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Il ne peut y avoir de lithontriptiquts que parmi
les agens chimiques fufceptibles de diffoudre les
matières calculeufes ; & comme ces matières font 1
de diverfes natures, il s'enfuit que les lithontrip-
tiques doivent être eux-mêmes plus ou moins^va-
riables : de là une première difficulté qui paroît
prefqu’ infurmontable , & qui n'avoit pu être j
prévue autrefois puifqu’on ne favoit pas, avant
notre travail fur les concrétions urinaires, qu'il y
eût différentes efpèces de matières calculeufes.
Cette difficulté eft fondée fur ce que, dans le cas
même de l’évidence la plus grande pour l’exiftence
d'un calcul dans la veffie , on ignore aB fol Liment
la nature de ce calcul. Ainfi, comme aucun ligne
extérieur n'annonce chez un calculeux quelle ef-
pèce de calcul exifte dans là veffie, il eft impoflible
de choifîr le véritable diftolvant qui convient à ce
calcul.
Mais ce n’eft pas là la feule difficulté qui exifte
dans l'emploi des Uthontriptiqu.es. Il en eft une autre
peut-être plus grave encore j c’eft celle de deux
efpèces de calculs qui n'ont de diffolvans réels que
dans des agens. très-puiffans & plus dangereux encore
pour la veffie ou pour les organes, dans, l'im
térieur defquels il faut les introduire, qu'ils ne
font énergiques fur les calculs.. Ces deux efpèces
font, i°. les calculs d'acide urique, qui ne peuvent
être diffous q,ue par les leffives de potaffe ou de
foude bien çauftiques & affez concentrées, fur-
tout !orfquxon lesconfidère dans leur intégrité, formés
de couches très-fines, très-denfes & fufceptibles
de prendre le poli du marbre ou de la ferpen-
tine } 2°. les calculs d’oxalate de chaux concrété.
avec un mucilage animal qui leur donne une affez
grande dureté pour qu'ils imitent l'ivoire &Ia propriété
de fe dépofer en efpèces de calottes ou
écailles convexes, d’où naît leur extérieur raame-
loné, & le nom de calculs muraux ou rr.oriformes
qu'on leur a donné. Ceux-ci ne peuvent être dïf-i I
fous que par l'acide nitrique, qui les attaque très- I
lentement lorfqu'il eft foible.
Quant aux calculs blancs. & d’apparence crétacée.
, leur nature de phofphate calcaire ou de
phofphate ammoniàço-magnéfien les rend peu fo-
lides 8c en même tems très-folubles dans l'acide'
muriatique.même foible.' V
Il fuit, de ces premières obfetvations, qu’ il y .a
trois efpèces de véritables diffolvans dés diverfes
efpèces de calculs 5 favoir : la leffive de potaffe,
l’acide nitrique & l'acide muriatique. On ne peut
employer ces liqueurs qu'affez étendues,d'eau pour
qu’elles rie puiffent pas irriter la veffie, car il n'y-
a que par l'injèêtion d'ans cet organe qu'on peut
efpérèr de parvenir à opérer, ces diffolutions. On
pêutauffi, en trouvant la confiance convenable &
le courage néceffme dans les calculeux, efpérer
de parvenir à diffoudre leurs calculs -mêmes en
ignorant de quelle nature ils font, puifqu'il ne
s’agir que d'effayer alternativement les deux genres
de diffolvans alcalin & acide , enfui vaut avec at- J
l 1 x
[ tention les effets de l'un ou de l'autre. Mais il faut
j une grande confiance pour obtenir quelques fuccès
de ces injections : la plupart des malades .fe laffenc
piomptement, & ne peuvent par conféquent éprouver
de bons effets de cette méthode. Il faut auffi
de la part de l'opérateur une confiance , une attention
à toute épreuve & des foins infinis, jufqu’à
ce que le malade ait appris à s’injeCter lui-même.
Voila a quoi fe réduifent les feules connoiffances
exaétes & pofitives que peut fournir la chimie à 1 art de guérir. On voit, d’après cela, ce qu’on
doit penfer de tous les remèdes fecrets, des divers
fpécifiques vantés autrefois pour diffoudre la pierre,
furtout quand on les adminiftroit par les voies ordinaires
, 8c quand de l’^ftomac ces matières dévoient
parvenir, après un long trajet, à l’intérieur
de la veffie.
