
ganefe en brun , qui fe fonce promptement à Pair,
& par le feul contact de l’eau qui contient de
l’air.
43- Le manganefe n’éprouve aucune aéfcion de la
part des terres ; l'on oxide fe combine &.fe-vitrifie
avec elles en les colorant d’une manière diverfe,
fuivant que cet oxide contient plus ou moins
d’oxigène, & eft plus ou moins chargé de fer. En
général, ces frittes vitreufes ont des couleurs
vertes , fombres, brunes , noirâtres oil d’un vert-
jaune j elles font très-rarement rouges lorfqu’on
» y ajoute pas de flux proprement dir.
44. Les alcalis purs favorifent l’oxidation du
manganefe & la décompofition de l’eau par ce
métal , parce qu’ils s’unifient facilement à cet
oxide. Schéele a bien décrit l’ union des alcalis
fixes avec l’oxide de manganefe. Par la voie fèche,
ces deux corps le fondent enfemble en une ma fie
d’un vert-foncé, qui eft dilfo’uble dans l ’eau ± &
qui la colore en vert. En gardant cette difiolution
dans un vafe bien bouché, il s’en précipite un
oxide de fer jaune, & la liqueur verte pafie au
bleu. L’eau précipite la difiolution alcaline en lui
donnant une couleur violette, puis rouge. A me-
fnre que les molécules fe raffemblent, la liqueur
devient blançhe. L’addition de quelques gouttes,
d’acide pu l’expofition à l’air produifent le même-
effet de précipitation, & les mêmes nuances de
couleur , en oxidant davantage le manganefe. L’acide
arfenieux, ajouté à cette difiolution alcaline,
lui ôte toute fa couleur, & la rend blanche en lui
enlevant fon oxigène. En ajoutant du charbon à.
l’oxide de manganefe, que l’on fait fondre avec
llalcali, il y a efferyefcence , dégagement d’acide
carbonique, & décoloration ou changement de la
couleur en gris-blanc. L’acide carbonique eft ici
formé par l’union du carbone avec l’oxigène de
l’oxide, & celui-ci repafie à l’état d’oxide blanc.
C ’eft en raifon de ces changemens fi remarquables
de couleur, ainfî que des nuances fi variées que
prend la liqueur traitée de différentes manières, ;
qu’on a donné à cette combinaifon le nom de i
caméléon minéral. Ces phénomènes fe retrouvent
dans les cendres & dans les alcalis du commerce,
ui contiennent une certaine proportion d’oxide
e manganefe , & qui fe colorent de beaucoup de
manières différentes, fuivant qu’iis attirent l’humidité,
qu’on les expofe à l’air, qu’on les traite
par les acides. M. Guy ton penfe que, dans cette
combinaifon, le manganefe eft à l’état acidifié, &
H le nomme acide manganéfique.
45. Schéele avoit entrevu l’altération que l’ammoniaque
éprouve, de la part de l’oxide de man-
ganefe , dans la diftillation de cet oxide avec le
mûri a te ammoniacal 5 il avoit foupçonné que l’ammoniaque
éroit en partie décompofée, & c’eft à
cette décompofition qu’il attribuoic i’efpèce de
gaz. qu’il ayoit obtenu, & qu’il avoit foigneufe-
ment diftingué d’avec l’acide carbonique. M. Ber-
tfrollet a mis cette vérité hors de doute ; il a fait
{"Voir qu’en diftiliant ces deux corps, I'hydrogènê,‘
quittant l'ammoniaque, fe portoit fur l’oxjgène
de l’oxide de manganefe, avec lequel il fôrrtioit de
l’eau, & que l’azoté, autre principe de cet alcali
volatil, fe dégageoit en liberté. M. Mijnèr.a .fait
depuis une autre découverte,fur cette a&ion; réciproque
& dé;compofant.e. En.faifant pafier! du
gaz ammoniaque à.travers un tube rempli d’oxide
de manganefe rouge de feu, il a eu du gaz nitreux
par l’union de l’azote de l’ammoniaque avec l’oxigène
de l’oxide. C ’eft un des phénomènes qui,
comme on voit, confirment, avec le plus de force,
les bafes de la doctrine pneumatique fur la nature
comparée de l’acide nitrique, de l’ammoniaque,
de l ’eau & des oxides métalliques. Il n’eft pas
invraifemblable que l’oxide de manganefe né puifife
devenir quelque jour un des moyens les plus fruc-
; tueux de la production de l’acide du nitre dans les
nitrières. artificielles,-
46. Le manganefe & fes oxides n’ont pas d’aétion
connue fur les fulfates : ces Tels ont cependant la
propriété de décolorer, au grand feu, les verres
colorés par le manganefe. Les nitrates brûlent aifé-
: ment ce métal, & l’oxident fortement; c’eft pour
’ cela que le nitre fondu colore, en violet ou en-
; rouge , le.s verres blanchis par cet oxide, en lui
rendant l’oxigène qui lui avoit été enlevé dans la
fufion de ces verres.Ues oxides noirs de manganefe
décompofent à chaud le nitrate de potafte, en dégagent
l’acide &: fe combinent avec fa bafe, en
formant un compofé femblable à celui que l’on
forme immédiatement avec les alcalis.
