
i-5a D I A
ligne d’une manière générale de tous les corps qui
le contiennent, foit oxides , toit acides. Ainli le
terme défoxigénation eft un genre d’ expreflîon qui
renferme fous lui deux efpèces, la déjoxidation 8c
la défacidification.
DÉTONATION. La détonation eft ou un phénomène
, ou une opération dans laquelle une ma7
tière combuftible brûle fi rapidement par l’oxigène
dégagé d’un compofé qui y eft mêlé, qu’elle frappe
l’air où ellefe dilate inftantanémenc, & produit ,
f>ar cette percuflion , un bruit plus ou moins vio-
ent. On emploie plus fpéciaiement cette dénomination
pour les combuftions bruyantes, opérées
à l’aide du falpêtre ou nitrate de potaffe ; on dit
ainfî, détonation du nitre , faire détoner du nitre.
C ’eft en le mêlant avec le tiers ou le quart de fon
poids, de charbon , de foufre ou d’un métal
très-:ombüftible, comme le zinc, l’antimoine, le
fer, &c. & en le projetant dans un creufet rouge
de feu , qu’on opère les combuftions bruyantes
ou .détonation. Leur théorie eft.comprife dans l’hif-
toire de l'acide nitrique & des nitrates. ( Voyez
ces mots. ) L’explofion de la poudre à canon en
une véritable détonation.
Il ne faut pas confondre la- détonation avec la
fulguration 8c la fulmination. ( Voye[ ces mots. )
Chacun de ces mots a une valeur particulière 8c
déterminée. _
On emploie quelquefois le mot détonation pour
exprimer l’explofion avec bruit qui arrive à divers
compofés chauffes dans des vaifleaux fermés ,
quand même ces compofés ne contiendroient pas
de nitre.
Le mot détonation eft également applicable aux
combuftions violentes 8c fouvent bruyantes opérées
par le muriate furoxigéné de potaffe. ( Voyeç
ce mot. )
DIALLAGE. Nom donné par M. Haiiy à une
pietre lamelleufe , que Saunure avoit nommée
fmaragdite, & d’autres minéralogiftes feld-fpath
v e r t, fchorl feuilleté verdâtre. Sa pefanteur eft
de 3. Il raye les pierres calcaires & un peu le
verre. Il eft fufible au chalumeau en un émail gris
ou verdâtre. On nomme verdé di corfica la pierre
deCorfe, dans laquelle il fe trouve abondamment,
& à laquelle il donne une belle couleur verte.
Les marchands de bijoux & de curiofités donnent
le nom de prifme d’émeraude à cette pierre,
à caufe de fa couleur : Sauflure l’avoit en quelque
forte traduit par celui de fmaragdite. M. Haiiy, en
le nommant diallage , qui veut dire différence', a
exprimé la propriété diftinéfive de deux joints
très-diffère ns l’ un de l’autre , par leur éclat, que
préfente cette pierre, tandis que dans l’émeraude il
y a au moins deux joints naturels également nets.
On fait des plaques, des boîtes, de petites
colonnes de diallage, A Florence, on l’emploie
beaucoup pour les efpèces de mofaïque 8c de'tad
1 A
blés de rapports qu’on y fabrique avec beaucoup
d’adrefle.
DIAMANT. Il paroît d’abord extraordinaire
que le diamant, qu’on a fi long-tems placé dans
le rang des pierres précieufes ou des criltaux gemmes
; que le diamant, un des corps les plus durs
& les plus inaltérables de la nature,, foit aujourd’hui
compté au nombre des fubftances fimples &
combuftibies , près du foufre 8c du phofpore.
Bergman l’a rangé, en 1784 , à côté des bitumes,
en y reconnoilTant une matière inflammable, quoiqu’il
y eût admis fept ans auparavant, en le plaçant
à la fuite de fon analyfe des gemmes , deux
terres alliées à ce corps inflammable , dont il pa-
roiffoitcroire le diamant fpéciaiement formé} mais
il faut obferver qu’il n’a travaillé que de la pouf-
fière ou de l’égrifé de diamant du commerce , qui
eft finguliérement impur.
Newton, confidérant la grande force réfringente
du diamant, devina qu’il devoit être combuftible.
