V » R