47. Les phofphates & les borates, fondus au
chalumeau avec l’oxide de manganefe, donnent des
couleurs qui varient fuivant l’état de cet oxide, &
fuivant le genre de fufion qu’on leur fait éprouver.
Bergman & Schéele ont donné des détails très-
précis fur les phénomènes de ces combinaisons.
Un globule de phosphate d’ammoniaque & de
foude, fondu au chalumeau avec de l’oxide noir
de manganefe, le colore en bleu-rouge, ou en
rouge fi on met plus de cet oxide. En le chauffant
long-tems fur le charbon, ou en ajoutant un peu
de celui-ci en poudre, fa couleur fe diflipe avec
effervescence : cela n’a lieu qu’avec la flamme bleue
intérieure du chalumeau ; mais fi on n’emploie que
la flamme blanche extérieure, & que le globule
vitreux fe trouve ainfi dans l’air, la couleur repa-
roit dans les mêmes nuances. Le nitre la fait repa-
roître fur le champ , au lieu que le' foufre, les
fulfates, les métaux & beaucoup d’oxides métalliques;
la détruifent, le premier de ces corps en
rendant de 1 oxigène au manganefe, & les. féconds
en le lui enlevant. On peut :de nouveau, & lorf-
qu on a blanchi un globule vitreux falin chargé de
manganefe par fa défoxidation, lui redonner les
premières couleurs, en Je refondant quelque terris
dans une cuiller d’argent ou de platine, avec le
conta#: de l’air qui lui rend l’oxigène dont il a
été privé. Dans les changemens qui ont lieu fi
facilement
facilement en petit & au chalumeau, on obferve
une différence fenfible fi on les produit ou fi l’on
efiâie de les produire dans des creufets. Le charbon
& le foufre agifient bien comme décolorans
ou défoxidans , & le nitre .comme colorant ou
oxidant ; mais les fulfates & les oxides métalliques
ne produifent plus les effets qu’ils donnent
au chalumeau, parce que le conta# de l’air dans
un cas, & de la vapeur combuftible de la flamme
bleue dans l’autre, agifient bien plus fortement
fur le globule, que des corps analogues ne peuvent
agjr dans un creufet.
. 48. Le borax fait naître ces phénomènes, avec
quelques légères différences, dans les couleurs.
Au lieu du bleu-rougeâtre donné au phofphate,
elle eft ici d’un jaune-rouge ; la faturation par
l'oxide eft , à la vérité, rouge de rubis dans l’un
& l’autre. Le charbon efface ici les coujeurs plus
tard & plus difficilement que dans le phofphate,.à
caufe de l’adhérence plus forte que l’oxide contracte
avec le borax.
49. Ces beaux phénomènes de coloration , donnés
aux flux par l’oxide de- manganefe en difféiens
états d’oxidation, expliquent facilement comment
cet oxide blanchit le verre. C’eft l’oxide de fer
qui tend le plus ordinairement à colorer le verre,
Sz cet oxide n’y eft pas faturé d’oxigène. En y
ajoutant dé l’oxide de manganefe, celui-ci cède au
premier tout l’oxigène qui lui manque pour devenir
blanc, & pafie lui-même à cette nuance en
perdant une portion de ce principe. On voit pourquoi
le nitre lui redonne la couleur violette en
lui rendant l’oxigène qu’il avoit perdu. Beaucoup
d’autres oxides métalliques, & en général toutes
les matières combuftibles qui peuvent enlever ce
principe à l’oxide de manganefe. noir, & qui font
fouvent partie de la combinaifon .vitreufe,qu’elles
colorent, blanchilfent également par cet oxide.