Cofme I I I , grand-duc de Tofcane, fit faire le
premier à Florence, en 16948c 1695, par les membres
de l’académie de! Cimento, des expériences,
d’où il réfulta que , traité au miroir ardent, il fe
ternifloit, fe dépoliffoit, perdoic de fon poids,
ou Je diflipoit fins aucun veftige. Bien des années
après, François-Etienne de Lorraine, devenu depuis
grand-duc de Tofcane, 8c enfuite empereur
fous le nom de François 1er. , a fait à Vienne une
fuite d’effais, où il a jvu les diamans fe détruire
au fimple feu des fourneaux. Monfieur Darcet a
prouvé enfuite qu’il fe détruifoit même dans des
creufets de pâte de porcelaine bien dos. Macquer
a vu le premier, en 1771, le diamant fe gonfler.8c
brûler avec une auréole lumineufe ou une flamme
très - fenfibîe. Rouelle le jeune, Roux, Cadet,
Mitouart, ont conftaté, par beaucoup d’expériences
, la volatilifation 8c la combuftion du diamant.
C ’eft à Lavoifier que font dues les dernières &
les plus exactes recherches fur les phénomènes 8c
les produits de cette combuftion.
Le diamant n’a encore été trouvé que dans quelques
pays des Grandes-Indes, furtouc à Golcoads
& à Vifapour. On en tire de moins beaux du Bré-
fil : on dit qu’ils exiftent fous des roches granitiques
J entre des couches de terre ocracée } qu’ils
y font toujours enveloppés ou enduits d’une croûte
terreufé, lamelleufe & fpathi-forme; quelquefois
on en rencontre de roulés 8c brillans da.ns les eaux.
On en diftingue , dans le commerce , de diverfes
efpèces par la dureté , la nuance, la belle eau ,
la couleur, car il y en a qui font teints comme des
criftaux gemmes. Quelques-uns font veinés, tachés,
nuageux : on affure que ces derniers défauts
difparoiffent en chauffant quelque tems les diamans
dans des creufets bien clos. Toutes les différences
indiquées ic i, & même celles de la forme,
ne conftituent point des efpèces, mais de fimples
variétés du diamant.
On
D I A 1 D O
On ne connoît aucun corps auflî dur que le diamant
, puifqu’il n’en eft aucun qui puiffe l’entamer
par le frottement : on ne peut l ’ufer & le polir
qu’en frottant des diamans les uns contre les autres}
alors on recueille une pouflière nommée égrifé.
Quoique très-dur, le diamant eft loin de la pefanteur
Spécifique des métaux. Suivant M. Briffon,
fa pe&nteur eft de 35,212 à 35,3 ro. Sa forme eft
prefque toujours régulière. On le trouve en octaèdre
régulier, qui eft fa forme primitive : celle
de fes molécules eft le tétraèdre régulier. Ce qu’on
nomme diamant fphéroïdal eft à quarante - huit
faces triangulaires curvilignes, & doit cette fin-
guiière criftallifation à un décroiffement régulier,
que M. Haiiy a fournis au calcul. Les lapidaires,
en le taillant, y reconnoiflent des lames dans lé
fens defquelles il eft bien plus facile de l’entamer:
c’eft ce qu’ils nomment cliver les diamans. Les plus
durs femblent être formés de fibres entortillées : on
les nomme chez les lapidaires, diama.ns de nature.
Le diamant, expofé à la lumière, la réfraéte » & la
décompofe plus efficacement qu’aucun autre corps
tranfparent ; c’eft la propriété par laquelle il plaît
le plus : il brille de tout l’éclat de i’arc-en-ciel,
furtout quand on multiplie fes effets par la taille
& le nombre de facettes polies dont on l’environne.
Ceux qui font taillés en pyramides des deux
côtés, portent le nom de brillans ; & l’on nomme
rofes les diamans tailiés d’un feul côté, & fciés ou
plats de l’autre. Lé diamant paroît avoir la propriété
de retenir la lumière entre fes molécules.
Lorfqu’on Fa Jaifle quelque tems au foleil & qu’on
le porte enfuite dans l’obfcurité, il eft lumineux
& comme phoiphorique j il eft de plus très-fenfi-
blement électrique par le frottement.
