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On a tenté, mais fans beaucoup de fiiccès, de
féparer l’or du cuivre par le plomb , en liquatant
le cuivre aurifère & argentifère provenant de pyrites
cuivreufes. Dans cette opération, le plomb
entraîne avec lui prefque tout L’argent avec un peu
d o r, & le cuivre dont l ’affinité pour l’or eft très-
grande , retient la plus grande partie de ce métal
avec un peu d'argent. AulTt en Hongrie, où l’on
fait ce procédé, laifle-t-on beaucoup d or dans lé
cuivre liquaté, & même abandonne-t-on certains
cuivres plus pauvres encore, dans la perfuafionou
l ’on eft qu’il eft impoffible d’opérer cette réparation
au-dela de certaines limites. Peut-être recu-
leroit-on ces limites en traitant le cuivre noir par
le plomb avant qu’il foit affiné ; ce qui revient à
peu près au procédé de Jare, qui confeille de
fulfuriler le cuivre aurifère par des pyrites, ou
d’en faire rétrograder une partie à l’état de cuivre
noir dans lequel l’or fe concentrera : l’autre partie
lera réduite en malte, & contiendra très-peu d’or.
C ’elt ce cuivre noir enrichi qu’on liquate.
M. Haflenfratz propofe de traiter immédiatement
le cuivre aurifère par la galène ou plomb
fulfuré î alors on introduit à la fois les deux agens
de feparation du cuivre & de l’or. On peut remplacer
tous ces procédés par l’amalgamation (voyeç
ce mot) , au moyen de laquelle on enlever! tout
1 or après avoir oxidé le cuivre, fi cette opération
n eft pas trop difpendieufe.
Pendant la révolution, on a traité le métal de
cloches pour en féparer le cuivre. Après un certain
nombre d’oxidations & fufions fucceffives qui
tendoient à concentrer le cuivre dans l’étain, on
parvenoit à des fcories qui contenoient affez d’étain
pour fupporter la liquation. Alors on couloit
l’alliage en pains pour être expofé dans de grands
cylindres de fer à un feu gradué. 11 s’écoule d’abord
de I étain feul, puis de l’étain cuivreux, puis
enfin du métal blanc , & il refte un cuivre ftanni-
fère qui eft traité avec le métal de cloches.
A Schnéeberg en Saxe, on retire le bifmuth
du cobalt arfénié bifmutifère par une fimple/%üa-
tion3 dans des cylindres de fer placés fur des fourneaux
du genre des galères.
Nous ne nous étendrons pas davantage fur les
liquations ufilées dans le traitement des combinaisons
métalliques. Nous remarquerons feulement
que l’on opère fouvent dans la métallurgie, des
réparations ou départs fondés fur la différence de
fufibilité des fubftances alliées. C ’eft ainfi qu’on
purifioit les ftuck ou maffes de fer obtenues dans
les fourneauxSyriens appelés ftuck ofen, en les ex-
pofant à une chaleur incapable de les fondre en
maffe, mais qui détèrminoit la formation d’un fer
très-carbure fufible , lequel s’écouloit en enttaî-
nant ainfi le carbone qui excëdoit la proportion
néceffaire à la compofition de l’acier. On ufe du
même procédé pour la décharbonifation de certaines
fontes qu’on veut faire pafler à l’état de fer
& dans la préparation de la fonte pour l’affinage
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a CoLebrookdale dans le Shropfkire en Angleterre.
On pourroit multiplier fans peine ces exemples,
mais nous nous arrêterons ici pour ne pas trop prolonger
un article qui peut etre excède déjà les
bornes convenables. ( Par M. M. F. Calmelet,
élève ingénieur des mines. )
LIQUÉFACTION. Ètatliquide des corps, communiqué
ou produit par la chaleur, foie naturelle,
foit artificielle : on dit auffi que le foufre,
le plomb, la cire, le fuif, entrent en liquéfaction.
Ce mot, comme celui de liquéfier, veut dire très-
exaCtement rendre liquide. ( Voye[ Fusion.)
