
adhèrent les uns aux autres3,8c en même tems à
la pâte.
ipli y a des cimens où il n’ entre pas ou prefque
pas de chaux, & dont la pâte eft faite avec de la
pouzzolane ou cendre de volcan : ce font ceux
qui font employés fous 1 eau. L’oxide de fer eft
la matière qui leur donne le plus de foliditéj l’argile
calcinée y contribue auffi beaucoup.
Le nom de ciment, quelquefois fynonyme du
mot mortiery a é té , au refte, employé pour désigner
beaucoup de préparations différentes. Les
préjugés, 1 ignorance des premiers principes de la
chimie, ont fait naître beaucoup d’opinions diver-
fes fur ces compofîtions. Sur de prétendues con-
noi fiance s des Anciens dans l’art de conftruire ,
c>n a penfé qu ils favoient faire des mortiers 8^
des cimens beaucoup pins folides 8c plus durables
que les nôtres : le vrai eft qu’ils mettoient beaucoup
de foin & d’attention dans le choix de leurs
matériaux : le tems & la cohérence qu’il donne à
tous les corps inertes-qui pefent les uns fur les
^utres , font la feule caufe de l’extrême dureté
cies conftruCtions romaines.
- On a confondu avec Je nom de ciment le
coementum des Latins, qui fïgnifïoït un ouvrage ,
une efpèce de maçonnerie, Une manière de tailler
ou de pofer les pierres, comme étoient faits les
muis ou les voûtes de moelons ou de blocage.
( Voyez Felibien. )
On croit que le fameux ciment des murs de
Babylone étoit un mélange de quantités' égales
de verre en poudre, de fel marin 8c de limaille
de fe r , avec affez d’eau pour faire une pâte.
Il ne faut pas confondre avec le ciment général
dont cet article traite, i°. le ciment des diftilla-
teurs d’eau-forte, ou le réfidu de la diftiïlation
du nitre avec la terre glaife , qui eft quelquefois
employé à fa préparation, à la place de briques
pliées i 2°. \e. ciment des orfèvres, ou mélange
de poudre de briques tamifée, de ré fine de
cire jaune fondues en le tn b le , & dont les metteurs
en oeuvre fe fervent pour tenir & affujettir leurs
ouvrages au bourdes poignées de:bois,"afin de
Pu-UVmr fac,lem^nt les travailler 5 30. \e ciment des
chimiftes , mal-à-propos nommé ainfî 8c par corruption,
au lieu du mot cément3 lequel-eft un mé-
> ®mployês à chaud pour purifier l’or,
a 1 aide de l’acide nitrique ou de l’acide muriatique
qui eft réduit en vapeur. ( Voyez C iment.)
On diflingue parmi les véritables cimens employés
aux conftrudtions le ciment chaud & le
Ciment froid.
Le ciment chaud ou employé à chaud eft com -
pofe de réfine, de cire, de brique broyée 8c de
chaux bouillies enfemble. On met au feu les
briques qu’on veut ainfî cimenter , & on les
applique rouges les unes fur les autres, en met-
.tant entr’elles;une couche déciment.
On ne fait que traiter très - légèrement cet;
article 3 parce qu’on le laijflTe au Dictionnaire des'*
arts, 8c parce qu’on ne devoit le confîdérer que
fous^ le rapport général de la théorie chimique.-
Auflî , pour bien concevoir cet. objet fous le
rapport indiqué , faut-il confulter les mots adhérence
3 chaux 3 extinction , mortier, argile & pouzzolane.
On a donne le nom de plâtre ciment à une pierre,
trouvée fur les côtes du nord de la France, 8c
qui a en effet les propriétés- réunies de ces deux
matières. ( Voye% le mot Plâtre ciment.)
. CIMOLEE (Terre). La terre que les Anciens
nqmmoîent cimolée, parce qu’ils la tiroient de l’île
Cimolus, aujourd’hui Argentaria, île de l’Archipel
, nous eft entièrement inconnue. Tournefort,
dans fon Voyage au Levant, dit que c’eft une
craie blanche, friable, devenant gluante fans s’échauffer
avec l’eau, faifant effervefcence avec les
acides , plus graffe feulement que la craie ordinaire.
