
difibudre que la cartilagineufe; mais il y a apparence
que ces préparations emporteroient tout
Je profit. »
Il eft âifé de voir , d’après cet extrait fidèle ,
que Duhamel avoir bien reconnu & conftaté que
la partie qui dans les -os lie & tient adhérentes
entr’elles les parties terreufes ou les molécules
de pkofphate de chaux , étoit de nature gélati-
neufe , & propre à faire de la colle très-forte 5
mais Ton voit auffi que ce chimifte a vu de
grandes difficultés dans les moyens de l’en extraire
, puifqu’il croyoit jquii falloir employer
la marmite à Papin pour diffoudre la totalité de
la partie gélatineufe ou colle que les os peuvent
contenir.
Les rognures & les ratures de parchemin &
de vélin que l’on achète chez les parcheminiers
& les cribliers , font de bonne colle , ainfi que
les rognures de peau de gantiers 3 mégi (fiers 3
peaufliers & fourreurs ; mais les fabricant ne les
emploient point ,-parce qu’elles coûteroient trop
cher. C’eft par la même raifon qu’ils n’emploient
point les peaux de caftor x & qu’ils emploient
peu celles de lièvre & de lapin. Ces fubftances
d’ailleurs 3 excepté les peaux de lièvre 3 font
recherchées par les peintres en détrempe 3 les
drapiers 3 les papetiers 3 & c . , qui en préparent
une colle ou gelée qui fe trouve peu colorée 3
& même fans couleur j ce qui eft abfolument
effentiel à leurs travaux. Nous aurons occafion
de faire remarquer à quoi tient la couleur que j
prennent les colles-fortes dans leur fabrication j I
ce qui fait que lesartiftes que nous venons de
citer3 ne peuvent employer leur diiTolution dans
l’eau qui feroit toujours colorée, & qu’ils leur
préfèrent une gelée de peau de mouton ( ou
parchemin) , de lapin , &c.
L’on trouve peu de détails dans les ouvrages
de chimie fur les fubftances qui peuvent four- .
nir de la colle-forte : l’on y reconnoît cependant
des généralités très - eflentielles & propres à
éclairer ceux qui fe mettroient à en fabriquer.
Fourcroy s’elt exprimé de la manière fuivante :
«.Toutes les parties molles & blanches des animaux
3 telles que les membranes 3 les tendons 3
les aponévrofes 3 les cartilages 3 les ligamens , la
peau , contiennent en général une fubftance
muqueufe 3 très-foluble dans l’eau ,. & infoluble
dans l*efprit-de-vin , que l’on connoît fous le
nom de gelée. Pour extraire cette gelée 3 il fuf-
fît de foire bouillir ces parties animales dans
l’eau , &c. » Fourcroy dit encore : « La gelée
animale ne diffère de la colle proprement dite ,
que parce qu’elle a moins de confiftance & de
vifcofité î la première , ajoute-t-il , fe retire
Spécialement des parties molles & blanches des
jeunes animaux : on la retrouve auffi dans leurs
chairs ou leurs mufcles, dans leurs peaux & leurs
os. La colle ne. s’obtient qu» des animaux plus
âgés, dont la fibre eft plus forte &plus fèche.»
On lit dans l’ouvrage de Papin s édition de
1(382, « que cet artifte 3 au moyen de fa marmite
, a préparé une gelée avec les os ainfi
qu’avec l’ivoire , avec laquelle il a bien collé un
verre cafte ; qu’il a de plus pénétré de gelée
d’os un vieux chapeau qui eft devenu très-ferme;
il a dit auffi que fi l’on fe fervoit d’une telle
liqueur pour foire des chapeaux , ils feroient
bien meilleurs qu’à l’ordinaire.»