Les eaux de Contrexéville, les eaux acidulés de
Seltz, &c. j les diverfes limonades artificielles, le
ius d’oignon, le carbonate de potaffe diffous dans
1 eau avec excès d’acide carbonique ou l ’eau du
doCteur Hume, &c. n’ont pu avoir quelques effets
que par un très - long ufage , & dans quelques cas
de calculs friables & phofphoriques.
Le fameux remede de mademoifelle Stéphens ,
fi bien récompenfé par le parlement d’Angleterre,
J & qui conlîftoit dans l’emploi forcé du favon de
1 eau de chaux d'ecailles d’huîtres, adminiftré en
i bols 8c en boiffon, n’a ré.uffi que dans quelques
; calculs petits ou friables d’acide urique , & en en
donnant des dofes fi confidérables, que la plupart
des malades ne pouvoient les fuppotter, comme le
prouvent les divers procès-verbaux & Traites rédigés
fur l'emploi de ce remède. On conçoit-que
l’alcali ou favon, mis.à nu par la. chaux, a dû pafler
jufque dans les urines,, qui dans ce cas deviennent
en effet alcalines après quelques joins d’ufage.
J’ai reconnu, par les effais que j’ai eu l’occafion
dè faire fur les alcalis , comme hthon.triptiqu.es,
que leur adminiftration par l’eftomac continuée
avec confiance , fans produire un effet très-remarquable
fur les calculs uriques contenus dans La
veffie , detruifoit la tendance à leur, formation ou
la lirhiafie , ôc qu’ils avoient un grand effet pour
guérir la grave Ile. Ç’eft là un' des plus beaux 8c
des plus utiles réfultats.de mes recherches, un de
ceux dont j>,i le doux efpoir que les hommes retireront
quelque jpur le plus d’avantage.
LIXIVIATION. On nommoit ainfi autrefois l’opération
par laquelle on leffive les cendres , &c.
pour en obtenir les Tels alcalins furtout , qu’on
appeloit auffi , 8c pour cela , felslixiviels. ( Foyer
les mots L .E S S IV E , L e s s i v a g e & L IX I V I E L S . )
LTX1VIELS. Les fels lixiviels d’autrefois étoient
des alcalis fixes plus ou moins, çauftiques , qu’on
retiroit des cendres cakû'.ées par le leffivage ou la
lixiviation. Auffi les. fels lixiviels paffoient-ils pour
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être très - âcres 8c très-forts. ( Voye£ Us mots Alcalis
, Potasse & Soude. )
L1Z ARI. Nom d’une efpèce de garance venant
du Levant. ( Foye% Varticle GARANCE. )
LOOCK. Quoique le mot appartienne plutôt
à la pharmacie qu’à la chimie , il n’eft pas inutile
de dire ici qu’on donne ce nom à une union chimique
de l’eau & de l’huile, opérée par le moyen
d’un mucilage végétal & du fucre. On prépare le
loock , dont le nom vient des Arabes, dans les laboratoires
de pharmacie , en broyant, triturant
& mêlant avec foin dans un mortier de marbre ;
avec un pilon de buis ou de gayac , de l’huile d’amandes
douces & de la gomme arabique, 8c en
ajoutant peu à peu un lait d’amandes fucré. Celui
ci prend & foutient l’huile dans une efpèce de
fufpenfion 5 ce qui forme une'forte de lait épais 8c
très-gras, qu’on faifoit prendre autrefois aux malades
avec une racine de guimauve ou de regliffe
battue, à l’extrémité & formant un pinceau. On
voit, dans cette opération , la propriété qu’a le
mucilage de fufpendre l’huile dans l’eau.
On fait auffi un loock avec le jaune d’oe uf, qui
lui-même, délayé dans l’eau fous le nom de lait de
poule , conftitue une efpèce de loock naturel.
LO T , LO T IR , LOT ISS AGE. ( Métallurgie. )
Voilà trois mots de métallurgie, qui s’appliquent
à une opération que l’on fait dans quelques mines
avant de les traiter au feu pour en obtenir le métal.
Lotir ou féparer en 'lots, c’eft trier les morceaux
de minerais, de manière à mettre enfemble
les plus riches , les médiocres-& les mauvais j
tantôt le lotifage fert pour traiter le minerai de
chaque d’une manière particulière relative., à fa
nature, tantôt cette opération fert à mêler les
trois genres de minorais, de forte à en obtenir
une efpèce de qualité moyenne , deftinée à fournir
un produit métallique affez confiant dans fa
nature & fa richeffe.
