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pr.iétés les plus intimes des corps. M. Haüy , dont
le nom fe place fi bien parmi ceux des phyfîciens
Jes plus célèbres, étoit plus à portée qu'aucun ;
autre de faire les applications de la fcience dont
il s’agit, à celle qui eft fon objet principal , & d’y
puifer l'explication de plufîeurs propriétés remarquables
dont certains minéraux font doués. Audi
dans fon ouvrage il a donné une expofition des
caufes phyfiques d’où dépendent la tranfparence
que l’hydrophane acquiert par l ’imbibition, ces
reflets li agréablement colorés que f opale lance
de fon intérieur, les effets électriques de la tourmaline,
de la magnéfîe boratée. A l ’article du fer
oxidulé y il a développé ce qui a rapport aux
phénomènes magnétiques, &c. relativement à la
double réfraCtion : les favàns furtout fauront gré
à l’auteur d’avoir fait connoître, avec tous les détails
néceffaires , le réfultat de fes recherches fur
les phénomènes que préfente la double réfraction
de la chaux carbonatée. Dire que l’explication
de ces mêmes phénomènes a exercé la fagacité
d~s Huyghens, des Newton, c’eft donner au
leCteur une jufte idée des difficultés que préfen-
toit à cet égard le travail auquel M. Haiiy s'eft
livré avec tant de fuccès.
. *> Les chimiftes modernes, en difpofant par
genres & par efpèces la fuite des fubftances acidifères
, ont, comme on fait, choifi les acides
pour caraCterifer les genres, & ont diftingué les
efpèces par la diverfité des bafe^. Mais il eft facile
de concevoir que le minéralogifte, dont le but
n’ eft pas de fuivre une méthode uniquement indiquée
parla marché des opérations de l’analyfe,
ne pourroit adopter une femblable claffification
fans faire des rapprochemens en quelque forte
défavôués par la nature. De plus , fi l’on confî-
dère que les fa vans qui ont publié des fyftèmes
minéralogiques, fans même en excepter les chimiftes
, ont d’un commun accord regardé chaque
métal comme la bafe d’un genre particulier ; &
ont formé les efpèces d'après les conabinaifons
fucceflives de ce métal avec diffère ns principes ,
on fentira que l’uniformité de li méthode exigeok
que la même règle qui a voit été-fui vie dans l ’arrangement
des Cubftances métalliques préfidât auffi
à celui des fubftances non métalliques, qui renferment
un acide dans leur compofition. Tel eft en
peu de mots l’ expofé des raifons qui ont déterminé
l’auteur à choifir la bafe plutôt que-l’acide
pour caraCtérifer les genres.
.» Mais, fous un autre rapport, M. Haiiy a gé-
néralifé l ’emploi des acides en empruntant d’eux
un caractère claftique,qui lui*a fervi à lier entre
eljes toutes les fubftances qui renferment un acide
uni à une terre ou à un alcali, & quelquefois à
tous les deux. L’enfembîe de tous ces corps forme,
dans la méthode, la première claffe , ou celle des
fubftances acidifères. Cette claffe eft fous-divifée
en trois ordres , dont le premier comprend les
fubftances acidifères rerreufes, le fécond les fubfc
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tances acidifères alcalines, & le troifieme les fubftances
acidifères alcalino-terreufes.
» La fécondé claffe eft formée des fubftances
terreufes, c’eft-à-dire, de celles dans la compofition
de (quelles il n’entre que des terres unies
quelquefois avec un alcali.
33 La troifième claffe comprend, fous le nom
commun de fubftances combuftibles , les diffère ns
corps non met Tiques,fiifceptibles de combuftion,
tels que le diamant / le foufre & les minéraux,
qu’on appelle ordinairement bitumes. Cette claffe
eft fous-di vifée en deux ordres, qui font diftingues
entr’eux par les dénominations de fubftances combuftibles
fimples, &fubftances combuftibles com-
pofees.
“ Reftent les fubftances métalliques , dont la
réunion donne la quatrième claffe fous-divifée en
trois ordres. Dans le premier de ces ordres ,
M. Haiiy a placé les métaux qui ne font pas oxi-
dables, mais feulement réductibles par la chaleur;
dans le-fécond, ceux qui s’oxident quand on les
chauffe, & qui, chauffés plus fortement, fe ré-
duifent ; enfin , dans le troifième, ceux qui font
oxidables, mais non réductibles par la chaleur.