Spielmann ( Voyeç la tradullion de Cadet ) a
beaucoup ajouté à ce que l’on trouve dans Papin
fur la colle des os. Ce chimifte\dit qu’il a retiré
de la colle ou gelée fèche des os de toutes les
parties folides des animaux par la fimple ébullition
5 qu’il a fait des efîais fur le pied d’élan ,
fur les dents de fanglier , fur celles de cheval
marin, fur la corne de c e r f, fur les mâchoires
de brochet , fur les cloportes vivans , fur la
vipère & fur la licorne,. & que toutes lui ont
donné plus ou moins de gelée fèche. Spielmann
a particuliérement infifté fur la force & la ténacité
de la colle de mâchoire de brochet, & il
rapporte^ qu’elle enleva l’ émail de raflietee fur
laquelle il l’avoit deflechée.
Nous avons indiqué les auteurs qui ont parlé
de la colle-forte 3 & , d’après ce qu’ils en ont dit x
nous avons rappelé les fubftances qui peuvent
en fournir ; mais nous devons obferver que dans
ce nombre il y en a peu que les forfeurs de
colle aient coutume d’employer : la- plupart feroient
trop chères & difficiles à fe procurer >
d’autres , telles que les os , &c„' ont été regardées
comme trop dures pour pouvoir ê're pénétrées
, & pour pouvoir en extraire à peu de
frais la colle quelles peuvent contenir. Les fubftances
que l ’on a le plus communément employées
, font les rognures de cuirs de boe u f, de
veau , de mouton, de cheval, appelées oreillons •
les pieds de boeuf, ainfi que les. parties tendi-
neufês. & celles défignées vulgairement fous le
nom de nerfs de boeuf.
Il y a dans le commerce plufieurs fortes de
colles-fortes : la ..plus recherchée eft celle qui nous
vient d’Angleterre ; vient enfuire celle dite de
Flandre , & la plus commune eft celle dite de
Paris. La première, celle d’Angleterre J eft d’un
rouge-foncé» celle de Flandre eft blanchâtre &
tranfparente , celle de Paris eft noire & opaque.
Il exifte cependant en France des manufactures qui
font des colles qui imitent les colles étrangères:
on les nomme alors colles façon d'Angleterre | &c.
M. Grenet, après avoir examiné la nature
des fubftances que l’on emploie à faire \ f colle-
forte , s’eft occupé d’employer les os dans ce
travail. Ses premiers efîais lui -firent connoî-
tre qiie les os donnoient , par la fimplé ébullition
(après avoir été divifés & dégraiffés), fans
le fecours de la marmite de Papin, une très-
grande quantité de gelée 3 laquelle pouveit être
amenée à l’état de colle-forte par la fimple defc
o t
ficcation. De nouveaux effais lui apprirent que
Ton pouvoir employer les os à la fabrication de
la colle-forte. Grenet s’eft encore allure que la
eolle préparée avec des os étoit fupérieure aux
.colles françaifes, & prefqu’égales en bonté aux
colles étrangères. Cet artiffe a préfente au bureau
-de confultation la préparation d’unz jo lie - forte
ifoite avec les rognures & fciures d o s , prove-
.nantes de ceux qui font les manches de couteaux,
les étuis , les dominos, les éventails & autres
•objets en os. Cette clafîe d’ouvriers ne laîffe pas
d’être confidérable aux environs de Paris. L on
pourroit encore fe procurer de ces rapures d os
de Méru, d’Anneville, de Beauvais, du Havre &
autres endroits où l’on fait des -ouvrages analogues.
Autrefois on jetoit tous ces débris d’os ;
mais depuis quelque tems on les emploie comme
engrais : on les vend de 4 Uv * 10 f. a 5 liv. le
fac , lequel contient 12 boifteaux ou 160 livres
pefant ; ce qui eft à raifon d’un fou la livre. Il
feroit encore poffible de fe procurer des os à un
prix inférieur , te k que1 les os durs de cheval ,
que l’on brûle ordinairement aux voieries des
-environs de Paris ; mais alors il foudroit trou-
.ver le moyen de les dégraifîer & de les divifer j
te qui feroit poffible à peu de frais. Mais comme
M. Grenet indique, dans fon Mémoire les rapures
d’os provenans de la fabrication des moules de
^boutons, &c. c’eft avec cette rapure qu’ont été
faites les expériences fuivantes.