LOTION. Nom d’une opération fimple, qui
confifte à laver diverfes fubftances avec de l’eau
pure ou avec quelques autres liquides, pour en
féparer quelque matière foluble , & réduire les
premières fubftances à un état d’ifolement plus
.parfait. C ’eft ainfi qu’onTave le kermès, les fou-
fres dorés, les"oxi.des métalliques précipités fur
leurs filtres, pour" en féparer les fels dont ils font
imprégnés : on y paffe de l’eau jufqu’à ce qu'elle
n’entraîne plus rien. C ’eft ainfi qu'on lave le fal-
pêtre pour en diffoudre les fels déliquefcens 8c
terreux, 8cc. Cette opération eft une des plus
fréquentes 8c des plus utiles qu’on puiffe faire en
chimie y elle exige du tems & du foin quoiqu’elle
ne foit pas difficile.
LUMIERE. 1. La lumière eft un des corps dont
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les propriétés doivent être examinées avec le plus
de foin en chimie, quoiqu'elles fuffent autrefois
finguliérement négligées dans cette fcience. C ’eft
à Schéele qu’on doit les premières expériences
importantes fur la lumière ; c’eft lui qui le premier
a reconnu fon influence, & par conféquent la né-
ceffité de l’étudier dans les phénomènes chimiques.
2. La lumière étant généralement répandue dans
Tefpace, il eft néceffaire de tracer d’abord une
efquiffe de fes principales propriétés phyfîques, &
de jeter enfsits un coup d’oeil général, non pas
fur tel ou tel corps en particulier pour déterminer
l’influence qu’elle y exerce , puifque cela appartient
à l’hiftoire de chacun de ces corps, mais
fur l’enfemble des êtres naturels, afin de faifir,
dans fon attion générale ou univerfelle , quelques
effets conftans, qui puiffent fervir de caractères
pour en eftimer la puiffance & les qualités diftinc-
tives.
f: Deux opinions partagent les phyficiens & les
philofophes fur l’origine de la lumière : les uns,
avec Newton , la font venir du foleîl & des étoiles
fixes, fans être embairaffés d’expliquer comment
cet aftre ne s’épuife pas, parce qu’ils le conçoivent
par l’extrême fubtilité du fluide lumineux j
les autres, avec Defcartes 8c Euler, la reconnoif-
fent dans un fluide, l’éther, mille fois plus rare
au moins que l’air, qu’ils placent dans l’efpace,
& auquel l’extrême célérité du mouvement du
foleil & des étoiles communique la rapidité de fa
marche.
4. Dans l’une ou l’autre hypothèfe, on admet
généralement un fluide ; mais lorfqu’on regarde
l’effet déjà lumière fur nos yeux feulement comme
le produit de l’ébranlement ou des vibrations de
ce fluide rare , ainfi que le fon qui ne confifte que
dans les ébtanlemens ou vibrations communiqués
à l’air par les corps fonores en mouvement, fécondé
hypothèfe d’Euler, on s’éloigne manifefte-
ment des faits chimiques déjà recueillis fur la lu*
tnière, qui prouve qu’elle agit comme un corps, 8c qu’elle obéit à la force d’aura Ch'on.
y . Dans l’expofé dès propriétés de la lumière ,
outre la beauté du brillant fpeCtacle qu’elle offre
aux yeux par les expériences auxquelles les phyficiens
la foumettent, tout femble être miraculeux,
foit relativement à la fingulière ténuité de ce corps,
foit dans l’ inconcevable viteffe dont il eft animé,
foit par rapport aux altérations qu'il produit dans
la plupart des fubftances qu’il touche, qu'il pénètre
ou qu’il traverfe. 6. La marche prodigieufé de la lumière, calculée
par les géomètres, eft telle, qu’elle parcourt environ
quarante mille myriamètres, ou quatre-vingt
mille lieues par fécondé, viteffe que l’homme a de
la peine à concevoir, parce qu’il n’y en a aucune
autre avec laquelle il lui foit permis de la comparer.
Le fon parcourt plus dé trois cent vingt-cinq
mètres par fécondé, & la viteffe de la lumière eft,
JH