Le calorique, accumulé en grande quantité dans
11 diamant3 après l’avoir dilaté fans le fondre, le
fait cependant légèrement bouillonner, fe gonfler,
fe feorifier même dans quelques points. Il paroît
encore perdre une portion de fon brillant extérieur,
fe ternir, 8c même fe couvrir d’ une efpèce
d’enduit noirâtre lorfqu’ il y a un peu d’air dans
l’appareil. A un feu très-fort & long-tems continué,
comme celui des fours à porcelaine , le diamant
3 quoique renfermé dans des creufets de pâte,
fe volatilife, 8c difparoît en laiflant vide l’efpace
qu’ il occupoit au milieu de cette pâte. Ce fingu-
lier réfultat obtenu par Darcet, 8c vérifié par
Macquer fur le charbon traité de même, tient à
1? dilatation de la pâte par le grand feu, 8c à la
combuftibilité du diamant3 qui ne peutlaiffer d'ailleurs
aucun doute.
Le diamant, qui n’éprouve aucune efpèce d’altération
à froid dans le gaz oxigène, eft certainement
fufceptible d’y brûler,même avec flamme &
décrépitation, lorfqn’on l’y plonge très-échauffé,
ou environné d’autres matières combuftibies qui
peuvent y. mettre le feu. Qn n’avoit pas encore
vérifié exa&ement, avant M. Guyton, ce qui fe
paffe dansce genre de corn buftion ,qu’on peut faire
Ch im i e . Tom. IV»
D I A
suffi, foit à l’aide des rayons du foleil réunis par
une loupe, 8c portés fur des diamans renfermés
dans des cloches pleines de gaz oxigène, & fou-
tenues fur le mercure} foit, & bien plus commodément
encore, en faifant pafler du gaz oxigène
bien pur dans un tube de porcelaine où l’on aura
fait rougir du diamant. Tout annonce que le produit
de cette combuftion fera le même que celui
du carbone, comme on le voit en traitant le dia*
mant à l’air. On avoit annoncé, en feptembre 1791,
qu’on avoit brûlé un diamant à Prague en le plongeant
dans un vafe plein de gaz oxigène, après y
avoir attaché un petit bout de fil de fer rouge,
dont la combuftion, excitée par le gaz oxigène,
s’étoit communiquée enfuite au diamant, qui avoit
brûlé avec le plus grand éclat. On annonçoit encore
que les diamans du Bréfil ne brûloient pas
par ce moyen : on devoit fe fervir de cette expérience
pour déterminer ce qui arrivoit au gaz oxigène.
Il n’eft rien parvenu fur la fuite de cette
jolie expérience, comme la défignoit M. Landriani
dans fa Lettre. {Annal, de chimie, tom. X I , p. 156.)
Aujourd’hui les phénomènes & les réfuitats de
cette combuftion du diamant dans le gaz oxigène
font connus 5 je les donnerai à la fin de cet article.
I) eft bien démontré que le diamant3 chauffé avec
le contaél de l’air, au fimple feu du fourneau de
coupelle, fe gonfle quand il eft rouge, commence
par offrir une couleur plus éclatante que le vafe
qui le porte, eft bientôt environné d’une auréole
lumineufe ou d’une véritable flamme blanche un
peu verdâtre, & , lorfqu’ il a atteint cette température
, ne carde pas à difparoître dans l’air qui
l’environne, en continuant à briller du même éclat
jufqu’à fa dernière molécule. Ces phénomènes,
apperçus pour la première fois par Macquer en
17 71 , confirmés enfuite par MM. Darcet, Rouelle
le jeune, Roux, Bucquet, Cadet, Mitouart,
Guyton, 8c par moi-même, ne laiffent aucun lieu
de douter que le diamant n’éprouve , dans ce cas,
une véritable combuftion. Lorfqu’ on arrête l’expérience
après que la flamme a commencé, le
diamant refroidi a perdu de fon poids, & fouvent
il eft noirâtre à fa furface. Cette dernière couleur,
qui le recouvre comme un enduit, a furtout lieu
quand on le chauffe moins qu’il eft néceft’aire pour
le brûler. Si on le chauffe dans des cornues, il ne
perd de fon poids qu’en raifon de la quantité d’air
contenu dans Fappareil, comme l’a reconnu Lavoifier.
Ce célèbre chimifte ayant expofé des diamans
dans des cloches pleines d’air, renverfées fur
l’eau & fur le mercure au foyer d’un verre ardent,
a conftamment vu le volume de l’air diminué d’environ
un feptième , les diamans perdre de leur
poids, 8c t ce qui eft bien plus remarquable encore,
Je gaz oxigène atmofphériquê converti en gaz
acide carbonique. En étabîiliant, à la fuite de-fes
expériences, une comparaifon entre les eff ts du
charbon 8c çeux du diamant, il laiffoit déjà entrevoir
en 1792* que ces deux corps avoient la plus