Détail d'une cuijfon de colle d'os , faite dans le
%■ 'laboratoire de M. Pelletier , le 24 mars 1792..
| - Six livres de rapures d’ os ( prifes chez des
faifeurs de moules de boutons) ont été mifes,
dans une chaudière de cuivre, avec 24 pintes
d’eau : on a laide cette rapure tremper deux
fours à froid, afin que l’eau la pénétrât & la
difpofât- à rendre avec plus de facilité la colle
qu’elle contenoit.
Le 27 , la chaudière a été mife fur un fourneau
dont le feu a été allumé le matin à onze
fibres : l’ébullition a commencé à avoir lieu à
midi; le feu a été foutenu jufqa’à neuf heures
du foir , & l’on a laide digérer la colle fur fen
marc toute la nuit , pendant lequel tems elle
S’éft épurée fans aucune addition.
., Le 28 , la liqueur a été tirée à clair avec un
fyphon,; elle a rendu, de liquide, 14 pintes, &
par l’expreffion du marc on aencore deux pintes
de liqueur.
; Cette colle ainfi frvutirée a été mife fur le feu
dans une baffiné , pour en évaporer l ’eau fuoer-
flue & la rapprocher. Lorfque la colle a paru
fiftfifamment -cuite d’après les épreuves Ordirtak
rcs j on a re tiré la baffinè du feu ; & après avoir
laifîe repofet \z colle environ une demi-heure
«n l’a verfée dans des boîtes ; les boîtes ont été
C O L 4 3
enfuite portées dans un lieu frais jufqu’au lendemain.
Pendant ce court efpace la colle s’étoit
prife en une gelée ferme : en cet é ta t, on l'a
coupée par tablettes , & on l’a mife fur des
filets dans un grenier pour y fécher.
La colle a été quatorze jours à fécher ; à la
vérité le tems n’a cefte d’être très-humide &
pluvieux.
Voici le tableau des produits de cette opération.
Six livres de poudre d'es ont rendu , favok :
i°. En colle tranfparente. » liv. 1 y onc. 4 g.
2°. Colle de marc...........» » 4
30. Marc defteché,.........4 3 ~
Perte ou déchet.......... » 13 »
On doit obferver que ce déchet , très-confidérable
, feroit beaucoup moindre en opérant en
grand. Il feroit poffible d'ailleurs de traiter de
nouveau le marc avec une nouvelle quantité
d’eau, & d’en retirer un peu de colle peut-
être d'une qualité inférieure, mais au moins les
os feroient plus épuifés. La colle obtenue par
ce procédé eft, par fa tranfparence , analogue à
celle dite façon d'Angleterre j & quelqu’imparfaite
que foit l’expérience dont o» vient de rendre
compte , fon réfultat important eft qu’elle a
fourni une livre de colle fur fix livres d’os.
Expérience sur la rapure d’ivoire.
Grenet ayant encore annoncé dans fon Mémoire
, qu’il avoir préparé de la colh-forte avec
dê_ la rapure d’ivoire , on a cru devoir répéter
cette fécondé expérience , afin d’en rendre
compte au bureau. JNous ne détaillerons point
l’opération , qui eft la même que celle que nous
avons décrite pour les os ; nous iidifterons feu1-
lement fur les produits qui font dans une première
expérience.
Pour fix livres de rapure d’ivoire , favoir :
Colle-forte ........................................ I liv.
Marc.......................................................... 4
;
Dans une deuxième expérience nous avons
traité yo livres de rapure d’ ivoire avec les proportions
déterminées d’eau, & 3 après avoir fou-
tiré .la. liqueur claire , nous avons, mis de nouvelle
eau fur le marc ; nous avons enfuite procédé
à une nouvelle ébullition; ce que nous
avons continué jufqu’ à quatre fois, en ne mettant
qu’une quantité moindre d’eau dans les deux
dernières ébullitions. Les liqueurs ayant été évâ*
potées/ elles ont pris beaucoup de côuleür,
parce que nous avons eu beaucoup d’eau à éva-
poter.
F 2