
rente de celle des compofans , eft-il poffible de
déterminer li elle dépend des b„afes alcalines qui
les neutralifem ? 11 paroït qu'on ne peut l'attribuer
ni aux uns ni aux autres exclusivement , puisque
les mêmes acides forment Souvent, avec des
bafes différentes , des Sels d'une figure très-di-
verSe j tandis que , dans d'autres exemples , la
même bafe, combinée avec des acides-divers, préfente
la même diffemblance dans les criftaux :
c'eft donc au changement total des propriétés de
chaque nouveau compofé Salin , qu'il faut attribuer
la diverfité des formes, que ces compofés
affeétenr*
7. Il y a en général trois moyens de faire criftal-
lifer les Sels dans nos laboratoites.
A. L'évaporation. Ce procédé confifte à faire
chauffer une diffolution Saline, de manière à réduire
en vapeur l'eau qui en tient les molécules écartées.
Plus cette évaporation eft lente, & plus la criftal-
liSation Sera régulière : c'eft ainfi qu'on procède
pour obtenir criftalitSés le Sulfate de potaffe, les
muriates de potaffe & de foude, le Sulfate dé
chaux, le carbonate ,dè magnéfie. Leur forme n'eft
que très-peu régulière fi l'on évapore trop promptement
., comme par la chaleur de l-ebullition 5
mais en tenant fur un bain de Sable d'une chaleur
de 4-5 degrés à peu près les diffolutions Salines de
cette nature , 00 obtient conftamment, à l'aide
d’un tenas plus ou moins long, des criftaux très-
beaux & très-réguliers » & il n'y a prefque point
de Sel qui ne.pudïe prendre une forme très-dif-
linéle par ce procédé , s'il eft exécuté avec intelligence.
B. Le refroidiffement eft employé avec Succès
pour ceux qui Sont plus diffolubles dans l'eau
chaude que dans l'eau froide : on conçoit très-bien
qu'un Sel de cette nature doit préfenter ce phénomène
, puifqu'il ceffe d'être également foluble
dans l'eau dont la température s'abaiffe : la portion
qui ne reftoit diffoute qu'à la faveur de cette élévation
de température , Se Séparera à meSure que
la liqueur fe refroidira ; & lorsqu'elle Sera tout-à-
fait froide, l'eau n'en retiendra plus en diffolution
que la partie qui eft diffoluble à froid. Il en eft de
ce fécond procédé comme du premier. Plus l'eau
Ce refroidira lentement, & plus les molécules
falines fe rapprocheront par les faces qui fe conviennent
le mieux5 alors on aura une criftalliSation
très - régulière : voilà pourquoi il faut entretenir
pendant quelque tems un certain degré de chaleur
Softs les diffolutions falines , & le dftninuer graduellement
pour le conduire peu à peu, fi cela eft
néceffaire, jufqu'au degré de la congélation. On
doit obferver en effet que tous les fels qu'on peut
faire criftallifer par ce procédé, font beaucoup plus
diffolubles en général que ceux pour lefquels on fe
fert du premier; & comme on lesdiffout d'abord
dans l'eau bouillante, celle-ci * refroidie fubité-
ment, laifferoit dépofer en raaffe informe tout ce
qui a été diffpus à la faveur de la chaleur <lei’ébullition.
Au contraire, fi on place fur un bain de
fable la diffolution très-chaude, & fi l'on a foin
d’en graduer lentement le refroidiffement, la crif-
tallifation fera très-régulière. Telle eft la manière
d'obtenir en beaux criftaux le fulfate de foude, le
nitrate de potaffe, les carbonates de foude & dé
potaffe , le muriate ammoniacal, &c-
C. La troisième manière de faire criflallifer les
fels, c’eft de les foumectre à l'évaporation fpon-
tar.ée. Pour cela, on expofe une diffolution^faline
bien pure à la température de l'air , dans des cap-
fules de verre ou de grès qu'011 a foin de couvrir
de gaze, afin d'empêcher la pouflüère d'y tomber
fans s’oppofer à l’évaporation de l'eau. On choifit
pour‘cette opération,une chambre ou un grenier
ifolé, & qui ne ferve qu’à cela ; on laiffe cette
diffolution ainfi expofée à l’air jufqu’à ce qu’oii ÿ
apperçoive des criftaux 5 ce qui n'a quelquefois
lieu qu’au bout de quatre à cinq mois, & même
plus tard pour certains fels. Ce procédé eft eri
général celui qui réuffit le mieux pour obtenir des
criftaux très-réguliers & d’un volume confidérable.
| Il devroit être employé généralement pour tons les
fe’s fi le tems le permettoit, parce que c’ eft le
moyen de les avoir parfaitement purs. On doit
opérer ainfi pour le nitrate de foude’, le muriate
de foude, le borax , le fulfate triple d'alumine 3
le fulfate de magnéfie i le fulfate ammoniacal,
le nitrate d’ammoniaque , &c.