LIQUEURS. Quoique le mot liqueurs puiffe
être pris en général pour défigner tous les corps
liquides, on l’applique plus particuliérement aux
boiftons alcooliques aromatifées & fucrées qu’on
prend à table & à la fin du repas > auffi les nomme-
t-on fouvent liqueurs de table. Ce font en général
des eaux diftillées aromatiques, mêlées avec de
l’alcool & du fucre, ou des diffolurions d’huiles
volatiles dans l’alcool, mêlées avec du firop, où
des fruits, des fleurs, des écorces macérées dans
l’eau-de-vie ou l’alcool, & mêlées avec le firop.
Ces dernières portent le plus fouvent le nom de
ratafiats.
Les recettes des liqueurs de table font extrêmement
variées. En général, on y emploie comme
aromates, iacanejle, le girofle , lamufcade, la
vanille , la fleur d’orange, la rofe, l’angélique,-le
fafrari , l’anis, la badiane ou anis étoilé: on les
colore avec la cochenille, le fafran, &c. On les
fait plus ou moins fèches, fortes , amères ou fus
s e s , epaiffes & firupeufes. Comme elles acquièrent
de la qualité par le tems, on cherche à
la leur communiquer en les tenant dans des lieux
chauds, en y plongeant un fer rouge, en les filtrant
fur de la crème douce. ( Foye^ le Dictionnaire
des Ans & celui de Pharmacie. )
Liqueur de l’ amnios. ( Foyeç Eau de
l’amnios.)
Liqueur ,des cailloux nom donné depuis
long tems en chimie à une di Ablution de filice
dans 1 eau, a l’aide de la potaffe, parce que l’on
peut ainfi fondre & difloudre des cailloux par le
moyen de cet alcali, On peut la préparer en fai-
fant fondre dans un creufet & à un grand feu des
cailloux pulvérifés avec trois ou quatre fois leur
poids de potaffe, en expofant enfuite cette maffe
vitrifiée à l’air dont elle attire l’humidité. Cette
diffblution laifîe précipiter la filice par les acides.
(Foyei les articles ALCALIS, POTASSE, SlLICE
& Soude. )
Liqueur étherée de Frobénius. On don-
noit autrefois ce nom à l’éther, parce qu’on en
attribuoic
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attribuoit l'invention à ce médecin. (Foyei les articles
Alcool, Ether, Fermentation.)
Liqueur d’épreuve. On nommoit autrefois
ainfi un pruffiate d’ammoniaque ou de potaffe bien
faturé, qu’on employoit pour éprouver les eaux ,
& y reconnoître la plus petite quantité de fer.
( Foyei les articles Prussi ATES. )
fumante arsenico-aceteuse. Il
a déjà été queftion de cette liqueur fingulière ,
produit de la diftillation de l’acétate de potaffe
avec l’ acide arfenieux, aux deux articles A cite
•arsenical & Arsenic. Néanmoins je ne me
contenterai pas de renvoyer à ces deux articles,
& je profiterai de l’occafion de ce fynonyme ancien
pour ajouter aux généralités déjà expofées,
un travail très-bien fait de M. Thénard fur cette
efpèce d’acétate arfenical huileux. Je donnerai ici
le Mémoire de ce chimifte, déjà inféré dans les
Annales de chimie, du mois de vendémiaire an 13.
« Cadet trouva cette liqueur, il y a près d’un
demi-fîècle, en s’occupant de recherches fur l’ar-
fenic.: Il la défigna d’abord par fa propriété de
fumer} mais bientôt à cetce découverte on attacha
le nom de fon auteur, comme à toutes celles qui
fe faifoient à cette époque. Toute vicieufe que
foit cette^ dénomination, qui ne donne qu'une
idée fort inexaéte du compofé qu’elle repréfente,
elle fut néanmoins admife par les créateurs de la
Nomenclature méthodique. Us ne purent la rectifier,
puifqu’alors on ne connoifloit point la nature
intime de cette fubftance ; & aujourd'hui
même encore nous fommes fi peu avancés à cet
égard, qu’on ne fauroit véritablement lui afligner
de nom fondé fur les principes conftituans. Cette
lacune dansja fcience n’eft pas la feule raifon qui
m ait engage à examiner la liqueurfumante d'arfenic.
