
ou prefque plus. ( Vbyè% les mots Affinités ,
Attraction , Corps , Molécules , Particules.
)
DISSOLVANDE. On emploie quelquefois ce
mot pour défigner le corps à diffoudre ou qui doit
être diffous. Il eft aujourd'hui peu en ufage.
DISSOLVANT. Oi) nomme dîjfolvant tout liquide
qui a la propriété de diffoudre ou de fondre
un corps folide, foit en écartant feulement fes
particules, foit en changeant & en altérant leur
nature. ( Voye[ le mot Dissolution.)
On dit dans ce fens, que l'eau eft le dîjfolvant
naturel des Tels, le grand dîjfolvant de la nature ;
que l'alcool eft le dîjfolvant des refînes 5 que les
acides font les dijfolvans des métaux.
DISSOLUTION. Ce mot a deux acceptions
differentes Tune de l'autre. On l'applique à la
fimple divifion qu'un folide éprouve dans un liquide
& à fon paflage à ce dernier é ta t, fans
changer pour cela de nature > par exemple , à la
fufion du fd marin, du fucre, au miel folide dans
l'eau ; 20; à la difparition d'un métal, du marbre,
d'une pierre calcaire dans un acide liquide dont
il partage la liquidité, mais pendant laquelle ces
corps changent de nature, de forte qu une fois
diffous dans l'acde, ils ne font pas ce qu'ils étoient
auparavant. Quelques chimiftes ont propofé d'adopter
le mot dijfolution pour ce dernier cas, &
de prendre le mot Jbludon pour le premier. Cela
feroit d'autant plus utile, & jufqu'à un certain
point d'autant plus exadfc, que ces mots fe rappro-
cheroient alors davantage du langage commun &
général, dans lequel on entend par dîjfolution des
corps, leur deftrudtion & la perte de toutes leurs
propriétés primitives , tandis que le mot folution
défîgne un fimple écartement de parties.
Cependant cette propofition n'a point été adoptée
, & Ton fe fert arbitrairement du mot dijfolu-
tion pour exprimer l'un & l'autre des deux cas
indiqués. L ’habitude ancienne où cette diftinétion
n’avoit pas lieu Ta emporté, & les rapports comme
le befoin des mots analogues dijfoudre, dijfolvande,
dîjfolvant ’ ont fans doute contribué beaucoup à
conferver le mot dîjfolution.
Il faut donc céder à l'ufage qui n'a point adopté
le mot folution, 8c qui a confervé au mot dijfolu-
tion fa double acception.
Pour obvier à cet inconvénient, qui peut em-
barraffer l’ufage d'un mot très-utile & très ? fréquemment
employé, on pourroit y ajouter l'épir
thète Jîmple ou compofée , pour défigner par la
première expreflion de dîjfolution fimple celle où il
n'y a que divifion de parties, 8c par la fécondé,
dîjfolution compofée 3 celle où il y a changement de
nature.
Ainfi Ton définiroit la dijfolution Jîmple une opération
dans laquelle un corps folide fe fond dans
un liquide fans autre changement de la part des
deux corps que celui de leur état, 8c la dîjfolution
compofée l’opération dans laquelle le corps diffous
ou le corps diffolvant, 8c quelquefois tous les
deux, changent de nature en changeant d'état,
foit parce que Tun des deux perd un de fes principes,
foit parce qu’ils en perdent tous les deux,
foit parce que Tun fe charge de ce qse perd
l'autre, 8cc.
Dans toute dijfolution on diftingue le corps à
diffoudre ou dijfolvande 3 8c je corps qui opère la
dijfolution ou le dîjfolvant. ( Voye£ ces deux mots.)
Souvent aulfi le mot dijfolution eft employé pour
défigner le réfultat liquide de l'opération plutôt
que l’opération elle-même. C ’eft ainfi qu'on dit
dijfolution d'un fel, d’un alcali ; dijfolution de fucre,
dijfolution d’un métal 5 dijfolution de fer, de plomb ,
de mercure, de cuivre , d'argent j quelquefois
même ces dernières dénominations, quoique très*
générales pour une langue exa&e 8c bien fyftématique,
s’appliquent £ un fel particulier, à caufe
de la fréquence 8c de l'utilité de fon emploi. Ou
entend par dijfolution de mercure & d'argent celle
de ces métaux dans l’acide nitrique-; mais cette
nomenclature eft vicieufé 8c doit être bannie.