8. Dans quelques circonftances on réunit avec
avantage plufieurs de ces procédés ; c'eft particuliérement
pour obtenir criftallifés les fels rrès-
déliquefcens, tels que les nitrates & les muriates
calcaires & magnéfiens , &c. On évapore fortement
leurs diffolutions, & on les expofe tout de
fuite à un grand froid} mais ce moyen ne fournit
jamais que des criftaux irréguliers, & quelquefois
des maffes concrètes fans forme régulière. Si l’on
n’eft point encore parvenu à faire criftalli fer un
affez grand nombre ae fels neutres , cela vient dé
ce qu'on n’a pas déterminé exaêlement l'état de
concentration où doit être chacune de leurs diffolutions
pour pouvoir fournir des criftaux. Ce
travail, facile en lui-même , & qui n’exige que
du tems & de la patience, n'a point encore été
, complètement fuivi par les chimiftes. C'eft par la
pefanteurfpécifiquedes diffolutions qu'on arrivera
, à cette donnée fort utile pour les laboratoires dé
I chimie. Déjà ce procédé a été mis en ufage dans
i plufieurs.travaux en grand fur les matières falines :
i on fe fert avec fuccès d'un aéromètre ou pèfe-
j liqueur pour déterminer le point de la criftallifa-
bilité pour les liqueurs falines, telles que les eaux
falées , faîpétrées, alunées, &c.
; '" g. Outre ces différens moyens de faire criftallifer
[ fes fels, il exifte plufieurs circonftances qui favo-
: rifent cette opération, & dont il eft néceffaire de
: favoir apprécier l'influence. Un léger mouvement
éft quelquefois utile pou,r déterminer une criftal-
Hjatien oiff ne réuffit point : c'eft ainfi qu’en agitant
ou en tranfportant des capfules pleines de diffolutions
falines qui n'offrent point de criftaux formés,
on voit fouvent la criflallifation s’établir quelques
inftans après la plus légère agitation. J’ ai déjà fait
remarquer que ce phénomène avoir furtout lieu
pour le nitrate 3c pour le muriate calcaires. Le
conta# de l'air paroït être fouvent néceffaire à la
formation des criftaux : fouvent une diffolution ,
évaporée au point néceffaire pour la criflallifation ,
ne fournit point de criftaux dans un flacon bien
bouché, tandis qu'expofé à l'air dans une capfule,
on les voit fe former très - promptement : cette
obfervation a été faite avec beaucoup d’exaftitude
par Rouelle l’aîné. La forme des vaiffeaux , les
corps étrangers plongés dans les diffolutions falines
ont encore beaucoup d'influence fur la criftallifa-
tïon. La première modifie la figure des criftaux, &
'y produit une très-grande variété ; c’eft pour cela
qu’on place avec avantage des fils ou de petits
bâtons dans les capfules où s'opère la criflallifation,
afin d'obtenir des criftaux réguliers : ceux-ci fe
précipitent fur les fils, & , comme la fur face fur
laquelle ils ferepofent a très-peu d'étendue, ils ont
ordinairement laTorme la plus régulière, tandis
qu'en s’appliquant fur les parois obliques, irrégulières,
inégales des terrines & des autres vaiffeaux
communément employés à. cet ufage, ils font plus
ou moins tronqués & irréguliers.
Souvent des corps étrangers, plongés dans les
diffolutions falines, ont encore un autre avantage ;
ils déterminent la formation des criftaux, qui auroit
été beaucoup plus lente fans leur préfence ; c'eft
ainfi qu'un morceau de bois ou une pierre jetée
dans une fource falée devient une bafe fui- laquelle
l'eau dépofe des criftaux de muriate de foude.