Sa pefanteur fpécifique , plus grande que celle de
l’eau , fon état huileux, fa grande volatilité , fa
forte odeur, fon inflammation fpontanée à l'air,
toutes les propriétés enfin plus extraordinaires les
unes que les autres, voilà ce qui furtout m’a porté
à fou mettre à l’analyfe ce fingulier produit. Déjà
les^chimiftes de Dijon avoient effayé d'en recon-
noitre la natures ils en avoient préparé une quantité
fuffifante pour pouvoir multiplier leurs expériences
& en tirer des conféquences rigoureufes;
mais la combuftion fubite qu’éprouva la maffe
toute entière, les mit dans l’impoflibilité de continuer
leurs recherches; & fans doute que l’odeur
infupportable & les dangers dont elles étoient
accompagnées, détournèrent pour jamais de leur
efprit l’idée de les reprendre un jour. Ce font
probablement de femblables motifs qui ont arrêté
Cadet dans fes travaux fur la liqueur arfenicale.
Auffi n’a-t-il décrit que fa préparation & fes propriétés
phyfiques, ou du moins ce qu’il a dit de
fes propriétés chimiques eft loin de fuffire pour
Ch im i e . Tome IF .
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nous faire entrevoir les fubftances qui la com-
pofent.
» Si les réfultats que j’ai obtenus & que je vais
communiquer à la focieté 3 font plus exafts &
plus multipliés ; s'ils ne biffent plus de doute fur-
la nature dé la liqueur arfenicale , je ne les dois
qu'_à la perfévérance que j'ai mife dans une étude
difficile , feulement par l’efpèce de courage qu'il
falloir avoir pour vaincre les dégoûts dont elle eft
entourée.
” Je commençai parme procurer plufieurs onces
de liqueur arfenicale. Pour cela , je diüillai dans
plufieurs cornues, à la manière de Cadet, partie
égale d'acétite de potaffe & d'acide arfenieux.
Je reçus les produits dans des ballons de verre
entretenus fans ceffe au deffous de zéro, par un
mélange de glacé & de fel marin, que je renouvelons
de tems en tems. J'obtins d'abord un liquide
peu coloré, fentant fortement l'ail, & bientôt
un fluide élafiique qui répandoit auffi la même
odeur. En augmentant le feu, la décompofîtion
devint plus rapide, & le dégagement des gaz plus
abondans ; les récipiens fe remplirent de vapeurs
fi lourdes , qu'elles fembloient couler comme de
l'huile, & fe condenfoientpromptement. Lorf-
que l’opération fut totalement terminée, & que
les vafes forent refroidis , je les délutai ; il fe dégagea
alors une matière fi aâive & fi débilitante
que j’éprouvai une forte de mal-aife; & ce n’eft
qu'en prenant toutesles précautions poffibles pour
m'en garantir, que je parvins à terminer l’expérience.
Le fond de la cornue étoit couvert d’une
matière blanche, acre & alcaline, qui n’étoitau-
tre choie que de la potaffe provenante de l'acétice
employé , & le col tapiffé de criftaux d’arfenic
dus à la réduétion de l'acide arfenieux. Les gaz î
dont la quantité.étoit très-grande, contenoient
de l'hydrogène arfeniqué. Outre l’acide carbonique
& l’hydrogène carboné que donnent toutes
les matières végétales, décompofées par le feu,
le produit liquide étoit formé de deux couches
bien diftinâes, tenant en fufpenfion de l'arfenic
métallique, qui ne tarda point à fe dépofer fous
la forme de flocons ; l'une, fupérieure, étoit d'un
jaune-brunâtre & aqueufe; l'autre, inférieure,
étoit moins foncée en couleur 8e d'un afpeél huileux.
Je les féparai en les verfant dans un tube
long & étroit, effilé à la lampe, 8e ne présentant
par confisquent qu'une petite ouverture qui me
permettoit de les recevoir dans des flacons diffé-
rens. La plus pefante, comme étant la plus utile
à connoître, fut examinée la première. Ce qui
me frappa d’abord, ce font les vapeurs epaiffes
qu'elle répand dans l'air; l'odeur horriblement
fetide qu’elle exhale , qui fe communique même
au loin avec une extrême rapidité, & qui s’attache
tellement aux habits, qu’ils en relient imprégnés
pendant plufieurs jours , de manière à incommoder
ceux qui la Tentent pour la première
fois. Le laboratoire dans lequel je fis mes expé-
N n n n