C ’eft fans doute à caufe de cela que Hill
8c Vallérius l’ont rangée parmi les marnes ou les
? efpèces de terre à foulon, 8c que quelques autres
| l’ont regardée comme une véritable argile. Les
habitans du pays s’ en fervent encore > comme du
■ tems de Pline, pour blanchir leurs étoffes.
Comme les Anciens lui attribuoient la vertu
; de réfoùdre les tumeurs , 8c comme ils l’attri-
buoient fpécialement à i ’efpèce rougeâtre , de là
eft fans doute venue i’habitudejm l’on eft depuis
affez long-tems en France, de donner le nom de
terre cimolée à l’oxide de fer qui fe ram allé fous
■ les roues des couteliers, qui leur fervent à Aiguifer
8c repaffer les lames des inftrumens tranchans j la
’ rubrica fabrilis.
CINNABRE NATUREL, CINNABRE ARTIFICIEL.
{Voyez Sulfure de mercure.)
Cinnabre d’antimoine. C’eft le nom
qu’ on donne en chimie au fulfure de mercure
rouge , qu’on obtient fublimé après le muriate
oxigéné d’antimoine, en dïflillant un mélange de
muriatè oxigéné de mercure & de fulfure d’anti-
moiné. Il fe forme par l’ union du foufre qui abandonne
l'antimoine avec, le mercure réduit du fublimé
corrofif. ( Voyez le mot Mercure.)
Cinnabre d’arsenic. On nomme ainfî le
fulfure de mereufë rouge, qui fe- fubîime dans la
dëcompofîrion réciproque , 8c par le feu , du
muriate oxigéné de mercure 8c du fulfure d’ar-
fenic. ( Voyez le mot Mercure. )
CIRCONE , CIRCONIENE. On a d’abord
nommé circône ou terre çïrcôniene, d’après le,, nom
du pays, la terre qu’on extrait du jargon de Ceilan^
8c que Klaproth a découverte comme une terre
particulière 5 mais pour le génie & la douceur du
langage, on a depuis adopté en France l’expref-
fîon de \ircohe. (^ Voyez ce rhot.)
CIRCULATOIRES. On a long-tems nommé
.-en chimie vafes, vaiffeaux circulatoires , les appareils
qu’on employoit, dans l’intention de diftiller
ou fublimer un grand nombre de fois de fuite les
matières volatiles dont on prétendoit par-là changer
& prefque toujours atténuer la nature. C’étoit
des alambics de verre, dont les cols étoient réciproquement
reçus dans la partie large ou dilatée,
de manière qu’ on faifoit fucceÆvement paffer
de l’un dans l’autre de ces vaiffeaux la matière
diftillée, en appliquant le feu fous l’un , tandis
que l’autre reftoit froid, & réciproquement. Quelquefois
ces vaifïeaux étoient foudés enfemble.
On a enfui te fait la même cho.fe avec des cornues
de verre ou avec des inftrumens diftillatoires de
verre ou de métal.
On a renoncé à ce vain appareil en chimie ,
depuis qu’on a abandonné les idées fauffes fur
la prétendue atténuation dès corps ou fur les
effets de la circulation. Il n’y a plus que quelques
miférables. charlatans qui recommandent ou
“emploient ce ridicule moyen 5 & on pourroit les
nommer circulateurs3 autant d’après leur procédé,
que d’après le befoin qu’ils ont de changer fans
ceffe de lieu ou de place pour trouver des dupes.
Il faut cependant remarquer qu’on pourroit fe
fervir quelquefois de ce moyen fi l’on voujoit
diftiller un grand nombre de fois de fuite quelques
matières , dans d’autres intentions , à la
vérité, que celles que les alchimiftes 8c les*prétendus
adeptes y attachoient. Il feroit utile , par
exemple, pour montrer 1’aCtion de l’eau fur le
verre , qu’ elle dépolit 8c ronge peu à peu , &c.
Les alchimiftes les-feuls qui fe foient fervis
des appareils circulatoires , penfoient qu’en faifant
ainfî circuler les corps, ils les atténüoient, les
puri fioienr, enfin les réduifoient en état d’efprit,
qui devoit fervir à de grandes opérations.