On donnoit, dans les anciens livres de phyfiqu©
8c de chimie, une définition ou une explication
ridicule de la dijfolution. On y repréfentoit les
corps diffolvans comme compofés de petites aiguilles
qui s'introduifoient dans les pores des corps
à diffoudre, 8c qui en écartoient les particules de
manière à les féparer les unes des autres. Cette
explication ne pouvoit pas faire concevoir comment
8c par quelle force les aiguilles étoient mues
pour pénétrer ces corps 8c en opérer l'écartement
: il falloit imaginer de petits marteaux pour
pouffer les aiguilles, 8c une main intelligente pour
diriger les petits marteaux.
Aujourd’hui les chimiftes expliquent la dijfolum
cion par la force d’attra&ion des molécules liquides,
qui l ’emporte fur celle des molécules folides. Ils
attribuent avec raifon autant d'énergie 8c d'aélion
au folide ou au diffolvande qu'au liquide. Ils pen-
fent qu’il y a autant de tendance dans, le folide
pour folidifier le liquide, qu’il y en a dans celui-
ci pour liquéfier le premier. Ils en citent pour
preuve ce qui arrive dans la très-fimple opération
de diffoudre ou fondre du fucre dans l'eau. Le
fucre en poudre, fur lequel on jette de l'eau, commence
par abforber une portion de ce liquide avec
laquelle il fe prend en malfe, 8c s’il n'y avoit que
quelques gouttes d’eau, la poudre formeroit un
folide en les abforbant, comme on le voit faire au
fel fin tenu dans un endroit un peu humide. Il n’y
a dijfolution qu'en raifon de la grande quantité
d’eau comparée à celle du fucre, 8c à la force de
l’affinité du liquide qui l'emporte fur celle du
folide.
DI£THËN£. Pierre nommée fappart par Sauf-
D I S
fure, cyanit par Emmerling, fchorl 8c talc bleu
par quelques autres minéralogiftes, 8c que M. Haiiy
a défignée par le nom de dijlk'ene, qui fignifie ayant
deux forces3 parce qu’elle jouit, dans quelques
criftaux , de Téleétricité réfineufe , 8c dans d’autres
de Téleétricité vitrée.
Sa pefanteur eft de 3,517 ; elle raie le verre
par fes peintes ; elle a une réfraction fimple : fa
forme primitive eft un prifmequadrangulaire oblique
; elle varie par deux facettes additionnelles,
par des criftaux accolés, par des lames en rectangles
alongés 5 elle eft bleue, blanche ou jaunâtre,
plus ou moins tranfparente.
Cette pierre eft fi infufible, que Sauffure Ta pro-
pofée pour fupport dans les expériences au chalumeau.
Sa couleur s'altère 8c fe diffipe par une
haute température 8c en la chauffant long-tems.
L'analyfe y a fait trouver à M; Laugier, aide
chimifte du Muféum d'hiftoire naturelle , cinquante
cinq parties 8c demie d'alumine, trente-
huit 8c demie de filice, deux 8c demie d'oxide
de fer, une demie de chaux , deux tiers d’eau; il
y a eu deux centièmes de perte. M. Sauffure le
fils, qui a analyfé la même variété de dijthéne du
Saint-Gothard que M. Laugier , y a trouvé deux
centièmes de magnéfie, fix centièmes de fer , 8c :
fa perte, a été de quatre.
• On emploie quelquefois les, beaux morceaux 1
âe dijlh'ene bleu 3 comme des faphirs, pour ornement.
i
DISTILLATION. La difiliation eft une opération
chimique , par laquelle , à l'aide de la chaleur
, on fépare les corps volatils des corps fixes
ou moins volatils.
L'intenfité de la chaleur, la forme 8c la nature
des vaiffeaux doivent varier fuivant Tefpèce de
matière que Ton veut diftiiler. En effet, comme
il y a peu de corps qui jouiffent d’une fixité par-
faite, relativement à la température que les chimiftes
peuvent produire , il eft évident que, pour
féparer d'un mélange ou d'une combinaifon le
principe le plus volatil, il ne faut pas donner affez
de feu pour volatilifer le plus fixe.