C ’eft d'après l'obfervation de ce phénomène, que
quelques chimiftes ontpropofé de.plonger un criftal
falin dans une diffolution d'un fel qui ne fe criftal-
life point facilement : plufieurs ont affuré que ce
moyen favorifott la production des criftaux pour
les fels très - difficiles à obtenir fous une forme
régulière : telles font, les principales caufes qui
influent fur la criflallifation : il en eft fans, doute
encore d’autres que l'obfervation fera connoître
par la fuite aux chimiftes.
10. La réparation d'un fel d'avec l'eau qui le
tenoit fondu ou en diffolution ne peut fe faire
d une manière régulière, fans que le fel ne retienne
une partie de ce fluide. On peut fe convaincre de
cé phénomène en prenant un fel réduit en poudre
par la chaleur, comme du fulfate d'alumine , du
borate de foudè calciné, ou du fulfate de foude
defleché. En les diffolvant dans l'eau , & en les
faifant criftallifer, on les trouvera augmentés quelquefois
à parties égales après leur criflallifation ,
C eft-à-dire qu'une partie ae fel ainfi traité donnera
deux parties de criftaux. Les chimiftes ont conclu
de ce phénomène , qu'un fel, bien criftallifé conte-
soit plus d'eau que le même fel privé de fa forme
par l'aÇfion du feu ou de l'air > ils ont.appelé cette
eau étrangère à fon effence faline, mais néceffaire
a fa forme criftal line, eau de criflallifation , parce
qu'en effet elle eft un des élémens de leurs criltaux :
lorfqu'on leur enlève cette t-au, ils perdent en même
tems leur tranfparence & leur forme régulière.
Les différens fels contiennent une plus ou moins
g r an dp quantité de cette eau de criflallifation : il
en eft qui en contiennent la moitié de leur poids ,
comme le fulfate de foude ,1e carbonate de foude,
le fulfate triple d'alumine 5 d'autres n'en ont qu'uns
petite quantité , comme le nitre, le muriate de
foude, &c. On n’a point encore déterminé exactement
cette quantité relative d'eau de criflalhfa-
tion dans tous les fels bien criftallifables. Cette eau
'peut être enlevée aux fels fans que leur nature
intime en foit; altérée en aucune manière , & elle
eft elle-même parfaitement pure & femblable à
de l'eau diftillée.
11. Comme tout ce qui vient d’être expofe
jufqu’ici fur la criflallifation des fels prouve que
les diverfes fubftances falines ne fe criftallifent
point par les mêmes procédés, & fuivent différentes
lois dans leur formation en criftaux , il eft
clair qu’on peut fe fervir de ce moyen avec avantage
pour opérer leur féparation : c'eft ainfi qu’un
fel criftallifable par le refroidiffement peut être obtenu
très-exa#ement féparé d'un autre fel criftallifable,
parla feule évaporation continuée, comme
cela a lieu pour les eaux des fontaines de Lorraine,
qui contiennent du muriate & du fulfate de foude.
Malgré cela, il arrive fouvent que deux fels dif-
fous dans la même eau, quelque différence qu'ils
préfentent dans la manière dont ils fe criftallifent,
fe trouvent plus ou moins mêlés enfemble ,
& qu'il faut avoir recours à plufieurs diffolutions
& criftallifations fucceflives pour les obtenir purs
& fans mélange. Cette obfervation eft encore plus
importante à faire fur les fels qui fe reffemblent
par les lois de leur criflallifation 5 ceux-ci font beaucoup
plus difficiles à féparer les uns des autres, fur-
tout s’ils font en plus grand nombre. Par exemple ,
fi la même eau contenoit quatre fels également
criftallifables par l'évaporation, ou par le refroidif-
fement , il ferait impofîible de les féparer par une
ou deux criftallifations fucceflives , & il foudroie
multiplier ces opérations un affez grand nombre
de fois pour faire agir les nuances légères qui
exiftent entre leurs c ri ft ail i fa b il i tés 5 car il faut
remarquer que , quoique deux ou plufieurs fels
foientl également criftallifables par le refroidiffement
ou par l'évaporation, il.y a cependant entre
eux des nuances fenfibles, qui modifient pour ainfi
dire cette loi générale 3. fans cela ils fe criftallife-
roiem toujours enfemble, & l'on ne pourroir jamais
1 les obtenir bien féparés ; ce qui a cependant lieu ,
même pour les Tels les plus femblables par leur
criftallifabilité. Il n’y en a que quelques-uns qui font
exception à cette règle, parce qu’ils ont uns
adhérence particulière ou une affinité remarquable
, entr eux ; tels font en général les fels formés par