La fig. 60, claff. V I , repréfente un vaiffeau de
ce genre. (V . )
CIRE. La cire des abeilles, la cire proprement
■ dite , eft une des matières naturelles dont les
hommes ont, dans tous les tems, tiré le plus
de parti, 8c qui a le plus attiré leur attention ,
foit pour en augmenter la production, foit pour
en reconnoître la nature intimé , foit pour en
multiplier les ufages, foit enfin pour en allier les
qualités avec celles de plu fieurs. autres fubftances
analogues ou différentes y elle eft connue depuis
la plus haute antiquité, 8c employée à une foule
de chofes ufuellès 8c domeftiques.
% Auffi chacune des fciences 8c chaque art pour
ainfi dire la réclame en particulier. Le naturaüfte
en fuit la formation, 8c en explique la production
depuis l’état du pollen fécondant des anthères des
plantes , Où les abeilles vont la ramaffer fous
forme de grains pulvérulêns 8c vifquèux , qu’ils
accumulent fur les broffes de leurs pattes pofté-
rieures, jufqu a la forme des tables duCtiles qui
confiîtuent les parois de leurs alvéoles. Il effaie
de comparer fa nature dans l'état de pouffière
féminale à celle qu’elle a prife dans l'eftomac des
abeilles j il explique par une efpèce de digeflion ,
dont la théorie n’eft point encore connue , 8c
qu’il fuppofe dans une féparation ou une addition
de principes, fon paffage de l’état pulvérulent à
■ celui de matière cohérente, molle, duCtile 8c
fufible par la chaleur.
L’agriculteur & l’économe rural s’occupent
des moyens d'en multiplier la formation par les
foins qu’on doit aux abeilles , par la commodité
, la grandeur 8z en même tems la fimplicité
de leurs ruches j par les plantes qu’on place à
leur portée.
L’antiquaire, l’hiftorien , le diplomate, décrivent'les
anciens ufages qu’on en a faits pour des
ftatues, des portraits de famille , des tablettes
à écrire, des a êtes d’alliance, de conceflîon ,
de privilèges , de titres , des fceaux , des cachets
, 8cc.
L’artifte s’en occupe comme d’un objet extrêmement
utile aux travaux les plus délicats des
arts du deffin, à la préparation des empreintes ,
à la formation des figures , des reliefs, des orne-
mens 5 au moulage des médailles, des monnoies ,
tandis que le commerçant s’ inftruit des lieux où
elle croît avec plus d’abondance ,-?de ceux où il
eft important de la tranfporter, &-que le manu-
faèburier s’emprelfe de la purifier, de la blanchir,
d’en former des bougies, des flambeaux , des
torches , des cierges j de l’allier avec diverfes
autres matières combuftibles moins précieufes ,
fans diminuer, ou en diminuant le moins pofîible
fes belles propriétés, fa féchereffe, fon tiflu, fa
blancheur, fon peu de fufibilité , 8cc.
Placé comme au milieu de toûs les arts qu’on
peut exercer, de toutes les connoiffances qu’on
peut acquérir fur la cire , le chimifte peut 8c
doit les éclairer toutes. Ses recherches peuvent
inftruire l’agronome fur la production de ce corps
inflammable 5 le philofophe 8c le naturaüfte, fur
fa formation avec la pouffière des anthères ; le
commerçant, fur fes qualités comparées dans les
différens lieux d’où en la tire j le manufacturier,
fur fes divers emplois. Il eft donc effentiel, d’après
ces confédérations , de donner une hiftoire
chimique exaCte de la cire, fans entrer cependant
en aucune manière dans les details d-e fon hiftoire
naturelle, de fes préparations , de fes emplois
divers, objets qui appartiennent entièrement aux
autres Dictionnaires, 8c qui doivent y être traités
avec tous les développemens convenables.
La cire a été regardée par tous les chimi fies
comme une efpèce d’huile graffe ou fixe , foli-
difiée par un acide. Ils ont cru , jufqu’à ces derniers
tems, que l’aeide qu’on en retiroic par la
diftiïlation y étoit tout contenu , que le feu ne
faifoit que le dégager, & que c’étoit pour cela
i que, dans les diftillations fucceffîves 8c répétées