Cette même claffe comprend autant de genres
qu’il y a de métaux.'Sous chacun de ces genres
viennent fe ranger, Comme efpèces, le métal natif
lorfqu’ il exifte , puis le métal combiné, fait avec
un autre métal, foit avec l’oxigène, ou des combuftibles,
ou des acides.
33 A l ’égard de la fécondé claffe, la nature des
fubftances qui la compofent n’étant pas encore
affez bien connue, l’auteur n’a pas cru devoir
-adopter pour cette .claffe la fous - divifion des
•-genres ; il s’eft contenté de préfenter la férié des
efpèces qu'elle renferme, en profitant feulement,
pour ordonner les termes de cette férié, des analogies
ou des différences que les connoiffances
acqui'fes permettent déjà d'appercevoir entr’eux.
Efpérons , ajoute M. Haiiy, que la chimie des
minéraux, qui depuis Cronftedt & Bergman a fait
des progrès fi marqués, arrivera enfin à un point
de perfection qui mettra cette claffe , & même
certaine partie des claffes fuivantes, au niveau de
la première. Nous avons v u , depuis plufieurs années
, les découvertes fe (accéder rapidement.
M. Klaproth nous .a donné la zircone ' 1- urane'. le
titane & le tellure ; nous devons à M. Vauquêlin
la glucine & le chrome : les analyfes faites d’ ir.e
part , ont été de d’autre vérifiées ou même perfectionnées.
Que ne peuvent gagner les Sciences
à cet heureux concours? Ainfi des fources, d’abord
réparées par une grande diftance ,femblent fe chercher
mutuellement pour fe réunir l’une à l'autre,
& féconder, comme d’un commun accord, le fol
qu’arrofent leurs eaux amies.
33 Si la fécondé claffe laiffe quelque chofe à
defirer relativement à la régularité de fon enfem-
b ie , l ’auteur a puiffamment contribué à la perfectionner
dans tous fes détails, non - feulement
c R i c R I fit
par une répartition exafte des fubftances qui conflu
e n t les e fp è c e s , mais auffi par le foin quü a
pris de if appliqua r ce nom qu aux etres qui ont
un tvpe futceptible d'une détermination précité.
Par-là les argiles, les marnes & tout autre agrégat
■’ a pmnriintOS .
pendice particulier. . r ,. , , j
r » Il ne fuffifoit pas d’avoir fondé une méthode,
fur des principes certains, il étoit encore nécef-
faire de faire parler à la minéralogie une langue
raifonnée & digne de cette précifion qui maintenant
cara&érife la fcience à laquelle cette langue,
fe rapporte. Ceux qui font à même de fentir coüit
bien les mots , qui font les fignes de nos idees_,
ont d’influence lur la facilité d’acquérir & de fe
rappeler ces idées elles-mêmes, fauront fans doute
gre a M. Haiiy du travail auquel il s’eft livré à cet
égard, & des changemens qu’il a faits à-la nomenclature
des minéraux, nomenclature qui jufqu’ici
n’a voit été foumife à aucune règle fixe. Le caprice
feul décidoit du choix.& du nombre des mots qui
compofoient chaque dénomination, & ces mots * ‘
fouvent impropres^ou même fufceptibles d’oftrir
un feus faux & trompeur, avoient le double inconvénient
de nuire à l’opération de la mémoire
& d’offufquer la vue de l’efprit.
» Par rapport aux criftaux, M.-Haiiy a non-
feulement enrichi la fciënce d’une langue entièrement
nouvelle , à l’aide de laquelle on peut de-
figner avec facilité les variétés des formes criftal-
jines, mais encore il a imaginé des fignes ingénieux
, qui, au moyen de lettres &■ d expofans
indicateurs convenablement placés, fervent à caraCtérifer
toutes les formes qui font le produit
d’une criftallifation régulière.,
« Le mode de claffification fuivi dans l’ouvrage
ayant conduit l’auteur à profiter, pour établir les
caractères diftinCtifs des efpèces, de ce -qu'elles
ont de plus étroitement lié avec la conftitution de
leurs molécules intégrantes , il a exclu des caractères
fpécifiques les couleurs , du moins lorfqu il-
s’agit d’une fub fiance terreufeou aciditère, comme
des modifications fugitives & étrangères au type
de l’efpèce ; mais il a indiqué, parmi ces memes
caractères, ceux qui fe tirent de la divifion mécanique
des minéraux-, de là pefant: ur fpécifique, -
de la dureté , de la réfraCtion double ou fimp'e , ■
de l’éleCtricité par la chaleur, de la phofphoref-
cence par l’aCtion du feu , de l’éclat confi-iéré.