Il fuit de là que, pour diftiiler avec fuccès un
mélange ou une combinaifon quelconque, i] faut
connoître le degré de chaleur auquel chaque matière
fe réduit en vapeur, fans quoi Ton s'expofe
à n'obtenir pour produit qu'un nouveau mélange
au lieu d’un corps pur.
Mais cette connoiffance n'eft pas facile à acquérir
lorfqu'il y a ■ combinaifon chimique entre
les fubftances qu’on fe propofe de diftiiler, parce
que leur volatilité 8c leur fixité refpeélives font
changées : prefque toujours le principe le plus
volatil acquiert de la fixité, 8c le corps le plus
fixe prend de la volatilité ; effet qui eft dû à
Taffinité. 1
Il y a cependant des cas où les corps deviennent
plus fixes par .leur-combinaifon, c ’eft-à-dire, que ‘
D I S i5g
celle-ci eft moins volatilé que le plus fixe de f-s
élémens. Il arrive auffi quelquefois , mais plus rarement
, qu’une combinaifon eft plus volatile que
le moins fixe de fes principes : il eft évident que,
dans ce dernier cas, il eft impoffible de féparer
les principes du corps par la diftillation.
Sans entrer ici dans l'explication de la caufe
de la volatilité diverfe des corps fîmples ou compofés,
je dirai feulement que l’effet en eft dû à
la facilité plus ou moins grande avec laquelle les
molécules de ces corps cèdent à la force expan-
five de la chaleur : d’où il fuit que plus Taffinité
des molécules des corps fera grande, moins facilement
ils feront réduits en gaz, & vice vérfâ.
Lorfqu'il n’y a que mélange entre les corps,
Ton peut toujours déterminer le degré de chaleur
où chacun d'eux entrera en expanfion , & fe guider
d'après cela pour les obtenir féparément.
Pour donner un exemple du cas où les principes
plus fixes acquièrent de la volatilité, & les
principes plus, volatils de la fixité par leur com-
.binaifon, je prendrai le vin. L’on fait que l’alcool
s'élève en gaz à foixante-quatre degrés du thermomètre
de Réaumur, & que l'eau n'entre en
expanfion qu’à quatre-vingts degrés. Eh bien ! fi
vous n'élevez cette liqueur qu'à foixante-quatre
degrés , vous n’obtiendrez prefque pas d’alcool,
& même cet alcool contiendra de l'eau. G’eft
furtout à l'époque où les dernières portions de
Talcool s'élèvent, qu’elles entraînent avec elles
une plus grande quantité d'eau, parce que, pour
obtenir ces dernières parties, on eft obligé d’élever
la température, fans quoi elles feroienr reftées
avec l’eau : de là il réfulte que lorfqu’il n’y a
pas- une grande différence entre les momens où
; les corps fe réduifent en gaz, principalement lorsqu'ils
font combinés, il eft impoffible de les féparer
complètement, 8c de les obtenir à l'état de
pureté ; ou bien il s’élève une portion du corps
le plus fixe avec le plus volatil, ou il refte avec le
premier une partie du dernier. Cependant, pour
s’oppofer à l ’effet de cette affinité, on a imaginé
pour quelques fubftances, des appareils au moyen
defquels le corps le plus fixe ne peut jamais atteindre
le degré de chaleur dont il a befoin pour
paffer à l'état de gaz. Ces appareils confiftent en
plufieurs corps placés entre les points calorifiques
8c la combinaifon à diftiiler : ils font nommés appareils
à bain d'eau ou bain-marie, à bain de fable,
&c. Ainfi, au lieu de diftiiler l’eau-de-vie3
qui eft une combinaifon d’alcool & d'eau , dans
la cucurbite de l'alambic, comme le vin , on la
met dans un vafe d’étain, qui entre dans la cucurbite
, 8c qui eft environné d’eau ; par ce moyen,
la liqueur contenue dans le vafe ne peut jamais
acquérir le degré de chaleur néceffaire à l’ébullition
de l’eau, & ce degré fuffit pour faire bouill r
Talcool, furtout au commencement de l’opération,
où ce dernier eft plus abondant ; cependant
la réparation, quoique plus exa&e , n’eft pas en