On voit encore qu’il faut en mettre une dofe proportionnée
à celle des matières colorantes unies
au verre. Si on en met trop peu, il refte de la
couleur primitive ; fi l’on en met trop, l’oxide,
qui n’eft pas tout défoxidé, colore à fa manière, en
violet ou en rougeâtre, !ë verre.trop manganéfé.
jo. On peut concevoir, d’après tout ce qui a
été expofé ici, que le manganefe & fon oxide doivent
être des inftrumens extrêmement utiles en
chimie : le premier, comme métal ^extrêmement
combuftible, & abforbant à beaucoup d’autres
corps l’oxigène pour paffer à l’état d’oxide blanc ;
le fécond, à l’état noir ou dans fon maximum
d’oxidation, comme portant dans les corps une
portion abondante & très-a#ive de l'oxigène qu’il
contient. Aufli, outre l’acide muriatique oxigéné
que cet oxide forme , peut-il être employé à
l’analyfe de beaucoup de corps, & malgré l’état
d’avancement de la fcience, on peut annoncer que
les fervicés que lui a dçjà rendus ce beau métal,
ne font rien encore en Tes comparant à ceux qu’il
lui rendra par la fuite,
Ch im ie * Tome /K .
f i . Les arts tirent un grand parti de l’oxide de
manganefe. Outre fon emploi dans les verreries
pour blanchir le verre, emploi qui b fait nommer
favon des -verriers , il fert aux émaux, à la porcelaine,
8ec. Il eft important de faire remarquer ici,
que les connoiflances exactes acquifes aujourd hui
fur la nature, les différences & les propriétés dif-
tinéiives de cet oxide, fuivant fes differens étais
d’oxidation , pourront, lorfqu'elbs feront plus
généralement répandues , & iorfqu’elles feront
tranfportées dans les ateliers de verrerie, de porcelaine
& d'émaux, guider les artiftes & les ouvriers
avec bien plus d’affurance que la routine
aveugle & l’empirifme trompeur qui les ont dirigés
jufqu’ici. En un mot, pour les arts & pour la
fcience, le manganéfé eft un corps dont l’étude a
déjà conduit, & doit conduire encore aux plus
utiles & aux plus importans réfultats.
MANNE. La manne eft une matière fucrée ,-
concrète, grenue, blanchâtre ou jaunâtre, fèche
& caftante, fous la forme de larmes ou de ftalac-
tites, ou un peu molle , & alors brunâtre & en
f'ragmens ou mamelons irréguliers. Cette matière
découle liquide de l’écorce & des feuilles des frênes
dans la Calabre, & de plufieurs autres arbres
dans les pays chauds. Il paroît que c’eft lui qui
forme l’enduit luifant & fucré qui fe dépofe fou-
vent fur les feuilles de l’orme, & que l’on nomme
dans quelques pays la miellée.
On diftingué la manne en larmes ou la plus pure
qui eft: blanche , fèche & en ftaladites ; la manne
en fortes, mêlée de plufieurs fragmens bruns, 8c
moins purs que ceux de la précédente ; & la manne
grafte, en merceaux de diverfes couleurs, agglomérés,
humides : ce lle -c i, la moins bonne des
trois, eft la plus purgative ; elle a une faveur déf-.
agréable & nauféabonde. La manne en larmes n’eft
pas aufli médicamenteufe ; elle eft fi éloignée d’avoir
un goût défagréable, que quelques perfonnes
la mangent avec plaifîr.
On a cru long-tems que la manne étoic une ef-
pèce de fucre impur, & d’où l’on pouvoit, par le
raffinage, extraire du véritable fucre criftallifé. II
paroît que cette opinion eft une erreur ; que la
manne eft un fuc fucré, différent du fucre propre-,
ment ait, non criftallifable, & qui donne de l ’acide
muqueux par l’acide nitrique , comme les
g om m e s c ’eft plutôt une efpèce de corps muqueux
fucré , comme le fuc des fruits doux bien
mûrs, du raifîn & des figues furtout. ( Voye^ les
articles SüGRE , MUCILAGE, M u q u e u x . )
. MARBRE, dénomination donnée par les mïné-
ralogiftes, les fculpteurs & les ftatuaires, à beaucoup
de fubftances naturelles, pierreufes ou fali-
no-pierreufes. La principale, celle qui mériteroit
peut-être feule ce nom, eft le carbonate de chaux
faccaroïde, compofé de grains fins criftallins,
opaque , fufceptible de poli, ou le marbre ftatuaire,
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