relativement à un certain afpeCt qui eft comme •
onCtueux dans tel minéral, 3e nacré dans te' autre j .
enfin, dans le même cadre, il a compris les caractères
dont la vérification eft réfervée à des agens
qui, comme les acides & le calorique, dénaturent
une petite partie de la fubftance pour nous
aider à connoître le tout.
33 Si la nature, fi riche dans fes moyens , n’af- ■
feCtoit qu’une forme pour chaque fubftance^ on.
diftingueroit tous les minéraux parle (impie énpncé -
de leur criftallifation ; mais le même corps fe préfente
quelquefois fous une infinité de formes différentes
: tels font le carbonate de chaux, qui
compte foixante-cinq formes criftallines jle quartz,
qui en offre huit ; le fulfate de cuivre, qui en
préfente treize ; le fulfure de fe r , qui en prend
dix-huit, &c. Cependant il y a quelques fubf-
.tauces qui affeCtent une forme de préférence à
toute .autre ; & fi la vue de cette forme ne fufft
pas pour.caraCtérifer le minéral, du moins elle
met fur la v o ie ,& peut faire trouver des rapports
chimiques par les analogies géométriques, jj
Defcrïpdon des formes criftallines les plus communes.
c<■ Pr.ifme hexaèdre ( ou à fix faces ) , terminé par
des.pyramides tétraèdres ( ou à quatre faces).
Cette forme eft ordinairement celle du quartz ou
criftal de roche.
« P r i f me hexaèdre, terminé par des fommets
dihèdres ou tfihèdres : tel-eft le fulfate de barite
& le fchor'L
as Pri(mes a huit ou neuf faces y à fommets trihè-
dres j criftallifation de la tourmaline.
« Dodécaèdre ( ou à douze faces ) , à faces triangulaires;
c’eft la réunion, bafe à bafe , de deux
pyramides hexaèdres. Cette forme eft celle du
rubis oriental.
• as Prifme hexaèdre régulier. Forme de l’aigue-
marine & de quelques émeraudes.
33 Criflal a vingt-quatre faces. Le grenat affeéte
quelquefois cette criftallifation.
*J d/ OBàcdrc a longé. Forme de quelques criftaux
de Joufre ou de bifmuth.
33 Prifme hexagonal, à quatre grandès faces & à
deux petites, & terminé par des pyramides à quatre
faces, correspondantes aux quatre grandes faces
du prifme : telle eft la topaze du Bréfîl.
33 Prifme quadrangulaire, furmonté de pyramides
quadrangulaires auffi ; autre criftallifation de la
topaze. •
m Prifme à neuf faces, terminé par des pyramides
quadrangulaires ; criftal de faphir.
33Prifme a huitfâcesy parallèles deux à deux, &
avec dés facettes fur le fommet. Exemple, la topaze
de Saxe.
33 Prifme hexaèdre, terminé par quatre faces ,
comme certains cryfolites.
.. n.Çuheÿ hexaèdre régulier, à angles droits. Forme
du muriate de foude & de la galène.
... 33. Dodécaèdre régulier a faces rhômbes. Criftallifa-
■ tion-du grenat.
. »3.Prifme pentagonalformant un heptaèdre en
comptant les deux-bafes.
33 OSlaèdre ■ a faces triangulaires, formé par la
réunion, bafe à bafe, de deux pyramides quadrangulaires
droites. Forme de i’aîun Sc du diamant.
\ ..
. 33 Prifme triangulaire} formant un pentaèdre ou
criftal à cinq faces , en comptant les deux bafes.
•Forme du carbonate de plomb-
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